• Extrait du livre « Le philosophe nu »

    D’Alexandre Jollien

     

    Résumé : Comment vivre plus librement la joie quand les passions nous tiennent ? Comment oser un peu de détachement sans éteindre un cœur? Eprouvé dans sa chair, Alexandre Jollien tente ici de dessiner un art de vivre qui assume ce qui résiste à la volonté et à la raison. Le philosophe se met à nu pour ausculter la joie, l'insatisfaction, la jalousie, la fascination, l'amour ou la tristesse, bref ce qui est plus fort que nous, ce qui nous résiste... Convoquant Sénèque, Montaigne, Spinoza ou Nietzsche, il explore la difficulté de pratiquer la philosophie au cœur de l'affectivité. Loin des recettes et des certitudes, avec Houei-neng, patriarche du bouddhisme chinois, il découvre la fragile audace de se dénuder, de se dévêtir de soi. Dans l'épreuve comme dans la joie, il nous convie à renaître à chaque instant à l'écart des regrets et de nos attentes illusoires.

    Cette méditation inaugure un chemin pour puiser la joie au fond du fond, au plus intime de notre être.

     

    Né en 1975, Alexandre Jollien a vécu dix-sept ans dans une institution spécialisée pour personnes handicapées physiques. Philosophe et écrivain, il a écrit Eloge de la faiblesse (Cerf, 1999), Le Métier d'homme (Seuil, 2002) et La Construction de soi (Seuil, 2006).

     

    « Si tu ne vois pas encore ta propre beauté, fais comme le sculpteur d'une statue qui doit devenir belle : il enlève ceci, il gratte cela, il rend tel endroit lisse, il nettoie tel autre, jusqu'à ce qu'il fasse apparaître le beau visage dans la statue. De la même manière, toi aussi, enlève tout ce qui est superflu, redresse ce qui est oblique, purifiant tout ce qui est ténébreux pour le rendre brillant, et ne cesse de sculpter ta propre statue jusqu'à ce que brille en toi la clarté divine de la vertu [. a.]. Si tu es devenu cela [...], n'ayant plus intérieurement quelque chose d'étranger qui soit mélangé à toi [...] si tu te vois devenu ainsi [...], regarde en tendant ton regard. Car seul un tel œil peut contempler la Beauté1. » (Plotin)

     

    « Entre « je suis comme je suis et après moi le déluge ! » et « Quant on veut, on peut ! », il y a un chemin de crête possible. Ce soir, les élans, les tristesses, les fascinations que je lis, me rappellent que j’appartiens à la race humaine, que je ne suis pas si différent des autres. »

     

    « Sans cesse, je suis aussi convié à la gratitude. Même la passion qui me consume en ce moment m'y incite. Je pressens qu'elle féconde du bon et, je le crois, fait naître une liberté. Tout ce qui m'agite peut devenir ainsi le lieu d'un regard bienveillant, d'une conscience nue qui accueille la vie sans crispation.

    Idéaux, valeurs, préjugés, désirs, craintes viennent augmenter mon capital mais, en dernier ressort, c'est la vie qui a fait de moi ce que je suis. Je crois m'être construit mais j'ai été fait. »

     

    « Il me faut donc regarder devant moi pour quitter un peu ce besoin de posséder, d'amasser pour me délaisser, fût-ce d'un bagage spirituel ! Mes tiraillements me font dégringoler du trône où m'avait placé ma suffisance. Ma faiblesse tient précisément à cet oubli de ma vulnérabilité. Je ne sais pas l'accueillir, je ne sais que la  meubler, tenter de vainement combler un vide. Sur le coup, j'aurais bien envie de me débarrasser une fois pour toutes de mes  attachements. Mais me voilà encore à fuir la faiblesse... »

     

    « Pour me détacher des passions tristes, pour diminuer peu à peu les dépendances, je veux et dois glaner la joie où elle se donne, demeurer au soleil.

    Dans l’épreuve, donc, face aux tiraillements, percer le brouillard et trouver les rayons de joie, dans une rencontre, dans le rire d’un enfant, auprès de l’ami. »

     

    « Je suis convaincu que c’est en assumant totalement le réel que je combat le plus activement la souffrance. D’ailleurs, celui qui adhère à la vie, vraiment, à chaque instant et - il ne s’agit ici pas de se charger d’un fardeau – celui-là reçoit la force de progresser. »

     

    « Si la joie viens de l’adhésion au réel, elle requiert au contraire que j’assume chaque étape de la vie, y compris mon indignation. Elle implique aussi que je ne rejette pas ma tristesse ni mes accès de fureur. Afin que je ne tombe dans une gaieté de façade, dans une comédie, elle le réclame. »

     

    « La joie vient d’une adhésion qui, à son degré suprême, accepte l’imperfection du monde. »

     

    « Je pressens qu’au fond de toute grande joie, il y a un cœur qui s’élargit, un être qui retrouve sa dimension : moins l’on fait cas de soi, moins l’on souffre. Rencontrer véritablement autrui, l’écouter y contribue assurément. »

     

    « La rencontre, voilà bien le lieu des passions, de la comparaison, de l’attirance et de la possession, de la fascination, de la peur et de la colère, de la honte et des jalousies. Mais surtout de l’amour, de l’émulation, de l’amitié et … de la joie. »

     

    « Pour échapper à un pesant égoïsme, pour se dépouiller dans la joie, rien ne vaut une véritable rencontre. Mais encore s’agit-il d’abandonner ses préjugés …. Car aussi longtemps que règnent calculs et peurs, tant que les projections travestissent autrui, je ne reste qu’en moi, je ne capture l’autre que pour le façonner au gré de mon intérêt. »

     

    « Si j’ai une certaine méfiance envers la passion et l’émotion, je prends conscience, en rédigeant ces lignes, qu’elles pourraient ouvrir une porte et aussi, sans doute, nous rendre excellemment humains. »

     

    « Descartes, encore lui, indique une piste : « les passions sont toutes bonnes de leur nature, et nous n’avons rien à éviter que leurs mauvais usages ou leur excès. » La peur, par exemple, agit comme un prodigieux signal d’alarme, toujours à notre service. L’écouter, savoir l’interpréter, voilà qui peut nous sauver. Cependant, lorsque le signal défaille, la souffrance n’est jamais très loin. »

     

     

    « La fascination, les projections, les préjugés, voilà ce qui rend aveugle. »

    « Aimer l’autre tel qu’il est, c’est se dégager des fantasmes et des désirs. »

     

    « J’aime la distinction de Rousseau qui peut jeter les bases d’un nouvel exercice spirituel : « l’amour de soi, qui ne regarde qu’à nous, est content quand nos vrais besoins sont satisfaits ; mais l’amour-propre, qui se compare, n’est jamais content et ne saurait l’être, parce que ce sentiment, en nous préférant aux autres, exige aussi que les autres nous préfèrent à eux ; ce qui est impossible. Voilà comment les passions douces et affectueuses naissent de l’amour de soi, et comment les passions haineuses et irascibles naissent de l’amour-propre. »

     

    « « L’obsession coupe la joie, réduit le monde, et pour ma part, me transforme en esclave. »

     

    « Plus nous aimons la vie en nous, plus nous pouvons nous détacher de nous. Plus elle nous nourrit, plus l’égo possesseur, tyrannique, vorace, disparaît. Le désir de joie, la soif de félicité, tout appelle à quitter ce petit moi. Oui la joie se cultive à domicile, au fond du fond, loin du moi  capricieux. »

     

    « Si j’étais réellement moi-même, je ne ressentirais sans doute plus ce besoin impérieux de me comparer, de prouver, de revendiquer, d’affirmer et de dévaluer les autres. »

     

    « Prier c’est se dénuder, se dévêtir de soi, quitter toute affectation et s’abandonner dans la confiance. Et laisser tout tomber ; rôles, attentes, craintes et tracas, pour être simplement présent, ouvert, pour vivre nu, sans armes, donné comme un enfant. »

     

    « Je viens de lire une anecdote qu’on prête aux Pères du désert :

    « L’abbé Joseph demande à l’abbé Pastor : «  dis-moi comment devenir moine ? » l’ancien lui répond : « si tu veux trouver le repos en ce monde et dans l’autre, en toute occasion, pose-toi cette question : « Qui suis-je ? » Et ne juge personne. »

    La sobriété de ce Pastor est parlante. On s’attendait à un barda de recettes mais le saint homme renvoie à l’intériorité, à l’observation de ses démons intérieurs, à la connaissance de la foule braillarde qui se presse dans son cœur. Comment après une telle introspection, oser pointer du doigt les petits travers des ses proches. »

     

    « Un maître dit à ses disciples : « Ne condamnez jamais le bâton qui vous frappe. Ce n’est que l’instrument de la colère. De même, celui qui vous fait du mal est l’esclave de la passion. »

     

    « Par intuition plus que par expérience, je devine qu’un cœur libre se rassasie totalement de la vie. Dans les moments de joie, les besoins disparaissent d’ailleurs d’eux-mêmes  chez celui qui sait se combler du réel. »

     

    « Ne jamais oublier que se sont mes fragilités qui sont la source de ma fécondité. »

     

    « Je m’aperçois que par peur de souffrir, j’ai voulu bannir toutes les passions. Or, sans elles je ne serais pas là. Sans l’affection de mes proches, sans l’amour de la philosophie, sans mon ardeur au combat, sans le goût des rencontres, je ne serais assurément plus sur cette terre. 

    La vie me donne sans cesse des maîtres et des guides. L’humour et le rire de ma famille m’ont révélé que le goût de l’existence peut triompher de la souffrance ; le père Morand m’a convié à me tourner vers l’intériorité plutôt qu’à chercher au-dehors des motifs à ma joie ; l’enthousiasme de mes enfants, tous les jours, m’enseigne à désapprendre mes peurs et à oser tant bien que mal un tout petit peu d’amour de soi…

     

    « Le maître Sekkei Harada m’y appelle : « Il n’y a qu’une personne que vous deviez rencontrer ; une personne  que vous devez rencontrer comme si vous étiez amoureux fous. Cette personne est votre Soi essentiel, votre vrai Soi. Tant que vous n’aurez pas rencontré ce Soi, il vous sera impossible de ne pas avoir le sentiment que quelque chose vous manque, impossible d’être clair à propos des choses en général. »

     

    « Je veux m’ouvrir à ce nouveau défi : rencontrer le vrai Soi, devenir Soi, au-delà de la comparaison et de la jalousie. »

     


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    Extraits du livre  « Augustin et  la  sagesse »

    De Lucien Jerphagnon 

     

    Résumé : A travers les livres, les mots et les siècles, saint Augustin continue de nous parler. A sa manière, il est bien cet éternel contemporain qui s’adresse au lecteur d’aujourd’hui. Car Augustin sait comme nul autre partager à la fois son parcours d’homme et de croyant, ses doutes et ses émerveillements, son angoisse devant la fin d’un monde et son espérance d’une cité nouvelle.

    Mais plus encore sans doute, comme le révèle ici Lucien Jerphagnon avec une complicité pleine d’humour, Augustin nous touche par sa quête éperdue de la sagesse, aux confins de la culture antique et de l’apparition du christianisme. Encore et toujours présent aujourd’hui, il intrigue, il interpelle, il force à réfléchir. Et il indispose les gens très sûrs d’être dans le vrai.

