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    L'’art de la gentillesse (Piero Ferrucci) 

     

    Gentillesse et compassion sont essentielles pour donner sens à la vie. Elles sont à l'origine d'un bonheur et d'une joie durables. Elles sont le fondement d'un bon cœur, le cœur de celui qui est animé du désir d'aider les autres. Au travers de la gentillesse, au travers aussi de l'affection, de l'honnêteté, de la vérité et de la justice, c'est à nous que nous faisons du bien. C'est une simple question de bon sens. Il est indispensable d'éprouver de la considération envers les autres parce que notre propre bonheur est inextricablement lié au leur. De la même façon, si la société souffre, nous souffrons à notre tour. Le mal qui afflige notre cœur et notre esprit nous rend misérables. Ainsi, il est impossible de se passer de gentillesse ou de compassion 

     

    À un niveau simple et pratique, la gentillesse engendre une chaleur et une ouverture qui nous permettent de communiquer bien plus facilement avec autrui. Nous découvrons que les autres êtres humains ne sont pas différents de nous et nous éprouvons un sentiment de communauté qui génère un esprit d'amitié : il devient moins nécessaire de dissimuler nos sentiments et nos actions. La peur, le doute de soi et la méfiance s'en trouvent automatiquement dissipés, et les autres ont plus de facilité à nous approcher pour créer des liens. En outre, il apparaît de plus en plus évident aujourd'hui que cultiver un état d'esprit positif - comme on le fait en se montrant gentil et compatissant est la clef d'une meilleure santé psychologique et du bonheur

     

    Il est essentiel d'essayer de faire quelque chose de bien de sa vie. Nous n'avons pas été mis au monde pour faire le mal et causer des ennuis aux autres. Afin que notre existence ait de la valeur, comme le démontre en détail Piero Ferrucci dans ce livre (et je lui suis reconnaissant de l'exprimer si clairement), nous devons accueillir et nourrir ces qualités humaines fondamentales que sont la chaleur, la gentillesse et la compassion. Si nous y parvenons, nos vies prendront sens, nous serons plus heureux et nous vivrons en harmonie, apportant ainsi notre contribution positive au monde qui nous entoure.(Dalaï-lama)

     

     

    Nous ne pouvons nier que le monde est plein de violences, de guerres, d'attentats, de dévastations. Mais si le monde va de l'avant, c'est parce que nous sommes gentils les uns envers les autres. Aucun journal ne parle d'une mère qui a lu une histoire à sa petite fille pour l'aider à s'endormir, d'un père qui a préparé le petit-déjeuner, d'une personne qui nous a écoutés avec attention, d'un ami qui nous a remonté le moral, ou d'un inconnu qui nous a souri dans le bus. Pourtant, si nous y prêtons attention, nous rencontrons chaque jour la gentillesse sur notre chemin. Nombreuses sont les personnes qui accomplissent des actes de gentillesse sans le savoir, sans même le formuler, simplement parce qu'il leur semble juste et naturel d'agir comme elles le font

     

    Si nous nous sentons mieux lorsque nous nous montrons solidaires, pleins d'empathie et ouverts aux autres, c'est peut- être que nous sommes faits pour vivre ainsi, et non pas pour nous frayer un passage dans l'existence à coups de coude ou à coups de poing, de cultiver des pensées hostiles ou ruminer des rancœurs une vie durant. Ignorer ou réprimer nos qualités positives ne peut que nous faire du mal et faire du mal aux autres

     

    L'expérience de la gentillesse peut être une extraordinaire aventure intérieure, susceptible de changer radicalement notre manière d'être et de penser, de nous faire accomplir d'énormes progrès sur la voie de la maturité personnelle. Plusieurs traditions spirituelles font d'ailleurs de la gentillesse et de l'altruisme le chemin principal menant au salut ou à la libération intérieure

     

    La gentillesse résonne avec ce qu'il y a en nous de plus intime, et aussi de plus tendre. Une part de nous-mêmes que souvent nous tenons secrète - dans notre culture, c'est le cas pour les hommes surtout, mais pour les femmes aussi  parce que nous avons peur de souffrir, de nous faire exploiter, de nous exposer au ridicule ou à l'offense si nous dévoilons un aspect délicat de notre personnalité

     

    C'est à chacun d'entre nous que revient le choix qu'il fait de sa vie : s'engager sur le chemin de l'égoïsme et de l'asservissement, ou sur celui de la solidarité et de la gentillesse. En ce moment si périlleux de l'histoire  humaine, la gentillesse n'est pas un luxe, mais une nécessité. Ce n'est qu'en nous traitant un peu mieux les uns les autres, et en traitant un peu mieux notre planète, que nous pouvons espérer survivre. Peut-être découvrirons-nous alors que nous nous sommes fait à nous-mêmes le meilleur et le plus intelligent des cadeaux.

     

    La Franchise.

     

    Si nous sommes honnêtes envers nous-mêmes, nous le serons envers les autres. Nous sommes donc capables de regarder en nous sans peur, sans avoir recours à des distractions diverses. Le journal intime est une excellente méthode pour réussir dans cette entreprise. Les personnes qui tiennent un journal intime non seulement se sentent mieux intérieurement, mais elles ont aussi une meilleure santé : écrire sur soi est une façon d'entrer en contact avec ses propres émotions, de se révéler à soi-même, et par là même d'en faire autant avec les autres. Comme dit Polonius dans "Hamlet «Avant tout, sois vrai avec toi-même d'où découlera, comme de la nuit le jour, que tu ne seras faux avec personne. »

     

    Si la gentillesse repose sur la fausseté, ce n'est tout simplement plus de la gentillesse, mais une courtoisie maniérée, pesante et sans substance, qui ne vient pas du cœur mais du souci de ne pas se compromettre, de la peur provoquer des réactions exagérées, de devoir affronter critiques et remises en question

     

    Quelque fois pour être gentil, il faut apprendre à préserver ses propres aises

    Ainsi, être franc, même si cela implique de dire des choses désagréables ou de causer des douleurs aux autres est, à long terme, le meilleur des comportements, si bien sûr on parvient à le faire avec tact et intelligence. C'est une façon de respecter notre intégrité et de reconnaître aux autres la faculté de se comporter de façon adulte et adéquate.

     

    Nous ne pouvons pas faire comme si les problèmes n’existaient pas, pas plus que nous pouvons les résoudre en nous distrayant au moyen de plaisirs éphémères. Les problèmes doivent être affrontés les yeux grands ouverts

     

    Souvent, aussi étrange que cela paraisse, nous cachons précisément ce qu'il y a en nous de plus beau et de plus créatif : notre tendresse, notre bonne volonté, notre façon originale de penser, notre capacité à nous émouvoir. Certes, nous le faisons par réserve. Tous ne voulons pas accabler les autres avec toutes nos débordantes émotions. Mais nous le faisons surtout pour nous défendre, parce que nous ne voulons pas que les autres nous voient ainsi. Nous nous sentirions faibles, trop exposés, différents, il nous semble que mieux vaut paraître un peu cynique, dur peut-être, fort ou au moins impénétrable. En nous conduisant ainsi, malheureusement, nous divorçons de la part la plus belle de nous-mêmes, et nous empêchons les autres d'y avoir accès

     

    Ce n'est pas tout : être franc est aussi plus simple. Le mensonge peut prendre mille formes, la vérité n'en a qu'une. Nous pouvons faire semblant d'éprouver mille émotions, d'être mille personnes que nous ne sommes pas. Mais si nous cessons de feindre, tous les artifices tombent, et tous les efforts que nous devions accomplir pour les rendre plausibles deviennent inutiles. Quel soulagement!

     

    Quand nous montrons-nous  le plus gentil ? Lorsque nous cachons ce qu'il y a en nous de chaleureux, de fantaisiste, lorsque nous dissimulons notre émerveillement, notre sens de l'humour, ou bien lorsque nous, les laissons transparaître ?

     

    La franchise n'est donc pas seulement compatible avec une gentillesse spontanée, elle est la base sur laquelle la vraie gentillesse peut reposer. La fausse gentillesse dénature les relations. L'incapacité à parvenir à la sincérité, à la transparence, empêche la communication. Tant que l'on ne vit pas dans la vérité, on ne peut pas communiquer véritablement avec les autres. La confiance reste impossible, et la relation aussi. Tant que nous n'appelons pas par leur nom les dures réalités de vie, nous vivons au pays des jouets. Il n’y a de place ni pour vous ni pour moi, mais seulement pour de douloureuses illusions. Sans la vérité nous vivons une existence irréelle. Et la gentillesse ne peut exister dans un monde de masques et de fantômes.

     

    LE PARDON

     

    Une de mes amies avait l'habitude de demander aux gens qu'elle croisait -, « Selon vous, qu'est-ce qui compte le plus dans l'existence? » En général, les réponses qu'on lui donnait, la santé, l'affection, la sécurité financière  étaient accompagnées d'une explication, comme si, peu sûres de leur choix, les personnes interrogées voulaient se justifier. Un beau jour, mon amie posa la question à son père. Ils étaient tous les deux dans la cuisine. Il était en train de préparer le café. Sa réponse fut immédiate, simple et sereine, et elle ne fut suivie d'aucun autre commentaire : « Le pardon. »

     

    On peut comprendre pleinement la valeur de cette réponse si l'on sait que le père de mon amie était juif et que toute sa famille avait été exterminée dans les camps de concentration (après guerre, il avait émigré en Australie, s'était remarié et avait eu mon amie de ces secondes noces). J'ai vu des photos de sa première famille. Elles étaient conservées dans une vieille boîte en fer-blanc  tout ce qui restait après l'élimination de gens dont le seul tort était d'exister. Les photos montrent des visages joyeux, ignorant tout de la tragédie qui va les frapper. J'ai été particulièrement marqué par la photo d'une petite fille. On l'imagine très bien allant à l'école, jouant ou parlant avec ses parents. Une belle petite fille, qui n'a pas eu la chance de devenir adulte

     

    J'ai essayé de comprendre ce qu'avait pu ressentir cet homme lorsque son enfant lui a été enlevé - et avec elle sa femme, ainsi que son travail et sa maison. Je n'y suis pas arrivé. Je ne suis parvenu qu'à imaginer, de façon vague et indirecte, l'horreur de cet instant, l'incrédulité et une douleur atroce. Pourtant, il a été capable de pardonner, Et non seulement cela, il est même parvenu à considérer le pardon comme la plus haute des valeurs. Je considère cette attitude comme une victoire magnifique. C'est grâce à ce genre de prouesse, plus qu'aux miracles de l'électronique, de la génétique ou de l'astronautique, que l'humanité est encore possible. C'est grâce à cet homme, et à de nombreux autres comme lui, que nous ne sommes pas livrés à la barbarie

     

    Pour commencer, pardonner ne signifie pas éliminer la faute. Si j'ai subi une injustice par le passé, je peux avoir peur de pardonner parce que je crains que l'injustice ne se répète, ou que la gravité de ce qui a eu lieu ne soit sous-évaluée, que l'auteur de l'injustice ne la revendique et n'en vienne même à rire à mes dépens

     

    Mais il n'en est pas ainsi. Pardonner signifie seulement que je ne veux pas continuer à nourrir de ma colère le tort que j'ai subi autrefois et me ruiner ainsi l'existence. Oui, je pardonne, mais j'ai bien présent à l'esprit le tort qui m'a été fait et je me prémunis contre lui pour qu'il ne se reproduise pas. Celui qui a pardonné peut vivre dans un monde où l'injustice n'est pas tolérée. Celui qui a cabossé la voiture doit réparer les dégâts Mais il est inutile de rester avec tous ces systèmes d'alarme toujours activés, avec tous ces canons vengeurs pointés vers l'ennemi, parce qu'il y a beaucoup d'autres choses «intéressantes à faire dans la vie

     

    Le pardon est l'acte intérieur, par lequel je fais la paix avec le passé et clos définitivement les comptes

     
     

    LA CHALEUR

     

    Lorsquil s’agit daffection, personne nest semblable aux autres. Tous nous sommes aimés parce que nous sommes nous-mêmes, avec nos qualités et nos satanés défauts. Nous sommes aimés parce que nous sommes indispensablement nous-mêmes. Cest lorsque laffection est absente que nous sommes tous égaux. Tous anonymes. Alors que la douce affection met en valeur notre personnalité et nous fait nous sentir exceptionnels et indispensables, la froideur fait de nous des ombres indifférenciées et dépourvus de nom

     

    Souvent nous considérons la chaleur comme une chose acquise, et nous ne comprenons combiens elle est importante que lorsqu’elle vient à nous manquer 

     

    Combien Lattention et le soutien de chacun sont importants. Pourtant, nous élevons de nombreuses défenses contre notre désir d'être chaleureux. Nous craignons, en nous approchant des autres ou en nous ouvrant trop à eux, d'être envahis, d'être blessés, dominés, ou encore que l'on profite de nous. Ce sont des peurs archaïques, en partie obsolètes, en partie légitimes au  fond, notre intégrité territoriale est une conquête. Nous avons mis des millions d'années à devenir des individus. Une intimité excessive nous fait craindre la dissolution de nos propres frontières, la pulvérisation de notre personnalité. Mais souvent ces frontières deviennent des barrières qui ne laissent plus rien passer. Nous nous enfermons dans le château fort de notre solitude

     

    La froideur rend tout plus difficile, alors que la chaleur facilite les choses. Lorsqu'elle existe entre deux êtres, il devient bien plus facile de demander et d'obtenir un service, de dire des choses délicates ou désagréables, de rire et d'être bien ensemble

     

    On peut bien sûr émettre quelques réserves. Nous connaissons tous ce genre d'individus insupportables qui exigent la convivialité à tout prix, envahissent notre intimité, nous tapotent l'épaule et nous collent sans que nous leur en ayons donné l'autorisation, refusant de mettre le moindre frein à leurs effusions. Ce genre d'attitude est vraiment mal venue, et la froideur devient une nécessité, ainsi que la distance. Il est important de respecter les limites de l'autre, de savoir reconnaître quand l'intimité est déplacée : c'est là une qualité indispensable, que certains n'ont pas su développer pleinement. La chaleur du soleil est une nécessité vitale. Mais quelquefois, un peu de fraîcheur fait un bien fou

     

    Donner, c'est recevoir. En manifestant, notre tendresse autour de nous, notre énergie vitale et une présence sans jugement, en donnant notre cœur, nous pouvons apporter des changements fondamentaux, vitaux parfois, dans la vie de ceux qui nous entourent. Mais nous non plus, nous ne demeurons pas inchangés

     

    Une attention, une parole gentille dans un moment difficile, et c’est peut être  ce dont nous avons tous besoin, sur le chemin de notre vie, pour pouvoir accomplir le prochain pas 

     

    D'autre part, si je considère les autres comme différents de moi, si je les regarde avec suspicion ou au mieux avec une froide neutralité, il est fort improbable que je puisse me sentir bien disposé à leur égard. Si au contraire je les aborde en pensant que nous appartenons chacun à l'espèce humaine, et qu'en dépit de la diversité de nos expériences nous partageons tous un destin commun, il y a alors plus de chance pour que je me conduise avec eux de façon ouverte et bienveillante, que je sois capable d'éprouver pour eux de l'empathie. Autrement dit, que je me montre gentil

     

    LA CONFIANCE

     

    Notre capacité d'agir est souvent entravée par des hésitations, des doutes, des soupçons, qui atteignent aussi notre énergie. Si nous devons consacrer une partie considérable de notre énergie mentale à nous protéger, où trouverons-nous la force pour créer, pour prendre de nouvelles initiatives et jouir de l'existence?

     

    Accorder sa confiance à quelqu'un, c'est un  peu comme lui faire un cadeau

     

    Une étude récente a permis de découvrir que les « très confiants » (les individus qui accordent volontiers leur confiance aux autres) ne sont pas des naïfs, mais possèdent une forme d'intelligence sociale qui leur permet de distinguer les personnes auxquelles ils peuvent se fier et les autres. En revanche les « peu confiants » ne se fient à personne parce que, n'ayant pas cette forme d'intelligence, ils préfèrent dirent non à tout pour ne pas prendre de risque. Leur vie sociale est beaucoup moins riche d'échanges et de rencontres. Bien sûr, un certain degré de doute est une attitude saine et intelligente dans le monde dans lequel nous vivons. Mais quand le soupçon devient constitutif d'un caractère individuel, quand la défiance se transforme en vision du monde et en tension musculaire chronique, nous sommes dans l'erreur. Confiance et gentillesse vont de pair. Être gentil consiste à faire confiance et à parier en faveur des autres, à se montrer proche d'eux. Faire confiance consiste à être gentil parce que c'est une façon de bien traiter son prochain. Qu'éprouvons-nous lorsque quelqu'un nous paraît gentil, mais ne nous fait pas confiance au moment où nous en aurions besoin? Sa gentillesse nous semble vide, sans substance. Il ne s'agit plus de gentillesse, mais de courtoisie sans âme. Et qu'éprouvons-nous au contraire lorsque quelqu'un nous fait confiance, une confiance plus grande peut-être que celle que nous nous serions accordée à nous-mêmes ? Nous éprouvons un sentiment de bien-être, parce que cette confiance nous aide à découvrir en nous-mêmes une qualité ou une compétence que nous ignorions jusque-là posséder

     

    LEMPATHIE 

     

    Il n'est pas évident  déprouver de la joie pour le  succès ou le bonheur de quelqu'un d'autre, lorsqu'il nous est refusé à nous. Si vous y parvenez, cela signifie que vous avez déjà accompli une bonne partie du chemin. L'empathie n'est pourtant pas une qualité à prendre à la légère. Elle a même plus affaire avec l'échec qu'avec le succès, avec la douleur qu'avec la joie. C'est surtout lorsque les choses vont mal que l'empathie est le plus bénéfique. Bien sûr, cela fait plaisir à tous que quelqu'un participe à ses moments de bonheur. Mais c'est surtout lorsque nous sommes en crise que nous avons besoin de quelqu'un qui nous comprenne. Ce n'est pas facile. Parce que l'empathie doit être un sentiment d'attention sincère, il convient que celui qui l'éprouve ait une relation saine avec sa propre souffrance et celle des autres

     

    La meilleure façon d’affronter la douleur est de le faire directement avec courage et sincérité. Dentrer dedans comme dans un tunnel, pour pouvoir sortir de lautre côté 

     

    Lépreuve de la douleur n’en reste pas moins pénible. Je ne la souhaite à personne, tout en sachant que d'une façon ou d'une autre elle fait partie de notre destin à tous. Dans diverses mesures, la douleur est une compagne de voyage avec laquelle nous aurons à faire tôt ou tard. Tous ses effets ne sont d'ailleurs pas tragiques. Lorsquon parvient à l'affronter d'une manière franche et forte, elle peut nous offrir des fruits extraordinaires. La douleur creuse en nous, elle nous ouvre, souvent avec violence; elle nous fait mûrir, nous permet de découvrir des émotions et des ressources que nous ignorions posséder ; elle développe notre sensibilité, ainsi peut-être que notre humilité et notre sagesse ; elle est enfin un sévère rappel de ce qui dans la vie est vraiment essentiel. La douleur peut nous ouvrir aux autres. Elle peut nous rendre plus durs et plus cyniques, mais elle peut aussi nous rendre plus gentils

     

    La compassion est une participation, une identification intense et sincère à la souffrance et aux soucis d'autres êtres humains, le désir profond, surtout, que cette douleur prenne fin

     

    La compassion est le stade ultime et le plus noble de l'empathie. C'est une magnifique qualité spirituelle. Elle nous fait sortir de l'enfer de l'égoïsme et de l'avidité sans fin. Elle s'adresse à tous, y compris aux moins capables, aux moins sympathiques et aux moins intelligents d'entre nous, elle nous ouvre aux autres et nous unit à eux, elle active enfin nos qualités de cœur

     

    LATTENTION 

     

    Si nous faisons ce que nous faisons, sans nous encombrer de la peur, sans être obnubilé par autre chose, nous atteignons l'équilibre. Nous sommes là où nous sommes à cent pour cent. Quand nous y parvenons, nous n'avons plus peur de rien et nous n'avons besoin de rien. Nous avons trouvé la plénitude

      

    Dans lun des enseignements, Bouddha affirme : «  Dans ce que tu vois, il n’y a que ce que tu vois, dans ce que tu éprouves, il n’y a que ce que tu éprouves. » Autrement dit, mets entre parenthèses tes idées préconçues sur ce qui tattend, va à la rencontre du moment présent sans préjugés avec une attention débarrassée de quelque anticipation que ce soit ; dans un état de totale ouverture. Laisse-toi surprendre par le moment présent

     

    Etre présent aux autres est un don ; le don de lattention, qui est peut-être l’un de nos bien les plus précieux. Un bien que nous convoitons tous, même sans le savoir. Etre là pour quelquun…… 

     

    Songez aux personnes qui regardent ailleurs pendant que vous leur parlez, pensent à autre chose ou lisent le journal. Il y a, dans le manque d'attention, quelque chose de destructeur et de déprimant, qui absorbe notre vitalité et notre confiance en nous, qui nous fait nous sentir inexistants et laisse remonter à la surface tous nos complexes d'infériorité latents

     

    Accorder son attention  non pas des conseils ou des jugements, mais de l'attention pure  consiste à mettre entre parenthèses ses soucis, ses points de vue, ses espoirs, ses fantasmes personnels. Une personne capable d'attention est en mesure de tenir à distance cette foule tapageuse et bagarreuse qui tente toujours de se donner la part belle

     

    Être attentif signifie être en état de veille. Et donc être bien conscient de ce qui se passe autour de nous : constater, par exemple, que la personne avec qui nous parlons est particulièrement pâle ou qu'elle porte un nouveau vêtement, qu'elle paraît embarrassée ou contente, qu'elle semble ne pas avoir dormi la nuit précédente ou est au contraire en grande forme. Grâce à ces constatations, nous serons un peu plus en phase avec ce que nous éprouvons pour cette personne et plus capable de savoir quoi faire pour elle

     

    Lattention signifie chaleur et affection, elle permet à nos meilleures potentialités de se développer 

     

    Lattention est le moyen par lequel se diffuse la gentillesse. Pas d’attention, pas de gentillesse. Pas de chaleur non plus, pas de cœur pas de relations entre les êtres 

     

    Lorsque nous sommes attentifs, nous accordons de limportance à un autre être humain, nous lui sommes proches, nous pouvons vraiment communiquer avec lui et nous pouvons vraiment apprécier et aimer quelquun d’autre. Et si un conflit se présente, nous ne pourrons le résoudre quen étant attentif, non pas en ruminant dans notre coin ou en nous perdant en conjectures. Car pour chacun des liens que nous établissons avec les autres, le seul moment à notre disposition, c’est maintenant 

     

    LA MODESTIE

     

    Imaginons une personne qui part à la conquête du monde sans savoir quelles sont ses possibilités et quelles sont ses limites. Une personne qui se prend pour on ne sait qui, cultive des rêves de puissance, de richesse, de reconnaissance universelle pour des talents qu'en réalité elle ne possède pas; une personne incapable de s'évaluer elle-même, qui pénètre dans la grande arène du monde pour combattre et exceller. On ne peut que trembler pour une personne de ce genre, car elle ressemble à ces enfants qui pensent pouvoir faire une promenade de plusieurs kilomètres et s'arrêtent, épuisés, au bout de deux cents mètres.  Imaginons au contraire quelqu'un qui connaît ses propres limites, ses propres points faibles, et les accepte, même si c'est douloureux- Quelqu'un qui ne feint pas, qui n'en fait pas trop. Qui sait évaluer le danger. Qui ne se fait pas d'illusions. Qui accepte Les blessures de la vie et sait en tirer parti. Savoir se conduire ainsi, cest faire preuve de modestie. Et la modestie donne de grandes forces

     

    Nous pouvons certes refuser a priori l'idée que les autres puissent nous faire découvrir quelque chose de nouveau. Mais nous pouvons aussi accepter l'idée que chaque être humain est une leçon vivante et qu'autour de nous existent des personnes dont les expériences, les sentiments, les idées, les rêves et les idéaux peuvent enrichir notre vie, si seulement nous nous montrons prêts à voir et à écouter. Si seulement nous avons le courage de nous présenter devant elles en nous demandant : que puis-je apprendre de cette personne?

