• L’enfant

     

    Un enfant courait sur la plage

    Au clair de lune en plein été.

    Un enfant qui  n’avait pas d’âge

    Dansait, pieds-nus, sur les galets.

     

    L’enfant laissait dans son sillage

    Des cheveux d’ange emmitouflés.

    L’enfant nous lançait des messages

    Trop compliqués à déchiffrer.

     

    L’enfant traversait les nuages

    D’un air de ne pas y toucher.

    Tout en effleurant son visage

    Le ciel riait comme en secret.

     

    Cet enfant est un présage,

    Rêve d’un royaume enchanté.

    Je l’entends dans ce coquillage

    Que la mer a abandonné.

     

    L’enfant dont je garde  l’image

    M’a pris au piège en son filet

    Comme un oiseau hors de sa cage :

    C’est l’éternel besoin d’aimer.

     

    Christiane Gaud-Descouleurs


     

    Anse Mabouya (6)

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  • Un jour je sèmerai

     

    Un jour, je sèmera

    Des graines de confiance :

    Bien en terre, cachées,

    Elles germeront un jour

    Et dans le vent de mer,

    Océan d’allégresse,

    J’irai les voir pousser,

    Je leur ferai ma cour.


     

    Un jour, je boirai l’eau

    Du puits de mon enfance

    Où mon visage au fond

    Brillait comme un miroir.

    La chaîne grincera,

    Mais dans l’eau débordante

    S’écouleront bientôt

    Tous nos chagrins d’un soir.


     

    Un jour, je cueillerai

    Les fleurs de l’espérance :

    Je les mettrai sur moi,

     

    J’en ferai un habit.

    Revêtue de parfums,

    J’irai danser dimanche

    A la fête des lys

    Et des belles-de-nuit.


     

    Un jour, je te peindrai

    Printemps de l’innocence,

    Je fixerai ton corps

    Tes ailes d’organdi,

    Papillon de l’azur,

    Voletant dans les branches

    Comme un souffle d’été

    Dans un lointain pays.


     

    Un jour je chanterai

    Les fruits d’un long silence :

    On verra qu’ils sont mûrs

    Les fruits d’or éclatés,

    Je me réjouirai

    Au soleil des vendanges ;

    A la coupe, mes lèvres

    Pourront enfin goûter.

     

    Mais qu’il me semble long, dis-moi

    Le temps qui doit venir !

    Est-ce toujours ainsi

     

    Au sortir de l’enfance ?

    Mais qu’il me semble long, dis-moi

    Le temps qui doit venir …

    Est-ce toujours ainsi

    Pour entrer dans la vie ?

     

    Christiane Gaud-Descouleurs

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  • Il y a des soleils

     

    Il y a des soleils comme des auréoles

    Qui transpercent le ciel

    Et dans leur course folle

    Ils viennent vous dire avec le sourire :

    Repartez à nouveau,

    Montez toujours plus haut.

     

    Il y a des soleils

    Comme des boucles blondes

    Qui sentent bon le miel

     A cent lieues à la ronde.

    Ils viennent vous dire avec le sourire :

    Ecoutez le grand vent

    Qui vient de l’océan.

     

    Il y a des soleils

    Comme des boutons d’or,

    Vivantes étincelles,

    Redoutables trésors.

    Ils viennent vous dire avec le sourire :

    Cherchez-la, cette fleur

    Qui porte le bonheur.

     

    Il y a des soleils

    Comme des oiseaux de feu

    Qui cachent sous leurs ailes

    Les nu-pieds et les gueux.

    Ils viennent vous dire avec le sourire :

    Il fait chaud quelque part,

    Sortez de vos trous noirs.

     

    Il y a des soleils

    Comme des perles rares,

    Scarabées d’or vermeil

    Qui chassent les cafards.

    Ils viennent vous dire avec le sourire :

    Faites donc un collier

    De vos larmes tombées.

     

    Il y a des soleils

    Comme des éventails

    Ouverts sur des merveilles

    Au couleur de corail.

    Ils viennent vous dire avec le sourire :

    Déployez au grand jour

    Le Soleil de l’Amour.

     

    Christiane Gaud-Descouleurs

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  • La vie, c’est l’amour

    Celui qui goûte la vie,

    La savoure,

    En devient amoureux tellement,

    Qu’il ne peut plus la quitter.

    Comme un amant,

    Il contemple sa belle dans tous ses atouts :

    Beauté fragile du narcisse et de la libellule,

    Beauté sauvage des grands fauves,

    Beauté mystérieuse des profondeurs de l’océan.

    Au bal masqué de l’hiver,

    Il sait la reconnaître invisible sous l’écorce

    Ou la carapace de la glace.

    Jardinier ou biologiste,

    Il connaît ses humeurs

    Et prends sa défense

    Contre ses agresseurs.

     

    La vie, c’est l’amour,

    Car la vie est passion,

    Attirance irrésistible des êtres

    Les uns pour les autres.