     

    « Comprendre Augustin, c’est tenter de savoir ce qu’il savait. Efforçons-nous donc de comprendre comment, tout au long des âges, s’était mise en place la sagesse telle qu’il la découvrait un jour de 372, et de noter au passage ce qu’il pensait de tel ou tel de ces hommes que par tradition l’on considérait comme des sages. »

     

    « Augustin se découvrit à l’âge de dix huit ans, une subite passion pour la sagesse. Car ce n’est pas dans la bible qu’il en trouvait le goût, mais bien dans Cicéron. Cicéron, un politicien romain féru de philosophie grecque, décédé quelque quatre cent quinze ans plus tôt. »

     

    « Le vrai savoir ne consiste pas à débiter par cœur un résumé de physique, ni à trouver l’argument qui porte, vrai ou faux. Le vrai savoir consiste à poser les bonnes questions. A regarder, pour une fois, dans le bon sens, du moins ceux qui ont envie de sortir du noir. Si vous  vous en donnez la peine, vous verrez alors, vous verrez peut être que le bien est toujours au-delà. Tant que vous n’aurez pas intégré cela, ce que vous pourrez dire et rien, ne sera la même chose, et ce que vous ferez ne vaudra pas mieux. »

     

    « Seul ou presque contre tous dans la cité, Socrate avait tiré la sagesse vers le haut. Augustin l’évoque plus d’une fois, lui attribuant notamment la remise en ordre de la philosophie dans son ensemble, et la restauration des mœurs. »

     

    «Car avec Platon, la sagesse ne perd jamais l’espoir de  la cité idéale. Sept siècles plus tard, Augustin dira grand bien de Platon, « ce noble philosophe », « surpassant et de beaucoup tous les autres parmi les païens ». Ce fut « l’homme le plus sage et le plus savant de son temps », « la figure la plus pure et la plus lumineuse de la philosophie », dont l’éclat incomparable éclipse tous les autres. »

     

    « Bien plus tard, Augustin s’adressant à ce Dieu qu’enfin il sait présent, il affirme : « c’est ainsi que  je fus averti par ces livres d’avoir à revenir à moi, et sous ta conduite j’entrai dans l’intime de moi-même. » Là tout est dit, car dans cette vie intérieure, ce qu’il découvrait, c’était un climat nouveau, comme un supplément d’âme dont aucune philosophie jusqu’alors ne lui avait suggéré l’idée. C’était du dedans de soi qu’il lui semblait maintenant découvrir le monde extérieur : avec le regard de son âme. Car n’était-ce pas de cette présence immanente et transcendante en lui, de cette présence, dira-il, «  plus intime à moi que je ne le suis moi-même », que procédait l’existence du monde en même temps que sa propre existence, et la connaissance qu’il en prenait ? »

     

    « Une autre sagesse dont le principe n’était plus seulement le savoir, mais la foi. Or il lui fallait encore apprendre, et pas seulement dans les livres, que la   foi ne se conquiert pas, mais elle se cherche. Et un beau jour, on découvre qu’elle est là, puisqu’on se prend à espérer en quelque amour au-delà de tout en ce monde. Un amour d’où procéderaient les autres amours. »

     

    « C’est en lui-même qu’il avait fini par rencontrer la divine sagesse qui désormais éclairait toute choses en sa vie. Et c’est précisément à l’accueil de cette grâce-là qu’il voudra disposer ceux dont il aura un jour la charge. »

     

    « Augustin n’en finirait jamais de rendre grâces à ce Dieu qui ne l’avait pas quitté des yeux alors même qu’il errait si loin. A ce Dieu qui l’attendait alors qu’il traînait indéfiniment à savourer de fausses joies. Quand une bonne fois on se prend à aimer les jours d’avant sont du temps perdu. « Tard je t’ai aimée, beauté si ancienne et si neuve… » Mais enfin : «  Tu as ébloui mon regard infirme par la force de ton rayonnement. »

     

    « Augustin, qui  quatorze années durant a parcouru toutes les sentes des humaines sagesses, et qui cite tant et tant de philosophes sans pour ainsi dire s’égarer, il sait bien que tous ont en commun de viser à une vie meilleure, ou à tout le moins éprouvée comme telle. Le bonheur donc. Pour soi, mais quand on se veut chrétien, pour les autres aussi. La sagesse ne consiste donc pas à s’absenter d’un monde dans lequel on se découvre engagé sans l’avoir voulu, mais d’abord à mieux connaître ce monde-là, afin de s’y insérer de façon plus efficace, et libre d’une liberté authentique. Et pour un chrétien, afin d’y rayonner l’amour dont lui-même se sait aimé. »

     

    « Si Augustin est une mine pour les historiens de l’Antiquité, c’est qu’il est un homme de son temps, dans lequel il s’implique au plus près. L’énorme bibliothèque qu’l a laissée, traités philosophiques ou théologiques, semons, correspondances, tout cela constitue un véritable gisement de renseignements, et de première main, sauvés comme par miracle par Possidus de Calama en pleine invasion vandale. Sans ces livres là, rescapés d’une sorte de juin 1940 à l’échelle du monde, nous en saurions encore moins sur la vie de ces temps-là, et différentes seraient sans doute nos façons de penser. Et même, en serions-nous ici à nous poser des questions sur ce qu’est ou n’est pas la sagesse d’Augustin. »

     

    « «Tu me dis où est ton Dieu ? »  Je te réponds : »Où es-tu toi-même ? » Tu me dis : « Montre-moi ton Dieu » je te dis «  Montre-moi ton âme ». Et s’il fallait ici résumer la sagesse d’Augustin en une phrase, on dirait :

     

    «  Cherchons ce qu’il y a de meilleur en nous, et de là efforçons-nous d’atteindre ce qu’il y a de meilleur que tout. »

     

    « Ce n’est pas le moindre des dons de la sagesse que de se voir tel qu’on fut, tel qu’on est. Et cela vaut pour  tout homme venant en ce monde. »

           

    « La sagesse n’est ni un point d’arrivé, ni un point de départ, mais un désir incessant né d’une rencontre entre les êtres humains tels qu’ils sont, avec leur faiblesse congénitales, leur viscérale propension au refus, et un Dieu dont la nature , la surnature est d’aimer et de susciter la réciprocité de l’amour. Une rencontre personnelle entre des êtres humains dont l’intelligence est ce qu’elle est, sans plus, et un Dieu dont le Verbe est sagesse en personne, et qui offre à chacun la grâce de comprendre et d’aimer. Et donc, se comporter en sage, ce serait tenter de répondre de son mieux, à tout instant et pas seulement à ses moments perdus, à ce don inespéré : connaître et aimer comme l’humaine nature y échouait depuis Adam. »

     

    « Avec Augustin la sagesse n’était pas l’affaire d’une élite. C’était l’affaire de tout le monde. »

     

    « Ainsi la sagesse est une affaire de vie quotidienne. Elle s’exerce dans cette durée collective, redisons-le, où chaque durée personnelle unique s’inscrit, s’affirme ou se dilue. »

     

     

     
     

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  • Extrait de « Jésus, l’homme qui évangélisa Dieu » 

    De René Luneau 

     

    Résumé : Est-il un homme au monde sur lequel on ait autant, écrit ? Peut-on encore découvrir du neuf dans les quatre Évangiles ? Si, pour la foi chrétienne, le mystère de Jésus Christ ne se révèle que dans sa mort et sa résurrection, les détails de sa vie « d'avant » sont-ils simplement anecdotiques ? René Luneau pense l'inverse. Il a voulu retrouver les paroles et les gestes de tous les jours, humains, simplement humains, de l'homme qui « évangélisa » Dieu, qui Lui donna définitivement un autre visage. La Résurrection n'a pas gommé les traits singuliers de celui qui aujourd'hui encore déconcerte et fascine. Jésus évoque et montre Dieu comme jamais auparavant et nous le restitue, libéré des ambitions et des peurs. Un « Dieu inattendu » - pour notre étonnement, notre joie et notre libération. 

     

    « Certes, les évangiles ont été écrits à des dates, en des lieux différents, et ils témoignent d'approches diverses de l'unique mystère de Jésus-Christ. Mais tous ont à cœur de rapporter « les vivantes paroles d'un maître qui continue de s'adresser aux siens ». Et aucun d'entre eux, pas même celui de Jean, ne méconnaît la vérité de ce visage d'homme, révélé dans la singularité de ses paroles et de ses gestes.  

    Or tenter de reconnaître l'humanité profonde de ce visage, c'est, dans le même temps, entrer, si peu que ce soit, dans l'intelligence même du mystère de Dieu intervenant dans notre histoire. On peut certes et à juste titre, célébrer les mérites d'une théologie « négative » qui sait que Dieu se tient toujours très au-delà de ce que nous pouvons en dire. Il n'en demeure pas moins que le cœur de la foi chrétienne atteste que « le Verbe s'est fait chair » et que Jésus est, à un titre incomparable, celui en qui Dieu se fait reconnaître (2 Co 4, 4; Col 1, 19). Les premières communautés chrétiennes savent cela. » 

     

    « Difficile d’imaginer ou de prévoir l’insolite, l’inattendu de la vocation d’un homme apparemment ordinaire et que la grâce de Dieu va porter là où nul ne l’attendait. » 

     

    « Tout au long de sa vie, Il aura su accueillir et goûter les joies de l’amitié. Cette disposition naturelle de Jésus à l’amitié se révèle en maintes endroits de l’évangile. » 

    « A l’évidence, Jésus est un homme de prière parce qu’il est un homme de foi. La foi est sa vie même. Lorsqu’il lui arrive de la rencontrer là où il ne l’attendait pas, il s’émerveille et se rend à la requête de celui ou de celle qui le sollicite, même s’il s’agit d’un centurion romain ou d’une femme cananéenne. 

     

    « Je n’ai pu trouver aucune preuve déterminante montrant que Jésus a jamais appelé son auditoire à s’incliner devant une autorité quelconque, la sienne ou celle d’un autre. Il affirme mais il ne contraint pas, il interroge, il invite, mais la décision dernière ne lui appartient pas et il laisse s’éloigner celui qui ne veut pas répondre à son invitation. » 

     

    « Sa personnalité est telle que l’on est bouleversé, sous le charme, et que l’on court après lui, qu’on veut le rencontrer ou tout simplement l’apercevoir, fût-ce en grimpant sur un sycomore (Lc 19, 4) que l’on est suspendu à ses lèvres, fasciné comme le sont ces gardes du Temple qui doivent l’arrêter et qui ne le font pas parce qu’à les entendre, « jamais homme n’a parlé comme cet homme » (Jn 7, 46) 

    Ils sont nombreux à éprouver le sentiment qu’une force émane de lui. (Lc 5,17) 

     

    « Jésus a été éprouvé en tous points à notre ressemblance mais sans pécher (He4, 15). L’humanité de Jésus dans sa vérité, va peut être encore au-delà de ce que nous osons en dire. Et cette timidité, cette peur indissociable de notre propre insécurité à l’égard de ce que nous portons en nous, nous font méconnaître la profondeur de l’Incarnation, comme, si, en Jésus nous hésitions à rejoindre Dieu là où son audace l’a fait vouloir nous rencontrer. » 

     

    « Jésus s’est toujours tenu à l’écart de ces mouvements de résistance qui envisageaient de restaurer la souveraineté de la nation juive en recourant à la violence : pour lui « tous ceux qui prennent l’épée périront par l’épée » (Mt 5,9) 

    Le combat qu’il mène, car s’en est un, est d’un autre ordre et nul n’est obligé de se joindre à lui. Il propose, il invite, il appelle mais jamais il ne contraint son auditeur à marcher sur un chemin qu’il n’aurait pas choisi. A chacun il est dit :  

    « si tu veux …. (Mt 19,21). 

     

    « Sion disait : « Yahvé m’a abandonnée,

    Le Seigneur m’a oubliée. »

    Une femme oublie-t-elle l’enfant qu’elle nourrit,

    Cesse-t-elle de chérir le fils de ses entrailles ?   

    Même s’il s’en trouvait une pour l’oublier, 

    Moi je ne t’oublierai jamais ! 

    Vois donc 

    Je t’ai gravé sur les paumes des mes mains. » 

    (Is 49, 14-16) 

      

    « L’engagement au service de l’homme est indissociable du service de Dieu. »(Georges Wierusz Kowalski) 

      

    « Quand il introduit un propos par la formule : « Amen, je vous le dis », Jésus revendique Dieu pour auteur de sa propre parole. Son amen garantit la vérité de sa parole comme vérité de Dieu. « Il ne s’agit donc pas pour lui de se recommander de l’autorité de tel ou tel maître, de conforter son jugement en faisant appel à une autorité incontestée à laquelle nul n’a jamais dérogé. C’est Dieu et nul autre qui fonde sa parole et qui fait de lui l’origine et la source d’un monde en son recommencement. » 

      

    « Parce qu’il est Père, Dieu donne la vie, il appelle à la vie, lui qui « fait lever son soleil sur les bons et les méchants, tomber la pluie sur les justes et les injustes. » (Mt 5, 45) Tous sont des Fils » 

      

    « Il est vrai que, pour Jésus, rien ne traduit mieux la paternité de Dieu pour les hommes que ce mot de miséricorde. » 

    « Dieu ne compte pas : il est, pour jésus et ceux qui écoutent sa parole, le Dieu de la grâce. » 

     

    « Certes, il est utile et même nécessaire  de se référer à une loi, mais il serait désastreux de n’en retenir que la lettre et d’en oublier l’esprit. Il est bon qu’il y ait des temples, des ministres pour les desservir, mais il est indispensable d’aller  

    au-delà si l’on veut pressentir quelque chose du mystère de Dieu. » 

     

    L’évangile au cœur de la vie quotidienne : il n’est pas toute la vie, mais mêlés à elle comme le ferment l’est à la pâte, il peut la transformer du dedans et la renouveler. 