     

    La modestie est non seulement ressentie comme éprouvante, elle peut aussi être douloureuse parfois, on devient plus modeste après un échec. On se rend compte que l'on n'était pas si doué qu'on le pensait. Ou pas si fort. On découvre un peu plus son humanité. Car nous sommes faillibles, nous sommes vulnérables. Si nous parvenons à ne pas nous laisser emporter par le découragement, nos petits et nos grands échecs nous serviront à comprendre ce dont nous sommes capables et telles sont nos limites. Si nous ne connaissions que des succès, nous finirions par perdre le sens de la réalité

     

    Une personne modeste n'a pas besoin de vaincre pour justifier son existence. Elle sait très ; bien que d'autres sont meilleurs qu'elle. Et elle l'accepte. Ce fait élémentaire a d'énormes conséquences. Si je n'essaye pas d'être ce que je ne suis pas, je peux me donner l'autorisation d'être ce que je suis

     

    Seul quelqu’un de modeste peut-être vraiment gentil ; ne se sentant plus obligé de triompher des autres et de se faire valoir à leur yeux, il pourra jouir de la seule joie d’être avec eux. Il connaîtra de vraies rencontres, au cours desquelles personne ne triomphe, et où pour cela tout le monde est gagnant 

     

    Cest dans la découverte et l’acceptation de nos faiblesses que nous devenons pleinement humains. C’est sur cette base solide et vraie que nous pouvons entrer en contact avec les autres. Tous ceux qui fonctionnent de cette manière sont modestes. On se sent bien avec eux, parce quils sont détendus et possèdent un humour que seule la vraie modestie peut donner. Nest-ce pas cela la véritable gentillesse ? 

     

    La modestie nous met dans les bonnes conditions pour apprendre. Elle nous fait retrouver le goût des choses simples, c'est-à-dire des choses naturelles. Elle nous aide à nous contenter de ce que la vie nous accorde. Elle nous fait voir la réalité telle qu'elle est. Adieu rêves irréalisables, fantasmes et illusions. Je suis une personne parmi  tant d'autres, je suis mortel et limité, je suis un être humain parmi d'autres êtres humains. Je n'ai pas besoin de démontrer que je suis le meilleur de tous. Oui, les autres existent aussi, avec leurs besoins  leurs réalités, leurs espoirs et leurs drames. Je ne suis qu'une personne parmi des milliards d'autres personnes qui vivent sur cette planète, qui n'est  elle-même qu'un grain de poussière dans l'espace sidéral, et ma vie n'est qu'un instant au regard des temps gigantesques de l'Univers. Comprendre et éprouver cela nous transforme, car, une fois devenus modestes, nous serons capables de tenir notre place et de faire de la place aux autres. Au fond, la modestie consiste en ceci : trouver sa place sous les étoiles

     

    LA GENEROSITE

     

    Le véritable bénéfice de La générosité pour qui décide d'être généreux, ne consiste pas en un avantage matériel, mais en une véritable révolution intérieure par laquelle nous devenons plus souples, plus disposés à prendre des risques. Une façon d'accorder moins de valeur à a possession et plus d'attention aux autres. Une façon aussi de rendre moins étanches les frontières entre nous et les autres, de parvenir à partager nos ressources, nos émotions, notre richesse intérieure, afin de nous sentir appartenir à un tout

     

    La véritable générosité est donc la compréhension. Je te donne ce dont tu as vraiment besoin pour ton prochain pas en avant  pour ta survie, ton apprentissage, le développement d'un centre d'intérêt personnel, la guérison, le travail, ou l'expression d'un talent. Sous sa plus belle forme, la générosité est dépourvue de toute culpabilité, de toute idée de dette ou de dépendance. Elle est un don fait librement qui suscite à son tour de la liberté

     

    LE RESPECT

     

    Quelqu'un se donne la peine d'apprendre à nous connaître et s'efforce de nous traiter pour ce que nous sommes. Cette personne apprécie notre valeur, peut-être même plus que nous ne le faisons nous-mêmes, et continue à croire en nous lorsqu'il nous arrive de perdre confiance. D'un coup, nous ne sommes plus invisibles; nous n'avons plus l'impression d'être un stéréotype, mais d'être appréciés et intéressants. Aux yeux de cette personne, ce n'est pas parce que nous répondons à ses exigences ou à ses projets que nous avons de la valeur. Nous ne sommes pas prisonniers d'une perception appauvrie et mensongère de nous-mêmes, mais nous sommes vus et accueillis pour ce que nous sommes vraiment et aussi pour ce que nous pouvons devenir. Quel bonheur ! Quelqu'un a prêté attention à nos besoins. Quelqu'un a vu ce que nous valons. Quelqu'un a vu : que nous existons!

     

    Voir l’âme de quelquun, c’est considérer la substance véritable dont est faite une personne, et non pas s’arrêter aux aspects les plus superficiels de sa personnalité. C’est cela le respect. « Voir véritablement » 

     

    Ne pas reconnaître la valeur de la personne que l’on a en face de soi est une façon de la diminuer. Il n'y a pas de gentillesse possible dans ces conditions 

     

    Un regard attentif et profond ne change pas seulement celui qui le reçoit, mais aussi celui qui l’accorde. La créativité est à double sens. Si nous nous habituons à considérer les personnes autour de nous de façon attentive et profonde, en percevant leurs qualités les plus importantes qui sont peut-être dissimulées par des aspects plus superficiels, moins essentiels mais plus visibles de leurs personnalités nous deviendrons différents. Parce que nous sommes faits de nos perceptions. Ce que nous voyons, ou que nous supposons voir jour après jour, construit ce que nous sommes, détermine notre vie. Si notre vision est lasse et aigrie, si nous ne voyons autour de nous que des enveloppes vides, nous finissons nous aussi par devenir des .enveloppes vides. Si au contraire nous voyons dans les autres des personnes intéressantes et originales, notre monde devient plus stimulant et plus ouvert

     

    Le respect ne peut naître que si nous savons prêter une oreille attentive à ce que les autres disent. Cest tout sauf facile 

     

    Lécoute ne requiert pas seulement le silence. Elle exige d’ écouter non seulement ce qui est dit, mais aussi la façon dont les choses sont dites. Souvent, ce n’est pas tellement le contenu des paroles qui est important, mais le ton sur lequel elles sont exprimées 

     

    L'écoute est un art magnifique qui régénère et stimule celui qui le reçoit : il se sent apaisé parce que, miracle, quelqu'un l'écoute sans vouloir lui ôter la parole, sans vouloir contredire ou remettre en question ce qu'il dit, sans vouloir dire quelque chose d'autre, de plus intelligent, sans vouloir changer de conversation. Grâce à une écoute profonde, je sens aussi ce qui n'est pas dit de manière manifeste. J'entends le cri de l'âme : tout ce qui, en l'autre, est peut-être empêché d'être dit, peut-être déprécié, mais n'en est pas moins vital. Une véritable écoute signifie que tout ce que tu as à dire a de la valeur

     

    L'écoute est aussi un soulagement pour celui qui s'y livre, parce qu'elle lui apporte la tranquillité que procure le silence. Pour bien écouter nous devons  faire le vide en nous-mêmes. Pour un moment, nos anxiétés et nos complaintes n'existent plus, nos bruits intérieurs se taisent. Tant que nous sommes à l'écoute, nous en sommes libérés

     

    LA GRATITUDE

     

    Reconnaître la valeur de ce que lon a permet de se sentir riche et chanceux. Ne pas le reconnaître conduit à se sentir pauvre et malheureux.

     

    Si nous passons notre temps à nous critiquer, nous et les autres, à ne voir que ce qui va mal et à nous apitoyer sur nous-mêmes, nous nen serons surement pas très heureux 

     

    Le bonheur passe par la capacité à se réjouir aussi de choses très simples. Il y des gens à qui la vie semble avoir tout donné, mais qui sont mécontent parce quils ne voient pas la beauté de ce qu’ils ont et se concentrent sur tout ce quils n’ont pas ou sur tout ce qui les rend insatisfaits. Au contraire, d'autres personnes, moins fortunées peut-être, savent apprécier les choses simples - un sourire, une belle journée, une bonne santé. Leurs yeux sont ouverts à la valeur de ce qu'elles voient. La situation dans laquelle elles se trouvent est précisément celle dans laquelle elles voudraient être. À chaque moment, au lieu d'être divisées entre ce qu'elles sont et ce qu'elles veulent, elles sont là tout entières. Et cela leur permet de se sentir bien. La possibilité d'être reconnaissant nous est offerte  à chaque moment de notre vie

     

    La gratitude permet aux autres de nous connaître pour ce que nous sommes

     

    La gratitude ne dépend pas de mon talent, de ma force ou de mon originalité. Elle repose sur ma capacité à être « vulnérable », c'est-à-dire à accepter de me faire aider, et à être content de recevoir ce soutien. Si je ne dissimule pas aux autres ma vulnérabilité, si j'accepte d'avoir besoin d'eux quand c'est le cas, alors je pourrai bénéficier pleinement de la vie et saurai me montrer reconnaissant. Le soulagement que procure la gratitude naît précisément de cette capacité à comprendre que parfois on ne peut pas y arriver seul, que l'on ne doit pas toujours se forcer à être un superhomme ou une superfemme, et que es choses en iront d'autant mieux ainsi

     

    Si nous montrons un peu plus attentifs, nous découvrons combien de petites choses peuvent être intéressantes. Dans les replis cachés de notre vie se trouvent des bénéfices inattendus, auxquels nous n'avons pas assez prêté attention. Ce sont les présents de l'existence, parfois exceptionnels, parfois minuscules en apparence. Si nous sommes distraits, nous ne les apercevons pas; mais si nous leur prêtons attention, nous nous sentons mieux. Très souvent, le bonheur est caché, et c'est à nous d'aller le chercher où il se trouve

     

    LA JOIE

     

    Nous irradions tous ce que nous sommes, que nous pouvons faire émaner de nous harmonie et sérénité ou, au contraire, conflit et colère

     

    La joie, ou en tout cas un état d’âme positive et heureux, est au fondement de la gentillesse, car l’une des caractéristiques de la gentillesse est précisément que celui qui s’y livre le fasse avec plaisir. Pour être vraiment gentil, mieux vaut être de bonne humeur 

     

     L'une des composantes fondamentales de la gentillesse est donc bien une heureuse disposition d'esprit. Le sens de l'humour est très important, qui consiste à voir les contradictions et les petits ridicules de notre vie et à ne pas se prendre trop au sérieux. Les personnes ayant la chance de disposer de cette qualité sont à l'abri des débordements émotifs et des mélodrames

     CONCLUSION

     

    Lune des caractéristiques de la gentillesse consiste à savoir apporter des réponses efficaces aux situations difficiles ou désagréables que nous rencontrons

    Il y a un nombre infini de manières d'être gentil. Limportant est de trouver celle qui nous convient, unique et personnelle, celle qui nous permet de nous exprimer au plus près de ce que nous sommes, de nous sentir en accord avec nous-mêmes

     

    On ne parvient pas à la gentillesse en se faisant violence ou en se contraignant soi-même. Il s'agit plutôt de découvrir ce que nous sommes capable de faire mieux que toute autre chose, ce qui nous procure de la satisfaction et peut-être de la joie, il s'agit de trouver notre note personnelle. Être gentil est la meilleure façon de devenir soi-même

     

    La gentillesse ne nous aide pas seulement à entrer en meilleur contact avec nous-mêmes. Elle nous pousse forcément à nous soucier du bien-être d’autrui 

     

    Chaque individu contient en lui l’humanité. Si nous parvenons à améliorer la vie de cet individu, si nous réussissons à faire en sorte qu'il se sente mieux, si nous demeurons dans son souvenir comme une lumière et un soutien, c'est déjà une grande victoire et une réponse modeste que nous pouvons apporter aux souffrances et aux malaises de notre planète.

     

    Cultiver la chaleur du cœur et un sentiment de proximité à l'égard des autres permet en effet à notre esprit de se développer. Cela nous aide à surmonter toutes nos peurs, toutes nos incertitudes et  nous donne la force d'affronter les obstacles que nous rencontrons. C'est la source suprême de réussite dans la vie. »

     

    Etre gentil, s'occuper des autres, cest se libérer de la tyrannie de l'ego; c'est prêter moins de prises aux monstres de l'anxiété et de la dépression ; c'est voir disparaître les blocages et les embarras

     

    L'art de la gentillesse


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  • EXTRAIT « DE VIE DE FAMILLE JUIVE »  D’ÉDITH STEIN 

      

    Cela tenait au fait que j'avais complètement changé d'attitude vers les autres et envers moi-même. Il ne s'agissait plus pour moi d'avoir raison et «d'avoir à tout prix le dessus» sur mon adversaire  Et si je portais toujours un regard perçant sur les points faibles des personnes, je ne le mettais pas à profit pour les atteindre en leur point sensible mais pour éviter de les blesser. Et même ma tendance à vouloir faire l'éducation des autres, que j’affichais toujours, ne m'en empêchait pas. J'avais appris qu'on ne rend que très rarement les autres meilleurs en leur « disant la vérité » : cela ne peut être utile que s'ils ont vraiment eux-mêmes le désir de devenir meilleurs, et qu’ils accordent aux autres le droit de leur faire des remarques. 

      

    Ma ligne de conduite était toujours : céder en tout ce qui ne constituerait pas une injustice. 

      

    Voici le curriculum vitae rédigé par Edith Stein pour présenter sa thèse (Fribourg, 1916) 

      

    «Moi, Edith Stein, suis née le 12 octobre J891 à Breslau, de Siegfried Stein, négociant, décédé, et de son épouse Augusta, née Courant. Je suis de nationalité prussienne et juive. D'octobre 1897 à Pâques 1906, j'ai suivi les cours de l'école Viktoria (lycée d'Etat) à Breslau et de Pâques 1908 à Pâques 1911, j'ai fréquenté l'établissement scolaire qui lui est associé dans la section scientifique, où j'ai ensuite passé mon examen de fin d'études. En octobre 1915, j'ai obtenu le diplôme de la section de lettres classiques, après avoir passé l'examen complémentaire de grec au lycée Johanneum à Breslau. De Pâques 1911 à Pâques 1913, j'ai étudié à l'université de Breslau, puis j'ai suivi quatre semestres à l'université de Göttingen en philosophie, psychologie, histoire et germanistique. J'ai passé à Göttingen, en janvier 1915, l'examen d'Etat pro facultete docendi en propédeutique  philosophique, en histoire et en allemand. A la fin de ce semestre, j'ai interrompu mes études et j'ai servi à la Croix-Rouge comme infirmière pendant quelque temps. De février à octobre 1916, j'ai assuré le remplacement d'un professeur du secondaire alors malade, à Breslau, dans le lycée mentionné ci-dessus. Je suis ensuite allée à Fribourg-en-Brisgau pour travailler comme assistante auprès du professeur Husserl.  

    Je voudrais ici exprimer ma profonde reconnaissance à tous ceux qui m'ont stimulée et m'ont aidée pendant ces années d'études avant tout à ceux parmi mes professeurs et mes camarades qui m’ont initiée à la phénoménologie: monsieur le professeur Husserl, monsieur Reinach et la société philosophique de Göttingen.» 

     


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  •  Extrait  du livre de  CECILE RASTOIN Edith Stein (1891-1942) 

    L’empathie, et les erreurs que je commets, me révèle à moi-même, me découvre tout un espace intérieur avec ses différentes strates de profondeur : par exemple je peux éprouver de la joie parce que l’équipe nationale de football a gagné mais être triste parce que la fille que j’aime a perdu son père. Si l’amour est profond, la tristesse sera plus profonde que la joie du match. Sinon, ce sera l’inverse. Ainsi la personne humaine est un univers en soi, qui s’enrichit et apprend à se connaître au contact des autres. 

      

    On peut cataloguer comme étrange celui avec qui l’on n’a pas de relation ou avec qui l’on ne veut pas en avoir, pourtant chacun n’est vivant par les d’amour qu’il entretient. La vie est relation. Pour découvrir la vie véritable, il faut certainement explorer des relations profondes, pénétrer en ce monde intérieur où nous sommes présents à nous-mêmes et aux autres 

      

      

    Le « Moi » est la structure individuelle d’expérience ; en elle, l’expert de la compréhension reconnaît l 

    La source d’illusion dont la menace nous guette. Si nous nous prenons comme unité de mesure, nous nous emmurons dans la prison de nos particularismes ; et les autres deviennent pour nous des énigmes ou, pire encore, nous les modelons à notre image et nous falsifions ainsi la vérité historique. 

      

    Pour Edith, comprendre les autres est un chemin pour se comprendre soi-même, se structurer soi-même, découvrir son propre univers de valeurs par exemple, ou ses propres défauts. Elle ne découvre le chemin de la transcendance qu’au prix d’un très long travail sur elle-même à partir de sa relation aux autres. C’est ce qui fait l’extrême force et cohérence de sa démarche. 

      

    La prière, l’oraison est la porte qui nous ouvre à notre propre intériorité et surtout à la rencontre avec l’hôte divin qui réside en notre cœur  le plus profond, alors que nous papillonnons désespérément au dehors. 

      

    La prière est un entretien intime, amical, avec celui dont nous nous savons aimés (Thérèse) 

      

    « Un monde infini qui s’ouvre d’une manière absolument nouvelle, lorsque l’on commence à vivre vers l’intérieur et non vers l’extérieur. Toutes les réalités que l’on gérait  jadis deviennent transparentes, et les forces qui sont en jeu  et donnent le mouvement, on peut les sentir. Et quelle plénitude de vie, avec des souffrances et des joies, comme le monde terrestre ne les connaît pas et ne peut même les concevoir, saisit un simple jour, extérieurement sans événement marquant, d’une existence humaine tout à fait inapparente. » 

    . Elle ne découvre le chemin de la transcendance  qu’au prix d’un très long travail sur elle-même à partir de sa relation aux autres. C’est ce qui fait l’extrême force et cohérence de sa démarche. 

      

    « Au plus profond de la solitude et de la nuit, dans la confrontation à l’abîme, seule demeure, la voie de la confiance aveugle de Dieu, la voie de l’enfant qui s’abandonne à la Main de son  Père. » (Symbole du Carmen). 

      

    Pour Edith  la personne humaine doit partir en quête de sa propre profondeur (grâce aux autres et à ses propres ressources) et trouver ce qui fait sa spécificité au lieu le plus profond de sa liberté 

      

    « L’homme dit-elle est davantage porté vers une performance extérieure, la femme elle, davantage porté vers unification du corps et de l’âme, des activités et des relations. » 

      

      

      

    La possibilité d'être mère présuppose chez la femme  certaine relation à son corps et aux autres : « La mission d’accueillir en soi un être vivant en devenir et en croissance, de le  porter et de le nourrir, conditionne une certaine intériorité ; le processus  mystérieux de la formation d'un nouvel être dans l’organisme maternel est une unité si intime de l'âme et du corps  que l'on comprend que cette unité soit la marque de la nature  féminine dans son ensemble. 

      

    « La vie intérieur de Dieu est l’amour réciproque entièrement libre, immuable et éternel des personnes divines entre elles. 

      

    La prière c’est l’âme qui s’ouvre à dieu. L’oraison, c’est notre fontaine de vie » 

      

    Dieu es le bien, «  un bien qui se cache », et l’homme part à sa recherche , autour de soi, et en soi, Or, il découvre Oh surprise ! Qu’en fait, c’est  l’être humain qui se cache de Dieu et que Dieu est parti à sa recherche. Nous le découvrons parfois que fort tard, après avoir beaucoup »agit » pour l’atteindre. 

      

      

    Notre connaissance partielle ; en ne se fondant que sur elle, notre volonté et nos actes ne peuvent façonner qu'une création incomplète ; ne serait-ce  que parce que notre volonté ne se domine pas parfaitement et s'effondre avant d'avoir atteint son but. Et cette force intérieure qui façonne l'être mais qui se trouve enchaînée s’efforce de s'élever à la rencontre d'une lumière qui la guide plus surement et lui donne un champ où s'exercer. Il agit de la lumière et de la force de la grâce divine.  

      

    Je suis dans la vie avec ses événements ; dans un second temps je porte mon regard sur cette vie et sur moi-même, et en une troisième étape, je découvre en moi un espace encore plus profond, « l’espace de l’âme » (Reinach). 

      

    Chaque être humain doit donc être, à sa manière propre image de Dieu, chacun a sa propre mission,. 