    Ils se nourrissent,

    Ils s’enrichissent de leurs échanges

    Et vont ainsi en se multipliant.

     

    La vie, c’est l’amour,

    Car la vie est la passion du monde,

    Lutte à mort d’où surgit une nouvelle naissance :

    Si le grain ne meurt

    Il n’y a pas d’épi,

    C’est quand le grain meurt

    Qu’il produit du fruit.

    La vie, c’est l’amour,

    Car l’enfant dépérit

    S’il ne boit la tendresse

    Avec le lait,

    Car l’enfant se meurt

    S’il ne voit des étoiles

    Aux yeux de ses parents.

     

    Au soleil de l’amour

    Grandit la joie de vivre.

    Christiane Gaud-Descouleurs

     

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  • Souffle de Pentecôte aux Buissonnets

     

    II y eut un jardin,

    jardin de Pentecôte,

    où le ciel était bleu

    et le soleil ardent.

    Les fleurs s'y confondaient

    dedans leur petitesse :

    myosotis et pensées,

    lilas et pâquerettes.

    Les roses, elles,

    n'avaient pas encore

    donné leur royauté...

     

     

     

    Toute la campagne

    n'était qu'un grand sourire

    pour les rares passants.

    Ça et là, un pommier

    semblait prendre plaisir

    à laisser ses pétales

    tomber jusqu'à ses pieds.

    Collerette en dentelle

    d'un habit de printemps

    ou couronne éternelle

    de premiers communiants.

     

     

     

    En ce matin de Pentecôte,

     

    ce n'était pas un vent bruyant

    mais un souffle léger.

    Comme un soupir d'enfant

    qui a encore sommeil

    et se frotte les yeux...

    un frôlement d'abeille

    tout près des arbres en fleurs !

    Il n'y a pas eu de vent violent

    ni d'envol, ni d'évasion, ni d'effusion,

    mais le silence des simples choses !

     

    Christiane Gaud-Descouleurs

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  • IMG_1477

    Le pas de la porte

     

    La porte a ses nuances.

    A peine ouverte,

    un peu fermée,

    elle fait la maison chaude ;

    s'il fait très froid dehors,

    elle l'empêche d'entrer.

     

    La porte a ses secrets.

    Elle est serrure

    et bonne clé.

    Et tout peut s'écrouler

    quand on perd le trousseau

    qui permet de passer.

     

    La porte a ses mystères.

    Elle se fait dure

    menace de grincer

    et fait trembler les murs

    si l'on oublie d'huiler

    les gonds sur le côté.

     

    La porte a ses effets.

    Elle ouvre sur le monde

    ou sur l'intimité.

    Il est bon de veiller

    sur l'oiseau dans le nid

    et sur son envolée.

     

    La porte a ses surprises.

    C'est un voisin qui frappe

    au moment du dîner.

    De la porte à la table,

    il n'y a que le pas

    du pain à partager.

     

    La porte a ses pudeurs.

    Elle peut rester étroite

    quand on ne s'attend pas

    à être dérangé.

    Mais elle peut s'élargir

    au nombre des amis.

     

    La porte a son histoire.

    Un jour, elle claque fort

    et manque sa sortie,

    mais elle s'ouvre toujours

    à celui qui revient

    le cœur gros de chagrin.

     

    La porte a son humour.

    Elle sait tenir sa place.

    Même les coups de pied

    dont elle garde les traces,

    n'empêchent pas l'amour

    d'entrer et de sortir

     

    Car la porte, c'est l'avenir

    et la pierre qui s'use

    à force de passer

    s'appelle « pas »

    non « pas » en arrière...

    mais « pas » en avant.

     

    Pas de la porte pour le passant,

    là, devant

    pour le passage à l'au-delà,

    pour le passage à l'Autre,

    le Vivant,

    Celui qui fait passer

    du côté de la joie.

     

    Christiane Gaud-Descouleurs 

     

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  • photos432
     

    La rose de l’amitié

     

    Par la rose de l'amitié,

    j'apprends à regarder le monde...

    Et cette rose me livre

    le meilleur de la vie :

    cette beauté simplement close

    dans le jardin tout en douceur,

    sur la pelouse d'herbe chaude

    où mes pieds nus vagabondeurs

    sentent la terre en profondeur.

     

    Émerveillée par le soleil

    qui nous fait part de son été,

    je cueille des regards

    dont le feu est semblable

    à ces pétales de velours

    secrets et passionnés...

     

    Chaleur de ce jour lourd du poids de l'amitié,

    mais léger comme l'enfant qui passe, rit et va jouer !

    Bonheur de la vie qui circule

     

    côté rue, côté jardin.

    Portes ouvertes de la maison

    dans le joyeux « brouhaha »

    de tous les « va et vient »...