    L’évangile de Jésus est vie et ferment, il est aussi lumière et sel. Il donne à voir, il fait goûter, il révèle, il transforme. Grâce à lui, l’œil ne voit plus les mêmes choses, l’oreille s’éveille à une autre écoute. On ne comprend plus de la même manière ce que l’on croyait si bien connaître et l’étranger que l’on croisait la veille sans y prêter la moindre attention a aujourd’hui le visage du frère. Avec lui, le disciple de Jésus acquiert une sorte de « sixième sens » qu’on ne soupçonnait pas jusqu’alors et qui renouvelle tous les autres.  

    Mais quoi qu’il en soit des images puisées dans les évangiles notamment la parole de Jésus serait-elle vie, ferment, lumière et sel s’il n’était en lui-même non seulement le Révélateur du mystère de Dieu mais sa Révélation même ? La foi chrétienne tient que Dieu se donne à voir en Jésus-Christ qui est l’Image de Dieu et, si l’ose dire, le prisme privilégié et irremplaçable au travers duquel l’infinie richesse de la lumière de Dieu nous est révélée. 

     

    « Jésus est la vérité, c’est d’abord parce qu’il est le chemin. C’est en cheminant avec lui qu’on entre peu à peu dans la vérité qu’il promet. » 

     

     

    « Tout ce que nous sommes en droit d'attendre de Dieu et de demander dans nos prières se trouve en Jésus-Christ. Le Dieu de Jésus-Christ n'a rien à faire avec tout ce que devrait ou pourrait accomplir un dieu tel que nous l'imaginons. Il nous faut essayer de nous introduire toujours plus intimement et très calmement dans la vie, les paroles, les actes, les souffrances et la mort de Jésus pour reconnaître ce que Dieu promet et ce qu'il réalise. Il est certain que nous pouvons vivre dans la présence de Dieu et que cette vie est toute nouvelle pour nous, que rien ne nous est impossible parce que rien n'est impossible à Dieu, qu'aucune puissance terrestre ne peut nous toucher sans la volonté de Dieu et que danger et misère ne peuvent que nous rapprocher de lui ; il est certain que nous n'avons rien à revendiquer mais que nous pouvons tout demander en priant ; il est certain que dans la souffrance se cache notre joie, dans la mort notre vie ; il est certain qu'en tout cela nous faisons partie d'une communauté qui nous soutient. En Christ, Dieu a dit oui et amen à tout cela. Ce oui et cet amen sont le fondement sur lequel nous nous reposons. 

    Dans cette époque mouvementée, nous perdons de vue à chaque instant la raison pour laquelle il vaut la peine de vivre. Nous croyons que c’est l’existence de tel ou tel homme qui donne un sens à notre vie. Mais la réalité est celle-ci :  

    « Si la terre à été jugée digne de porter l’homme Jésus-Christ, si un homme comme Jésus a vécu, alors il vaut la peine que nous vivions, nous, les autres hommes. Si Jésus n’avait pas vécu, alors notre vie n’aurait pas de sens, malgré tous les hommes que nous connaissons, vénérons et aimons. »  

    (Pasteur Diettrich Bonhoeffer) 

     

     


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  • Extrait du livre « Fredy Kunz et le peuple des souffrants » 

    De Michel Bavarel 

     

    J'ai rencontré pour la première fois Frédy Kunz en 1983, au cours d'un reportage au Nordeste du Brésil. Au milieu de quelques centaines de compagnons affaiblis par la faim, il poussait une brouette de glaise sur l'un des chantiers d'urgence ouverts aux victimes de la sécheresse. Frédy - on l'appelle là-bas "Alfredinho" - avait alors 63 ans. C'était sa manière d'exercer son ministère de prêtre à Crateus. Un ministère qu'il avait commencé en vivant au milieu des prostituées, comme le relate L'Anesse de Balaam. Avec ses compagnons de chantier - et d'autres -Alfredinho a fondé la Fraternité du Serviteur souffrant. Pour révéler à ceux qui ne savent pas lire, qui ne vont pas à l'église, qui n'ont pas de travail, aux laissés-pour-compte, le mystère du Christ qui, en eux, purifie le monde de ses immondices. 

     

     

    « Je dirai que Dieu est tout petit, tout humble. Dieu tout puissant n'est pas celui qui m'a séduit. Je ne mets pas ma confiance en lui parce qu'il peut tout, parce qu'il est le roi de l'univers. Il s'oblige à attendre le oui de la personne pour agir. Tu te rends compte, il mendie un oui de notre part ! Notre Dieu est le Dieu saint. Son infinie petitesse lui permet d'aller partout, d'être partout présent, accessible à tous. De se faufiler dans le cœur de chacun, d'une victime de la prostitution comme d'un incroyant.

    Le choix, pour nous, ne consiste-t-il pas soit à nous fier à Dieu, soit à compter sur la force et la puissance ?

     Les faux dieux s'imposent toujours par la force et la puissance. Ils envahissent notre société — il suffit pour s'en rendre compte de regarder la publicité à la télévision. Il n'est question que d'avoir plus, sans effort, d’aller plus vite, de disposer de plus de pouvoir. Voilà les faux dieux. Si on leur oppose un dieu tout puissant, du même type qu'eux, on a perdu d'avance. Alors que notre Dieu est né dans une crèche et est mort sur la Croix. Comme il est vulnérable ! Il se révèle dans le cœur du petit, de l'innocent massacré. Il est le Dieu de l'humilité, l'abandon, de la paix, de la joie.

    Si l'on est puissant, on écrase les autres, on ne peut pas entrer en communion avec eux. Alors que la joie vient de la communion.

    — Il n'y en a pas d'autre. »

     

    « C'est dans ces chants du Serviteur de Dieu que Jésus a découvert sa mission. Il est le Serviteur soufrant par excellence. Et aujourd'hui, il continue sa passion et sa résurrection dans la chair, dans la vie des pauvres, humiliés, rejetés, conduits à l'abattoir — parce que plus que jamais, c'est un peuple massacré. Ce sont ces pauvres qui purifient notre humanité dégénérée par a consommation, le luxe, le gaspillage, la sexualité débridée, la violence. Ce sont leurs blessures qui nous guérissent. »

     

    « A mon avis, la non violence est la manière évangélique de transformer le monde. Au Brésil, nous utilisons volontiers l’expression « fermeté permanente », il s’agit de rester attentifs, vigilants, unis, sans jamais blesser, mais en sachant désobéir aux ordres quand ils conduisent à la destruction du peuple. »

     

    Donc la mission du Serviteur souffrant, c’est de convertir ceux qui exploitent et écrasent les autres ? (Michel Bavarel) 

    « Oui, dans notre monde de violence, où la richesse est inégalement répartie, dans notre monde dominé par la force et l'argent, il faut croire à cet impossible que Dieu rend possible : la conversion de l'oppresseur. Sinon, il ne reste qu'à brûler l'Evangile, il ne sert à rien. Il n'y a alors qu'une issue : tuer l'oppresseur. Et retomber dans le cycle de la violence. La mystique du Serviteur souffrant, en liaison avec tout un mouvement souterrain qui est en train de faire craquer l'égoïsme, provoquera un jour une explosion spirituelle qui changera le cœur des oppresseurs. Voilà ma foi ! »

     

    « Il faut que les pauvres crient l’injustice dont ils sont victimes. Même si ce cri reste sans écho, il sauvegarde la dignité de l’homme. C’est Dieu qui crie par la bouche des pauvres en disant : « Moi, Dieu, je dénonce le fait que des enfants meurent de faim. »

     

    « Le Père a mis dans notre cœur la mystique du Serviteur souffrant. C’est par notre bouche que Jésus crie : «  Serviteurs souffrants de tous les pays, unissez-vous ! Et par nos mains que l’Esprit transforme le monde. »

     

    « Je demande à Helena ce qu’est la Fraternité. 

    Un lieu où tous sont reconnus comme des personnes, partagent le pain et la Parole de Dieu. C’est un coin de ciel que nous vivons sur terre. »

     

     

    « L’espérance n’est pas morte pour qui croit en Dieu »

     

     

    « Nous prêchons l’Evangile et les pauvres le vivent, sans le savoir. Or ils ont besoin de le savoir, « pour que leur joie soit parfaite. »

     

    « La manière de lutter, c’est la non-violence. Le peuple est du côté de la vie. Le pauvre veut vivre et veut que la création vive. Avant-hier, à Barra do Vento, l’on m’a parlé d’une femme qui a adopté les cinq enfants d’une de ses compagnes qui venait de mourir. Elle a ainsi doublé la taille de sa famille, avec un parfait naturel. »

     

    « Je demande à Dona Maria ce qu’est la Fraternité. 

    Un ciel de fleur. Les problèmes qu’on garde en soi, on peut les dire à la Fraternité. Ensemble, on trouve des solutions, on s’entraide. Du coup, alors qu’on a tant de difficultés, on se retrouve en train de chanter. Et l’on retourne chez soi soulagé. »

     

    « Une église locale qui reçoit un homme comme Frédy doit en remercier mille fois le Seigneur. C’est un don de Dieu, parce que Frédy a une foi profonde qu’il exprime simplement, de telle manière que tout le monde la perçoit. Parce qu’il a le sens de la prière la participation de tous, pour établir un climat de joie. Parce qu’il est un pauvre qui a vécu avec les pauvres comme eux. Il les a beaucoup écoutés, mettant tout son cœur dans cette présence chaque jour. 

    Il n’a jamais cultivé sa popularité. Il restait un homme simple, un compagnon qui souffrait comme les autres. Un frère aîné, proche, accueillant, surtout pourles malades, pour les plus pauvres. 

     Il croyait dans les plus pauvres, dans ceux qui portent la croix la plus lourde. Il croyait dans ces gens qui ne savent pas parler et qui n’attirent pas l’attention. Il trouvait toujours des saints parmi eux. 

    Toute la vie de Frédy était inspiré par la non-violence. A Crateus, il était l’homme le plus respecté de tous. Même pour ceux qui n’acceptait pas sa façon de vivre, ceux qui n’étaient pas d’accord avec lui l’admiraient et l’aimaient.

    (Dom  Fragoso)

     

     

     

    « Si les pauvres d'ici sont encore vivants après quatre siècles d'oppression, c'est grâce à une manière de résister qui nous échappe. Nous organisons des partis politiques, des syndicats. Ils s'organisent autrement — d'une façon remarquable —ils se défendent autrement. Quand ils voient une issue, ils luttent. Cependant, ils ont si souvent été massacrés quand ils se sont soulevés qu'ils s'efforcent de n'agir qu'à coup sûr. Ils ont beaucoup plus d'expérience que nous. Il nous est difficile de les comprendre, parce que nous réfléchissons à partir de (schémas qui ne sont pas ceux du peuple opprimé. »

     

    « Frédy possède les mêmes qualités que les pauvres : il est libre, simple et joyeux et plein d’espérance. Il a le don d’approcher les plus abandonnés et de faire naître quelque chose d’eux. Le peuple abandonné qui se croyait totalement incapable se découvre capable. »

     

    « Chaque fois que les circonstances m’ont amené à jeûner, cela a été bénéfique non seulement pour l’objectif que j’avais en vue, mais pour la purification personnelle, la pacification, la sérénité. »

     

    « Les gens ont bon cœur, mais il faut leur donner l’occasion de le montrer. »

     

     


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  • Extrait du livre «  Petit traité de vie intérieure » 

    De Frédéric LENOIR 

     

    Résumé : « De tous mes livres de philosophie et de spiritualité, celui-ci est certainement le plus accessible, mais sans doute aussi le plus utile. Car ce n'est pas un savoir théorique que je cherche à transmettre, mais une connaissance pratique, la plus essentielle qui soit : comment mener une vie bonne, heureuse, en harmonie avec soi-même et avec les autres. Ce que je dis ici avec des mots simples et des exemples concrète, comme au cours d'une conversation avec un ami, est le fruit de trente années de recherches et d'expériences. 

    Mon témoignage personnel importerait peu s'il n'était éclairé par la pensée des philosophes et des sages de l'humanité qui ont marqué ma vie le Bouddha, Confucius, Socrate, Aristote, Épicure, Épictète, Jésus, Montaigne, Spinoza, Schopenhauer, Levinas parmi d'autres. 