      

    Dieu a créé de nombreux êtres humains pour mieux communiquer sa  perfection, pour la déployer en sa plénitude diversifiées et pour  en apposer la marque dans les diverses individualités. Chaque  être humain doit donc être, à sa manière propre, image de Dieu chacun a sa propre mission, son propre rôle et sa vocation propre, en lesquels nul ne peut lui être identique. Dieu veut se  réjouir de cette harmonie dans la diversité ; chaque être humain doit être une pierre à l'éclat particulier, une fleur au parfum précis, une pierre de constructions à nulle autre pareille ; ainsi chaque étant devient un hymne de louange à Dieu. 

      

    « L’Esprit de Dieu est sens et force. Il donne à l’âme une nouvelle vie, il la rend capable de ce qu’elle n’aurait  pu entreprendre par sa seule nature, et il indique en même temps vers où orienter  son action. » 

    Extrait  du livre de  CECILE RASTOIN Edith Stein


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  • EXTRAITS  DU LIVRE MAURICE BLONDEL ET LA PHILOSOPHIE FRANÇAISE 

      

    Descartes et Malebranche vu par Blondel (Extraits) 

    « S’appuyant sur un ensemble de faits nombreux et concordants, Blondel ne met pas en doute que, dans son for extérieur, Descartes ait été croyant et même pratiquant. Mais n’y avait-il pas à cette attitude des raisons secrètes tenant à son désir de tranquillité et à la prudence qui lui paraissait indispensable pour la conserver ? Car  voulant édifier une nouvelle philosophie, pouvait-il ne pas se heurté, par rapport au Christianisme, à des problèmes que lui imposait son rationalisme. Il est un parfait positiviste, « positiviste, il l’est plus que personne. » Il l’est par ses buts, recherchant en ce monde la perfection de la connaissance et le bonheur du genre humain. Refusant de poser de problèmes insolubles, il est par sa méthode rigoureusement scientifique, il l’est par ces résultats obtenus : un corps de vérités démontrées, dont toute erreur est exclue. Elle l’est peut-être enfin surtout, en traitant la métaphysique comme une science rationnelle, racine de l’arbre d’un savoir où la morale même trouve sa place. « Il n’oppose, il ne sépare, il ne combine pas, il distingue ». 

    « Tandis que Descartes, écrit-il, sous de prudentes apparences et aussi à travers les sincères désirs de sa foi, cherche dans la connaissance de Dieu, de nous-mêmes et du monde un moyen d'obtenir, de justifier, d'étendre l'emprise de l'homme sur la nature, un moyen donc d'améliorer ou même de prolonger notre existence terrestre et de conquérir l'avenir, Malebranche, lui, ne considère la vie présente, la science humaine, la philosophie que comme les échelons de notre réintégration en Dieu, comme la préparation et l'anticipation ébauchée de l'autre vie, comme le moyen de conquérir ou si ce mot évoque une idée d'activité qui répugne à sa doctrine, d'accueillir l'éternité». 

    « À l'inverse, Malebranche va bien au-delà de l'accord traditionnel entre la raison et la foi. « Il va d'emblée, écrit Blondel, à la réunion, à la fusion même de la métaphysique et de la théologie spéculative, ascétique et mystique, par l'identification constante du Verbe et de la Raison... Descartes s'adossait à Dieu... pour aller au monde : Malebranche tourne le dos au monde pour trouver Dieu et en Lui la lumière. »

     

    « Descartes a exclu de la philosophie tout ce qui révèle proprement de la théologie chrétienne « A chacun son métier » C’est là, toute l’orientation de sa philosophie. »

    « Pour Malebranche c'est  tout le contraire : «la religion c'est la vraie philosophie » et « la religion est parfaitement conforme à la raison ». Davantage, non seulement la métaphysique peut servir la religion, mais elle lui est redevable  tant dans le domaine des vérités éternelles que contient le divin que dans celui des fins de la création mises en œuvre par puissance divine. » 

    EXTRAITS  DU LIVRE MAURICE BLONDEL ET LA PHILOSOPHIE FRANCAISE

    Blondel et Pascal (extraits) 

      

    « Le projet de Pascal n'est donc pas de fournir des preuves ou un exposé des beautés de la religion chrétienne, mais d'agir sur le lecteur. Les Pensées sont elles-mêmes une action, elles veulent conduire le lecteur à faire retour sur lui-même, à s'interroger sur le sens de sa vie. Pour cela, comme le dit Blondel, il faut le déloger des positions où le tient son amour-propre et vaincre les obstacles qui sont  en lui : la peur de la religion et le mépris de celle-ci.  Répondre à la peur en rendant la religion aimable parce que seule elle prend pleinement  en compte le désir et promet le bonheur. Répondre au mépris en montrant que la religion est raisonnable « car elle a bien : connu l'homme ». Ainsi Pascal peut-il dire : « Je ne prends point cela par  bigoterie, mais par la manière dont le cœur de l'homme est fait » De Dieu il ne sera guère question, mais de sa place au cœur de l'homme, place vide du désir. Cette méthode est bien celle de l’immanence d'où sourd l'appel à la nécessaire transcendance. Passer par la manière dont le cœur  de l'homme est fait, c'est-à-dire par une anthropologie, non par la nature, telle est la seule voie qui reste à l'apologétique quand le mécanisme coupe toute voie allant de la nature à Dieu : « Et quoi ne dites-vous pas vous-même que le ciel et les oiseaux prouvent Dieu? Non. Et votre religion ne le dît-elle pas? Non. Car encore que cela est vrai pour quelques âmes à qui Dieu donna cette lumière, néanmoins cela est faux à l'égard de la plupart. ». 

    « Ne nous épuisons pas à offrir un objet, alors que c’est le sujet qui n’est pas disposé. Ce n’est pas du côté de la vérité divine, c’est du côté de la préparation humaine qu’il y a défaut et que l’effort de la démonstration doit porter. » 

    « La justice et la vérité sont deux pointes si subtiles que nos instruments sont trop mousses pour y toucher exactement S’ils y arrivent, ils en écachent la pointe et appuient tout autour, plus sur le faux que sur le vrai. » Quand l'imagination l'emporte de toutes parts sur la raison, il n'y a pas à hésiter sur les moyens de la persuasion. (Pascal) »

     

    Blondel a plus de scrupules et refuse que la philosophie soit un simple moyen au service de la persuasion : » La philosophie, dit-il ne peut être ni un simple instrument ni un moyen. »

     

    Charité ou violence ? 

     

    « Relisons la formule de Blondel-« nous faire aux autres pour la faire à nous. » Ce projet peut bien être compris comme celui d’une  charité de la pensée qui passe par une pleine loyauté sans arrière pensées. La contradiction qui est au cœur de toute apologétique est bien celle-ci : l'interlocuteur est-il l'adversaire que je veux vaincre ou le frère égaré que je veux sauver? Comment puis-je le déloger des  positions où je le vois tenu par son amour-propre sans que cela soit ressenti comme une violence? Dans les Carnets Intimes, le jeune  Blondel se pose joliment la question : « pourquoi l'Évangile parle t-il  toujours des pêcheurs et non des chasseurs d'hommes? » »

     

    « La charité seule est toute puissante …. » L’honnêteté intellectuelle serait ainsi une forme de la charité. (Blondel) »

     

    « Pascal reste  tragique et conduit à  Dieu à partir des blessures de l’humanité déchue. »

     

    « Blondel se veut pleinement catholique en embrassant la vérité des leçons d’une philosophie  où il voit un progrès même quand elle rejette la religion. »

     

    « Si Pascal reste un penseur du paradoxe seulement réconcilié dans le Christ où s'unissent toutes les contradictions, Blondel apparaît davantage comme un penseur de médiation ; le Christ est médiateur par une pleine fécondation de nature.

     

    Sans doute le point névralgique du dialogue est-il le sens du péché et particulièrement du péché originel ».

    EXTRAITS  DU LIVRE MAURICE BLONDEL ET LA PHILOSOPHIE FRANCAISE

    Ollé-Laprune et Blondel, héritiers de Newman (extraits)

     

    « La décision est le fruit de l'action d'un esprit, guidé et contenu par des règles assurément, mais souple néanmoins, souple comme la réalité et la  vie, capable de se plier aux circonstances, et par cela les dominer. Voilà bien cette vraie prudence, ce bon sens dont Aristote a si bien parlé : 'Esprit de finesse', comme Pascal... » (Ollé, Certitude (1880)

     

    « On est frappé par le fait que Blondel et Newman fassent l’éloge de l’ »esprit du peuple » et de la forme la plus élevée de la logique des « humbles et petits » contre l’érudition des savants car les « humbles » savent plus sur « le secret de la vie » que les « savants »  L’action synthétique de Blondel et (l’illative sense) de Newman sont dégagés à travers une analyse phénoménologique. »

     

    « L’adhésion se fait comme acte véridique de la personne humaine tout entière qui unit la vérité, la connaissance et la volonté. »(Newman) 

     

    « Aux yeux de Blondel et Newman, les décisions fondamentales de la vie, tout comme les connaissances décisives et vitales, adviennent à l’intérieur. « 

     

    « Le même principe vaut aussi pour la connaissance de soi du  sujet et d'autrui. La connaissance personnelle d'autrui passe elle aussi par une saisie sur-logique et dynamique de l'intérieur de l'homme. Blondel dirait que c'est là aussi l'efficace de la méthode  d'immanence. »

     

    « Sans avoir conscience de ce qui se passe en nos semblables,  nous leur attribuons la pensée et le sentiment, parce que nous  saisissons chez eux des indices, des signes expressifs et révélateurs,  analogues à ceux par lesquels nous manifestons nous-mêmes notre propre vie intérieure. » (Certitude (1880) 

     

    « Je suis ce que je suis, ou alors je ne suis rien. Je ne peux penser, réfléchir ou juger sur mon être sans partir du point même que je m'efforce d'élucider. Toutes mes idées sont des présuppositions et je progresse dans un cercle » (Newman)

     

    « C’est donc avec cette « connaissance du cœur » de Blondel que nous concluons nos réflexions. »

     

    « Et ce qu’il faut ici nommer Dieu, c’est un sentiment tout concret et pratique : pour le trouver, ce n’est point la tête qu’il faut se rompre, c’est le cœur » 

    EXTRAITS  DU LIVRE MAURICE BLONDEL ET LA PHILOSOPHIE FRANCAISE

    Blondel et l'école française de l’action

     

    « Blondel ne se limite pas à l'ordre humain, celui des personnes, des êtres intelligents et spirituels : Il examine  leur insertion dans l'univers, se demande pourquoi n’existent pas seulement l'univers physico-chimique et, greffé sur lui le monde des êtres vivants et mourants, maïs aussi celui d'êtres qui s’interrogent sur leur destin et ne l'accomplissent que dans l’action. »

     

    « De même, la religion ne peut pas faire l'impasse sur les sciences. Le lien entre la foi et la raison doit être, au contraire, renforcé : « De ce que  les bouleversements scientifiques et les souffrances de notre civilisation déconcertent nos habituelles perspectives de sens commun ou de foi, il ne faut tirer qu'une conclusion : il y a urgence, il y aura profit à rajuster l'adaptation de notre spéculation et de notre vie spirituelle à des données enrichies et renouvelées par une connaissance plus complète des relations même les plus subalternes et des solidarités entre les forces de la nature et les emplois que l’homme réussit à en faire. »  En d'autres termes, l'action humaine demande à être référée à la fois à Dieu et à l'univers. »

     

    « La  grandeur de Blondel, en tant que philosophe, est de ne pas se contenter de l’attitude du croyant, mais de sonder, avec les instruments de la raison, la  possibilité effective pour un être de combiner harmonieusement l’intensification de ses "liens vitaux et substantiels" (avec les autres êtres, avec l'Être et même avec l'univers), tout en progressant dans la réalisation de son destin singulier. » 

     

    « La foi ne tient pas lieu de méditation philosophique : elle propose ici une énigme, mais c’est à la métaphysique et à l’ontologie de se saisir de cette énigme  et de tenter de la résoudre. »

     

    « Les êtres, ne sont pas seulement à voir, à décrire, à déterminer ; ils sont à faire, ils sont à se faire » 

     

    « L'être n'est pas seulement ce qui est vu ou visible; il est aussi cette vie jaillissante, cette conquête ou cette perte de l'absolu, cette acceptation ou ce refus d'un don qui, gratuitement offert, engage à fond la responsabilité et la destinée des êtres spirituels; et peut-être par eux verrons-nous une solidarité réciproque intéresser l'univers entier. C'est une conception catholique de l'interconnexité des êtres qu'expose ici Blondel : même si le lien de chaque être à l'absolu et donc à Dieu est l'essentiel, puisque c'est ainsi qu'apparaît le caractère infini du cheminement singulier de chaque être humain, le lien avec Dieu ne se réduit pas à un colloque direct de l'individu avec son Créateur;  indissolublement et simultanément se renforce le lien substantiel de chaque être avec les autres êtres et, ainsi, avec l'univers tout entier. »

     

    EXTRAITS  DU LIVRE MAURICE BLONDEL ET LA PHILOSOPHIE FRANCAISE

    Conclusion

     

    Dieu aurait pu ne créer que l'univers physico-chimique; ou y ajouter des organismes « vivants et mourants », sans pensée. Il a fait autre chose : il a introduit dans l'univers des êtres pourvus de liberté et d'intelligence. Du même coup, l'univers s'est transformé en une scène où se joue un drame ; drame dont Dieu n'est pas le spectateur mais aussi l'acteur. La cosmogonie devient théogonie.

     

     

    « Blondel se fonde l'aspiration intime que ressentent les êtres libres pour discerner ce que leur désir implique de la part du Dieu 

     

    Créateur : celui-ci, s'il veut  ne pas brider la liberté et l'intelligence des êtres qu'il a créés doit faire  d'eux les co-auteurs de son action cosmique. Plus, il doit lui même consentir à ne pas rester dans l'immobilité de sa perfection mais entrer en devenir: la création ne concerne plus seulement les créatures: elle concerne aussi le Créateur. Du même coup, la doctrine de l'action prend une ampleur tout autre. Son étude, qui lute dans le laboratoire humain, se poursuit dans le laboratoire de l’univers  et s'achève dans le laboratoire du Créateur qui consent au devenir, dans la mesure où la création se déploie en Dieu même en qui s’opère « l'éternelle génération divine. »

     

    Blondel et Bergson

     

    « Tous les philosophes qui ont donné un tableau de la philosophie entre 1880 et 1940, pour prendre les dates où les deux penseurs ont été  actifs, classent Blondel parmi les philosophes catholiques avec, Ollé-Laprune, Laberthonnière et Edouard Le Roy, en les distinguant  des néo-thomistes , Maritain, Sertillanges et Gilson, et des , bergsoniens, de loin les plus nombreux »

     

    « Bergson et Blondel n’appartiennent pas à la même famille d’esprit, même si on peut  les considérer tous les deux comme des spiritualistes. Mais la pensée de Bergson reste au fond un « psychologisme » alors que Blondel construit une ontologie qui conduit de la réalité du monde à la réalité de Dieu. »

     

    « Bergson dilate la raison jusqu’à l’intuition, mais soucieux de toujours dépasser les limites de l’intelligence, Blondel insiste sur le fait que la raison, pour aller au bout d’elle-même, doit s’humilier dans la foi nue. Mais en leur fond, hérité de Saint Paul, ils sont proches, car pour l’un comme pour l’autre, le primat de la charité dans les conceptions vivantes du Dieu amour va de pair avec la concentration et l’effort de la vie spirituelle. »

     

    « Bergson et Blondel avaient le même âge; Bergson est né en 1859, Blondel deux ans plus tard; Bergson est mort en 1941 Blondel  en 1949. Ce sont donc de vrais contemporains. Bergson soutien t sa thèse en 1889, Blondel en 1893. Ensuite, ils se sont connus  et respectés comme des collègues. Ils appartenaient l’un et l’autre aux premiers  membres de la Société française de Philosophie, à laquelle  ils étaient attachés, avec Lalande, Brunschvig, dans un milieu  philosophique beaucoup plus restreint qu'aujourd'hui. »

    « Blondel applique à Bergson son idée profonde que la foi est un mystère ; et il respect une âme dont tous ont reconnu l’intégrité et la générosité. L’ouverture de la philosophie ne consiste pas à fouiller les secrets intimes ; elle est dans la pensée elle-même. Blondel caractérise la pensée bergsonienne comme une doctrine mouvante du mouvement. »

     

    Sur un plan général, on peut dire que les deux philosophes se sont opposés à ce que la religion chrétienne, en particulier catholique, soient exclue à priori du champs de la réflexion  philosophique. Mais, le souci de la religion catholique est premier chez Blondel, comme exigence de vérité inscrite dans la foi chrétienne ; alors que Bergson, étranger à toute formation religieuse et à la tradition judéo-chrétienne, a découvert le fait religieux à partir de l’expérience mystique, et en mettant entre parenthèses toutes données proprement révélées.

     

    Concluons :la différence est grande entre ces deux grands esprits du XXe siècle. Chacun a son rapport spécifique à la foi catholique Blondel est du côté de Pascal, connaît la différence des ordres et inscrit la foi nue en la révélation de la religion catholique comme la seule issue possible à l'inquiétude humaine. La philosophie examine laborieusement l'insuffisance ontologique de l'homme sans jamais faire œuvre théologique. Bergson est philosophe de la nature et de l'esprit. Henri Gouhier a trop accentué chez Bergson le coté naturaliste. En fait la philosophie de Bergson est plutôt une philosophie de l'unité du sens que de l'unité de la nature ; l'ontologie de la durée est une sémiologie plus qu'une doctrine de la substance, n'y a que des changements dit Bergson, et pas de choses qui changent. Mais entre Bergson et Blondel, il y a incontestablement, Comme entre Bergson et Pascal32, des affinités. Ils n'étaient pas de la même famille d'esprit, mais ils avaient des affinités spirituelles, et chacun des deux a pu sentir en l'autre un allié.

     

    EXTRAITS  DU LIVRE MAURICE BLONDEL ET LA PHILOSOPHIE FRANCAISE

    Blondel et Lavelle

    « Blondel dit : « L’Être est et il y n’y a point de vide en lui et hors de lui. »

     

    « Pour Lavelle : On ne peut saisir « l’être comme être » qu’a « sa source ou dans sa propre genèse », en reconnaissant la « puissance créatrice » qui lui est  « immanente » car  « l’être est acte et le propre de l’acte est de s’affirmer lui-même. »

     

    « Pour Blondel : dés le premier rudiment de l’être qui s’agite en nous, nous découvrons ce qu’on  peut  nommer une auto-affirmation qui restera toujours fondée, indestructible et exigeante et nous reconnaissons dans l’être un principe de vie, de lumière et d’amour toujours actifs et fécond. »

     

    « Lavelle : « Le mystère le plus profond de l’Etre réside sans doute dans sa fécondité intérieure dont nous éprouvons, au cœur même de notre propre expérience, qu’elle est toujours proportionnelle à la capacité qu’il a de se suffire. » il n’y a pas d’intimité sans secret et c’est l’intimité elle-même qui nous apparaît mystérieuse, à la fois cachée et imprévisible comme la liberté. »

     

    « Blondel : « Le Dieu connu des philosophe offre une double certitude, celle qu’il est, dans toute la force du mot être, et qu’il est cependant hors de nos prises, en son secret qui ne peut être violé par aucune intelligence finis » 

     

    « Chez Lavelle, plus soucieux de souligner comment se recouvrent la révélation intérieure  et la révélation supérieure, la surprise qui accompagne la découverte de soi et de l’être suffit à exprimer l’aspect mystérieux de l’expérience. »

     

    « Lavelle observe : «  si Dieu est toujours présent à l’âme qui ne lui est pas toujours présente elle-même, la première démarche de la vie spirituelle est une démarche de purification qui, en nous délivrant de  toutes les préoccupations et de toutes les pensées particulières qui dressaient une barrière entre Dieu et nous, ouvre tout à coup notre âme à sa lumière et à son action. Il a besoin que le vide se fasse en nous pour en remplir la capacité.  Cependant la contemplation spirituelle ne ressemble point à la contemplation d'un objet. Car nous sommes là dans un monde où il n'y a pas d'objets, mais seulement des opérations intérieures qu'il dépend de nous de produire. Celui qui contemple se tourne vers Dieu par un acte qui laisse Dieu agir en lui Le regard ici est un regard d'amour qui cherche l'union et non point  la représentation. C'est pour cela que la contemplation est elle-même active et qu'elle produit sans cesse des actions nouvelles; sans qu’il semble qu'on ait besoin de les choisir. »

     

    « C’est dans le mystère que Dieu nous révèle sa présence véritable, et que c’est cette présence qu’il ne faut point laisser perdre. »

     

    « Blondel lui souligne que la présence de Dieu ne dépend pas ou pas entièrement de nous, puisqu’elle renvoie à la souveraineté du Dieu qui se donne »

     

    « Nous pouvons emprunter à Lavelle une conclusion, pleine d'espérance, qui pourrait être celle de Blondel : « II n'y a que deux philosophies entre lesquelles il faut choisir celle de Protagoras selon laquelle l'homme est la mesure de toutes choses, mais la mesure qu'il se donne est aussi sa propre mesure, et celle de Platon, qui est aussi celle de Descartes, que la mesure: de, toutes choses, c'est Dieu et non point l'homme, mais que Dieu qui  se laisse participer Par  l’homme  qui n’est pas  seulement le Dieu des  philosophes, mais le Dieu des âmes  simples et vigoureuses, qui savent que la vérité et le bien sont au-dessus d'elles, et ne se refusent jamais à ceux qui les cherchent avec assez de courage et d’humilité. »

     

    « Lavelle dit : « Il y a dans la philosophie française un aspect métaphysique et un aspect psychologique qu’elle ne peut pas détacher l’une de l’autre : ce qui est aisé à expliquer si l’on s’aperçoit que nous avons besoin de l’absolu pour asseoir toutes nos certitudes et que chacune de nos certitudes est une épreuve qui ne prendre son sens qu’au fond de nous-mêmes. »

     

    EXTRAITS  DU LIVRE MAURICE BLONDEL ET LA PHILOSOPHIE FRANCAISE

    Blondel et Paliard.

