L’amour qui dure

 

Elle prend le temps de bien ranger son oreiller.

Il se relève un peu pour qu'elle ait moins de peine.

 

Elle prépare une bouillotte qu'elle enveloppe ensuite

pour qu'il ne se brûle pas.

Il lui sourit pour lui dire merci !

 

Elle s'approche de lui dès qu'elle l'entend gémir.

Il la rassure vite pour qu'elle se tranquillise.

 

Elle lui apporte des fleurs qu'il avait semées au dernier printemps.

Il la félicite sur la manière dont elle a arrosé si régulièrement.

 

Elle lui fait la lecture avec assiduité.

Il caresse son bras près de la couverture.

 

Elle prépare les remèdes et la boisson sucrée pour mieux les avaler.

Il fait bien attention de ne rien renverser.

 

Elle met quelques glaçons pour refroidir son front.

Il prend sa main si fraîche et trouve qu'elle sent bon !

 

Ca aussi c’est l’amour !

Christiane Gaud-Descouleurs

 

Parabole

 

Je ne suis pas venu vous dire

S’il fera beau demain,

Je ne suis pas venu vous dire

Si le voleur viendra ce soir,

Je ne suis pas venu vous dire

Si l’heure vient d'emplir vos lampes,

Je ne suis pas venu vous dire

Comment faire produire vos talents.

 

Je suis venu porter le feu

Aux quatre coins de ce vieux monde.

Je suis venu jeter le grain

Sans me soucier du bon terrain.

Je suis venu lancer l'appel

Aux carrefours

De tous les chemins.

 

Je ne suis pas venu vous dire

Qui a tort et qui a raison.

Je ne suis pas venu vous dire

Quelles sont les bonnes solutions.

Je ne suis pas venu vous dire

Comment supprimer les famines.

Je ne suis pas venu vous dire

S’il faut faire la révolution.

 

Je suis venu ouvrir les yeux

Á ceux qui étaient aveuglés.

Je suis venu rendre la voix

À ceux qu'on avait rendus muets.

 

Je suis venu mettre debout

Ceux qui dormaient dans les tombeaux.

 

Christiane Gaud-Descouleurs

Je suis noire

 

«Je suis noire

Et pourtant belle

Ne prenez pas garde

À mon teint basané... »

 

Si mes cheveux se crêpent,

C’est en fine dentelle,

Ils ne sont pas faits

Pour être emprisonnés.

 

Et si ma peau est brune,

Laissez-la être telle

Que le soleil l'a faite

En ses étés dorés...

Christiane Gaud-Descouleurs

Terre des vivants

Un peu de terre et beaucoup de soleil,

C’est de la lumière pour aimer la vie,

Un peu de terre et beaucoup de soleil,

C’est l'espoir de vivre en paradis.

 

J'aime la terre dans mes mains,

 J’aime sentir le sable chaud,

J’aime la terre dans mes mains,

J’aime toucher le sable fin...

 

J'aime la terre sous mes pieds,

J’aime la pierre du chemin,

J’aime la terre sous mes pieds,

J’aime marcher sur les sentiers.

 

J'aime la terre labourée,

J’aime la plante qui sent bon.

J’aime la terre labourée,

J’aime la joie des champs de blé

 

J'aime la terre vendangée,

J’aime la vigne et le raisin.

J’aime la terre vendangée.

J’aime le vin qui fait rêver.

 

J'aime la terre des vivants.

Terre que Dieu nous a donnée,

J’aime la terre des vivants,

 Terre chantée par ses enfants.

Christiane Gaud-Descouleurs

Aimer c’est donner sa vie

 

Je m’appelle Désir

et je suis insatiable,

j'ai faim,

j’ai faim de toi

et suis malade d'amour.

Vois, je suis un mendiant

et je frappe à la porte.

je viens te rendre riche;

toi seul peux me combler

car tu caches un trésor.

 

Je m'appelle Incarnation,

un jour, j'ai franchi le seuil,

je suis entré chez toi

et j'ai tout partagé,

le pain, la joie,

le labeur, et la peine.

Je ne m'appartiens plus,

ton désir et ta faim

sont inscrits dans ma chair;

me voici lié à toi

à la vie, à la mort.

 

Je m'appelle Passion

car je vais jusqu'au bout

et je n'ai pas le temps

de regarder derrière.