    Exister est un fait, vivre est un art. Tout le chemin de la vie, c'est passer de l'ignorance à la connaissance, de la peur à l'amour. » 

                                                                     Frédéric Lenoir 

    La sagesse commence par l'acceptation de l'inévitable et se poursuit par la juste transformation de ce qui peut l'être. »

     

    « Je l’expérimente au quotidien depuis bientôt trente ans que j’ai entamé un travail philosophique, psychologique et spirituel : le seul fait d’accepter à la vie et à l’être procure un sentiment de gratitude qui est lui-même source de bonheur qui permet de profiter pleinement du positif et de transformer le négatif autant que faire se peut. Dire « oui » est une attitude intérieure qui nous ouvre au mouvement de la vie, à ses imprévus, ses inattendus et ses surprises. C’est une sorte de respiration qui nous permet d’accompagner intérieurement la fluidité de l’existence. Accepter les balancements des joies et des peines, des bonheurs et des malheurs, accepter la vie telle qu’elle est, avec ses contraste et ses difficultés, sont imprévisibilité.

     

    « Plus nous voyons les « cadeaux » de la vie, plus ils viennent à nous. Plus nous percevons le positif de l’existence, plus la vie nous semble belle et lumineuse. »

     

    « Il nous est impossible d'exercer une maîtrise totale sur notre vie : les failles par lesquelles l'impromptu surgit sont imprévisibles. En voulant à tout prix contrôler cette part d'impondérable, nous nous condamnons à vivre dans l'angoisse permanente. Nous ne pouvons pas non plus contrôler autrui : nous devons accepter qu'il nous échappe toujours, y compris quand il s'agit de son conjoint ou de son enfant.

    Alors, faisons de notre mieux pour maîtriser ce qui peut l'être, à commencer par nos désirs et nos passions, mais armons-nous psychologiquement à accepter l'imprévu, à nous y adapter et à en tirer le meilleur parti. »

     

    « Être responsable de sa vie, c’est mesurer l’importance de nos pensées, de nos paroles et de nos actions ; c’est rester éveillé, en alerte, c’est ne pas vivre dans l’inconscience. Si nous commettons une erreur, ni nous agissons mal, si nous nous trompons, reconnaissons-le et essayons, autant que possible, de réparer cette erreur. »

     

    « Nous sommes concernés par les autres d’une manière plus large encore, car la conscience de la responsabilité  individuelle conduit à la conscience collective. »

     

    « Être homme, c’est précisément être responsable. C’est connaître la honte en face d’une misère qui ne semblait pas dépendre de soi. C’est être fier d’une victoire que les camarades ont remportée. C’est sentir, en posant sa pierre, que l’on contribue à bâtir le monde. » (Saint Exupéry)

     

    « Pour ma part, je crois que lorsque nous nous sentons responsables de notre existence, nous nous sentons aussi responsable de la vie, ce bien si précieux. »

     

    « Le maître bouddhiste japonais Taisen Deshimaru, qui a popularisé la pratique du zen en Europe à partir de la fin des années 1960, avait coutume de comparer l'esprit de chacun de nous à un verre d'eau boueuse. Il suffit, disait-il, de poser ce verre sur une table sans l'agiter pour que le liquide se décante : la boue tombe au fond du verre, l'eau s'éclaircit. La méditation, ajoutait-il, agit de la même manière : quand on cesse d'agiter notre esprit, les pensées lourdes se déposent au fond, et l'eau de la conscience se clarifie. »

     

    « La méditation m’aide à me ressourcer intérieurement, à prendre de la distance avec mes émotions. »

     

    « Méditer ne revient pas à perdre du temps mais, au contraire, à en gagner. De la même manière qu’il nous faut détendre pour mieux rebondir dans la vie, la méditation nous permet d’accomplir toutes nos tâches avec plus d’acuité, de justesses, de précision. »

     

    « Apprendre à discerner est l’une des choses les plus importantes que nous ayons à faire dans notre vie, et cela requiert un savoir, une conscience, une réflexion personnelle. C’est le but de la philosophie, dont l’étymologie signifie « l’amour de la sagesse », et dont on peut dire qu’elle consiste à rechercher la vérité. »

     

    « Celui qui va jusqu’au bout de son cœur connaît sa nature d’homme. Connaître sa nature d’homme, c’est alors connaître le ciel. » (Mencius)

     

    « Fondamentalement, la foi chrétienne n’est pas une croyance dans les dogmes, mais un lien vital qui unit, le fidèle au Christ et, à travers lui, au Dieu ineffable. Le véritable directeur de conscience est l’Esprit Saint, envoyé par le Christ, après son départ de ce monde ; « l’Esprit de vérité, quand il viendra, il vous introduira, lui, dans la vérité toute entière. » Le chrétien est un disciple du Christ qui tente de faire la volonté de Dieu en étant à l’écoute de l’Esprit. Et c’est à travers la prière silencieuse, l’oraison, qu’il entre au plus profond de lui-même pour écouter la voix de sa conscience éclairée par l’Esprit de Dieu. »

     

    « La vertu est, en somme, le point d’équilibre qui nous permet de poser, par l’usage de notre volonté, des actes justes, loin de l’excès et de l’ascèse qui sont nuisibles l’un que l’autre. »

     

    « Le Bouddha, Socrate et Jésus s’accordent donc pour affirmer que l’homme ne naît pas libre, mais qu’il le devient en sortant de l’ignorance, en apprenant à discerner le vrai du faux, le bien du mal, le juste de l’injuste ; en apprenant à se connaître, à se maîtriser, à agir avec sagesse et compassion. »

     

    « Liberté et amour sont, j’en  suis convaincu, les deux grandes conditions de la réalisation de soi et l’épanouissement de chacun d’entre nous. »

     

    « La haine ou le mépris d’autrui proviennent bien souvent d’une haine de soi. Sans estime de soi, on ne peut pas estimer les autres ; sans respect de soi, on ne peut pas respecter les autres. Sans amour de soi, on ne peut pas aimer les autres. L’apprentissage de la relation à soi, est donc la condition de l’apprentissage de la relation aux autres. »

     

    « L’ami, c’est un être avec qui nous nous comprenons immédiatement, dont la présence nous fait du bien et avec lequel nous avons des projets  communs qui nourrissent notre relation et l’aident à grandir. »

     

    « Un ami ne nous est pas imposé comme l’est notre famille ; on lui donne tout naturellement une place particulière dans notre vie, sa présence à nos côtés devient comme une évidence. On ne peut  guère expliquer cette les raisons de cet attachement si ce n’est pas une étrange communion des âmes. »

     

    « Il n’y a, en effet, de réelle amitié que si elle est réciproque : nous et l’ami que nous nous sommes choisi devons tirer le même plaisir de notre relation seulement pour faire plaisir à l’autre. »

     

    « Le pardon est la seule attitude « guérissant », non seulement pour être en paix avec nous-mêmes mais aussi pour sortir d’un conflit. « Sans le pardon, nous resterions prisonniers de nos actes et de leurs conséquences, » affirmait Hanna Arendt. Le pardon n’est ni rationnel ni juste, mais il nous procure joie et sérénité et il est la condition nécessaire à l'extinction de la violence. Pardonner, ce n'est pas oublier. C'est réussir à apaiser la blessure suscitée par autrui, dans un contexte, un environnement donnés, et à tout mettre en œuvre pour que la situation source de la blessure ne se reproduise plus. C'est toujours un choix profond, personnel, un acte du cœur, un acte spirituel, parfois inexplicable, et non dénué d'une certaine dimension mystique. De par son caractère aussi surhumain, toutes les religions l'ont décrit comme le sommet de la spiritualité et bien peu de philosophes, même lorsqu'ils l'ont prôné, ont pu trouver une explication purement logique pour le justifier.

     

    « Je crois que les combats non violents et les témoignages héroïques de pardon sont toujours efficaces à long  terme car ils font progresser la conscience de l’humanité entière et ce malgré les échecs immédiats ou les fins souvent tragiques des artisans de paix. »

     

    «  Si le mal est contagieux, le bien l’est aussi, et peut être plus puissamment encore. »

     

    « En n’entrant pas dans le rapport de forces, nous le déstabilisations. »

     

    « Si le pardon et la non-violence ne commencent pas dans les relations avec nos proches, ils ne pourront jamais s’étendre au monde entier. »

     

    « Savoir que celui qui nous a blessé n’a pas conscience de son acte, qu’il est peut être pulsionnel, instinctif, mû par la peur ou bien influencé par un discours de propagande, peut grandement nous aider. Bien souvent aussi, celui qui nous agresse est lui-même en souffrance. Le comprendre nous aide à pardonner. »

     

    « J’ai compris que nous sommes tous capables du pire, non parce que nous sommes viscéralement mauvais, mais parce que nous sommes fragiles, blessés, frustrés. »

     

    « Apprenons donc à lui opposer la force de l’amour et du pardon : c’est l’acte de résistance le plus courageux, le plus exigeant et le plus salutaire qui soit. »

     

    « Fais que je ne cherche pas tant à être consolé que de consoler, d’être compris que de comprendre, d’être aimer que d’aimer. Parce que c’est en donnant que l’on reçoit. C’est en s’oubliant soi-même qu’on se retrouve soi-même. » (Saint François d’Assise)

     

    « Il est capital de prendre conscience que le vrai bonheur n’est pas une affaire de possessions : nous pouvons être heureux avec peu de chose. »

     

    « Les choses nécessaires coûtent peu, les choses superflus coûtent cher. » (Diogène)

     

    « Le non-attachement est une philosophie qui ne prône pas l'ascèse et qui n'implique pas un mépris des choses matérielles, mais simplement le refus de s'y attacher. Il est normal d'éprouver du plaisir à avoir un confort matériel, une maison, un ordinateur et une voiture qui fonctionnent bien, à voyager, à s'offrir des loisirs. L'essentiel est de rester vigilant ne pas céder aux sirènes de l'attachement à tous ces objets qui sont à notre service, mais dont la perte ne doit pas nous plonger dans l'affliction, ni toucher notre âme. Nous ne sommes pas leurs esclaves... mais nous leur devons quand même du respect. »

     

    « L’être humain, pour être pleinement humain, se relie naturellement à ses proches il tisse avec eux des  de liens affectifs profonds et forts. »

     

    « Nous avons souvent tendance à fouiller  notre mémoire, à nous replonger dans le passé, mais aussi à nous projeter dans le futur, à imaginer ce que nous allons faire ou devenir. C’est tout à fait compréhensible. A une condition toutefois : que ces deux penchants ne prennent pas des proportions envahissantes au détriment de la qualité d’attention et d’action dans l’instant présent. En ce sens, un bon rapport au temps est essentiel pour bien mener sa vie. »

     

    « Bien intégrer son passé signifie s'en souvenir certes, vivre avec, mais ne pas le ressasser en permanence, qu'il s'agisse d'ailleurs de bons ou de mauvais souvenirs. Nous devons, en particulier, nous efforcer d'éviter les remords, les «j'aurais dû». Nous avons tous commis des erreurs et nous en commettrons encore. Il est légitime de le regretter. Il faut même les reconnaître pour en tirer des leçons et éviter de les répéter. Mais, dans la mesure où on ne peut plus revenir sur une erreur passée, où la loi de la vie et de l'univers interdit de rebrousser le chemin du temps pour changer de direction au croisement où l'on s'est égaré, il est inutile de se morfondre. »

     

    « Le remord est un poison de l’esprit qui, de surcroît nous empêche de mobiliser, dans le présent, les forces nécessaires pour changer et pour continuer d’évoluer. »

     

     


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  • Citations extrait du livre de « Minuscule traité acide de spiritualité » 

    De Maurice Bellet. 

     

    «  Il y a deux sortes de gens sur qui l’on ne peut pas compter : 

    Ceux qui ne savent pas : ils ne savent pas 

    Ceux qui savent : ils n’apprendront rien. 

    Sur qui donc peut-on compter ? 