     

    « Le fait de rechercher l’unité de l’être et du connaître, de scruter les secrets de la conscience humaine, telle est l’intuition fondamentale de Paliard qui traverse toute son œuvre d’ « Intuition et réflexion à  Profondeur de l’âme. »

     

    « Contrairement à Blondel  qui enracine sa philosophie dans l’analyse de l’acte humain et tend vers une adéquation de la volonté volante et de la volonté voulue, Paliard part du rythme réflexif de la conscience, du rapport concret du sujet et de l’objet de la connaissance et tend vers l’unité de la pensée et de la vie qui n’est autre pour lui que celle du cogito concret. C’est pourquoi sa démarche le conduit comme il le précise lui-même, « à un essai qui n’est pas seulement philosophique réflexive, mais philosophie de la réflexion, d’une  réflexion dont les degrés et les formes ne suffisent nullement pour constituer les degrés et les formes de la vie spirituelle, mais peuvent les caractériser. »

     

    Influence de Blondel sur la pensée des jésuites français

     

    « En premier lieu, à Fourvière, en ces années il y avait bien une école » proprement dite, mais non pas une, école blondélienne, mais une école traditionnellement néoscolastique. Tous les jeunes Jésuites passaient par cette école, et ils en restaient marqués pour leur vie. Le P. de Tonquédéc est un bel exemple de ce marquage profond et presque inextinguible dans des sujets doués d'une mentalité un peu étriquée. D'autres, plus ouverts à d'autres influences et capables de se les assimiler, s'en inspiraient pour faire des relectures de la philosophie et de la théologie traditionnelles. Par conséquent, afin de discerner l'influence blondélienne sur les jésuites français, il faudra concentrer l'attention sur ces relectures - et là, en effet, on  note une profonde et très efficace influence de Blondel qui, dans ses répercussions, dépassera même largement le cercle des jésuites. On peut même dire que c'est surtout par ces relectures jésuites que la pensée de Blondel a contribué au renouvellement de la philosophie et peut-être surtout de la théologie catholiques. »

     

    « Les jésuites de Fourvière étaient, de par leur formation, aussi bien des théologiens » que des philosophes. Par conséquent les aspects théologiques de la pensée blondélienne les intéressaient autant et plus que sa philosophie, surtout en vue de l'apport que cette pensée pouvait donner à un renouvellement de la théologie catholique. »

     

    «  L’exemple de Blondel aura contribué à leur rappeler l'indissolubilité du mariage entre discours philosophique et pensée théologique,  indissolubilité qui donnera lieu  au  débat sur la  « philosophie chrétienne », débat qui se prolonge jusqu'à nos jours. »

     

    « Enfin, troisième remarque, les scolasticats jésuites sont traditionnellement internationaux et il existe entre eux un échange intellectuel considérable. Non seulement on se lit mutuellement, on s'écrit aussi et on se visite. Ainsi un mouvement intellectuel, aussi souterrain qu'il soit, peut se propager bien au-delà des frontières de la nation où il est né. »

     

    « L’histoire du blondélisme, surtout parmi les jésuites français, fait partie de la face obscure de l’histoire de l’Eglise et elle implique des destinées personnelles parfois très douloureuses. »

     


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  • EXTRAIT DU LIVRE DE BERNARD DE BOISSIERE  ET France MARIE DE CHAUVELOT 

     

    « Maurice Zundel »

     Car il n'y a rien dans ce monde qui soit profondément mauvais ; tout dans ce monde peut être transfiguré, tout dans ce monde peut revêtir la splendeur de Dieu, tout dans ce monde peut devenir entre nos mains une offrande diaphane de lumière et d'amour. La Vierge est donc pour chacun de nous un élément virginisant, c'est-à-dire qu'elle crée en nous le vide, elle suscite en nous cet espace illimité où Dieu se donne, elle permet d'accueillir les autres, elle permet de transformer leur vie en des vases très beaux et nous ramène toujours à cette pauvreté qui est au cœur de 

     

    ’Évangile comme elle est au cœur de la divinité1... »   «L'Évangile n'est pas comme une doctrine... mais comme une amitié divine : "Ce que vous avez fait au plus petit d'entre mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait"... Le dernier mot de l'Évangile c'est l'homme parce qu'il n'y a pas d'autre sanctuaire de la divinité. » 

     

    Pour Zundel, tout homme est le chemin de Dieu. Dès lors, à chaque rencontre, et cela tout au long de sa vie, il se fera attentif à la manifestation divine que chacun recèle, donnant à l'interlocuteur sensible l'impression unique d’être mis en contact avec son propre sanctuaire intérieur. « L'important c'est qu'il règne et que sa joie et sa beauté se reflètent sur le visage de ses créatures. C'est à quoi il faut nous employer de toutes nos forces.

     

    Il lui souhaite tout particulièrement d'acquérir la paix du cœur, «celle qui tient de la présence de Jésus, et qui malgré tous les orages intérieurs, nous maintient dans notre calme et domine nos sens, comme un phare promène sa lumière tranquille sur la mer démontée », invitant son ami à développer « ce sublime ornement chrétien » : la pureté. Lui-même s'y maintient fermement : « L'amour qui pour l'instant m'occupe, qui probablement durera autant que moi-même, c'est un amour sublime, grand, immense, auquel l'objet aimé correspond et est infiniment aimant et infiniment fidèle. Cet Amour, je me permets d'y mettre un grand A, c'est l'Amour de Dieu1. » 

     

    Le seul moyen de vaincre la timidité est de s’oublier et de se perdre de vue, en s’effaçant en Dieu. C’est aussi bien le chemin de toute grandeur. 

    Dieu ne peut se manifester qu'en transparence, à travers une expérience humaine et cette expérience est d'autant plus parfaite que l'être est plus dépouillé. Le grand homme est celui qui n'est pas accroché à son moi, mais qui gravite autour d'une Présence en lui et se dépasse dans les autres. Le dépouillement qui constitue la grandeur de Dieu réalise celle de l'homme. 

    Il est en effet impossible de découvrir Dieu ailleurs que dans le phénomène humain. C'est à travers l'expérience humaine que Dieu se fait jour : la fraction du pain est l'aboutissement le plus pathétique de l'itinéraire qui rejoint le commencement. 

    Qui se donne à Dieu, devient capable de donner Dieu. 

     

    On n'est libre qu'en aimant. Et cette liberté est si chère à Dieu qu'il a voulu nous laisser libres de ne pas L'aimer, qu'il nous a laissés courir ce risque, pour nous laisser tout le mérite d'un amour libre. Il faut nous effacer tellement devant Dieu que les âmes ne voient plus en nous que Lui : le Père, l'Amour. 

     

    L'essentiel est de montrer Dieu, non pas comme une solitude égoïste, repliée sur elle-même, mais une  Générosité  en  perpétuelle  expansion,  la  Divinité n'ayant prise sur son acte qu'en le communiquant. Il y a là un dépouillement infini qui est l'exemplaire éternel de la Pauvreté selon l'Esprit. C'est la suprême confidence de l’Amour qui n'est qu'Amour. La création ne pourra jaillir de cette intimité, qui est altruisme, pur élan vers l'autre, que par un débordement d'amour : pour susciter un amour qui ramènera de quelque manière, tout le créé à cette intimité

     

    Dieu est le Soleil qui ne cesse de luire. L'homme est la maison toujours baignée de Soleil, mais dont les volets peuvent être fermés. S'ils sont fermés, la lumière n'entre pas, mais ce n'est pas la faute du Soleil.

     

    C'est donc l'homme qui est le principe et le créateur de son enfer, qui est son enfer, quand il se bloque en soi en se fermant à Dieu, en se livrant, du même coup, au déchaînement des forces extérieures qu'il avait mission d'intérioriser. »

     

    La Connaissance est une vie et la vérité une Personne. La vérité est une personne avec laquelle il est véritablement possible de communiquer, mystère qui fait que lorsque deux personnes se parlent en vérité, un courant passe. Ce courant c’est l’Esprit. Il vient animer la relation, la rendre vivante.

     

    Dieu intérieur à nous-mêmes, plus Intime à nous-mêmes que nous-mêmes. » « Le Royaume de Dieu est au-dedans de vous, vous êtes le tabernacle vivant où Dieu demeure. »

     

    « L'univers est un cadeau, il suppose un échange : Dieu a besoin de notre oui. Il ne peut sauver le monde tout seul. Dieu a infiniment besoin de nous parce qu'il est amour. Le sens de notre vie c'est de sauver Dieu en nous. Nous sommes habités par une présence, la vie se poursuit à travers notre oui Il est le visage que chacun reconnaît dans son cœur, l'espace d'amour qui nous transfigure. On ne peut pas le représenter. On peut le découvrir, le rencontrer, naître à nouveau, devenir une autre existence, un immense espace d'amour, comme est le Dieu vivant. Nous Le reconnaîtrons quand nous serons devenus son Visage. Dieu se confie à nous : Je suis toi. »

     

    Cela explique que Zundel, intellectuel reconnu et apprécié, n'ait pas cherché à établir de contacts particuliers avec les grands esprits de son temps, se contentant le plus souvent de les rencontrer dans leurs œuvres. En chacun,  qu'il  soit philosophe,  savant  ou  clochard, il y recherche le désir de Dieu, la conscience de la souffrance ' de Dieu. Les trouver est sa plus grande joie.

     

     

    « Dieu n'attend rien moins de chacun que de s'atteindre à soi-même, en se débarrassant de notre moi préfabriqué pour devenir créateurs de nous-mêmes. Il nous invite à la dignité divine, dans un respect infini de notre liberté. Loin de nous juger, il attend de nous d'être aimé et souffre de ne pas être aimé1. »

    À ceux et celles qui se demandent comment ils vont pouvoir cheminer sans lui, Zundel répond : « II faut écouter cette voix en vous, c'est la réponse à tout. Il faut écouter la voix intérieure, il y a toujours Quelqu'un, quelqu'un qui sait, il faut seulement apprendre à l'écouter. » 

     

    « Mon dieu cachez-moi dans votre lumière, rendez-moi transparent à votre présence et apprenez-moi à être le sourire de votre bonté ». Jusqu’à ce qu’elle devienne un axe de vie. « Chacun est  appelé à devenir transparent  à la lumière, à l’amour et à la vérité. »

     

    Où est le vrai Dieu ? Il est en nous, c'est là seulement que nous pourrons le trouver. Et comment savoir quand c'est Lui et pas Lui ? Quand ce n'est plus nous, quand nous nous oublions. Là où est l'Amour, la bonté, c'est là que Jésus est. Il faut que nous sentions que Dieu a besoin de nous. Quand nous sommes tout élan, nous sentons bien que nous sommes la créature de ce Dieu intérieur. Dès que nous nous regardons, nous ne sommes plus de ce Dieu-là. Un sourire, c'est la chose la plus importante, c'est ce qui crée la vie. Si vous cessez de sourire, vous tuez la vie, plus de joie, plus de communication. Quand je suis le sourire d'amour, je sais que je nais du Dieu intérieur ; dès que j'échappe au sourire de la bonté de Dieu, je ne suis plus qu'un paquet1.

     

    « Comme elle est fragile cette paix et comme il faut la porter en nous dans le silence de Dieu. Je sens toujours plus fort que c'est en ne faisant pas de bruit avec nous-mêmes, en écoutant, dans cette région silencieuse où notre vie s'enracine en Dieu que la Voix de l'Amour se fait entendre et que notre âme peut devenir universelle, en échappant à toute limite et à toute frontière. L'unique nécessaire dont Jésus parlait à Marthe, c'est cela : écouter, et devenir l'hostie silencieuse qui laisse rayonner la présence de Dieu. C'est cette vie de Dieu qu'il faut sauver : que tous les hommes, tous les peuples, que chacun de nous est appelé à sauver. C'est cette charge, cette maternité divine, ce souci d'exprimer et de communiquer Dieu qui doit faire fleurir le désert et germer la Paix2. »

     

    ZUNDEL PAR CEUX QUI L’ONT CONNU

     

    On a vu suivre Zundel les auditoires les plus variés. Chrétiens, juifs et musulmans, croyants aussi bien qu'incroyants, marxistes et anarchistes, philosophes, artistes et moins cultivés, jeunesses de tout bord. Certains ne pouvaient l'accompagner jusqu'au bout de sa démarche, mais, chose extraordinaire, ils demeuraient à l'écoute parce que le témoin qui leur parlait était identique à sa pensée

     

    Je n'ai jamais entendu l'abbé Zundel, non pas dire du mal de quelqu'un, mais avoir une réflexion désobligeante ou désagréable. Jamais ! Cela n'existait pas. 

    Ce qui me frappait le plus, c'était de me confesser à

    Lui. Cela sortait tellement du commun, quand il vous

    disait : « Soyez le sourire de Dieu », c'est toute une vie.

    Le monde, pour garder l'espérance, a besoin que nous

    soyons pour lui le sourire de Dieu, alors soyez ce sourire.

     

    Il avait une telle culture aussi. Il rendait les gens intelligents. Il partageait comme si vous aviez toute sa culture. C’était merveilleux, je dois dire. On ne se sentait jamais diminué ou ignorant.

     

    Je me trouvais en présence d’un être tout de douceur, de don, un sourire merveilleux. Mais ce qui m’a  frappée ; c’est son regard. Je n’avais jamais vu quelqu’un regarder à l’intérieur et qui vous communiquais quelque chose uniquement par le regard, avec une douceur, une discrétion. Ah ! J’étais complètement émerveillée.

     

    Dés qu’il voyait quelqu’un, ce qui l’intéressait c’était de savoir si le travail allait bien, comment allaient les enfants. Que la personne soit croyante ou pas lui était égale. C’est l’affaire de Dieu. Mais lui, s’il y avait quelque chose à faire, il le faisait.

     

    Jamais je n’ai vu Zundel dans un état de stress, jamais. C’était un homme d’une sérénité absolue.

     

    Je crois que ses silences étaient, pour lui, et selon les cas, une prière, une attente du plus intime et du plus vrai de « L’Autre », une grande force et une sorte de défense. Il était émotif et sensible à l’extrême. Il craignait de faire de la peine de blesser et aussi d’être blessé. Le silence était chez lui une façon de se dominer.

     

    Le Père avait ce don d’écoute et d’identification avec l’autre, extraordinaire, tel qu’en somme il se mettait à l’intérieur de l’autre, essayait d’épouser tous ses sentiments.

     

    Je n'oublierai jamais son regard. C'est un regard d’aigle, d'une pénétration, d'une acuité, ce regard intérieur et qui, en même temps, transperce avec douceur, avec douceur... par une espèce de charisme. Vous êtes avec lui, et déjà il vous a pénétré par son regard et saisi intérieurement..

     

    Ce que le père avait vraiment, un don que je n’ai  jamais retrouvé chez personne : le don de vous libérer de  toutes vos angoisses, de tous vos soucis, de votre tristesse, de votre désespoir, et de vraiment vous porter au paradis  C'était une transfiguration de tout l'être.

     

     

    Zundel ne parlait jamais de sa foi, mais il la vivait. Même un incroyant croyait Zundel. Avec l'abbé Zundel, on n'avait pas de carte d'identité. Que l'on soit princesse, pauvre ou hippie, il avait le même respect. 

     

    Son accueil ? Inoubliable, unique ! Avec ce sourire et ce regard qui lisait en vous. Son extrême douceur, son souci de ne pas risquer l'ombre d'une égratignure envers cette âme qui s'ouvrait à lui. Son silence est peut-être né de ce respect absolu de l'autre. Ce silence où un geste, un signe remplaçaient souvent une réponse : inclinaison de tête, sourire. Un silence persistant pouvait inciter à chercher mieux en soi et à découvrir l'essentiel.

     

    Maurice ZUNDEL 

    Maurice ZUNDEL


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  • EXTRAIT DU LIVRE PREDECATION DANS MA PAROISSE  JOSEPH DE MIJOLLA

     

    Le mystère de Dieu

     

     Dieu est autre de tout. Aussi, pour le prier, il lut se placer au bord du tout, se mettre à la fenêtre du tout  aller au désert, sur la montagne, se tourner vers le ciel, entrer dans la solitude pour trouver la porte de sortie de soi.

     

    Connaître dieu

     

    « Nous aussi, j'en suis sûr, nous avons une expérience Dieu. Peut-être y sommes-nous trop peu attentifs. Nous la vivons dans la prière, quand la parole de  Dieu nous touche, quand nous disons à Dieu un « oui »en  paroles et en actes, quand Dieu nous montre son amour dont les autres nous aiment et nous pardonnent.. »

     

    « Je suis sûr que, tous, vous avez l'expérience Dieu, de son amour pour vous, de votre amour pour lui Essayez d'y penser, de le dire, de l'écrire, d'en faire voir! « Magnificat ». C'est le plus précieux de votre foi. Plus  précieux que tout savoir. »

     

    «  Enfin, si vous voulez témoigner du Christ, il faut : savoir parler de lui et du peuple de Dieu avec son histoire. Vous me direz : « Mais c'est notre vie qui en parle ». C'est vrai Mais notre vie, pleine de belles choses, est pleine aussi de limites et de péchés. Il faut savoir parler de Dieu et de ses relations avec son peuple pour que nos amis puissent croire avec nous. » 

    La création

     

    « Et si tout à coup je me rappelle que cet univers est rempli d'aspects chaotiques, de malfaçons, j'éprouve un désarroi. Mais je crois quand même. Je crois malgré le mal. Je crois que cet univers existe par la bienveillance merveilleuse de Dieu. Et le mal sera guéri, résorbé, vaincu. Et si je crois cela, c'est à cause de tout ce que le peuple Dieu m'a fait comprendre, et, en particulier, Jésus : C'est là que j'ai trouvé la vérité de l'homme. »

     

    « L’homme est appelé à devenir humain d’abord par l’orientation et la libération de sa liberté. Aucun artifice ne pourra nous dispenser de cette aventure. »

     

    « Puisque notre liberté est création de Dieu, don de la dignité de sujet, alors Dieu ne veut pas nous conditionner, vous savez bien qu'une liberté ne peut être éveillée que par le respect, par l'amour, par la parole (même si elle doit quelquefois se faire véhémente) et par le don de soi pour  que vive l'autre car une liberté ne peut répondre que utilement. »

     

    « Même si elle est blessée et défigurée par le mal, la Création demeure comme le fond de notre être. »

     

    « La vie spirituelle n'est pas une autre vie, comme une  vie intérieure qui nous protégerait des chocs de la vie  extérieure, mais c'est notre vie humaine vécue autrement en  amitié avec Dieu, grâce à l'Esprit Saint ; »

     

    « Pourtant, même quand le malheur me ferme la bouche, je crois de tout mon être que l'amour créateur de Dieu est plus solide et plus profond que tous les séismes et que toute la vase de la vie. Et je redis les mots que la foi m'a donnés : « Je crois en toi, mon Dieu, créateur du ciel et de la terre. Béni sois-tu, Seigneur, de m'avoir créé ».

     

    Le mystère du Mal

     

     Ce n’est pas la souffrance qui sauve, mais c’est l’amour. L’amour nous montre sa vérité quand il affronte le mal. Alors la souffrance traversée devient la mesure de l’amour.

     

    « Les croyants ont cherché les sources de ce mal.ils ont appris à comprendre que la source principale, incontournable c'est le cœur des hommes et que c'est aussi la cristallisation du mal jusque dans des habitudes, des lois, institutions qui engendre le péché (des structures de péchés comme disait Jean-Paul II). »

     

     

    « La vraie façon d’aborder le mystère du mal, ce n’est  pas de l’expliquer. C’est de le traverser par la foi en Dieu, puis de l’affronter et de le combattre. »

     

    Les sacrements

     

    « Dans la partie les Sacrements j’ai beaucoup aimé quand tu compare L’église à une maman, c’est beau je trouve, et vrai !!! »

      

    La Vierge Marie

     

    «  La Vierge Marie, en premier, a cru, espérer, aimé pour tous ; nous sommes tous les enfants de sa foi, de son espérance et de son amour. Avec elle, nous complétons tous dans notre chair la passion de Jésus pour son corps qui est l'Eglise et, par là, nous devenons « membres les uns des autres »

     

    Parce que, nous aussi sommes, à notre petite place serviteurs quelconques, coopérateurs et médiateurs dans la  grande œuvre du salut. »

    « La femme, en sa féminité, est celle qui dit « oui » à l’enfant qui s'annonce. Avant l'homme, et plus que l'homme, elle lui donne l'hospitalité de son ventre et de sa tendresse. Elle dit « oui » à sa venue au monde. Et chaque être humain qu'il soit homme ou femme - sait bien à quel point il est redevable de cet accueil à celle qui l'a mis au monde. »

     

    « La femme, parce qu'elle a porté un enfant dans son ventre, dans sa communication, est aussi celle qui doit le laisser  partir, le sevrer, le confier à l'école, le laisser faire es bêtises, le laisser se marier, prendre un métier. Et il faut maintenir, quoi qu'il arrive, une maison ouverte. À cause de cela, les femmes savent d'instinct, mieux que les hommes, que les relations humaines ne sont pas d'abord un problème à régler, des lois à édicter, mais une communication  à cultiver. »

     

    Eléments d’une morale chrétienne

     

    « La  loi, si belle soit-elle, peut tuer la liberté; La liberté peut s'aliéner dans l'obsession de la loi. Il faut que tout soit précédé et porté par la chaleur d'un amour.

     

    {Parents, vous en avez l'expérience dans l'éducation de vos enfants), celui de nos frères et surtout celui de notre Créateur. Vous vous souvenez que les commandements sont ponctués par « Je suis le Seigneur » : « Tu ne tueras pas, je suis le Seigneur ; tu ne blesseras pas  ton esclave, je suis le Seigneur !