     

    Dans ce tourbillon

    de paroles d'où fusent

    rires et chansons,

    je vibre à cette joie

    qui jaillit de la rose

    au parfum délicat

    et me laisse approcher

    par l'Esprit de la paix.

    Il gagne du terrain

    en semant ses bienfaits.

     

    Le soir a recueilli

    les traces de ce jour.

    Dans l'ombre qui descend,

    la rose s'est ouverte.

     

    Belle... de la beauté

    qui dit le cœur de Dieu

    en sa passion d'aimer.

     

     

     

    Hors des murs,

    hors du temps,

    l'Amour fait son chemin.

    L'Esprit conduit la marche

    du peuple-pèlerin.

     

    Christiane Gaud-Descouleurs 


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  • Tout en haut du rosier

     

    O Toi la rose, tout en haut du rosier

    le vent te fait un peu violence

    la pluie te fait courber la tête,

    mais toi tu chantes et toi tu danses

    pendant que vole l'alouette...

     

    O Toi, la rose du jardin

    venue de terre ensemencée

    qui t'a nourrie et fait pousser ?

    O Toi, la rose du jardin

    de toi, je veux prendre grand soin...

     

    O Toi la rose, tout en haut du rosier

    le vent te fait un peu violence,

    la pluie te fait courber la tête,

    mais toi, tu ris, tu te balances,

    n'es-tu pas née pour faire la fête ?

     

    O Toi, la rose du jardin

    en un rien de temps effeuillée,

    qui viendra pour te recoiffer ?

    O Toi, la rose du jardin

     

    comme un oiseau entre mes mains.

     

    O Toi la rose, tout en haut du rosier

    le vent te fait un peu violence,

    la pluie te fait courber la tête,

    mais tu sais le prix du silence

    depuis le temps que tu es prête.

     

     

    O Toi, la rose du jardin

    dont le secret est bien gardé,

    tu sais de qui tu es aimée.

    O Toi, la rose du jardin,

    je te confie tous mes chagrins.

     

    O Toi la rose, tout en haut du rosier

    le vent ne te fait plus violence

    et tu as relevé la tête.

    Tu connais le Roi de la danse

    dans le soleil qui te fait fête.

     

    O Toi, la rose du jardin

    épanouie et parfumée

    radieuse comme un ciel d'été,

    O Toi, la rose du jardin

    tu es ma joie dans ce matin.

     

    Christiane Gaud-Descouleurs

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  • Matin chaud

     

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    Le soleil commence à peine de dorer la pierre

    et de te chauffer le dos !

    Et voilà qu'en enfilant tes pieds chauds

    dans le bois de tes sabots refroidis par la nuit,

    tu viens de frissonner !...

    Un goût de rosé dans le matin...

    Toute une journée qui promet !

    Il n'y a qu'à sentir le jardin et la force de ses éclosions,

    tout y explose ! Et toi aussi tu as envie de vivre !

     

    Etre un bouton, bientôt en fleur...

    Avoir dans la bouche et dans le cœur

    un goût très prononcé pour le droit au bonheur,

    ce n'est pas si facile à dire,

    c'est même parfois impossible à expliquer

    et les autres ne sont jamais tout à fait sûrs

    d'avoir bien deviné.

     

    Mais il y a la Poésie qui peut dire tant de choses

    et la rosé dans le Jardin de Poésie...

    Goûte la rosée... Elle a le goût de la rosée...

    Goûte et écoute...

    Un oiseau s’égosille sur la branche du rosier !

     

    Christiane Gaud-Descouleurs


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  • Selon le temps

     

    Cela se chante, cela se danse...

    comme une valse à trois temps !

     

    Une écharpe de laine

    pour Marie-Madeleine

    et deux foulards de soie

    pour Bruno et François.

     

    Il faut parfois

    fendre la bise, braver le vent, et chasser le froid.

     

    Il faut souvent, selon le temps,

    sortir les bêtes ou rentrer des champs.

     

    Il faut toujours aux troubadours

    quelque beau chant pour calmer l'ouragan.

     

    Il faut parfois

    couvrir sa tête, chausser ses bottes, et chauffer ses doigts.

     

    Il faut souvent, selon le temps,

    sortir les chaises ou rentrer les bancs.

     

    Il faut toujours battre tambour

    pour le soleil ou pour un arc en ciel.

     

    Il faut parfois

    prendre la pelle, racler la neige et tracer des pas.

     

    Il faut souvent, selon le temps,

    sortir l'ombrelle ou le paravent.

    Il faut toujours prendre son tour

    au grand moment de fêter le printemps.

     

    Il faut parfois

    fouiller la terre, gratter l'écorce et creuser le bois.

     

    Il faut souvent, selon le temps,

    rire sous cape ou pleurer vraiment.

     

    Il faut toujours, croire en l'Amour

    qui nous entraîne, chaleur de laine

    à fondre de joie, et douceur de la soie !...

     

    Christiane Gaud-Descouleurs

     

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