    Sur ceux qui savent qu’ils ne savent pas. » 

     

    « Argumenter avec la bêtise, c’est labourer avec le ciment » 

     

    « La conscience de l’ignorance 

    Croît comme le carré du savoir. » 

     

    « Le premier médecin du corps, c’est le corps, 

    Le premier médecin de l’âme, c’est la parole. » 

     

    « Si vous voulez aider l’ami ou le patient au fond de sa détresse, 

    Restez au bord du cratère ! » 

     

    « Quand je suis hargneux, ou désobligeant, ou irritable, 

    Cela ne se passe pas entre toi et moi, 

    Mais entre moi et moi. » 

     

    « Puisque, dit le proverbe, 

    Le pire n’est pas toujours sûr, 

    On doit penser que le meilleur 

    Est toujours possible. » 

     

     

     

    « J’ai naguère indiqué les quatre choses que nous avons à éviter : 

            Nous plaindre, nous irriter 

            Nous presser, nous inquiéter. 

    La formule mnémotechnique est commode 

    Mais peu élégante ; 

    P.I.P.I » 

     

    « Le premier service qu’on peut rendre aux autres, 

    C’est d’être heureux. 

    Car le malheureux, même s’il ne le veut pas, 

    Fait peser sur les autres son malheur. » 

     

    « Ce que tu peux faire de bon pour autrui, 

    Fais-le de tout mieux et de bon cœur. 

    Ce que tu ne peux pas faire, 

    N’en n’aie ni remords ni angoisse. 

    C’est entre les mains de Dieu. » 

     

    « « L’humilité est la seule vertu, absolument sûre, 

    Parce que  c’est la seule dont on ne peut pas se vanter. » 

     

    « Mieux vaut se faire plaisir à soi-même 

    Que faire de la peine à autrui. 

    On le voit par l’inverse : 

    De ces gens qui préfèrent se faire de la peine 

    Plutôt que de faire plaisir à autrui. » 

     

     

    « La semence ne peut donner qu’un fruit et un seul, 

    Ne cherchez pas des poires sur un pommier. » 

     

    « La crise financière ne supprime 

    Pas l’économie ou l’argent. 

    La crise de l’Eglise ne supprime pas l’Evangile. » 

     

    « Théologie trinitaire de poche : 

    Il n’y a pas de chemin. 

    Il y a toujours un chemin. 

    Les chemins sont incomparables. 

    Pas de chemin : Dieu est par-delà tout. 

    Toujours un chemin : si je crois au Fils de l’homme. 

    Chemins incomparables : car l’Esprit unifie en se diversifiant. 

    Ainsi les quatre évangiles. » 

     

    « On trouve des gens qui disent  

    Ce qu’il faut faire, ce qu’il faudrait faire,  

    Ce qu’il aurait fallu faire, ce qu’il ne faut pas faire. 

    C’est souvent où quelque fois, très bien vu. 

    Il y a les gens qui font. 

    Ce n’est jamais très bien fait. 

    Mais du moins c’est fait. » 

     

     

     

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  • Extraits de : Minuscule traité acide de spiritualité

    De MAURICE BELLET

     

    Voici un drôle de petit livre aussi indispensable que décapant Quatre textes pour déplacer avec bonheur nos façons de croire et de penser. Le premier est le propos d'un homme d'Église qui, conscient de ses responsabilités, s'efforce de penser la situation présente de la foi, ce qu'elle exige, ce que les croyants peuvent y faire. Le second envisage des situations douloureuses, critiques, désespérées, pour témoigner d'une espérance qui peut survivre ou revivre dans l'horreur. Le troisième est une parabole contemporaine autour d'un voyage qui pourrait être, dans la situation présente, la Voie où l'être humain s'initie à cet amour premier qui est le plus-que-nécessaire. Le quatrième est une suite de plaisanteries pour mettre la vraie gaieté au cœur du très essentiel.

     

    Maurice Bellet, né en 1923, est prêtre et psychanalyste, théologien et philosophe. Son œuvre considérable est traduite dans le monde entier.

     

    Dieu de l'Évangile, même s'il s'accorde avec ce qu'une juste raison exige, dépasse nos vues humaines et ébranle toute vaine prétention de la raison. Il est pour nous en celui dont saint Paul, encore dit qu'il est l'image du Dieu invisible : Jésus < Christ et Seigneur. En lui, Dieu se montre comme amour infini des hommes et, par cet amour même, comme celui qui sépare l'homme des puissances de mort et l'introduit dans la vie et la liberté.

    Ce ne sont pas là des pensées que l’usure des temps rendrait sans force et épuisées. Cela, pour qui l’entend, est toujours neuf, d’une puissance incomparable créant à chaque moment de l’histoire des hommes cette humanité nouvelle, à la fois donnée dans le Christ et éveillant, en tous et en chacun, l’énergie de l’Esprit capable de changer  toutes choses et de délivrer du mal.

     

    « Il convient donc à ceux, qui, dans l’Église, désirent penser avec vigueur la situation présente, et cela est ouvert à tous, de se tenir avec une égale ardeur dans l’écoute de la parole vivante, dont l’Écriture avec l’Église, porte témoignage, et dans la création audacieuse de ce que le monde attend, pour que la lumière de l’Évangile y brille à nouveau dans sa bienheureuse clarté.

     

    « C’est au sein du peuple fidèle, et souvent parmi les plus humbles, que l’Esprit se plaît à commencer ce qui sera joie pour l’Église et salut pour les humains. »

     

    « Ainsi, frères et sœurs bien aimés, devons-nous travailler de toutes nos forces à faire advenir ce que nous demandons à notre Père : que ton règne vienne, que ta volonté soit faite, toi qui veux que tous les hommes soient sauvés. Les temps peuvent nous paraître durs, ils l’ont toujours été, malgré les apparences. Il nous suffit que nous soit donné chaque jour notre pain quotidien, la grâce de la présence en nous du Christ Sauveur. Et les difficultés mêmes où nous sommes seront l'occasion d'une foi plus grande et d'une espérance raffermie. »

     

    « Si vous vous sentez nul et lamentable, avec une vie morne devant vous ou une vie ratée derrière vous, n'en croyez rien. Car même si c'est vrai, ce n'est pas la vérité, la vérité de vous-même, si vous pouviez ôter cette pancarte qu'on vous a mise dans le dos et connaître, au fond de vous, votre désir et vos dons.

    Et Même si, selon les critères que l’on admet aujourd’hui, vous êtes en effet nul et lamentable, cela ne vous juge pas. Il suffi que vous ayez au cœur l’unique étincelle, la source cachée, la graine qui n’a pas trouvé terre où pousser, pour que vous ayez à plein la dignité humaine. Et qui sait le fruit d'une vie ? Il y a des gens brillants, dont la réussite est futile ou désastreuse, et des inconnus qui ont dit un jour la parole juste à celui ou celle qui, à partir de là, a créé une œuvre incomparable. Si vous croyez en Dieu, sachez que croire en Dieu est croire qu'il vous est donné de vivre, et que ce don vous justifie, et qu'à partir de là vous saurez bien donner le fruit qui est le vôtre, peut-être peu visible, peut-être bien peu de chose aux yeux du monde, mais qui sait ? Peut-être plus grand que vos espoirs. »

     

    « Ce qui juge un être humain, hors, de tout jugement de ce monde, c’est le chemin qu’il fait. Ceux qui viennent de l’abîme, s’ils arrivent jusqu’au seuil de la vérité, n’est-ce pas chose prodigieuse ? »

     

     
     

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    Extrait du livre « J’avance comme un âne… Petits clins d’œil au Ciel et à la terre »

    Du Cardinal Roger Etchegaray

     

     

    Voici plus de vingt ans .que ce livre, l'un des best-sellers religieux, est paru sous un titre insolite qui a piqué la curiosité de nombreux lecteurs. Le récit par Roger Etchegaray (l'un des huit cardinaux français) de ses premières amours d'évêque avec le peuple marseillais se trouve aujourd'hui  enrichi  d'un grand  nombre de textes inspirés par la longue   expérience   romaine   de leur auteur.

    C'est un kaléidoscope de clins d'œil, parfois malicieux, adressés au Ciel et à la Terre. C'est fou comme Dieu peut se cacher parmi nous ! Il se tient à l'affût derrière une de ces paroles de vie dont il a le secret, derrière un de ces faits divers dont il jalonne notre route.

    Ce recueil de méditations, tout en œillades et pochades, doit être pris selon la dose indiquée : deux ou quatre pages à chaque fois. Il n'a rien d'une désagréable potion : au contraire, il entend chatouiller le fond de la gorge comme le vin qui gicle par saccades d'une gourde du Pays basque... pour la bonne santé du Ciel et de la Terre !

     

    J’avance comme un âne… Petits clins d’œil au Ciel et à la terre »

     

    (Extrait de lettre écrite à Gaston Defferre, maire de Marseille)

     

    « Vous n'avez pas de sabre, je n'ai pas de goupillon. Mais ensemble, vous par mandat, moi par mission, nous portons la même passion de servir Marseille, dans l'indépendance et l'estime réciproque de nos deux charges distinctes et complémentaires. Quand il s'agit d'assurer la promotion de tous les hommes d'une cité, de tout l'homme dans sa double dimension horizontale et verticale, c'est avec confiance que le premier magistrat et l'évêque se retrouvent à la délicate jointure du temporel et du spirituel. Péguy disait que « le spirituel est couché dans le lit de camp du temporel ». J'ai plaisir à témoigner qu'à Marseille tout est bien ajusté. »

     

     

    « La prière n’est ni refuge ni dérobade, ni appel au miracle. La vraie prière exige que nous cherchions à faire nous-mêmes ce que nous demandons à Dieu de faire. La prière n’est pas faite de mots en l’air : nous ne pouvons prier que si nous sommes pleinement responsables de ce que nous disons. »

     

    « Nous sommes l’argile, tu es notre potier, nous sommes tous l’œuvre de tes mains. Quel artiste prestigieux que ce Dieu qui nous a façonnés un par un comme autant de pièces uniques, chacun portant sa signature authentique ! »

     

    « Plus vous serez proches de Dieu, plus vous  aspirerez  vous –mêmes son souffle  créateur et  plus vous soufflerez vous-mêmes sur les cendres pour révéler l’incandescence de la vie à des hommes qui ne savent plus que fabriquer des objets en série et sans chaleur. »

     

    « Obéir signifie « prêter l’oreille », écouter jusqu’au bout. L’obéissance s’enracine dans l’écoute. »

     

    « L’obéissance n’écoute pas seulement vers le haut, comme s’il n’y avait à obéir qu’à celui qui est au-dessus, à l’échelon supérieur. L’obéissant écoute autour de lui, au-dessous, partout où un appel, loin de claquer au vent, se fait imploration, voire silence. Il n’attend pas qu’on l’interpelle, il devine, il va au devant. »

     

    « Celui qui aime ne fait pas juste ce qu’il faut pour être en règle ; il aime sans mesure, il s’engage sur une route où l’horizon ne cesse de reculer. »

     

    « La contemplation de Dieu, Père, Fils et Saint Esprit, instaure partout la priorité de la relation et ainsi vient structurer notre propre existence. La vie intime de Dieu, dont Jésus Christ nous a soulevé le voile, éclaire l’identité profonde de l’homme créé à son image. L’icône trinitaire nous porte à régler toute l’existence chrétienne selon les lois merveilleuses de l’hospitalité. Hospitalité à l’égard de Dieu trois fois personnel qui frappe à notre porte. »

     

    « Croire en Dieu Créateur, c'est accueillir Dieu comme la source de tout ce qui existe et pas seulement le fabricateur en série de toutes choses ; car le propre de l'amour n'est pas de faire, mais d'être source. Une source qui tarit ne serait plus une source. Nous jaillissons à chaque instant de l'Amour Créateur, portant sans cesse « l'odeur des mains divines ». Un tel amour ne peut que remplir en totalité l'espace et le temps.

    Croire en Dieu Créateur, c'est entrer dans une relation vivante et personnelle avec Lui. Il s'agit de tout autre chose que d'admettre un Être pur, distant de nous. Jésus Christ, part toute son existence et jusqu’au moment du pire abandon sur la Croix, nous révèle qu’il n’y a point de solitude pour l’homme et que tout le monde demeure toujours fils d’un Père. »

    « Le Christ Verbe de Dieu 

    Instruments sans âmes 

    Pour s’accorder à l’Esprit Saint. 

    Le monde entier rassemblé dans l’homme, 

    Il s’en sert 

    Comme d’un instrument à plusieurs voix 

    Et en accompagnant son chant 

    De cet instrument complexe qu’est l’homme 

    Il joue à Dieu. 