Les risques, je les prends

et n'ai pas peur des coups.

Ta vie, ta liberté

me sont plus chers que tout,

je les achèterai

même au prix de mon sang.

 

je m'appelle Résurrection

et je reviens de loin.

Pour te chercher

je me suis perdu

corps et biens

et je suis descendu

au tréfonds de l'Enfer.

Mais l'Amour m'a transfiguré

et maintenant je te fais signe

au plus profond

de ton désir.

Christiane Gaud-Descouleurs

Donne la main

 

Donne la main, petit homme !

Accroche-toi à ces deux bras,

tu peux t'y fier, ils ne te lâcheront pas.

 

Avance,

lance tes jambes en avant,

l'une après l'autre,

chaque pied ne quitte le sol

que pour mieux le retrouver,

et prendre appui

et rebondir d'un nouvel élan.

 

Avance,

le monde est devant toi.

Ton regard découvre

et s'étonne à chaque pas

de voir un peu plus loin.

 

Ta marche

déplace l'horizon

et chaque pas nouveau

est une découverte.

 

Avance,

et maintenant, lâche-toi,

cherche ton équilibre

et trouve ton aplomb.

 

Tu regardes en arrière

Guettant

Le sourire de ta mère...

Mais te voilà déjà par terre

 

Christiane Gaud-Descouleurs

 

Aimer c’est donner la vie

 

A l’heure des semailles

l'amour s'est éveillé,

les yeux émerveillés

ont contemplé l'aurore,

l'amour s'est fait joie.

 

A l'heure des semailles

l'amour a tressailli

et l'enfant a germé

dans l'échange des corps,

l'amour s'est fait don.

 

A l'heure des semailles

l'amour a regardé

celui qui se cherchait,

il lui a dit son nom,

l'amour s'est fait père.

 

A l'heure des semailles

l'amour a accueilli

l'étrange marginal,

il lui a fait sa place,

l'amour s'est fait porte.

 

A l'heure des semailles

l'amour a écouté

le cri de l'affamé,

il a dressé sa table,

l'amour s'est fait pain.

 

A l'heure des semailles

l'amour s'est fait pauvre

comme Dieu seul peut l'être

et c'est pourquoi il a donné la vie.

 

Christiane Gaud-Descouleurs

 

Quand j’existe vraiment

 

Je pourrais avoir tous les plaisirs du monde,

Faire le tour de la terre sur la plus grosse cylindrée,

Voguer en planche à voile sur les mers de corail,

Caracoler à cheval dans les plaines du Far West,

Dévaler à skis les neiges de l’Himalaya,

Planer en aile volante autour du Fuji Yama,

Me dorer au soleil sur le sable de Tahiti.

 

Je demeure le plus insatisfait des mendiants

Si je ne puis plonger dans le lac de tes prunelles,

Boire à ta fontaine,

Voler dans ton ciel,

Me réchauffer au feu de tes lèvres,

M’enivrer de ton parfum,

Et t’entendre murmurer

Que je suis tout pour toi.

 

Tous les plaisirs du monde

Ne sont que balayures

Emportées par le vent

Au prix de cet instant

D’éternité

Où je sais que j’existe pour toi,

Où nos deux êtres vibrent

L’un pour l’autre

Et s’ouvrent à l’infini.

 

Oui j’existe vraiment, je le sens, j’en suis sûr,

Quand tu me dis : je t’aime,

Quand tu me dis : aime-moi !

 

Christiane Gaud-Descouleurs

 

Vent du large

 

Tes yeux regardent loin,

Ton cœur je le sens proche,

Qu’attends-tu du chemin,

A quoi tes mains s’accrochent ?

 

Si tu veux être un homme de belle liberté,

Apaise ton regard, apprend à t’embarquer

Quitte le rivage

Et prends la pleine mer.

 

C’est le vent du grand large qui souffle devant nous,

C’est le vent du grand large qui met l’homme debout.

 

Christiane Gaud-Descouleurs

Mais je n’ose

 

Je voudrais,

J’aimerais,

Mais je n’ose

Car je sens

Le printemps si morose !

 

N’aie pas peur

Du bonheur

De la rose,

Elle éveille

Au soleil

Qui s’y pose !

 

Pour goûter

Sa beauté

Tout éclose,

Tout amour

Un beau jour

S’y expose.

 

Christiane Gaud-Descouleurs