     

    » La loi morale nous tourne irrésistiblement vers Meu de qui elle procède et qui nous aime. Elle consiste à pré de notre vie humaine une action de grâce au Créateur nous aime et veut notre bonheur. Elle est une complicité l'affection avec Lui. » On t'a fait savoir, ô homme, ce qui est  bien : rien d'autre que de chercher la justice, d'aimer avec tendresse et de marcher humblement avec ton Dieu. »

     

    « La loi morale dessine un chemin d’action de grâce que nous pouvons vivre avec confiance et courage, avec le secours du sacrement de la confession et de l’accompagnement spirituel. »

     

    «  Pour nous aussi, la vie est souvent faite de choses que nous  n'avons pas décidées nous-mêmes, de défis, de bonheurs , d'épreuves qui nous viennent ou des événements, ou d'autrui, ou d'on ne sait où. Que la Vierge Marie nous donne cette humble et courageuse volonté de correspondre l'amour de Dieu, dans ce qui relève de nos décisions et notre créativité, mais aussi dans ce que la vie propose même impose à notre consentement. »

    « On ne peut faire la volonté de Dieu et devenir humain si on n’est pas attentif de tout son cœur à écouter la parole de Dieu, d’où qu’elle vienne (de l’Ecriture, de la voix de l’Eglise, d’autrui ou de notre conscience). »

     

    La vérité

     

    « Chacun est libre, mais que la liberté est une grâce et un combat : elle ne grandit que orientée vers le bien, sinon elle se dégrade. »

     

    « La vérité est souvent, dans le cœur d’un enfant ou d’un adulte, la confiance première en laquelle s’ouvre, pour toute une vie, l’exploration du monde et le bonheur d’y cheminer ».

     

    « Prier en vérité, grâce à l'Esprit, c'est s'attacher] pas à des formules, à des lieux, à des dévotions ni livres (qui peuvent néanmoins nous provoquer, nous introduire  nous aider), mais c'est s'attacher à Dieu, à Dieu seul toute notre cœur. Dans le silence et l'humilité, lui dire amour et encore plus écouter le sien, chercher sa volonté pour y correspondre ; nous mettre à sa disposition condition et sans mesure. »

                                 

    « La liberté, ce n'est pas de faire n'importe quoi. C'est venir à faire ce qui au fond travaille notre conscience :

     

    - suivre par amour le chemin des commandements : des Béatitudes ;

    - gérer nos biens avec sagesse, justice et partage ;

    - respecter autrui, pardonner ;

    - garder clairs nos cœurs et nos corps ;

    - aimer le monde car Dieu l'aime ;

    - aimer particulièrement ceux qu'il nous a confiés dans  l'engagement du mariage, de la vie religieuse, de la responsabilité pastorale. »

     
     

    L’eucharistie, repas du Seigneur

     

     « C'est en parlant à quelqu'un, qu'on reconnaît valeur de son existence. C'est en lui parlant qu'on se livre à lui jusqu'à la confidence, jusqu'à la demande, jusqu’au pardon sollicité ou reçu. La parole est l'acte le plus élémentaire  de reconnaissance d'autrui, de louange, de bienveillance. C'est un acte sacrificiel décisif. (Si vous ne nous  croyez pas, essayez de n'adresser la parole à personne pendant un repas de fête. Vous verrez les dégâts !). Cette assemblée parle, écoute, prie. Et, à certains moments, la voix fait  comme un feu d'artifice pour dire la louange, le merci, demande et encore la louange ; quant au chant, il dilate parole. »

     

    « Dans l'eucharistie, nous venons dire merci à Dieu, Cette louange nous unit. Mais nous avons tant de blessures et de duretés en nous et entre nous que le merci et l'unité de notre communauté peuvent rester superficiels. En revanche, si nous laissons le Christ guérir notre capacité d'aimer, alors notre louange et notre fraternité deviendront plus vraies et s'exprimeront par un « Par lui, avec lui, en  lui » plus profond. »

     

    «  Dans l'Eucharistie comme en toute notre vie, Jésus nous prend par la main. Nous venons à lui pour qu'il nous parle et nous introduise, comme il le veut, "dans son action de grâce et son sacrifice à la louange du Père. Il nous prend tellement par la main qu'il nous fera participants de sa résurrection : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang | demeure en moi et je le ressusciterai au dernier jour ».

     

    Un seul pour tous

     

    « Le monde est riche de la nature humaine avec sa' raison, sa mémoire, sa liberté, sa capacité d'aimer, son désir d'infini. Cette humanité est, bien sûr, contingente et blessée, vulnérable à la séduction du mal, mais sa valeur et sa  bonté radicales demeurent. Il est riche de potentialités, dont beaucoup sont encore à explorer : l'espace aux dimensions vertigineusement incommensurables, les énergies de la nature, la vie avec ses complexités, le patrimoine des réalisations techniques des civilisations, des cultures, des religions, des philosophies...

     

    Le monde contient le mystère de la condition humaine concrète à laquelle tout le monde émarge, y compris l'Église. En lui émerge la grâce première, grâce de la création, grâce fondamentale qui n'est pas récusée, mais au, contraire assumée et destinée à être transfigurée. Ce que le ! Monde apporte, il l'apporte à ce titre-là. »

     

    « Il faut donc considérer avec un regard nouveau s les actes élémentaires d'humanité : la confiance, la parole, le repas, le pardon, l'amour conjugal, le travail la vie  sociale... Ils sont fondamentalement dons et réception  échanges de vie ; ils ont une structure sacrificielle. Sont donc le chemin le plus naturel, le plus fondamental de ce sacrifice d'action de grâce par lequel, en Christ, nous donnons notre vie pour nos frères. Inversement par te « inter-cession » sacrificielle que Jésus nous donne de vivre, nous devenons enfin humains et frères les uns des autres La vocation que nous avons reçue par la Création s’accomplit surabondamment. »

    EXTRAIT DU LIVRE PREDECATION DANS MA PAROISSE  JOSEPH DE MIJOLLA


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  • LE PARDON SELON MICHEL HUBAUT

     

    Ceux qui pardonnent sont les guérisseurs de l'humanité. Plutôt que de ressasser l'offense ou le dommage, plutôt que de rêver de revanche ou de vengeance, ils arrêtent le mal à eux-mêmes... Pardonner, c'est l'acte le plus puissant qu'il soit donné aux hommes d'accomplir.

     

    L'événement qui aurait pu faire grandir la brutalité dans le monde sert à la croissance de l'amour. Les êtres blessés qui pardonnent transforment leur propre blessure. Ils guérissent là où ils sont la plaie qui défigure le visage de l'humanité depuis ses origines : la violence. L'homme qui pardonne ressemble à Jésus. L'homme qui pardonne rend Dieu présent.

     

    Le pardon est une démarche individuelle, pas collective. Le pardon est d’abord une libération intérieure. « Il s’agit de libéré son cœur de la haine, ce poison. La vie tourne à l’esclavage si on n’aime pas les autres, si on n’a pas d’humanité. Le pardon, c’est à la fois l’apaisement, la liberté, et davantage de disponibilité pour s’ouvrir au monde ».

     

    Le pardon est une affaire personnelle, privée, intime et concerne la conscience de chacun.

     

    LE PARDON DE MICHEL HUBAUT

    HISTOIRE

     

    Un soir, du coté de Notre-Dame-de- Harissa qui surplombe la majestueuse baie de Jounieh, chez des amis libanais qui avaient invité de nombreux voisins, pour clore notre échange fraternel, quelqu’un proposa de lire une page d’Évangile. Feuilletant son livre, il trouva le passage prévu pour la liturgie du jour. Il hésita quelques secondes, puis après un rapide regard circulaire sur le groupe attentif, se lança dans la lecture du passage ,« Pierre s'approcha de Jésus et lui dit : Seigneur, combien de fois devrai-je pardonner les offenses que me fera mon frère? Irai-je jusqu'à sept fois? Jésus lui répond: Je ne te dis pas jusqu'à sept fois mais jusqu'à soixante-dix fois sept fois » Ces paroles furent suivies d'un long silence douloureux. Le peu que j'avais appris de la souffrance de ces hommes et de ces femmes, meurtris par tant d'années de guerre où ils avaient tous perdus un ou plusieurs membres de leur famille, me fit saisir l'énormité de cette phrase. Ce texte d'Évangile m'apparut soudain inhumain. Comment peut-on proposer une telle parole à ces gens écrasés par une situation qu'ils n'ont pas voulue et pour laquelle ils ne peuvent rien ? Maîtrisant leur peine, ils osèrent parler. Et j'écoutai, médusé, ces voix brisées par tant de malheurs, reconnaître humblement que ce pardon ne pouvait plus jaillir naturellement de leur cœur. Trop de haine, de sang et de morts les avaient broyés. Après cet aveu sans fard, ils se mirent spontanément à prier, demandant à Dieu de faire naître en eux, par la force de son Esprit, cet impossible pardon. La vérité et la grandeur de leur prière étaient d'une densité impressionnante. En fin de soirée, tard dans la nuit, l'un d'eux me raccompagna en voiture. Au moment de nous séparer, il me tendit un peu d'argent: « Mon père, j'aimerais que vous disiez une messe pour mes deux fils, morts à dix-sept et vingt ans. » Et  II, ajouta, après quelques secondes d'hésitation : « Ils ont été torturés .On leur a arraché les yeux et la langue ! » Et avant même que j'aie eu le temps de réagir, abasourdi par une telle atrocité, il me tendit un autre billet en disant: « Et vous direz une autre messe pour ceux qui les ont tués! » Aucun son  ne put sortir de ma gorge. Je lui serrai simplement la main longuement, en silence. Cette nuit-là, avant de me coucher, malgré l'horreur de tout ce que j'avais entendu, une immense action de grâces s’éleva de mon cœur. Qu'il devient grand, Seigneur, l'homme blessé qui sait encore pardonner! Je prenais soudain conscience que le pardon peut devenir une des plus belles manifestations de l'Esprit dans le cœur d'un homme. Car le geste de cet homme n'était pas à mesure humaine! J’ai compris, ce soir-là, que « pardonner » c'était vraiment «  avoir part-au-don » de Dieu, participé à la gratuité de son amour infini. Notre logique humaine, celle de la spirale mortelle de la haine, de la rancune qui engendre la vengeance du mal qui engendre le mal est, par le « pardon », brutalement  déraisonnablement rompue.

    Ce qui pourrait apparaître comme une faiblesse, une capitulation, devient soudain une marche à contre-courant, un passage inattendu de l'Esprit. Quel saut incroyable! Passer de notre logique humaine à celle de Dieu, à la logique de l'amour qui, un jour, sur le Calvaire, est mort en criant : «  Pardonne-leur ! »

    Devant de tels hommes, habités par l'Esprit, les petits affronts, les petites offenses que notre orgueil amplifie pour en faire des affaires d’honneur, apparaissent d’une pitoyable mesquinerie. Le pardon  de ce chrétien libanais, j’en suis sûr s’enracinait profondément dans le cœur de Dieu. Grâce à lui j’ai vu la foi rompre le cycle infernal de la mort. Et je me suis endormi en pensant que tant qu’il y aura  des hommes de cette trempe, malgré les tueries, les boucheries les plus barbares, l’espérance ne désertera pas notre terre.

    Nous ne devons pas nous scandaliser du fait que le désir de vengeance soit  le plus spontané au cœur de l’homme. Il nous faut commencer par reconnaître que la démarche psychologique et spirituelle du pardon est un processus complexe, plus ou moins long et difficile. Il est souvent le fruit d’un véritable cheminement intérieur. C’est vrai pour tous, croyants ou non.

    Et pourtant le pardon est nécessaire pour guérir et grandir, l’homme ne peut pas vivre, retrouver une certaine paix intérieure  et construire l’avenir sans pardon.

     

    Une autre alternative au pardon, et c'est la plus instinctive et la plus fréquente, est de se venger. Elle donne à l'offensé le sentiment de ne plus se sentir seul dans le malheur. Mais la satisfaction que procure la vengeance est de très courte durée. Elle ne contribue en rien à guérir la blessure de l'offensé, au contraire elle l'envenime. Nous sommes là dans une attitude de justice instinctive qui vise à rétablir une certaine égalité fondée sur la souffrance infligée d'une manière réciproque. Dans le cadre de la  vengeance, offenseur et offensé s'engagent dans une escalade sans fin. L'obsession de la  revanche rend la personne prisonnière d'une spirale de violence. Seul le pardon peut briser ce cycle infernal de la vengeance et créer de nouveaux modes de relations humaines.

     

    Pardonner n'est pas oublier L'une des confusions les plus fréquentes est d'identifier le pardon et l'oubli. Très souvent, quand quelqu'un dit: « Ça, je ne pourrai jamais le pardonner! », il pense: « Ça, je ne pourrai jamais l'oublier! » Or le pardon n'est pas l'oubli et oublier  ce n'est pas pardonner. À l'entrée de la crypte du Mémorial de la Déportation à Paris figure l'inscription : « Pardonne. N'oublie pas. »

     

    Pardonner ne signifie pas nier les fait. Une autre attitude, assez proche de l'oubli, est d'essayer de nier les faits, de faire comme si rien se s'était passé ! « Tourne la page! » « Passe l'éponge! » « Ne t'arrête pas à cet affront, continue ta vie ! » Voilà une manière de parler et de faire qui conduit à des impasses. Il est vrai que lorsqu'on subit un coup dur, une des réactions de défense les plus fréquentes est de se blinder, de se cuirasser contre la souffrance. Mais cette manière d'annuler l'événement rend toute guérison impossible, tant que l'on refusera de reconnaître l'offense avec la souffrance profonde qui l'accompagne.

    Toutes nos facultés sont mobilisées dans le pardon : la sensibilité, le cœur, l’intelligence, le jugement, l’imagination.

    Quand dans un couple, l’un des conjoints fait l’aveu d’une infidélité passagère, le pardon n’élimine pas la blessure. L’acte de pardonner ne consiste pas à rétablir les mêmes rapports que nous avions avant la faute. Il est impossible de faire comme si rien ne s’était passé ! On peut pardonner, rétablir la relation mais sur de nouvelles bases, sans doute moins idéalisées.

    Enfin certain vous diront que « le pardon n’appartient qu’a Dieu » Ce qui est encore une manière de se décharger sur Dieu de notre propre responsabilité. Or, comme toujours Dieu ne fait pas à notre place ce qu’il désire faire avec nous. Le pardon relève à la fois de l’humain et du divin. La nature et la grâce ne s’éliminent pas mais se complètent. Il est vrai que le pardon n’est pas à mesure humaine et que l’homme, sans la force de l’Esprit, est incapable de pardonner, mais c’est bien l’homme, qui éclairé, animé par l’Esprit, qui doit prendre l’initiative de pardonner.

    Prendre la décision de ne pas se venger le processus du pardon ne peut commencer aussi longtemps que je nourris le désir de me venger, tant que je continue  à me complaire et à m'épuiser dans la situation de victime. Ce désir de vengeance empêche toute cicatrisation - ma blessure, concentre toute mon énergie sur le passé, étouffe le présent et bouche mon avenir.

    Ce désir de vengeance m'entraînera dans cette ronde infernale que nous avons évoquée, nourrira en moi le ressentiment,

    Je dois reconnaître lucidement et assumer la souffrance que cette offense m’a causée. Cette étape des émotions repérées et maîtrisées est importante, car nous avons parfois tendance à les enfouir. Il importe donc de bien identifier nos blessures, en sachant que les plus difficiles à reconnaître sont celles qui rejoignent parfois d’anciennes blessures que la moindre offense réveille. C’est assez fréquent que l’incapacité à pardonner trouve son origine dans de vieilles blessures ou frustrations de l’enfance. Il ne s’agit ni de grossir ni de nier nos blessures, mais de les reconnaître pour les  assumer et les dépasser.

     

    Toute vie de couple, par exemple, apporte ses joies et ses blessures. L'accumulation de petites frustrations, de petits Raccrochages divers est un des plus grands obstacles à la communication chez le couple. C'est pourquoi il est recommandé de ne pas laisser pourrir en nous nos petites colères ou exaspérations mais de les exprimer de la manière la plus constructive possible. Car ce qui détruit peu à peu l'amour ce n'est pas la colère, mais la peur de s'ouvrir à l'autre ou Renfermement dans un silence buté.

    Il n'est jamais facile d'assumer notre finitude d’accepté de ne pas être parfait (cela s'appelle l'humilité dans la tradition chrétienne). Tous les psychologues vous le diront la  première démarche nécessaire pour trouver un équilibre intérieur est l'acceptation de soi. Celui qui ne s'aime pas  et ne  se pardonne pas ne pourra pas non plus aimer et pardonner à autrui Nous avons tous à nous pardonner à nous même de n'être pas l'homme ou la femme que nous rêvions, d’être limités en tel ou tel domaine, et d’avoir échoué sur le plan professionnel ou sentimental … bref d’être simplement des hommes et non des dieux.

     

    Je peux aussi tenter de trouver un sens positif à cette blessure ou offense vécue. Comment vais-je me servir de cette épreuve ou de cet échec  pour grandir ? Car au sein de toute épreuve ou de tout échec, est cachée une fécondité secrète, des éléments de progrès. Combiens de personnes ont vu leur vie prendre une nouvelle direction à la suite d’une grande épreuve, ont grandi intérieurement et donné un nouveau sens à leur vie.

     

    Le pardon est une expression extrême  de l’amour puisqu’il s’agit  d’aimer malgré l’offense subie, ce qui effectivement  demande des forces spirituelles  qui dépassent les forces humaines.

     

    Finalement, il faut bien admettre que si nous tentons de comprendre  et  d'expliquer  le  pardon   sur  le  seul  plan humain, nous nous heurtons toujours à des impossibilités diverses ou à des effets pervers. Le pardon est vraiment au carrefour de l'humain et du divin. Car c'est bien l'homme qui doit pardonner, mais il ne le peut que soutenu par la grâce. Le pardon évangélique suppose que l'homme entre dans une nouvelle dimension des relations humaines : celle la gratuité de Dieu, de l'amour désintéressé du Christ.

    L'acte de pardonner n'entraîne pas automatiquement l'acte de se réconcilier, contrairement à ce que certains « spirituels » écrivent parfois. Pardonner ne consiste pas à revenir à la case départ comme si rien ne s'était passé! Sans doute la suite souhaitable du pardon est la réconciliation, surtout pour des conjoints, des parents, des enfants, des amis, des collègues de travail. Mais, même si la réconciliation est possible, il ne faut pas s'imaginer qu'elle implique de se retrouver comme avant la faute. On ne peut pas reprendre la relation, comme si rien ne s'était passé, mais il  faut l'approfondir, lui donner de nouvelles bases, une autre forme.

    Même si je ne peux ne pas aller jusqu'à la réconciliation, le pardon reste bénéfique pour moi-même : il me réconcilie avec moi-même, je ne suis plus dominé par le ressentiment et l’esprit de vengeance, je ne juge plus mon offenseur  et je peux lui souhaiter dans mon cœur le plus grand bonheur possible.

    C’est la chaleur de l’amour qui fait l’essentiel de la croissance de tout être humain. L’homme ne grandit ne progresse que devant ceux qui croient en lui, lui font confiance. C’est vrai de l’enfant et de l’école. C’est aussi vrai de l’adulte dans son travail ou sa vie relationnelle. C’est vrai pour celui qui est en prison pour expier ses méfaits.

    Pardonner, c'est donner à chacun le temps de grandir, de chanceler, de se relever, et de tomber encore; c'est accepter que sa croissance, comme la nôtre, est une très longue histoire et même une sacrée bataille contre de multiples forces contraires, mauvaises, intérieures et extérieures. « Je suis bien pire que vous ne croyez et bien meilleur que vous ne pensez », disait Léon Bloy.

     

    Pardonner, c'est être convaincu que notre frère, notre conjoint, nos enfants, celui qui nous a offensés, ont besoin d'être aimés pour devenir eux-mêmes, croire que la qualité de notre amour est le facteur essentiel, déterminant de leur croissance. Nos frères attendent souvent qu'on les aime pour devenir meilleurs. Et nous, nous attendons qu'ils soient meilleurs pour les aimer!

     

    Le regard de confiance est celui qui ne réduit jamais l'autre à ses défauts dominants, à son passé, à son handicap ou à son blocage psychologique. Faire confiance en l'autre pour l'aider à grandir, c'est prendre la décision de mettre davantage en lumière ses efforts, ses progrès que ses déficiences. Savoir s'émerveiller de ce que les autres font de bien et savoir le leur dire.

     

    Si la flatterie est méprisable, par contre les compliments et les félicitations mérités sont des facteurs de transformations parfois étonnantes, tandis que la critique engendre souvent chez l’autre le découragement et la régression.

     

    Mais, ne rêvons pas! Il est vrai que, parfois, des êtres sont tellement blessés dans leur corps, dans leur cœur, que même notre amour ou notre pardon semblent incapables de guérir les blessures profondes de leur être cassé. Douloureux constat d'impuissance mais qui ne doit pas engendrer une mauvaise culpabilité. Quand on a fait tout ce qui était en notre pouvoir d'homme, pardonner consiste alors à le confier, par la prière, à la miséricorde de Dieu.

     

    Mais il y a beaucoup plus d'hommes malheureux, blessés, mal dans leur peau, que d'hommes foncièrement méchants, tant  d'hommes et de femmes ont une image si négative d'eux-mêmes - celle que leur renvoient souvent les autres! Qu’animés inconsciemment par un instinct de mort, ils finissent par se détruire eux-mêmes.

     

    La tradition chrétienne n’oppose pas justice et charité, car le pardon vise la personne et non l’acte mauvais qui reste mauvais et en tant que tel mérite une sanction.

     

    L’homme est sans cesse tenté de se faire  le centre absolu et de se substituer à Dieu. Il n’a pas compris que l’amour du Père est sa source, son identité, sa vie, sa croissance, sa raison d’être, son bonheur. Il n’a pas saisi que l’amour de Dieu n’aliène pas sa liberté mais la construit, structure tout son être.

     

    Faire l’aveu de son péché à quelqu’un qui vous aime n’est jamais honteux mais libérateur. L’amour de Dieu est vulnérable comme celui d’une mère, il est ému jusqu’aux entrailles, quand un de ses enfants vient vers lui, déchiré et lui fais l’aveu de sa misère. Dieu ne veut jamais l’humiliation de sa créature. Il est plus préoccupé de notre avenir, de notre devenir que de notre passé. Il regarde toujours devant et jamais en arrière. J’arriverais  probablement au ciel avec des sparadraps un peu partout et des cicatrices plein le cœur. Qu’importe ! L’essentiel est d’y arriver !Non

    Oui faire l’aveu de sa faute devant l’amour de Dieu n’aliène pas l’homme mais le grandit et le libère.