    (Citation de Clément d’Alexandrie, « Père de l’Eglise ») 

     

    « La diversité des visages est le signe de l’inépuisable richesse de l’Eglise du Christ. Chacun doit se convertir un peu au visage de l’autre pour corriger ce que sa vison a toujours de trop particulier. Sinon ce pèlerinage devient croisade, notre cabanon forteresse, notre témoignage idéologie, notre apostolat système, et notre visage caricature. Soyons heureux d’être différents. » 

     

    « Pour accueillir l'autre, il faut savoir accueillir d'abord le temps, accueillir l'imprévu dans une vie qui ne le supporte pas parce que trop bien réglée. Les civilisations orientales qui vivent - sans doute beaucoup moins aujourd'hui - le plus clair de leur temps sur le pas de leur porte se révèlent les plus hospitalières et les mieux dotées de sagesse. Heureuse la maison dont la porte, ouverte à deux battants, est toujours encombrée de curieux, d'importuns, de mendiants ! Un proverbe africain dit que le sol n'est foulé qu'autour de bons arbres. 

    Vivre la fraternité universelle, c'est la vivre jusque dans ses racines. Nous accueillons l'autre au niveau où nous vivons nous-mêmes. Si nous vivons en surface, nous accueillons nos frères en surface. Si nous vivons en profondeur, là où Dieu nous habite, nous entraînons nos frères vers cette profondeur. Seulement, c'est quand nous vivons comme fils avec le Père, que nous pouvons donner à l'accueil d'un frère toute sa dignité en le reconnaissant à son tour comme fils du même Père. » 

     

    « La Sagesse nous envoie à l'enfance. » Seul celui qui, jusque dans sa vieillesse, garde l'esprit d'enfance lait de fraîcheur, d'audace, de confiance dans la vie toujours naissante, peut mériter le nom de sage.(Pascal) 

     

    Et ce sage, sous divers habits culturels et religieux, je le rencontre un peu partout où la paix de Dieu habite le combat de l'homme. Peu importe son nom. Tout sage m'invite simplement à me reconnaître en lui comme dans un miroir. Le pasteur Martin Luther King nous livre la clef d'une sagesse offerte à tous  

    Si tu ne peux être pin au sommet du coteau, 

    Sois broussaille dans la vallée, 

    Mais sois la meilleure broussaille. 

    Sois buisson, si tu ne peux être un arbre. 

    Sois sentier, si tu ne peux être route. 

    Sois étoile, si tu ne peux être soleil. 

    Qui que tu sois, 

    Ce n’est point par la taille que tu vaincras, 

    Mais par la force d'aimer. 

     

      

    « Ce n’est pas la télévision qui crée l’ordre ou sème le désordre dans une famille. Elle joue seulement le rôle que nous lui donnons… ou lui abandonnons. Mais elle est aussi un puissant révélateur de ce qu’est la vie familiale. Cela vaut la peine d’y réfléchir. » 

     

    « Le Christ n’est pas venu supprimer la souffrance. Il n’est pas venu l’expliquer, mais il l’a remplie de sa présence. » 

     

    « Je n’ai jamais oublié la sérénité de ce papa marseillais qui me disait, en me montrant avec tendresse son enfant mongolien : « Pour Dieu, il n’y a pas de déchet… » 

    C’est la seule réponse qu’un chrétien peut balbutier devant la souffrance en question. » 

     

     

    « Rien ne peut altérer la relation qui unit toute une vie l’enfant et sa mère, la mère et son enfant. 

    Le cœur d’une mère est toujours en éveil. Tout ce qui vient de ses enfants, ou tout ce qu’ils oublient de lui donner, la touche profondément. Quelle pudeur nous arrête trop souvent pour ne plus oser témoigner notre tendresse à notre mère âgée, avec la spontanéité, la gaucherie d’un enfant ! Et les mères ne sont-elles pas parfois trop silencieuses avec leurs grands enfants, comme si avec l’âge les échanges de cœur devenaient moins chaleureux ? Si toutes les mères savaient garder la simplicité d’une jeune maman et tous les enfants la fraîcheur d’un tout-petit, ne serait-ce-pas alors la véritable fête de toutes les mères ? » 

     

    « Le monde moderne est bâti sur deux énormes piliers : le mensonge et l’argent. On désire avoir pour paraître et cacher sa misère, c’est pourquoi on tient à l’argent. Il faut paraître pour avoir et entasser sa richesse, c’est pourquoi on ne cesse de mentir. Cercle vicieux, au double sens du mot. Le prix de l’homme, c’est ce qu’il est, non  ce qu’il a. »  

     

    Tous les espoirs humains nous projettent hors de l’instant présent. L’espérance chrétienne, parce qu’elle sait distinguer ce qui est relatif et ce qui est absolu, ce qui est déchet et ce qui est « semence d’éternité », nous force à vivre intensément « l’aujourd’hui de Dieu. » 

    « Il est plus difficile d’éduquer en nous « la petite espérance » que « ses deux grandes sœurs » la foi et la charité. Il faut pour cela nous faire une âme de pauvre, nous reconnaître pécheurs, comme l’enseigne  Péguy sous le porche de ce mystère qui étonne le monde : 

    « On se demande : mais comment ça se fait 

    Que cette fontaine Espérance éternellement coule, 

    Éternellement jeune, fraîche, vive … 

    Bonnes gens, dit Dieu, ça n’est pas malin… 

    Si c’était avec de l’eau pure, 

    Qu’elle voulait faire des sources pures, 

    Jamais elle n’en trouverait assez 

    Dans toute ma création. 

    Mais c’est justement avec les eaux mauvaises 

    Qu’elle fait ses sources d’eau pure. 

    Et c’est aussi pour cela qu’elle n’en manque jamais. 

    Mais c’est aussi pour cela qu’elle est l’Espérance … 

    Et c’est le plus beau secret qu’il y ait 

    Dans le jardin du monde. » 

     

    « Être responsable, c’est répondre de soi devant Dieu et devant les autres. Mais ne peut répondre que celui qui ne doute pas de son identité chrétienne, celui qui se considère membre d’une Église de la réponse et pas seulement de la question. Être responsable suppose le courage de la foi.  

    Être responsable, c’est accepter toutes les conséquences de ses propres actes : assumer des choix réfléchis mais discutables, endosser les bavures inévitables de toute action, souffrir les incompréhensions et le jugement arbitraire des autres. » 

     

    « Quel art que de faire apparaître les différences, voire les divergences non comme des barrières infranchissables, mais comme des destins complémentaires au service du bien commun ! Hélas nous ne savons même pas nous entendre, tout bonnement au sens acoustique du mot : chacun demeure emmuré dans ses préjugés, ses opinions, et l’interlocuteur est déjà étiqueté, classé avant même qu’il ne parle. » 

     

    « Pour bâtir une cité terrestre, la foi ne peut offrir ni maquette ni programme, mais simplement passer au crible de la Parole de Dieu toute entreprise humaine, d’une parole qu’aucun groupe ne peut confisquer contre un autre. » 

     

    « Nous devons avoir le courage d’accepter « l’aujourd’hui de dieu » dans une « dynamique du provisoire », avec ses ambiguïtés et ses échecs. » 

     

    «  L’Église, qui nous lie en Esprit et, par là, nous libère, n’est pas une institution qu’on évalue au flair de l’opinion ou de l’histoire. Plus encore que par notre fidélité au Christ, elle ne subsiste que par le Christ qui lui garde une fidélité absolue. » 

     

    « Se réconcilier avec soi-même, c’est s’accepter, se supporter, se respecter, c’est avoir le goût de vivre. Alors qu’autour de nous aujourd’hui tout est fait pour nous porter à douter de nous-mêmes.  

    Il est certain que seul le regard de Dieu, quand nous le laissons se poser sur nous tendrement, peut nous permettre de garder confiance en nous-mêmes. C’est le regard qui, au lieu  de nous écraser, nous fait nous redresser de toute notre petite taille parce qu’il nous rappelle inlassablement que nous sommes créés à son image et que cette ressemblance  peut être ternie, mais jamais effacée. » 

     

    « Consentir doucement à soi-même, sans crispation, c’est reconnaître que le Seigneur fait en nous des merveilles, et c’est nous exercer à déchiffrer chez les autres leur bon coté. » 


     

     

     


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  • Extraits du livre « Éloge du bon sens »

    De Marc de Smedt

     

     « Que chaque être fasse ses propres choix, rien n’est besoins aux mêmes moments et, heureusement sommes tous différents malgré nos similitudes. Mais que ces choix conduisent à réfuter, refuser, rejeter ceux d’autrui, voilà qui ouvre la porte à tous les excès. »

     

     « Ne pas s'occuper d'écologie revient donc à scier la branche sur laquelle on se trouve assis. L'idée fait certes du chemin. Mais se soucier de l'environnement extérieur sans se préoccuper de celui qui est intérieur à nous-mêmes consiste à entretenir un beau potager devant une maison qu'on laisse sale et négligée : quelque chose cloche dans ce comportement. Au contraire, plus on s'occupe d'écologie, plus le travail sur la conscience doit être grand : on ne peut lutter contre les pollutions ambiantes sans se régénérer, sans cesse, soi-même afin d'avoir un regard clair sur les situations et proposer des solutions qui s'enracinent dans la limpidité. »

     

    « Se mettre à l’écoute du végétal, percevoir sa vibration à chaque fois particulière, nous porte à connaître un monde inouï où palpite le secret de la vie »

     

     « Bien sûr il existe d’énorme différence entre les religions. Et heureusement ! je dirais   que tous les témoignages innombrables sur le sacré vécu dans l’espace-temps se révèlent passionnants car ils nous parlent d’une même quête, transmise par des filtres divers, des expériences différentes. La querelle se fait toujours sur des mots, sur des notions et non sur l’essentiel de l’expérience mystique.

     

    Hans Küng a raison de souligner que la vraie obligation des fidèles, qu’ils soient chrétiens, musulmans ou autres, reste de servir la communauté humaine, dans le respect mutuel de leurs croyance qui doivent être vécues avec sincérité et non interprétées, légiférées, imposées. »

     

     

    « Dieu n’est pas quelqu’un d’extérieur à qui on peut reprocher la misère, le malheur et l’atrocité du monde : car chaque être humain est une parcelle de la création, donc du créateur. »

     

     

     

    « Chacun de nos regards peut être le regard de Dieu. Chaque action peut se situer dans l’axe de l’action divine. C’est à nous de réaliser le divin qui est en nous et non l’inverse. La responsabilité du monde tel qu’il se présente est d’abord de notre ressort : la lutte avec le mal est notre problème. Et le démon se révèle, lui aussi et d’abord, à l’intérieur de nous-mêmes. »

     

    «  Le problème des rites réside pas  dans le fait qu’ils existent : ils peuvent être d’excellentes portes pour accéder à d’autres niveaux de conscience. Mais une porte peut s’ouvrir ou se fermer. Ils peuvent donc aussi être des instruments d’exclusions qui font voir autrui comme un tout autre : considérer ce qui nous sépare de lui et non ce qui unit à lui. Pourquoi ne pas essayer de voir en autrui la ressemblance au lieu de la différence ? »

     

    « La prière est vraie lorsqu’elle est élévation en soi-même quels que soient le canal choisi et la spiritualité préférée, dans ses formes innombrables. »

     

    « Aujourd’hui comme hier, à chaque personne sa prière, car à chaque personne sa fragilité, son espoir, sa quête. La prière rythme alors les étapes de l’existence, des journées : elle conduit au silence de soi qui est miroir, repos, ouverture. Lieu où s’engendrent en nous les vraies grandes décisions de nos vies, lieu du retrait de ce monde et, disent tous les mystiques, de contact avec l’au-delà du  monde. »

     

    « Sans silence pas de prière

    Sans prières pas de foi

    Sans foi par d’amour

    Sans amour pas dévouement

    Sans dévouement pas d’aide

    Pour ceux qui sont dans le besoin

    (Mère Teresa)

     

    « Je crois que le dénominateur commun de toutes les religions se trouve dans le silence intérieur que leur pratiques réussissent, fugacement et intensément, à faire émerger en nous. »

     

    « Un ancien disait : « Le cœur est comme un étang. Creusez-le plus profond et l’eau devient toujours plus limpide. Jetez-y du fumier, il se pollue. » (André Louf)

     

    « Le silence est creusement de ce vide en nous, forage jusqu’à une nappe plus profonde : un espace nouveau sera libéré qui nous donnera de rejoindre la source de notre être. Cette source en nous est l’Esprit, et aussi la Parole de dieu. Nous sommes nés de cette eau et de cet Esprit, de cette eau et de cette Parole. La vie nouvelle jaillit en nous comme de l’eau, et du coup elle remplit, à plein bord, l’espace que le silence a libéré. Une fois que courant d’eau a trouvé son lit dans notre cœur, la pelle est superflue. Un vrai silence intérieur et la vraie prière rendent parfois moins nécessaire le silence extérieur des lèvres. »

     

    « Ramakrishna disait : « Vous pouvez visiter toute la terre, vous ne trouverez  nulle part la vraie religion. Elle n’existe pour vous que dans votre cœur. Celui qui ne l’a pas en soi ne la retrouvera pas non plus hors de soi. »

     

    « J’aimerai ajouter que j’a vu prier dans le monde entier. Avec les mêmes gestes, le même espoir, le même élan. Seules les formes différentes, l’esprit de prière demeure le même. Il est une composante de l’humanité. » 

     


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  • Extrait du livre « Je parlerai à ton cœur » 

    De Maurice Zundel 

     

    Maurice Zundel est un géant de la spiritualité chrétienne. Il est étonnant de constater à quel point la pensée de cet homme tellement humble continue de rayonner et de faire vivre, après sa mort. Prêtre passionné de l’Évangile, l'abbé Zundel a animé de nombreuses retraites, et celle-ci a été prêchée aux Franciscaines du Liban du 3 au 10 août 1959. 

