• La faute

     

    Un frère de Scété commit une faute que l’histoire ne dit pas. Elle fut pourtant considérée assez grave pour que les anciens se réunissent et décident d'une sanction envers le moine pécheur. Pour s'assurer une plus grande justice, ils appelèrent l'abbé Moïse et l'invitèrent à siéger avec eux.

    L'abbé refusa d’abord de venir. Mais comme il recevait message sur message des pères de Scété, il se mit en route. Il emporta un vieux sac percé de trous qu’il emplit de sable et traîna derrière lui dans le désert.

    Du haut du monastère, un moine de Scété le vit venir sur la colline. Tous accoururent pour l'aider car il marchait avec peine.

    Un des anciens vit le sac et demanda :

    « Pourquoi vous être chargé d’un sac de sable?

    - Mes fautes s'écoulent derrière moi, et je ne les vois pas, dit l'abbé Moïse. Et aujourd'hui, vous me demandez de juger les fautes d'un autre ! »

    Les   anciens  baissèrent   la  tête,   pour honorer plus ancien encore.


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  • Le désert et la sauterelle 

     

    Un jeune moine, récemment arrivé dans le désert, décide d'aller consulter un ancien : 

    « Abba, je vis ici depuis un an et les sauterelles sont déjà venues six ou sept fois. Tu sais quel fléau elles sont... Elles vont partout, entrent dans les tentes, se glissent sous les couvertures, passent dans les vêtements... Elles sautent même dans la nourriture... Je ne sais plus quoi faire » 

    Et l'ancien, qui vit dans le désert depuis Quarante ans, lui répond : « La première fois qu'une sauterelle est tombée dans ma soupe, j'ai tout jeté. La seconde fois, j'ai jeté la sauterelle et j'ai gardé la soupe. La troisième fois, j'ai tout mangé, soupe et sauterelle. Maintenant, quand une sauterelle chercher à sortir de ma soupe, je la remets dedans. » 


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  • Le vent

     

    Un frère vint trouver Abba Poemen et lui dit :

     «Abba, quand je prie, je n'arrive pas a maîtriser mon esprit. J'ai la tête pleine de distractions, et j'ai peur de mettre mon salut en péril. »

    L'ancien attrapa le novice par sa robe et le sortit de la tente. Un vent violent aplatissait les toiles et soulevait le sable.

     « Ouvre ta poitrine et retiens le vent.»

    Pour lui faire plaisir, le jeune homme déploya son habit, et le vent s'y engouffra. Mais il ne s'y arrêta pas.

    « C'est impossible, Abba. »

    Tu ne peux pas davantage empêcher les distractions d'envahir ton esprit que tu ne peux retenir le vent. Mais tu peux éviter de t'envoler avec. »

     


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  • Les trois conseils de l’oiseau 

    Un homme attrapa un petit oiseau. « Captif je ne te sers à rien, lui dit l'oiseau. Mais rends-moi la liberté et je te donnerai trois conseils qui te seront plus utiles que la chair misérable que tu pourrais tirer de mon petit corps. » L’oiseau promit de donner le premier conseil  dans  la  main   de  l’homme, le second d’une branche et le troisième du haut de la montagne. Le volatile était chétif; l'homme accepta. Tout d'abord, l'oisillon lui conseilla :

     « Si tu perds quelque chose, même si tu y tiens autant que ta propre vie, ne  le regrette pas. »

    L’homme lâcha l’oiseau qui alla se poser sur une branche. Il secoua ses ailes et dit : « Voici  mon  second  conseil :  

    « Ne  crois jamais rien sans preuve qui soit contraire au bon sens.»

    L’Homme grogna:

    «Sottises! Ces conseils sont des évidences ! »

    L'oiseau gagna enfin la cime de la montagne et dit :

    « Dommage !   Mon   corps  recèle  deux énormes pierres précieuses. Si tu m avais tué, elles seraient à toi ! »

    L’homme tapa du pied, s’arracha les cheveux, se roula dans  l’herbe en criant :

    « Oiseau, tu m'as bien  eu ! Tu  aurais pu taire mon bonheur ! Gare que je ne t'attrape de nouveau ! » Mais soudain, il s arrêta « et le troisième conseil ?  Tu m’en dois encore un, voleur !

    « Imbécile, répondit l’oiseau, tu veux un troisième conseil alors que tu n as pas accordé la moindre attention aux deux premiers. Je t'ai dit de ne pas te tourmenter si tu perds quelque chose, et de ne pas croire des choses contraires au bon sens. Or tu  te désole d’avoir perdu deux joyaux, et il suffit de me regarder pour voir que mon corps n’en saurait contenir un seul ! »

    Et l’oiseau s’envola, libre de ses apparences.


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