    LE PARDON DE MICHEL HUBAUT


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    Extrait du Goût du Bonheur, Au fondement de la morale

    Avec Aristote de JEAN VANIER

     

    « Aristote a confiance dans la nature en général, et dans la nature humaine en particulier. Si chez tous les humains, il y a un désir de bonheur, alors le bonheur est possible. La nature est bonne. Elle ne fait rien en vain. Comme la semence plantée dans la terre donne infailliblement des fleurs puis des fruits, ainsi l’être humain peut-il cheminer vers le bonheur ? – non infailliblement dans son cas- pourvu qu’il le connaisse, le recherche, fasse les bons choix et comprenne que ce chemin peut prendre toute une vie. »

     

     

    Quand à l’accumulation des richesses, le profit pour le profit, elle nous éloigne encore plus de l’idée que nous nous faisons du bonheur. Nos richesses sont pour autre choses ; Le pouvoir, la considération, les plaisirs, les amis. Elles n’ont pas de valeur de fin ultime. Le bien ou le bonheur est à chercher dans une autre direction. Il faut se fier à l’intuition que nous en avons. Quelque chose de profondément intime à nous-mêmes, qu’on ne peut pas nous ravir comme un objet ; Et aussi une réalité qui se suffit à elle-même parce qu’elle est la fin ultime et parfaite, celle en fait de quoi on fait tout. »

    Extrait du Goût du Bonheur, Au fondement de la morale 

    L’amitié

    « Aristote pousse assez loin la définition de l'amitié : il s'agit de partage, de vie ensemble, de communion. « L'ami est un autre soi-même » C'est pourquoi dans l'amitié on « partage les joies et les peines », et Aristote cite avec respect les opinions de ceux qui disent que l'amitié consiste dans une vie commune avec l'ami, dans des choix communs, ou dans le partage des mêmes peines et des mêmes joies. Et il cite à l'appui des proverbes : « Les amis n'ont qu'une âme, ce qu'ils possèdent leur est commun; l'amitié, c'est l'égalité »

     

    « La justice nous ouvre au respect de l'autre. L'ami­tié va plus loin. Elle seule nous pousse aussi radi­calement hors de nous-mêmes. »

       

    « L'amitié, en effet, est une forme de communauté .Tout ce qu'on veut pour soi, on le veut pour son ami. Ainsi, autant avoir conscience de son propre être est une chose désirable, autant avoir conscience de l'être de son ami est désirable. Et cette conscience est là quand nous vivons les choses ensemble. C'est bien cette vie ensemble que les amis recherchent. C'est pour cela que certains boivent ensemble, d'autres jouent aux dés ensemble, d'autres encore s'exercent à la gymnastique, vont à la chasse, ou font de la philosophie ensemble, tous passant leur journée ensemble dans les activités de vie qu'ils aiment le plus. »

     

    « L'amour aime les fantasmes et s'en nourrit Une véritable amitié s'embarrasse moins. Elle cherche la réciprocité et passe plus facilement à l'aveu. Il faut « oser s'abor­der et prendre contact, comme le dit encore Montaigne, sans quoi on reste dans le vœu pieux. L'amitié est d'abord une vie ensemble qui se nour­rit d'activités communes et non un rêve sur l'autre. Bienveillance mutuelle et réciproque, voilà l'atti­tude intérieure de l'affectivité ou du cœur qui pourra Nous orienter vers l'amitié. C'est un aspect fondamental de la définition. »

       

    « Mais comment être sûr qu'il s'agit bien d'une véritable amitié ? Que l'on est vraiment centré sur l’autre et non sur soi? Qu'on ne s'enlise pas dans une amitié paresseuse? Que l'un ne domine pas plus ou moins subtilement l'autre? Un bon moyen de vérifier l'authenticité de notre amitié, c'est l'ex­périence de la crise. Elle vient souvent dévoiler les ressorts profonds du lien entre les amis.

     

    On peut toujours croire que l'on est de véritables amis, mais quand la crise survient, c'est souvent la catastrophe et le révélateur de la nature véritable du lien qui nous unit! On se rend compte qu'on ne comptait pas vraiment pour l'autre, qu'on ait été uti­lisé. On est déçu et on jure qu'on ne nous y repren­dra plus. À moins que ce ne soit nous qui subtile­ment ayons manœuvré. En tout cas, le lien entre les amis est mis à l'épreuve. Toute crise est une chance pour l'amitié. Comme pour tout ce qui est vivant, c'est l'occasion de faire la clarté et de progresser. »

       

    « D’un ami véritable on ne se plaint pas, parce qu'on ne le juge pas d'abord sur ce qu'il nous apporte. « L'amitié je la reconnais à ce qu'elle ne peut être déçue, dit Saint-Exupéry, mais toi tout de suite celui que tu aimes tu le transformes en esclave, et s'il n'assume point les charges de cet esclavage tu le condamnes. » Une amitié vraie ne se rompt pas non plus à la première difficulté venue. Elle sait résister à l'épreuve et y trouver même une occasion de grandir. « J'aime l'ami fidèle dans la tentation [c'est encore Saint-Exupéry qui parle] car s'il n'est point de tentation, il n'est point de fidélité et je n'ai point d'ami. » D'où l'amitié véritable tient-elle cette solidité? N'est-ce pas du fait que, tout entière soucieuse du bien de l'autre, elle est moins soumise aux fluctuations de la jouissance ou de la recherche du profit? «Dans l'amitié authentique, comme le dit cette fois Montaigne, je me donne à mon ami plus que je ne cherche à le tirer à moi. » Voilà donc toute la différence : au lieu d'être cen­trée sur le moi, l'amitié est centrée sur l'autre, sa vie et son bien, un partage des mêmes valeurs qu'on ! Recherche ensemble. »

     

      

    « Dans l'amitié véritable, tout est orienté par souci de l'autre, la volonté comme les sentiments. »

     

    « On peut dire qu'aimer c'est vouloir pour quelqu'un les choses qu’'on estime bonnes pour lui et non pas pour soi-même et les réaliser dans la mesure du possible. Un ami est celui qui aime ainsi et qui est aimé de retour. Ceux qui pensent avoir ces senti­ments l'un à l'égard de l'autre pensent être des amis. Cela étant posé, il suit nécessairement que l'ami est celui qui participe au plaisir de l'autre dans le bien, et à sa douleur dans le mal, à cause de lui, et pour aucune autre raison. »

     

    « Les amitiés fondées sur la bonté sont rares car les hommes vraiment bons sont rares. Ces amitiés ont besoin, en plus, du temps nécessaire pour s'appro­fondir. Comme dit le proverbe, « il n’est pas possible de se connaître avant d'avoir consommé ensemble une mesure de sel ». On ne peut admettre quelqu'un dans son amitié, ou être réellement amis, avant que l'autre apparaisse vraiment aimable et digne de confiance. Car si le désir de contracter une amitié est prompt, l'amitié ne l'est pas ».

     

       « L’amitié est-elle possible quand la relation repose sur une inégalité ? Quand l’une des parties est supérieure  à l’autre ?Oui on peut construire une amitié sur une base d’inégalité à condition de ne pas nier ce déséquilibre au départ. Au contraire, le reconnaissant, nous pouvons rendre solide et vrai le bien qui nous unit, et même rétablir une certaine égalité de proportion.

    Extrait du Goût du Bonheur, Au fondement de la morale

    Le goût de la vérité

     

    « Comprendre est autre chose que raisonner, dis­courir ou argumenter. C'est s'ouvrir à la chose même, plus que prétendre maîtriser par des raison­nements, des mises en rapports ou des classements. Comprendre, c'est rejoindre une chose dans son intimité d'être. On ne peut le faire que dans une attitude à la fois de pénétration intellectuelle et d'écoute. Activité et passivité tout à la fois. »

     

    « Aristote indique ici le désir d'un savoir gratuit. Un savoir qui n'est pas justifié par l'utilité pratique. Il ne me sert ni à mieux gouverner ma maison, ni à la construire, ni à diriger mes affaires. C'est un savoir qui ne vise rien d'autre que lui-même et qui est comme une lumière intérieure qui me réjouit. »

     

     

     

    « Le généreux est celui qui n’hésite pas à donner se biens matériels et qui, par le fait même, sera aimé et approuvé. Il donne comme il le faut, à qui il le faut et le faut, et il le fait avec joie. »

     

    « Il est hautement caractéristique du généreux de donner avec surabondance et de ne garder pour lui-même que la moindre part, car ne pas regarder à soi-même est le propre du généreux. »

     

    « Etre généreux ne dépend pas de la quantité donnée mais de l’état intérieur (l’intention) du donateur, c’est une question de proportion par rapport à ce qu’il possède. Ainsi celui qui donne moins peut être plus généreux qu’un autre, s’il possède moins ».

     

    « Le vaniteux qui croit digne de grands honneurs est en réalité un sot qui s’ignore. Il cherche à se montrer grand porte des vêtements luxueux mais il est vide à l’intérieur  et tout le monde voit qui il est en réalité ».

     

    « L’acte vraiment choisi procède de l’inférieur  de l’être humain ; il n’est pas forcé ou contraint par la peur ou des circonstances extérieures. Il est un acte libre. »

     

    « Si l’homme est bien l’auteur de ses propres actions, comme il est l’auteur de ses propres enfants, et si nous ne pouvons pas ramener nos actions à d’autres principes que ceux qui sont en nous, alors les actions dont les principes sont en nous dépendent elles-mêmes de nous et sont volontaires ».

     

    « Pour Aristote, l’être humain se construit à travers des choix qui structurent sa personnalité en faisant de lui un être humain complet (ou incomplet). On ne peut pas être moral sans un espace de liberté. »

     

    « Qui sont les esclaves de notre époque, ceux dont l’espace de liberté est amoindri? Nous pensons spontanément aux immigrants ou aux pauvres, qui ne peuvent faire de vrais choix. Songeons aussi aux « cadres » de certaines entreprises, qui, pris dans un mouvement de société, de culture, subissent le travail plus qu'ils ne le choisissent. Ils ont besoin de rémunérations importantes pour vivre selon un certain train de vie, ou peut-être rembourser des dettes. Quand arrive le soir, et une fois rentrés chez eux, beaucoup de ces cadres sont trop fatigués pour faire autre chose que de regarder la télévision ; ils subissent la télévision. À quel moment font-ils des choix réels ? Pour cheminer vers le vrai bonheur humain, il s'agit d'être responsable de sa propre vie et d'agir en toutes circonstances en fonction d'un choix libre : choisir la vérité au-delà de tout mensonge et de toute illusion ; choisir la justice en tenant compte des autres; choisir son bien. Ne pas agir uniquement en fonction de ses intérêts personnels et de sa gloire, ni refuser d'agir par peur ou par paresse. Et, rappelons-le, choisir implique des deuils. Si on choisit une femme ou un homme comme épouse ou époux, on renonce à des milliers d'autres ! La vie se fait en faisant des choix. C’est ainsi que l’on trouve son identité. »

     

    « Dans la langue courante, l’homme prudent est celui qui un peu inquiet, ou timide, il a peur de prendre une décision, il n’ose pas courir de risques. Pour Aristote, par contre l’homme prudent sait prendre des décisions et des risques pour atteindre la fin désirée. La prudence est, en ce sens, une forme de sagesse pratique, une sagesse de vie ».

     

    « De l’avis unanime, l’homme prudent est capable de bien délibéré sur ce qui est bon et avantageux pour lui afin de bien vivre. »

    Extrait du Goût du Bonheur, Au fondement de la morale


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    EXTRAIT DU LIVRE DE PAULO COELHO  COMME UN FLEUVE QUI COULE 

     Il y cinq qualités qui feront de toi, si tu parviens à les garder, une personne en paix avec le monde. 

      

    La première : Tu peux faire de grandes choses, mais tu ne dois jamais oublier  qu’il existe une main qui guide tes pas. Cette main, nous l’appelons Dieu, et il doit toujours te conduire vers sa Volonté. 

      

    La deuxième : Sache supporter certaines douleurs, car elles feront de toi une meilleure personne. 

      

    La troisième : Comprend que corriger une chose que nous avons faite n’est pas nécessairement un mal, mais que c’est important pour nous maintenir sur le chemin de la justice. 

      

    La quatrième : Prend toujours soin de ce qui se passe en toi. 

      

    La cinquième : Sache que tout ce que tu feras dans la vie laissera des traces, et efforce-toi d’être conscient de tous tes actes. 

      

    Nous pouvons avoir tous les moyens de communication du monde, mais rien absolument rien ne remplace le regard de l’être humain. 

      

    Même quand un ami fait quelque chose qui ne te plaît pas, il reste ton ami. 

      

    Toute action motivée par la fureur est une action vouée à l’échec. 

      

    La grandeur de Dieu se montre toujours à travers les choses simples. 

      

    La gloire du monde est transitoire, et ce n’est pas elle qui donne sa dimension à notre vie, mais le choix que nous faisons de suivre notre légende personnelle, de croire en nos utopies et de lutter pour elles. Nous sommes tous les protagonistes de notre existence, et très souvent ce sont les héros anonyme qui laissent les marques les plus durables. 

      

    Pour Jaime Cohen voici ce que pensent les hommes : 

    Ils pensent toujours au contraire de ce qu’ils ont ; Ils sont pressés de grandir, et ensuite ils soupirent après leur enfance perdue. Ils perdent la santé pour avoir de l’argent, et aussitôt après perdent de l’argent pour avoir la santé. Ils pensent avec tant anxiété à l’avenir qu’ils négligent le présent et ainsi ne vivent ni le présent ni l’avenir. Ils vivent comme s’ils n’allaient jamais mourir, et ils meurent comme s’ils n’avaient jamais vécu. 

     

    Se mentir à soi-même

     

    Cela fait partie de la nature humaine de toujours : juger les autres avec une grande sévérité et, quand le vent souffle contre nos désirs, de toujours trouver une excuse pour le mal que nous avons fait, ou maudire notre prochain quand nous échouons. L'histoire qui suit illustre ce que je veux dire. Un messager fut envoyé en mission urgente vers une ville lointaine. Il sella son cheval et partit au grand galop. Après qu'ils eurent dépassé plusieurs auberges où l'on nourrissait toujours les bêtes, le cheval pensa :

     

    « On ne s'arrête plus pour manger dans des écuries, cela signifie que je ne suis plus traité comme un cheval, mais comme un être humain. Comme tous les hommes, je crois que je mangerai dans la prochaine grande ville. 

     

    Mais les grandes villes passaient, l'une après l'autre, et le conducteur poursuivait son voyage. Alors le cheval commença à penser : « Peut-être que  je ne suis pas devenu un être humain, mais un ange car les anges n'ont jamais besoin de nourriture. »

     

    Enfin, ils atteignirent leur destination, et l'animal fut conduit à l'étable, où il dévora avec un appétit vorace le foin qu'il trouva. .. » Pourquoi croire que les choses changent si elles ne suivent pas leur rythme habituel ? Se disait-t-il. Je ne suis ni homme ni ange, mais seulement un cheval affamé »

     

     

    Le catholique et le musulman

     

    Au cours d'un déjeuner, je conversais avec un prêtre catholique et un jeune musulman. Quand le garçon passait avec un plateau, tous se servaient, sauf le musulman, qui respectait le jeûne annuel prescrit par le Coran. Quand le déjeuner s'acheva, les convives sortirent et l'un d'eux ne manqua pas de lancer cette pique : « Vous voyez comme les musulmans sont fanatiques ! Heureusement que vous autres n'avez rien en commun avec eux. » « Mais si, dit le prêtre. Ce garçon s'efforce de servir Dieu autant que moi. Simplement nous suivons des lois différentes. » Et il conclut : « II est malheureux que les gens ne voient que les différences qui les séparent. S'ils regardaient avec plus d'amour, ils discerneraient surtout ce qu'il y a de commun entre eux - et la moitié des problèmes du monde seraient résolus. »

    Comme un fleuve qui coule de Paulo Coelho

                                                                                       


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    Extrait du livre le long chemin vers la Sérénité de André Daigneault 

     

    '"Au fond, les événements de notre vie nous posent tou­jours la question : « D'où es-tu ? et où vas-tu ? » (Gn 16,8). Et la première chose que nous devons accepter, pour débuter ce cheminement, c'est d'être des êtres humains incarnés, car le premier choix à la base de toute croissance humaine est de s'accepter soi-même tel qu'on est ; accepter sa réalité telle qu'elle est, avec ses dons, ses fai­blesses, avec toutes ses limites, ses blessures, ses ténèbres et sa finitude. La croissance humaine commence quand on accepte sa propre humanité, limitée, pauvre, mais belle aussi. »

     

    « Ne peut se dire maître s’il n’a d’abord été longtemps disciple, nul ne peut s’arroger le droit d’être obéi s’il n’a pas lui-même longtemps et encore obéi humblement à un autre. Nul ne peut être adulte s’il n’a pas été un véritable enfant. »

     

    « Nous avons tous peur de faire face à nous-mêmes, parce qu'au fond nous ne croyons pas que nous avons de la valeur.

    Nul ne peut vraiment donner s’il n’a appris longtemps à recevoir.

    Plusieurs hommes et plusieurs femmes sont des bourreaux de travail et ne peuvent s'arrêter, car ils ne croient  pas qu'on puisse les aimer pour eux-mêmes. »

     

    « C'est pourquoi nous avons souvent tellement besoin d'être entourés, admirés et que, parfois, nous paniquons lorsque nous nous retrouvons seuls avec nous-mêmes. Derrière notre masque, nos engagements et nos activités multiples, qui   nous donnent  l'impression   que   nous   sommes quelqu'un, se cache au plus profond de notre cœur cet enfant fragile qui voudrait vivre.

    Après avoir fait face à notre solitude et l'avoir assumée, nous sommes aptes à vivre avec autrui sans fusionner ou sans ressentir le besoin de sauver ou de dominer. »

     

     

     

    ACCEPTER D'ÊTRE SOI-MÊME

     

    « Le chemin vers la vérité sur nous-mêmes est souvent dif­ficile et ardu à parcourir. Il n'est pas facile d'accepter d'être soi-même et d'accepter que les autres le soient. Combien de personnes, y compris souvent nous-mêmes, vivent plus ou moins consciemment dans le mensonge. Elles se cachent sous toutes sortes d'armures et de défenses. Leur vie devient une sorte de mascarade, un jeu de cache-cache. Elles s'épuisent à nier et à refouler leurs blessures. Ne s’acceptant pas elles-mêmes, elles jouent au personnage u, bienfaisant, généreux, indispensable aux yeux des autres.

    Au lieu de faire face à la vérité et d'accepter d'être nous-mêmes, nous préférons souvent fuir l'enfant blessé en nous dans l'activité débordante qui nous valorise ou dans la maladie : angoisse, maux de dos, insomnie, ulcère, angine  de poitrine, tensions diverses, etc. Il faudra bien un jour faire face à nos anciennes blessures et commencer à être vrai avec nous-mêmes et les autres, car sans cela nous montrerons toujours aux autres une façade et un faux moi. »

     

    « Aimer quelqu’un, ce n’est pas être généreux ; aimer quelqu’un, ce n’est pas organiser des choses pour quelqu’un, aimer quelqu’un, ce n’est pas se pencher sur quelqu’un pour l’aider du haut de notre générosité  et de nos vertus ; aimer quelqu’un c’est lui révéler sa bonté, qu’il est unique et faire jaillir ses dons, aimer quelqu’un c’est aussi accepter de recevoir de lui, et non seulement de donner. Au fond l’amour vrai ne domine pas, il ne fait pas peur ; il se fait petit pour donner la vie, et en même temps il accepte de recevoir. » 

     

    « Aimer vraiment, c’est accepter d’être soi-même sans masque ni carapace. Aimer vraiment, c’est ne pas être possessif  et dominateur. L’amour vrai est toujours humble et vulnérable ».

     

    « Accepter d'être soi-même est un long cheminement. Il faut accepter d'abord cette part d'ombre en nous, ce désir de puissance, dont parle souvent Jung, cette violence cachée, cette agressivité refoulée derrière notre apparente douceur, cette jalousie qu'on n'ose pas s'avouer de peur d'y faire face. S'accepter avec ses pauvretés, ses défauts de caractère, accepter de perdre la face, s'accepter fragile et pécheur n'est jamais chose facile. Accepter la réalité comme elle est, sans pour autant tomber dans la passivité, le découragement ou la révolte, voilà souvent le premier acte d'humilité qui nous mène sur le chemin vers la séré­nité. »

     

    « Vivre c’est toucher, goûter, sentir, voir, discerner ces sensations les unes des autres, imaginer, se souvenir, aimer, haïr, se mouvoir soi-même de lieu en lieu, se réjouir, s’attrister, comprendre, raisonner, vouloir ; La vie nous est d’abord connue dans la conscience de l’exercice même de ces opérations. »

     

    « Nous savons tous que pour devenir adulte et mature, il nous faut un jour quitter nos parents, sans nous sentir coupables de les avoirs quittés, car notre vie est différente de la leur, et notre mission personnelle est plus importante que tout. »

    « La vie n’est pas programmée, ni mécanique, ni décidée d’avance. La vie est surprise, bondissements, rires, pleurs, échecs, réussites et brûlure au cœur. »

     

    « Vivre c’est «  se laisser toucher tous les jours par quelque chose ou quelqu’un » Je dis bien se laisser toucher et non seulement accomplir des choses qui nous assureront l’admiration et l’attachement des autres. »

     

    « Vivre, c’est aimer et se laisser aimer. Au fond l’amour véritable nous est souvent difficile à cause de notre égoïsme foncier, mais il fait davantage croître  que toute autre expérience. C’est cela qu’apporte la maturité du cœur, de l’âme et l’être entier. Vivre réellement, c’est savoir aimer et accepter aussi de recevoir et d’être aimer. » 

     

    « Je suis parfois bouleversé en voyant que bien des individus ne s’efforcent pas d’être quelqu’un, mais de valoir quelque chose ; ils ne désirent pas remplir leur âme ou nourrir leur cœur, mais occuper  une position, ne se demandent pas ce qu’ils portent au fond d’eux-mêmes, mais quel habit, quel masque revêtir. »

     

    « Scott Peck psychothérapeute et auteur du best-seller mondial Le chemin le moins fréquenté, écrivait :

    Les gens du mensonge

    Ces gens ne se croient jamais mauvais ; par contre, ils voient beaucoup de mal chez autrui. Comme ils se consi­dèrent au-dessus de tout reproche, ils s'emportent contre tous ceux qui leur en font. Ils sacrifient les autres pour pré­server leur propre image de perfection. Tout à fait soucieux de protéger leur image de perfection, ils s'efforcent sans cesse de maintenir une apparence de pureté morale. C'est vraiment une grande préoccupation pour eux. Ils sont vivement sensibles à l'opinion des autres. Ils sont souvent bien vêtus, ponctuels à l'ouvrage, et leur vie s'écoule sans reproches. Biens qu’ils n’aient pas trop envi d’être bon, les gens mauvais ont un désir intense de paraître bon. Leur bonté n’est que l’ostentation. C’est un mensonge, c’est pourquoi je les appelle  « les gens du mensonges. »

     

    « Dans notre société occidentale, nous sommes conditionnés à chercher notre justification par nos œuvres : chacun doit toujours prouver sa valeur. Toute la société nous dit que, pour être acceptable, il faut réussir. Alors nous nous épuisons à vouloir exceller pour pouvoir absolument être admiré. Il y a quelque chose qui nous fait pitié lorsque l’on regarde l’orgueilleux avec les yeux du cœur et que l’on voit plus loin que l’apparence. »

     

    « Les larmes, écrit le docteur Arthur Janov, nous lavent de la  souffrance et démasquent l'inconscient. On peut dire que les larmes sont l'apanage du genre humain. C'est notre aptitude à pleurer et à verser des larmes qui nous distingue des animaux. Pleurer est un processus de guérison. Mais il se trouve que, dans notre société, pour des raisons inexplicables, pleurer a été mis à l'index. On fait taire ses enfants, on les traite de pleurnichards, on considère que c'est être plus adulte que de ne pas pleurer et on prend les pleurs pour  un signe de faiblesse. Alors, on bloque cette fonction biologique innée. Il arrive que le refoulement des larmes installé en nous depuis si longtemps qu'on ne puisse recouvrer ses larmes. Ceux qui sont dans ce cas-là sont les candidats tout désignés à de graves maladies. J'ai vu disparaître pas mal d'allergies et de maladies à partir du jour où mes patients avaient retrouvé la faculté de pleurer »

     

    « Tous les psychologues disent que la capacité défaire face à nos sentiments et d'exprimer librement nos émotions est une indication de maturité affective et d'équi­pe mental. Quelqu'un incapable d'exprimer ses émotions est souvent prisonnier d'une blessure ancienne qui l’empêche, par peur, d'être lui-même. Il se réfugie dans sa tête, pour se protéger de son cœur.