    Qu'il soit religieux ou laïc, le lecteur est invité à une démarche d'écoute et de vérité d'où jaillira inévitablement le désir d'entrer dans « la Vie de sa vie ». 

    Le lecteur gardera en mémoire le fait que ces conférences ont été données oralement et qu'elles n'étaient pas destinées à être écrites. Ce livre, il faut l'écouter. On appréciera ainsi toute la vigueur du prédicateur, on se laissera surprendre peut-être, toucher sûrement, exhorter et déranger même par ce mystique qui nous rejoint dans le concret de la vie. 

     

    « Les chrétiens en sont restés à la religion de groupe, à la religion sociale, à la religion qui s’impose dans une région, qui s’impose à une collectivité. Ils connaissent si peu cette religion dont la source est en nous, ils connaissent si peu cette religion qui est un dialogue d’amour, et qui permet à chacun, « à chacun » de choisir un Dieu qu’il découvre au plus intime de soi et qui est justement Celui qui est la clef de sa liberté. » 

     

    « Le jour où on découvrira cette religion personnelle, cette religion intérieure, le jour où on comprendra que ce n’est pas le Groupe, ce n’est pas la Loi qui doit imposer ce mariage d’amour avec Dieu, le jour où on l’aura compris, bien des choses changeront et peut être la guerre civile aura trouvé enfin sa suprême guérison. » 

     

    «Jésus nous a introduits dans un autre univers et Il nous a appris que le véritable univers de Dieu est au- dedans de nous. C'est pourquoi Il dit Lui-même : « Le Royaume de Dieu ne vient pas de manière à attirer l'attention des guetteurs. On ne pourra pas dire : il est ici ou là, car le Royaume de Dieu est au-dedans de vous. » 

     

    « Dieu, c'est Celui qui n'impose pas son Amour, c'est Celui qui le propose et qui préfère mourir plutôt que de faire violence à une conscience dont le choix doit être absolument spontané, personnel et libre. » 

     

    « Nous voulons donc écouter cet appel du Dieu Silencieux, du Dieu Crucifié, du Dieu Victime de la violence humaine et nous voulons, avec la Madeleine, nous agenouiller aux pieds du Seigneur pour apprendre de Lui qui nous sommes, que signifie cette puissance de liberté et de choix en nous, et que nous découvrions précisément que cette puissance ne peut avoir de sens que parce que vient à nous un Dieu qui nous laisse libres, un Dieu qui ne s'impose pas, un Dieu qui nous attend, un Dieu qui nous prévient de son Amour - mais que nous ne pouvons joindre qu'en Lui donnant le nôtre. » 

     

    « Jésus Christ est un Amour qui vient à pas de colombe, c’est un Amour qui vient comme un secret silencieux, c’est un Amour qui  nous attend chacun, et que chacun de nous est appelé à se donner librement. » 

     

    «  Le cri de la femme pauvre que je répète si souvent, qui disait : « La grande douleur des pauvres, c’est que personne n’a besoin de leur amitié », traduisait de la façon la plus pathétique Ce refus d'être traité simplement comme quelqu'un qui a besoin de manger : « On vient chez nous, d'ailleurs pas pour nous, car les riches qui nous aident le font simplement pour aller sans remords à leurs plaisirs. Ils nous jettent une miette avant d'aller dépenser une fortune pour leurs plaisirs, pour que leurs plaisirs ne soient pas empoisonnés par l'idée qu'ils nous ont laissé crever ! Mais personne ne vient chez nous avec le sentiment que chez nous ils pourraient trouver une maison, ils pourraient rencontrer une amitié. Pour tous ces riches, nous n'avons pas d'âme, nous n'existons pas, nous sommes simplement un organisme affamé, gênant, qu'il faut bien entretenir pour n'avoir pas le remords d'un crime commis. Mais personne ne nous aime, personne ne s'arrête chez nous avec le sentiment que nous aussi nous aurions quelque chose à donner. » 

     

     

    « Il y a donc dans l'homme une revendication d'honneur et de dignité qui est, d'ailleurs, une des plus belles choses en l'homme, cette revendication qui s'exprime magnifiquement dans ce mot de Jean Guéhenno, un écrivain révolutionnaire : « Qu'importe qu'on nous donne le bonheur, si l'on nous refuse la dignité ! » L'homme a besoin d'être honoré, il a besoin qu'on croie à la valeur de sa vie, il a besoin de valoir, de valoir aux yeux des autres et à ses propres yeux, parce qu'au fond de chaque homme il y a un secret, un secret unique, un secret inépuisable, un secret divin, ce secret justement qui est inscrit sur la pierre blanche que Jésus donne à ceux qui entrent dans son intimité. » 

     

    « Il est donc essentiel que l’on redécouvre une religion personnelle, une religion où chacun puisse jeter la plénitude de sa vie, tous ses rêves, tout son génie, tous ces enthousiasmes, tous ses amours, tout son talent, s’il en a, enfin tout ce qui constitue pour lui le sens même de son existence, tout ce qui réponde à ce qu’il a en lui d’unique. » 

     

    « Il est donc absolument nécessaire que vous ayez une religion personnelle, une religion qui réponde à ce que vous êtes vous, vous dans votre unicité. Vous n’êtes pas interchangeables. Vous avez chacune un visage qui ne peut pas être reproduit. Vous avez chacune reçu de Dieu quelque chose qu’il n’a donné qu’à vous. Vous êtes reliée à Dieu par un secret unique et vous seule pouvez faire rayonner ce secret unique qui n’a été confié qu’à vous seule. » 

     

    « Dieu nous regarde chacun comme si nous étions le fils unique, parce qu’il y a entre Lui et nous, c’est là le secret de notre création, une confidence qui constitue justement notre personnalité. » 

     

    Et c’est bien parce chacun de nous est unique que chacun de nous doit avoir, ou plutôt doit devenir, une religion personnelle. » 

    « L’essentiel en effet, est que chacun de vous trouve sa source et soit capable, chaque jour, de découvrir un aspect encore inconnu de son secret intérieur. Car, si ça ne bouge pas, si c’est du « déjà vu », ça nous ennuiera. » 

     

    « Eh bien, il est absolument nécessaire que vous ayez ce sentiment de commencement, que vous ne confondiez pas la religion avec votre chapelet, avec votre chemin de croix, avec votre participation à la messe, toutes choses encore une fois infiniment sacrées, qu'il s'agit d'accomplir, bien entendu. Mais cela ne suffit pas, parce qu'il y a en vous quelque chose qui est unique et qui doit s'exprimer d'une manière personnelle, pour que toutes vos puissances d'exister soient comblées, soient révélées, et soient accomplies au niveau du cœur de Dieu. C'est donc à chacune de vous de voir ce qui fait battre son cœur, ce qui l'émerveille, ce qui l'émeut, ce qui l'enthousiasme, ce qui est pour elle l'aliment le plus spontané de son admiration et de son amour. » 

     

    « Il savait mieux que personne, Notre Seigneur, que la religion et un secret personnel et que chacun doit le découvrir en écoutant au fond de lui-même cette musique silencieuse qui est le Dieu vivant. » 

     

    « Il y a dans tout être humain, comme une possibilité, tout au moins, ce monde infini devant lequel Jésus est à genoux au lavements des pieds. 

    Mais il est impossible d’atteindre un être humain, de l’atteindre vraiment, dans sa vérité et dans ses profondeurs, si on ne respecte pas en lui ce secret. » 

     

    « Il faut prendre les gens là où ils sont pour les conduire là où ils sont appelés. C’est une question d’adaptation : il faut savoir à quel niveau les gens se trouvent et quel est le langage auquel ils sont ouverts. Et c’est cette pédagogie que nous voyons appliquée dans l’Écriture Sainte. » 

     

    « J'ai rencontré pas mal de gens instruits, pas mal de gens persuadés de leur génie, pas mal de gens qui savaient parler comme les livres, et qui en écrivaient. Ça ne m'a jamais beaucoup touché. Ce qui m'a touché, c'est toujours l'humilité de bonnes femmes très ordinaires, qui ne se regardaient pas, qui disaient des choses merveilleuses sans le savoir, parce que, justement, la Lumière de Dieu traversait leur transparence. 

    Et c'est toujours ainsi. C'est infailliblement vrai : on n'agit que dans la mesure où on ne se regarde pas, où on ne s'écoute pas, où on laisse passer à travers soi cette Présence qui ne fait pas de bruit, cette Présence qui nous délivre de nous-mêmes, cette Présence qui ouvre en nous l'espace de générosité où notre liberté peut enfin s'accomplir. Et, si la signature de Dieu est toujours celle de l'humilité et du don de soi, c'est évidemment que Dieu Lui-même est humilité et don de soi. » 

     

    « Dieu n'est pas un pouvoir crispé sur Lui-même qui se défend, qui nous écarte, qui nous interdit d'approcher de Lui, et qui se venge par les pires châtiments de tout essai d'usurper ses droits. Dieu, justement, est Celui qui n'a rien, qui ne peut rien avoir, qui ne peut rien posséder, parce que la vie en Lui est toute personnifiée, elle est toute personnelle, et qu'une Personne c'est justement un être qui est tout entier un DON. » 

     

    « Nous, nous pouvons posséder, nous pouvons revenir à nous-mêmes, nous pouvons nous lécher les lèvres des bonnes œuvres que nous avons accomplies, nous pouvons nous féliciter, nous pouvons nous admirer, nous pouvons nous regarder dans le miroir de notre propre perfection ! Et alors, nous perdons tout ce que nous avons acquis : nous perdons la musique, nous perdons la vérité, nous perdons l'amour dans la mesure où nous voulons les mettre dans notre poche. » 

     

    « Dieu est Trinité, Il ne peut pas être autrement parce que Dieu ne peut pas être un Dieu solitaire et qui tourne autour de soi-même. Il a l'Autre dans Son Cœur. Il est l'Autre au cœur de Son Cœur et, pour exercer la plénitude de l'Amour, II n'a qu'à exister, parce qu'exister, pour Lui, c'est se donner ; exister, pour Lui, c'est se communiquer ; exister, pour lui, c'est se dépouiller. Il a tout perdu éternellement et, s'il ne peut rien perdre, ce n'est pas parce qu'il possède tout et qu'il défend Sa Propriété avec un glaive de feu, c'est parce qu'il a tout perdu éternellement, comme Celui dont le Moi est un Autre : « Je est un Autre ». 

     

    « Dieu c’est Celui que l’on attend, ou plutôt Celui qui nous attend au plus intime de nous-mêmes. Il est toujours là, c’est nous qui n’y sommes pas. Mais quand notre cœur s’ouvre, alors quel bonheur, quelle lumière, quel espace, quelle jubilation ! » 

     

    « L’amitié est un geste gratuit, que le courant doit naître spontanément et que, quand il ne passe plus, c’est inutile d’alerter toutes les influences inimaginables. C’est une histoire à deux, et on n’y peut rien quand l’un des deux se retire. » 

     

    « L’amour est une histoire à deux. L’amitié est une histoire à deux. L’enfance est une histoire à deux. Le cadeau est une histoire à deux qui symbolise, précisément, l’amour. » 

     

    « Le mal c’est l’absence opposée quelque part à l’élan de l’Amour. » 

     

    « Dieu n’est jamais à l’origine du mal. Il est toujours la victime du mal. » 

     

    « Rien n’est plus fragile qu'un sourire, c'est vrai ! Et pourtant, rien n'est plus puissant qu'un sourire parce que c'est ce sourire qui anime toute la maison, c'est ce sourire qui crée la vie, c'est ce sourire qui dissipe le chagrin, c'est ce sourire qui ferait renaître l'espérance ; et c'est l'absence de ce sourire qui éteint la vie et qui fait de la maison une prison où chacun se sent asphyxié. 