    Pour aider les autres, il nous faut être en contact avec notre propre cœur. On ne peut vraiment aider un autre sans pénétrer le cœur de l'autre, et c'est avec notre propre cœur  qu'on y parvient. »

     

    Il est surprenant de s’apercevoir que les personnes qui peuvent le plus aider les autres sont celles qui sont proches de leur cœur, qui ont souffert, qui ont leurs propres blessures et qui ne nient  pas leur humanité. Ces personnes arrivent à avoir une intuition du cœur que parfois, des diplômes et des études ne donnent pas. Combiens de personnes ont même écrit des thèses sur la relation d’aide et la rencontre des gens, mais cela reste souvent sur le plan des idées. Les personnes le ressentent et ne s’ouvrent pas. On n’ouvre pas son cœur à un ordinateur, même si c’est le meilleur des ordinateurs. La pensée logique et intellectuelle est incapable de rejoindre les personnes dans leur cœur profond et leurs émotions cachées. »

     

    « Dominique Casera donne les traits de quelqu'un qui devient aidant, qu'il soit professionnel ou non : « II doit son habileté avec les autres à sa sécurité intérieure. Son moi étant très fort, il s'accepte comme il est avec ses bles­sures, il se connaît intimement et a une attitude positive et aimante à l'égard de lui-même. Il ne craint pas d'être touché dans ses émotions, il se fait confiance et se fie à ses réactions, il se perçoit d'une façon positive et joyeuse, sans se défendre contre la spontanéité. Il ne se soucie pas de maintenir un contrôle rigide sur le déroulement de la ren­contre ni d'éviter la menace d'être pris par surprise dans le développement des rapports avec l'autre. Il est simple, spontané, il n'est pas sur la défensive, n'ayant aucune image professionnelle à défendre, aucun personnage à pré­server. Il fait confiance à ses propres impulsions, accepte les réponses spontanées qui surgissent de lui et jouit de sa sécurité intérieure. Il se montre ouvert à absorber les expé­riences des autres. »

     

    « Nous savons que l'amour doit s'exprimer par le regard, le toucher et la parole. C'est par les yeux que nous disons d'abord à quelqu'un que nous l'estimons, que nous l'aimons. Dans les yeux on peut lire l'âme ; les yeux trahissent le sentiment intime de la per­sonne : le regard est doux, tendre, joyeux, triste ou inquiet, énergique, enthousiaste, réservé. Dans les yeux, on peut sentir sans erreur possible quelles sont les dispositions intimes d'une personne, car dans chacune des expressions des yeux on décèle le contrecoup de l'émotion ressentie. Et de cette même façon s'exprime l'amour. »

    « Le regard est d’une importance primordiale dans la communication humaine. C’est d’abord dans le regard d’un autre que nous nous découvrons aimables. L’autre, en nous regardant avec amour, nous permet cette découverte qui nous bouleverse et nous fait revivre : nous sommes la personne la plus importante à ce moment-là pour lui ou pour elle. Nous nous  découvrons nous-mêmes dans le regard de l’autre. »

     

     

     

    Ne vous plaignez pas trop..,

     

    « Ne vous plaignez pas trop d'avoir un cœur de chair

    Vos yeux seront plus beaux quand vous aurez pleuré

    II naîtra de vos pleurs comme un fruit de la terre

    Une fleur inconnue qu'on n'a pas respirée »

     

    « Ne vous plaignez pas trop d'avoir l'âme blessée

    La blessure est brûlante aux lèvres qui la touchent

    II neigera des pleurs comme un miel dans la bouche

    Vos mots seront plus doux votre regard lavé »

     

    « Ne vous plaignez pas trop de votre sœur la mort

    Vous serez cet Agneau que l'on nomme Tendresse

    Et qui tremblant d'amour en face du couteau

    Embrasse l'agonie comme enfant la caresse. »

     

     

     

    « Pour réussir sa vieillesse et arriver à une certaine séré­nité, il faut d'une certaine façon la commencer plus tôt, et non pas la retarder le plus possible. Accepter de lâcher prise, accepter de vieillir, signifie accepter beaucoup de renoncements, de pertes et accepter sereinement la pers­pective de la mort. Pourquoi donc tant d'hommes et de femmes ont-ils tant de difficulté à vieillir? Je crois que c'est parce que nous avons tous beaucoup de difficulté à accepter la réalité et la vérité de notre mortalité et de notre -finitude. »

     

    « En général, dans notre société, nous considérons jeunes les personnes jusqu'à la trentaine ; entre trente et soixante ans, nous les disons au milieu, et ceux et celles qui ont plus de soixante ans sont considérés par les plus jeunes comme vieux. Cependant lorsqu'on arrive soi-même à soixante ans, on ne se sent pas vieux. Et se considérer soi-même comme vieux ne nous vient pas facilement, surtout dans notre société occidentale qui glorifie tellement l'adolescence et la jeunesse. »

     

    « Essayons maintenant d'approfondir ce qui se passe dans la quarantaine et jusqu'au milieu de la cinquan­taine. La crise du milieu de la vie, que certains appellent la crise de la quarantaine, survient dans la vie d'un indi­vidu entre trente-cinq et cinquante-cinq ans. Il s'agit d'une période d'agitation affective et de turbulence inté­rieure qui se manifeste parfois sur le plan du comporte­ment et annonce l'entrée dans la véritable maturité de l'âge mûr. Elle peut s'étendre sur plusieurs années ou durer un an  le moment précis et la durée varient d'un individu à l'autre. »

     

     

    Je m’habitue

     

    Je m'habitue doucement

    Ne vous en faites pas trop

    Je m'habitue je m'habitue

    J’ai à peine une larme à l'œil

    À peine un léger battement de cœur

    Je m'habitue aux cheveux qui tombent

    À mes yeux qui baissent

    Je m'habitue doucement

    À la lumière moins forte

    Je marche plus lentement

    Beaucoup plus doucement

    Ne vous en faites pas trop

    Mon cœur bat plus fort plus vite

    Mais je m'habitue doucement

    Je laisse tomber lentement

    Les masques qui me cachaient

    Je me dénude lentement

    J’ai à peine une larme à l'œil

    À peine un léger sanglot

    Mon cœur de pierre s'adoucit

    Mon cœur de chair est là

    Sous ma carapace

    Doucement je le montre

    Lentement les décors tombent

    Et me voici fragile

    Debout devant vous

    La tendresse s'écoulant

    De la plaie

    De mon cœur d'enfant.

     

     


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  • EXTRAIT DU LIVRE  LE PÈLERIN DE COMPOSTELLE DE PAULO COELHO 

     

    Lorsque tu voyages, tu fais une expérience très pratique de l'acte de renaissance. Tu te trouves devant des situations complètement nouvelles, le jour passe plus lentement et, la plupart du temps, tu ne comprends pas la langue que parlent les gens. Exactement comme un enfant qui vient de sortir du ventre de sa mère. Dans ces conditions, tu te mets à accorder beaucoup plus d'importance à ce qui t'entoure, parce que ta survie en dépend. Tu deviens plus accessible aux gens, car ils pourront t'aider dans des situations difficiles. Et tu reçois la moindre faveur des dieux avec une grande allégresse, comme s'il s'agissait d'un épisode dont on doit se souvenir sa vie restante.  « En même temps, comme tout est nouveau, tu ne  distingues dans les choses que la beauté et tu es plus (heureux de vivre. C'est pourquoi le pèlerinage religieux a toujours été l'une des manières les plus objectives de parvenir à l'illumination. Pour se corriger ses péchés, il faut marcher toujours plus avant, s'adaptant aux situations nouvelles et en recevant échange les milliers de bénédictions que la vie accord généreusement à ceux qui les lui demandent. 

     

     

    Quand on voyage vers un objectif il est très important de prêter attention au chemin. C’est toujours le chemin qui nous enseigne la meilleure façon d’y parvenir, et il nous enrichit à mesure que nous le parcourons. C’est ainsi quand on a un objectif dans la vie. Il peut devenir meilleur ou pire, cela dépend du chemin que nous choisissons pour l’atteindre et de la manière dont nous le parcourons. Il faut puiser dans ce que nous avons l’habitude de regarder tous les jours, les secrets que la routine nous empêche de voir. 

     

    Tu penses que Dieu existe et je le pense aussi reprit Petrus. Alors pour nous Dieu existe. Mais si quelqu’un ne croit pas en lui, il ne cesse pas d’exister pour autant. Et cela ne signifie pas que la personne qui n’y croit pas soit dans l’erreur. 

     

    Où que tu désire voir le visage de Dieu tu le verra et si tu ne veux pas le voir, cela ne fait pas la moindre différence, dés l’instant que ton effort est bon.

    EXTRAIT DU LIVRE  LE PELERIN DE COMPOSTELLE DE PAULO COELHO


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  • EXTRAIT DE L’ALCHIMISTE DE PAULO COELHO 

     

    Lorsque l’on voit toujours les mêmes personnes, on en vient à considérer qu’elles font partie de notre vie. Et alors puisqu’elles font partie de notre vie elles finissent par vouloir transformer notre vie et si nous ne sommes pas tels qu’elles souhaiteraient nous voir, les voilà mécontentes, car tout le monde croit savoir exactement comment nous devrions vivre. Mais personne ne sait jamais comment il doit lui-même vivre sa propre vie. 

     

    Personne ne doit avoir peur de l’inconnu car tout homme est capable de conquérir ce qu’il veut et ce qui lui est nécessaire. 

    Tout ce que nous craignons c’est de perdre que ce nous possédons qu’il s’agit de notre vie ou de nos cultures. Mais cette crainte cesse lorsque nous comprenons que notre histoire et l’histoire du monde ont été écrites par la même main. 

     

    Histoire

    Certain négociant envoya son fils apprendre le Secret du Bonheur auprès du plus sage de tous les hommes. Le jeune garçon marcha quarante jours dans le désert avant d'arriver finalement devant un beau château, au sommet d'une montagne. C'était là que vivait le Sage dont il était en quête.

    « Au lieu de rencontrer un saint homme, pourtant, notre héros entra dans une salle où se déployait une activité intense : des marchands entraient et sortaient, des gens bavardaient dans un coin, un petit orchestre jouait de suaves mélodies, et il y avait une table chargée des mets les plus délicieux de cette région du monde. Le Sage parlait avec les uns et les autres, et le jeune homme dut patienter deux heures durant avant que ne vînt enfin son tour.

    « Le Sage écouta attentivement le jeune homme lui expliquer le motif de sa visite, mais lui dit qu'il n'avait alors pas le temps de lui révéler le Secret du Bonheur. Et il lui suggéra de faire un tour de promenade dans le palais et de revenir le voir à deux heures de là.

    « "Cependant, je veux vous demander une faveur", ajouta le Sage, en remettant au jeune homme une petite cuiller, dans laquelle il versa deux gouttes d'huile : "Tout au long de votre promenade, tenez cette cuiller à la main, en faisant en sorte de ne pas renverser l'huile."

    « Le jeune homme commença à monter et descendre les escaliers du palais, en gardant toujours les yeux fixés sur la cuiller. Au bout de deux heures, il revint en présence du Sage.

    « "Alors, demanda celui-ci, avez-vous vu les tapisseries de Perse qui se trouvent dans nia salle à manger ? Avez-vous vu le parc que le Maître des Jardiniers a mis dix ans à créer ? Avez-vous remarqué les beaux parchemins de ma bibliothèque ?"

    «Le jeune homme, confus, dut avouer qu'il n'avait rien vu du tout. Son seul souci avait été de ne point renverser les gouttes d'huile que le Sage lui avait confiées.

    « "Eh bien, retourne faire connaissance des merveilles de mon univers, lui dit le Sage. On ne peut se fier à un homme si l'on ne connaît pas la maison qu'il habite."

    « Plus rassuré maintenant, le jeune homme prit la cuiller et retourna se promener dans le palais, en prêtant attention, cette fois, à toutes les œuvres d'art qui étaient accrochées aux murs et aux plafonds. Il vit les jardins, les montagnes alentour, la délicatesse des fleurs, le raffinement avec lequel chacune des œuvres d'art était disposée à la place qui convenait De retour auprès du Sage, il relata de façon détaillée tout ce qu'il avait vu.

    « "Mais où sont les deux gouttes d'huile que je t'avais confiées ?" demanda le Sage.

    « Le jeune homme, regardant alors la cuiller constata qu'il les avait renversées. « "Eh bien, dit alors le Sage des Sages, c'est là le seul conseil que j'aie à te donner : le secret du bon heur est de regarder toutes les merveilles du monde mais sans jamais oublier les deux gouttes d'huile dans la cuiller." » Le berger demeura sans rien dire. Il avait compris l'histoire du vieux roi. Un berger peut aimer les voyages, mais jamais il n'oublie ses brebis. Le vieillard regarda le jeune homme et, de ses deux mains ouvertes, fit sur sa tête quelques gestes étranges. Puis il rassembla ses moutons et s'en fut.

    L'ALCHIMISTE PAULO COELHO

      


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  • Extrait de « au cœur des choses » de Susanna Tamaro 

     

    La beauté, comme l’imprévisibilité  est continuellement  sous nos yeux, mais nous nous ne sommes pas en mesure de le voir. 

     

    Beaucoup de gens sont émus face aux grands espaces, les montagnes ou la mer. C’est leur seule façon de communiquer avec le souffle de l’Univers. Pour moi se sont les petites choses qui me donnent le vertige de l’infini. Comme l’ADN par exemple qui est unique pour chaque homme. Dans ce filament sont inscrits la voix des ses grands parents, la couleur des yeux, de ses trisaïeul, la taille, la forme de ses mains, le talent pour les mathématiques , la prédisposition aux malade et beaucoup d’autres choses que nous ignorons encore. L’ADN  est l’empreinte de notre vie. Là sont inscrits les chemins que nous pourrions parcourir. 

     

    J’ai dit « pourrions «  et non devions, car je suis convaincue que l’empreinte génétique ne fait qu’indiquer notre chemin et que c’est bien à nous, ensuite avec notre conscience, avec la participation de notre volonté, de façonner ce chemin peu à peu le mieux possible. 

     

    L’indifférence est l’une des grandes voies qui mènent à la destruction. 

    J’ai remarqué que certaines personnes qui avaient autour d’eux un horizon sombre, très bas, et dans cet horizon, ils essayaient aussi d’enfermer les pensées d’autrui. Ils avaient le don de ridiculiser ceux qui ne pensaient pas comme eux, et marginaliser très vite ceux qui faisaient preuve d’une grande exigence intérieur. Par-dessus tout ils aimaient juger, et jugement et mépris allaient toujours de pairs. 

     

    AU COEUR DES CHOSES DE SUSANNA TAMARO

    Qu’est-ce que la Réconciliation ? 

     

    La Réconciliation est le parcours qui nous amène à reconnaître notre fragilité et à accepter notre passé, quel qui soit. C’est ce parcours qui rend l’homme vraiment libre, et donc vraiment capable d’aimer. 

     

    L’homme qui pardonne, l’homme réconcilié est, avant tout, celui qui n’a pas de défenses, qui n’a pas de barrières, qui ne se tient pas en un point où la vérité n’a qu’une seule couleur.  

    L’homme réconcilié avec lui-même et donc avec son projet sait que la vérité n’est pas une couleur, mais une lumière. Une lumière qui se pose n’importe où et qui réchauffe, illumine, donnant à toute chose un souffle plus ample. C’est pourquoi je pense que le pardon n’est pas un étalage de bon sentiments, mais un parcours long et difficile, fait de dépouillement progressif, qui conduit l’être humain à vivre pleinement sa condition d’homme. 

     

    Mais pour se pardonner, il faut se connaître, reconnaître la pauvreté de ses propres sentiments et la peur de sa propre liberté. 

     

    C’est seulement ainsi, dans la conscience de ses propres limites et de sa propre fragilité, que peut commencer le processus de réconciliation. Avec soi-même, et donc avec les autres. C’est seulement à partir de là que peut commencer la construction d’une véritable justice. 

    L’homme réconcilié  est celui qui a accompli jusqu’au bout son cheminement de réalisation spirituelle. Paradoxalement l’homme qui a tout perdu n’a plus rien à perdre. Il a abandonné en chemin tout ce qui renforçait son  ego, qui le rendait différent des autres, et donc en lutte avec les autres. C’est l’homme qui ne connaît plus l’orgueil ni la présomption. Il est donc totalement ouvert à l’amour. 

     

    J’ai compris que le cœur était le centre de tout et que le mien comme celui de tous les hommes avait été trop longtemps accablé par des poids inutiles. Le poids de l’ignorance, de la confusion et de l’éloignement. 

     

    Dans le silence et la solitude un peu de temps et sans aucun effort, mon regard enfantin à réafleuré, ce regard pur qui  ne connaissait que la joie d’exister. Là bas avec la totalité de mon corps de mon âme j’ai perçu la puissance absolue de l’Esprit Saint. 

     

    Le cœur est le centre de toute notre vie et de notre Esprit. Donc le cœur, pour moi c’est le lieu de l’Esprit Saint. La dernière partie de « Va où ton cœur te porte » est une invitation à la prière, évidemment  et une invitation à l’écoute de l’Esprit Saint. 

     

    « Va où ton cœur te porte » veut dire suivre la voix de l’Esprit, regardez au centre de soi-même pour reconnaître et suivre sa propre vocation. 

    La fonction de générations est la seule chose à la fois la plus difficile et la plus indispensable, car se relier à son propre passé et à l’avenir que représentent nos propres enfants, c’est la dimension humaine qui donne là la vie sa plénitude. Les parents transmettent toujours quelque chose de bien ou de mal à leurs enfants. 

     

    AU COEUR DES CHOSES DE SUSANNA TAMARO


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  • EXTRAIT DE “ANIMA MUNDI “ 

    DE SUSANNA TAMARO 

     

    « Celui qui veut franchir une limite recèle en lui quelque chose de grand. Aux gens normaux cela n’arrive jamais. La limite qu’ils se donnent est toujours matérielle, ils veulent obtenir quelque chose de concret. Une belle maison, un travail mieux rémunéré, un amour différent de tous les autres. De la naissance à la mort, ils barbotent dans ces choses minuscules sans jamais lever la tête. » 

     

    « Personne n’aime recevoir en plein visage la solitude de la vie humaine, absolue et terrible. Pour la cacher, on s’agite depuis le jour de notre naissance jusqu’à celui de notre mort. » 

     

    « Se détester soi-même et faire du mal aux autres sont les deux faces du même sentiment. » 

                                                             

    « Une grande partie de nos malheurs provient d’un chemin mal choisi. Si l’on marche avec des chaussures trop serrées ou trop larges, au bout de quelques kilomètres on commence à maudire le monde. Une chose que ne n’ai pas encore trouvé c’est comment trouver le bon chemin au début. » 

     

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    Extrait de « La construction de soi 

    D’Alexandre Jollien 

     

    « A mes yeux, la véritable connaissance de soi se rapproche d’une forme de simplicité d’une naïveté peut être. Il s’agit avant tout de garder intactes une innocence, une transparence, de prendre conscience  de ses forces et sans se comparer, composer avec elles. «  

      

    « L’esprit de simplicité chemine sans bagage et se déleste naturellement. La parade, les rôles, les masques le quittent sans effort. Il n’y a rien, plus rien à prouver. » 

      

    « La tentation est grande de multiplier les prouesses pour afficher une générosité d’apparat. Le véritable amour ne réclame rien. Il savoure la joie dans l’acte même de donner. 

    Aimer librement c’est se réjouir. 

    L’Amour est une joie qu’accompagne l’idée d’une cause extérieure. » 

      

    « Celui qui possède sans cesse le désir de progresser ou le rêve de devenir quelqu’un d’autre, se prive de la douceur de l’instant. Si la volonté de se perfectionner est féconde ;  elle s’apparente à une fuite lorsqu’elle est n’est qu’un prétexte à refuser le présent. Il convient d’en faire un usage avisé. » 

      

    « C’est en limitant ses désirs pour les diriger vers le réel que nous en jouissons le mieux » 

      

    « La joie reste l’argent comptant du bonheur, elle aide qui la savoure pleinement à assurer les inévitables insatisfactions. Mais l’homme peine à la  ressentir à fond, et vivant à moitié il gâche son allégresse en songeant au malheur ». 

      

    « Si parfois tu perçois le réel comme dangereux, insensé ne t’en prend qu’a ton regard, c’est lui qui colore les événements. Cesse donc de dire l’existence est triste, mais plutôt «  je ressens à l’instant, de la tristesse. » 

     « Dans la recherche commune des arguments, celui qui est vaincu à gagner davantage à proportion de ce qu’il vient d’apprendre. (Epicure) » 

     

    « Tu dépendras moins du lendemain quand tu auras mis la main sur l’aujourd’hui. (Sénèque) » 

      

    « Celui qui connaît bien les limites de la vie, sait qu’il est facile de se procurer ce qui supprime la souffrance due au besoin de ce qui amène la vie toute entière à sa perfection.  (Epicure) » 

     


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  • Extrait du livre «  Plaidoyer pour le bonheur » 

     De Matthieu Ricard 

     

    « Le désir du bonheur en soi est essentiel à l’homme. Il est le mobile de tous nos actes. La chose au monde la plus vulnérable, la mieux entendue la plus éclaircie, la plus constante. C’est non seulement qu’on veut être heureux, mais qu’on ne veut être que cela. C’est à quoi nous force notre nature. » 

      

    « Le bonheur est un état de réalisation intérieure, non l’exhaussement de désirs illimités tournés vers l’extérieur » 

      

    « Un bonheur élaboré dans le royaume de l’égoïsme ne peut être que factice, éphémère et fragile comme un château bâti sur un lac gelé prés à sombrer dès les premiers dégels. » 

      

    « En faisant le bonheur des autres on fait le sien. Lorsqu’on sème un champ de blé, le but est de récolter du grain et on obtient en même temps sans effort particulier la paille et le son. » 

      

    « Le vrai bonheur procède d’une bonté essentielle qui souhaite du fond du cœur que chacun trouve un sens à son existence. C’est un amour toujours disponible sans obtention ni calcul. La simplicité innuable d’un cœur bon. 

    Pour que la joie dure et mûrisse sereinement, pour quelle soit un épanouissement du cœur, il faut être associé aux autres composant du bonheur véritable : La lucidité, la bonté, l’affaiblissement graduel des émotions négatives et la cessation des caprices de l’égo. 

    Si on arrive à admettre que la mort fait partie de la vie, la détresse cède peu à peu  la place à la compréhension et à la paix. » 

      

    « L’amour dirigé vers le bien-être des autres, la compassion entièrement concernée par leur souffrance en pensées et en actes, sont des exemples d’émotions épanouissantes qui favorisent le rayonnement du bonheur. » 

      

    « Si une émotion renforce notre paix intérieure  et tend au bien-être d’autrui, elle est positive ou constructive. Si elle détruit notre sérénité, trouble profondément notre esprit et nuit aux autres, elle est négative perturbatrice. Quand aux conséquences, le seul critère est le bien ou la souffrance que nous engendrons par nos actes, nos paroles et nos pensées pour nous-mêmes comme pour les autres. » 

      

    « L’amour altruiste reflète l’interdépendance intime entre les êtres, notre bonheur et celui de autrui, tandis que l’égocentrisme creuse un fossé toujours plus profond entre soi et autrui. » 

      

    « L’amour véritable et la haine ne peuvent coexister, car la première souhaite le bonheur de l’autre et le second son malheur. L’orque l’on « hait » la personne que l’on aime, on ne veut pas véritablement lui nuire, car alors on ne l’aimerait pas, mais on ne supporte pas la façon dont elle se comporte, on réprouve sa conduite, on est furieux qu’elle nous échappe. L’attachement, le désir et la possessivité  accompagne souvent l’amour, mais n’est pas l’amour. » 

      

    « L’amour altruiste est la joie de partager la vie de ceux qui nous entourent et que nous aimons et de contribuer à leur bonheur. On les aime pour ce qu’ils sont et non pas à travers le prisme de l’égocentrisme. Au lieu d’être attaché à l’autre, on est concerner par son bonheur, au lieu de vouloir le posséder, on se sent responsable de son bien-être, au lieu d’attendre une gratification de sa part, on sait recevoir avec joie son amour réciproque. » 

      

    « Lorsque l’on est heureux, le sentiment de l’importance de soi diminue, on est plus ouvert aux autres. » 

      

    « La joie qui accompagne un acte de bonté désintéressé procure une satisfaction profonde. » 

      

    « Cette obsession de l’image qu’on doit donner de soi, est-elle que l’on ne se pose même plus la question du bien fondé de paraître, mais seulement  celle du comment bien apparaître. » 

      

    « L’humilité est une attitude essentiellement tournée vers les autres et leur bien-être ».  

      

    « Si on souhaite vraiment le bonheur de quelqu’un, on ne peut exiger de définir la façon dont l’autre doit être heureux, seul l’égo a le front d’affirmer : « ton bonheur ne peut passer que par le mien » 

    Quand vous aimez quelqu’un vous ne pouvez espérer qu’il fasse ce qui vous plaît. Cela reviendra à vous aimer vous-même. » 

      

    « C’est en cultivant la sérénité pour soi et la bonté envers les autres que l’on pourra respirer cet oxygène qui est la joie de vivre. » 

    EXTRAIT DE PLAIDOYER POUR LE BONHEUR

      

     

    MA  CONCLUSION 

     

    Le bonheur est présent en nous. 

    Le résultat du bonheur c’est surtout 

    L’altruisme, la bonté 

    Savoir l’autre heureux,  fais que nous sommes heureux. 

    Aider l’autre à être heureux 

    Savoir  donner avec gratuité 

    Savoir un jour qu’on doit mourir 

    Accepter la souffrance si on ne peut l’éviter, 

    Et en faire un bien positif. 

    Vouloir le bonheur de ceux que l’on aime, 

    Sans pour cela leur imposer notre vouloir 

    Ouvrir son cœur aux autres 

    Aimer, donner, aider, accueillir l’autre tel qui est 

    Sont les verbes à conjuguer 

    Pour trouver le vrai bonheur. 

    C’est un long travail, mais pas impossible 

     

    NICOLE 

     

     

     


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  • Extrait de « Un cœur en chemin »

    de Suzana Tamaro

     

    «  Écrire est l'un des moyens les plus simples et les plus profonds de voir clair en soi et de transmettre le souvenir de sa propre existence. Et c'est justement cette valeur de souvenir et de connaissance que le fait d'écrire doit être encouragé et protégé. »

    « La beauté qu'il faut poursuivre dans l'écriture est toute intérieure, c'est la beauté de la recherche, la beauté de la vérité, la beauté de la joie, l'intensité de la douleur.

    Écrire est un moyen de se connaître, de connaître et de se donner, à travers la connaissance. On n'écrit pas, on ne devrait pas écrire pour rechercher l'approbation et les louanges d'autrui, mais pour donner à voir quelque chose que les autres ne voient pas. »

    « Cultiver la joie ne signifie pas  se cacher les laideurs et les défauts du monde, cela ne signifie pas jeter un voile rose sur la réalité afin de créer un bonheur illusoire; Au contraire, vivre dans la joie signifie vivre dans la plus grande lucidité en témoignant dans un monde sans lumière du fait que l'être peut avoir une autre appartenance. La joie n'est pas un langage fait de paroles, mais de regards, la joie est puissamment subversive parce que l'amour sans distinction quelle véhicule est lui aussi subversif. »

    « Le cœur s’est la totalité la plus profonde de l’homme, l’image du lieu physique dans lequel raison et émotion se lie harmonieusement et se fondent en quelque chose de plus grand. »

    « On ne cherche pas l’espoir par peur ou pour être en règle avec sa conscience mais parce que l’on croit dans le potentiel d’évolution qui se cache dans l’homme. »

    « Un élément fondamental de la fuite de soi, est le manque d’espaces et de situations dans lesquels vivre en silence, dans le recueillement. La solitude est le moyen le plus extraordinaire pour entrer en intimité avec soi-même et paradoxalement la solitude est le meilleur moyen d’apprendre à communiquer. C’est uniquement en se connaissant c'est-à-dire en connaissant ma propre intériorité  que je peux parler à l’intériorité de l’autre. »

    « Lire c’est créer un petit jardin à l’intérieur de notre mémoire, lire c’est fabriquer un petit trésor personnel de souvenirs, d’émotions, un trésor qui ressemblera à celui de personne, et que cependant nous pourrons partager avec les autres. »

    « C’est la force de l’esprit et non celle des muscles qui fait vivre longtemps. »

    « A l’intérieur de nous tous, il y a de la force, de la dignité, de l’énergie, à l’intérieur de nous il y a une belle panthère qui attend de sortir. »

    « Détruire est toujours le chemin le plus court. Pour tuer il suffit d’appuyer sur la gâchette. Pour ne pas tuer il faut faire l’effort énorme d’essayer de comprendre. Il est urgent d’agir sur les cœurs, de s’habituer à la compréhension au lieu de juger, de s’ouvrir au lieu de se fermer, de vivre la paix non comme une idée, mais comme le rythme même de notre vie. »

    « Plus je regarde autour de moi plus je vois des êtres humains qui ont dévié de leur destin, des êtres humains sans racine, ni feuillage, des êtres humains qui croient de manière narcissique s’aimer alors qu’en réalité ils se méprisent, des êtres humains mécontents de tout mais incapables d’admettre que la première cause de leur mécontentement et la plus importante viens justement de leur propre passivité. »

     

    « Dans l’abandon on cesse d’être juge de soi-même. Et lorsqu’on cesse de scruter et d’analyser, on s’accepte et on accepte l’émouvant mystère de la vie, et alors à l’intérieur de nous la joie flambe de toute sa puissante légèreté ».

     

    « L’amitié est une expérience de don réciproque. Dans la véritable amitié, il y a aucun rapport d’intérêt, aucun but. L’amitié se fonde sur la joie et la peine, sur la fidélité et l’attention, sur l’écoute et le silence, sur la disponibilité et le partage. C’est un sentiment noble et gratuit, gratuit parce que les relations qui créent l’amour et l’amitié ignorent le langage de l’intérêt. Les vrais amis cultivent le don de la discrétion et du respect. »

     

    « L’amitié est l’un des plus beaux sentiments que l’on puisse vivre, parce qu’elle enrichit, procure des émotions de complicité, et parce qu’elle est absolument gratuite. »

     

    « Si au cours de notre vie, nous avons semé de l’amour et de la lucidité, derrière nous  grandiront l’amour et la lucidité. Si nous avons  laissé des titres, des papiers, derrière nous grandira le travail et les avocats. Si au contraire nous avons rien semé du tout, le vide et la destruction continueront à croître  vigoureusement derrière nous. »

     

     

      

     


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  • EXTRAIT DU LIVRE "VIVRE AVEC LES AUTRES" DE

    JACQUES SALOME

     

    « C’est l’attention à l’autre qui fait circuler plus vite l’énergie de la vie ».

    « Le respect n’est pas un du, mais une offrande qui peut confirmer l’estime de soi, donner le sentiment d’un épanouissement et procurait un bien être intérieur. »

    « La beauté est fait d’un ensemble de petits clin d’œil à la vie qui soudain rassemblé, illumine l’instant. »

    « Une forme de générosité consisterait à s’émerveiller du cadeau que représente le seul fait d’exister à chaque instant de la vie. »

    « C’est celui qui reçoit avec générosité qui vivifie celui qui donne. »

    « La mémoire du cœur est le plus court chemin pour retourner à nos sources et agrandir l’avenir. »

    « Chacun doit veiller à la qualité des ses relations, mais à être vigilant  à ne pas envahir l’espace vital de l’autre, car c’est ainsi que la vie de chacun porte au fond de soi, sera le mieux vivifier ».

    « La violence est le langage de la peur, du désarroi, de l’impuissance et non de la puissance comme on le croit trop souvent. »

    « Il y a un moment  dans la vie ou il faut arrêter de regarder l’avenir dans le rétroviseur car ce dernier est tourné vers le passé. »

    « Il est risqué de trop se pencher sur un enfant. C’est le meilleur moyen de tomber ou de recevoir un coup de pied au derrière ! Vaut mieux se mettre à sa hauteur c’est le meilleur moyen de grandir. »

    « Certains mots nous mettent en état de grâce, des mots qui nous permettent de retrouver la verticalité, des mots qui nous font respirer et nous rendent plus beau. »

    « Il est des rencontres qui s’inventent au jour le jour pour transformer chaque instant en parcelle d’éternité. »

    « Ce n’est ni avec des regrets ni avec du ressentiment ou de la nostalgie que l’on peut panser nos blessures. »

    « Vieillir est vraiment ennuyeux, mais c’est le seul moyen que nous ayons trouvé pour faire durer la vie le plus longtemps possible. »

    « Les enfants sont notre part d’éternité qu’il nous appartient de cultiver à dose homéopathique, je veux dire par là, sans abus, sans laxisme. »

    « Un jour le courage, plus courageux que d’habitude décide de frapper à la porte de la peur. »

    «  Qui est là ? demande la peur,

         C’est le courage répond le courage.

         Entrez dit la peur »

    Le courage ouvre la porte, derrière il n’y a personne… ».

    « La mort brutale d’un ami d’un proche nous fait soudain prendre conscience de la fragilité de la vie. Une vie n’est pas seulement vulnérable, elle peut être aussi brisée et s’arrêter, irréparable à jamais. C’est  d’ailleurs cette fragilité de l’existence qui l’a rend précieuse et recherchée au moment où elle se dérobe. La vie mérite d’être protéger, honorée, respectée, elle mérite d’être vécue à temps pleins, à pleine vie avec enthousiasme et amour. Il nous arrive souvent de la bafouer, de la maltraité, de ne pas lui donner toutes les occasions d’être belle, paisible et pleine de toute ses possibles. Il me semble que le sens profond de notre passage sur terre consiste non seulement à préserver la vie que nous avons reçu au départ, mais aussi à l’agrandir à l’embellir pour laisser à l’univers plus de vie qu’il ne nous en a donné au moment même de notre conception. Vivre  est un plaisir qu’il n’est pas nécessaire de maltraiter à temps plein. »

    « La liberté d’être n’exige t’elle pas que l’on se départît de la peur du manque, »

    « Quand nous vivons un événement qui nous bouleverse, l’essentiel n’est pas tant de nous interroger sur le pourquoi de l’acte ou du comportement de cette attitude, mais sur l’impact que cet acte à sur nous, sur le retentissement dans notre histoire intime de comportement ou de cette attitude. Nous avons besoin de toutes nos ressources pour affronter ce qui nous arrive et traverser la crise pour dépasser le choc du cataclysme qui s’est réveillé au profond de nous et nous réconcilier avec la part de nous-mêmes qui a été dévastée, blessée. »

    « La bonne volonté n’est pas suffisante pour s’entendre et même se comprendre, encore faut-il émettre et recevoir sur la bonne longueur d’onde. Ce n’est pas l’espérance qui fait vivre, mais le désir dont l’espérance n’est que l’une des formes principales. »

    « Dans la rivière du temps, prendre le temps de s’immerger pour donner à l’instant toute son intensité. »

    « Certains considèrent la vieillesse comme un port où se poser, une période durant laquelle le temps ralentit, un espace où la vie prend des teintes plus douces, plus alanguies. »

    « D’autres la vivent comme un temps gratuit à consommer sans modération, pour réaliser enfin ce qui leur à tant manqué quand ils se laissaient dévorer … par … le temps. »

    « Lorsque qu’on peut modifier une situation ou un événement, la seule option alternative est de travailler à transformer le sens qu’elle revêt pour soi. »

    « Nous vivons dans une culture ou le superflu est devenue si nécessaire que nous sommes condamnés à toujours vivre dans le manque ».

    « L’amour surgit au fil du quotidien sans effort. Il se renouvelle à chaque instant. Notre seule responsabilité est de ne pas l’abimer. »

    « Aimer est une épreuve redoutable car elle me renvois à la capacité d’offrir, de recevoir, de demander et de refuser. Mais aussi surtout elle me conforte à la possibilité de l’autre de demander, donner, de recevoir ou de refuser ».

    « Une relation équilibrée, une relation en « Santé », est une relation dans laquelle circule librement et harmonieusement, la demande, le don, l’acceptation, le refus en parts sinon égales du moins sensiblement équivalentes. »

     

     

     

     


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  • Le Moine Don Robert Le Gall 

    Et le Lama Jigmé Rinpoché 

    Entretien avec Frédéric Lenoir. 

     

    « Qui ne souhaite dans sa vie expérimenter  l’harmonie, un environnement et des conditions ou domine le bonheur ? 

    Mais pour que cela advienne tout dépend de nous, il faut créer des causes adéquantes. Il ne tient qu’a nous de générer des pensées positives, de répandre des paroles généreuses, d’accomplir des actions d’altruisme. On ne nie pas que cela demande des efforts ! Mais notre attitude positive aura un effet profond sur le courant de notre être et entrainera des conséquences très bénéfiques. 

    (Lama Jigmé) » 

      

    « Au sujet de la souffrance et de l’épreuve. Il convient de distinguer ce que Dieu veut et ce que Dieu permet. Dieu ne veut que du bien. Mais il permet parfois qu’un certain mal soit souffert ou porté pour des raisons qui échappent à notre entendement. J’ajouterai que beaucoup de maux sont simplement le fait de nos libertés humaines qui sont faites pour le bien, mais qui choisissent  souvent le mal et ceci tant au niveau personnel que collectif. On ne peut pas dire que Dieu veuille le mal, mais on peut dire que Dieu permet un certain mal pour qu’advienne suivant son dessein providentiel un bien plus grand. 

    (Don Robert Le Gall) » 

      

    « Dans le bonheur véritable deux démarches sont intimement liées. Se comprendre soi-même et comprendre les autres. 

    C’est parce que nous nous comprenons que nous comprenons  ce qui se passe chez les autres. Et notre amour et notre compassion en sortent renforcées. C’est la porte qui ouvre vers la paix intérieure et le vrai bonheur. (Lama Jigmé) » 

      

    « Si nous nous fermons intérieurement à la grâce, Dieu ne peut agir contre notre volonté. La bonne volonté  et l’ouverture du cœur sont donc des dispositions nécessaires  pour que Dieu par sa grâce puisse agir en nous, pour qu’il nous apprenne à aimer et puisse nous conduire à la vie éternelle. Notre liberté humaine est faite pour dire oui, ce qui comporte le risque de pouvoir aussi dire non. ( Don Robert Le Gall) » 

       

     


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  • Extrait de « La dernière Leçon » 

    De Mitch Albon 

     

     « Accepte ce que tu peux faire et ce que tu ne peux pas faire. » 

    « Le passé est le passé, accepte le sans le nier, sans le rejeter. Apprend à te pardonner et pardonner aux autres. Ne pense pas qu’il est trop tard pour t’engager. » 

      

    « La tension des contraires :  La vie ne cesse de nous tirailler d’avant en arrière.  On veut faire une chose, et on est obligé d’en faire une autre. Quelque chose nous blesse et pourtant nous savons que cela ne devrait  pas nous blesser. On prend certaines choses pour acquises ; même si on sait qu’on ne devrait jamais rien prendre pour tel.

     

    « La tension des contraires imagine un élastique sous tension nous vivons pour la plupart quelque part au milieu. Et dans ses contraires c’est l’amour qui gagne, l’amour gagne toujours ». 

      

    « Tant de gens vont et viennent dans une vie dénuée de sens. On dirait qu’ils sont à moitié endormis, même quand ils sont très occupés à faire ce qui leur paraît important. Sans doute se trompent-ils dans la poursuite de leurs objectifs … ce qui donne un sens à la vie, n’est ce pas  de se consacrer  à l’amour des autres, de ceux qui vous entourent et de créer quelque chose qui donne un but et un sens à l’existence… ». 

      

    « Quand les gens me demandent si il faut ou non avoir des enfants, je dis simplement : «  Rien ne vaut le fait d’avoir des enfants » 

    Rien ne remplace cette  expérience, pas même un ami, pas même une maitresse. Si on veut apprendre à aimer et à créer un bien vraiment profond, alors il faut avoir des enfants. » 

      

    « Prend n’importe quelle émotion, l’amour pour une femme, le chagrin pour un être aimé ou que j’éprouve la peur et la douleur qu’engendre une maladie mortelle. Si tu retiens tes émotions si tu ne t’autorises pas à les vivres d’un bout à l’autre, alors tu n’arrives pas à t’en détacher, tu es trop occuper par ta peur, tu as peur de la douleur, peur du chagrin, peur de la vulnérabilité qu’entraine l’amour. » 

      

    « Mais en te jetant dans ces émotions, en te permettant de plonger dedans jusqu’au fond et même au-delà, tu les ressens pleinement. 

    Alors tu sais ce qu’es la douleur, tu sais ce qu’est le chagrin, et seulement alors tu peux dire « D’accord j’ai éprouvé cette émotion je l’ai reconnue, maintenant j’ai besoin de m’en détacher un moment » » 

      

    « Plus on vieillit, plus on apprend. Si tu restais âgé de 22 ans, tu serais toujours aussi ignorant que tu l’étais alors. Vieillir  ce n’est pas seulement se détériorer, c’est croître, ce n’est pas seulement allé vers la mort, ce qui peut être négatif, c’est également comprendre que l’on va mourir ce qui est positif alors on vit mieux ». 

      

    « Il faut que tous les jeunes le sachent, quand on passe son temps à se battre contre la vieillesse, on finit toujours pas être malheureux, parce qu’elle arrive de toute façon. » 

      

    « Il faut découvrir ce qui est bon, vrai et beau dans la vie telle qu’elle se présente aujourd’hui. Regarder en arrière nous oblige à comparer, et la vieillesse n’est pas une affaire de compétition. » 

      

    « Les gens sont tellement affamés d’amour qu’ils acceptent n’importe quel substitut. Ils serrent dans leur bras des choses matériels dans l’espoir d’être payer en retour. Mais cela ne marche jamais, aucun bien matériel ne peut remplacer l’amour, la douceur la tendresse ou le sens de la canarderie. L’argent ne remplace pas la tendresse pas plus que le pouvoir d’ailleurs. » 

      

    « Consacre-toi à l’amour des autres, consacre toi à la création de quelque chose qui te donne un but et un sens. » 

      

     


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