    Eh bien, la Création, c'est le sourire, le sourire de Dieu, qui suscite l'être et la vie, qui fait naître l'harmonie et la beauté, qui fait circuler la joie et le bonheur, à condition que nous répondions à ce sourire par le nôtre, car un sourire s'éteint dès qu'il ne trouve pas la réponse qui le fait circuler. » 

    « Si Dieu  pouvait intervenir, nul doute qu'Il interviendrait ou plutôt Il intervient toujours, Il intervient toujours comme Il est, Il intervient toujours comme l'Amour, Il intervient toujours par le don de Lui-même, Il intervient toujours par Sa Présence, mais Sa Présence ne peut pas forcer la nôtre. » 

     

    « S’il faut guérir le mal, c'est parce que le mal est, dans toute créature, une blessure faite à Dieu. Ce n'est pas Dieu qui a voulu ce monde, ce monde de larmes et de sang. Ce n'est pas Dieu. Dieu ne veut pas ce monde-là. Ce n'est pas son monde, ce n'est pas le monde qu'il a créé. Le monde qu'il crée, c'est ce monde du sourire, ce monde de l'amitié où la réciprocité est indispensable, c'est ce monde du cadeau, où la véritable dimension de l'objet offert, c'est l’amitié qui le donne et l'amitié qui le reçoit, en sorte que le cadeau n'est plus une chose mais une personne. On le garde en percevant à travers lui cette dimension d'amour, qui en fait une présence et une personne. » 

     

    « Dans l'ordre de la force physique, il y a une possibilité d'écrasement, parce que c'est une force extérieure, étrangère à l'esprit ; dans l'ordre de l'esprit, dans l'ordre de la vérité, dans l'ordre de l'art et de l'amour, la contrainte est impossible, la vérité ne se vengera pas contre nous si nous ne l'écoutons pas, la musique ne nous attaquera pas si nous sommes distraits pendant son exécution, et l'amour n'aura d'autre ressource que de mourir, comme il le fait toujours lorsqu'il se heurte à un refus d'aimer. 

    C'est dire que la puissance de la brute est en raison inverse de la puissance de l'esprit. L'esprit ne peut jamais contraindre, et la brute, au contraire, est toujours tentée de s'imposer par la violence. Et c'est le signe de la grandeur de l'esprit qu'il ne peut pas forcer, qu'il ne peut pas écraser, qu'il ne peut pas contraindre, parce que son ordre c'est l'ordre de la générosité et de l'amour. 

    Et c’est pourquoi Dieu, parce qu’Il est au sommet de la vérité, parce qu’Il est la Vérité même, parce qu’Il est la musique silencieuse, parce qu’Il est l’amour infini, Dieu ne peut jamais contraindre, Il ne peut jamais forcer, Il ne peut que se proposer toujours sans s’imposer jamais. » 

     

    « Dieu nous tiendra toujours dans l’existence par Son Amour quoi, que nous fassions. Même si éternellement, nous refusons de l’aimer, éternellement Il s’acharnera à nous aimer. » 

     

    « La Vérité ne s’impose jamais en se proposant toujours, et il suffit d’être distrait pour passer à côté d’elle. » 

     

     

    « L’homme le plus doué, le plus puissant, dès qu’il cesse d’aller vers un autre, immédiatement devient stérile, parce que tout ce qu’il a, tous ses dons, tous ses talents, ne font plus que graviter dans ce moi animal, qui est un moi esclave. »

     

    « En l’homme, la personnalité, qui est cette lumière centrale, infiniment plus rayonnante que l’intelligence conçue simplement comme une raison – car ce n’est pas par la raison que l’on comprend, c’est par ce fond, ce fond lumineux si on l’est devenu – la raison si elle n’est pas libérée, si elle n’est pas éclairée par ce mouvement de fond, elle-même trébuche, elle se trompe, elle devient l’avocate des plus mauvaises causes. »

     

    « Dans l’homme ce qu’il y a  de plus précieux est constitué par une relation. Cette relation qui fait qu’un homme n’est plus clôturé, enfermé en lui-même, mais que toute sa vie est un mouvement vers un autre, et finalement vers l’Autre majuscule, qui est le Dieu vivant. »

     

    « Le chrétien ne croit pas en des mots. Le chrétien adhère à Quelqu’un. La vérité du Christianisme, ce n’est pas ce que nous lisons noir sur blanc dans l’évangile, qui est lui-même un sacrement – l’Evangile, comme la Bible et plus que la Bible est un Sacrement – nous adhérons à Quelqu’un : le Dogme est Quelqu’un. Nous sommes toujours mis en face de la Présence et de la Personne de Notre Seigneur. »

    « Jésus est si proche de nous, justement, parce qu'il est à la fois l'un de nous et qu'en même temps Il est UN de la Trinité, comme disaient les Conciles, et qu'en Lui se fait la jonction, se fait le passage, non pas que Dieu ait jamais été absent, qu'il ait jamais eu besoin de venir jusqu'à nous, mais c'est nous qui ne pouvions pas décoller de nous-mêmes et qui avions besoin de ce ferment de Pauvreté qu'est l'Humanité Sainte de Notre Seigneur qui nous arrache peu à peu à nous-mêmes, qui nous attire, qui nous aimante et qui, en Elle-même, nous fait communier à la vie Eternelle. » 

     

    « Qu'est-ce qui nous empêche de communiquer les uns avec les autres ? Ce sont nos frontières. Chacun de nous se renferme dans son moi propriétaire, dans son moi animal, dans son moi instinctif, dans son moi zéro. Chacun dresse la barrière de son amour-propre et devient par là même étranger aux autres, étranger à ceux de sa maison, étranger à ceux de son peuple, étranger aux autres peuples, aux autres races, aux autres classes, aux autres temps. Ce sont ces frontières qui nous empêchent de communiquer les uns avec les autres. 

    Mais Jésus n'a pas de frontières, parce qu'il n'a pas de moi propriétaire, parce qu'il n'est pas centré sur sa propre humanité ou plutôt parce que celle-ci n'est pas centrée sur elle-même. Parce qu'il est incapable de rien s'approprier, Il est incapable aussi de rien exclure. Son Humanité est ouverte, ouverte infiniment sur l'homme, comme elle est ouverte infiniment sur Dieu. » 

     

    « Jamais les hommes n’ont été plus près par les moyens de communication techniques, qui font qu’une onde électromagnétique nous relie en une seconde à tous les points de la terre. Jamais ils n’ont été plus séparés parce que, s’ils font partie de la même espèce, ils ne font pas partie de la même communion ! »

     

    « Il est clair que ce qui distingue les hommes, ce qui les met tout à fait à part, c’est qu’il y a en chacun une possibilité d’autre chose, c’est que dans chacun de nous il y a une qualité humaine qui peut se développer, une liberté humaine qui peut s’exprimer, une création humaine qui veut s’accomplir, une valeur humaine qui peut se thésauriser, qui peut s’accumuler au plus profond de nous-mêmes et devenir un bien commun. »

     

    « Il y aurait en nous comme un foyer émetteur d’ondes qui environnent les autres. D’ailleurs le langage courant parle très justement « d’atmosphère ». Chacun de nous crée une atmosphère par sa présence et le mot est parfaitement juste. »

     

     

    « Mais il est évident que l’action divine, qui est l’action d’une intimité, qui est l’action d’un sourire, qui est l’action d’un amour, dynamise, met en mouvement d’abord les énergies spirituelles, met en mouvement d’abord la fine pointe de l’âme, puis s’étend à l’imagination, puis descend dans une sensibilité,  c'est-à-dire peu à peu ordonne tous ses rythmes et, finalement gagne les rythmes de l’univers eux-mêmes qui est, quelque sorte, notre corps. »

    « Après tout, l’essentiel, c’est que nous ne soyons pas esclaves des réalités matérielles au point d’avoir à nous en préoccuper et que nous puissions nous ouvrir à cet Amour qui ordonne toutes choses, qui unifie, qui pacifie, qui ordonne tous les rythmes du monde et de l’humanité elle-même, et qui peut faire de nous, si nous écoutons bien, une « musique silencieuse. » 

     

    « Dieu ne  peut rien que s’offrir éternellement, sans s’imposer jamais. S’Il nous attire, s’Il nous appelle, s’Il nous prévient, s’Il nous aimante, nous avons toujours le pouvoir de dire non. Et l’Eucharistie, c’est cette exigence d’un « OUI » totale d’un Oui si ouvert, si universel, qu’il embrasse le monde entier. » 

     

    « Effectivement, Jésus veut toujours se communiquer à nous. Il est toujours en nous, mais Il ne peut pas se communiquer à nous sans nous, et venir au pied de la Croix, dans le mystère de l’Autel, c’est répondre au grand désir que Jésus Christ a de nous recevoir pour nous avoir pour membres en lesquels Il soit vivant pour Son Père. » 

     

    « La Communion n’est jamais un acte privé, c’est toujours un acte public qui concerne toute l’humanité et tout l’Univers. On ne va pas communier pour soi, on va communier avec les autres et pour les autres. On va communier pour faire de toute l’Humanité un seul Corps qui sera autorisé, qui sera fondé à invoquer son Chef qui est Jésus. » 

     

    « Il n’importe donc pas de faire ceci ou cela, d’avoir un rôle important ou secondaire. Rien n’a d’importance que la personne. Rien n’a d’importance que l’amour. » 

     

    « Être libre, ce n'est pas choisir entre une chose et une autre chose, entre une botte de foin et une botte d'asperges. Etre libre, c'est pouvoir décoller de soi et faire de tout soi-même un don et c'est cela le bien, et il n'y en a pas d'autre. Le Bien et  Liberté s'identifient dans leur racine, puisque le bien et la Liberté consistent l'un et l'autre, et identiquement, en ce surgissement. D’une  personne qui est tout entière un élan vers un autre. » 

     

    « Le bien, c’est Quelqu’un à aimer et non pas quelque chose à faire davantage : on ne peut pas le faire, il faut le devenir puisque le bien c’est nous, c’est nous-mêmes en état de don. Et c’est là une découverte magnifique, parce que c’est là que notre liberté obtient la révélation d’elle-même. 

     

    « C’est nous que Dieu cherche, et non pas nos dons. Il ne faut donc pas avoir la superstition des œuvres, la superstition du rôle que nous pouvons jouer. Tout cela littéralement n’existe pas. Il suffit d’exister réellement, il suffit d’aimer et tout est accompli. » 

     

    « Jésus est là sur le rivage, il est là. Il nous attend… Dés que nous nous tournons vers Lui, dans le désarroi, dans l’impuissance à réaliser la tâche qu’Il nous a confiée, Il est là, il attend, car Jésus c’est son Nom, c’est sa Mission, car Jésus est le Sauveur. » 

     

    « Il faut garder dans toute sa pureté cette vision de l'Église qui est un mystère de foi, à l'égal du mystère de la Trinité, à l'égal du mystère de l'Incarnation  le même mystère, car la Trinité divine se communique à nous par Jésus, dans l'Église. C'est le même acte de foi qui s'adresse à l'Église, ou plutôt à Dieu, par Jésus dans l'Église. C'est le même acte de foi. » 

     

    « L'Église est de part en part, à tous les degrés, dans toutes ses manifestations, rigoureusement, exclusivement, uniquement ce mystère de foi en lequel Jésus s'exprime et se communique. » 

     

    « Il est inutile de mettre les gens en face de leur déchéance, il faut les mettre en face de leurs possibilités créatrices. Pour un éducateur, une faute c’est un pain béni ! » 

     

     

     


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  • Extrait du livre : « Little Something »  le petit sentiment de rien du tout qui voulait devenir un grand amour qui ne finit jamais. »

    De François Garagnon

     

    Résumé : Little Something est un authentique élan d’amour. Contrairement à ceux de son espèce qui cherche leur accomplissement dans l’instant, lui ressent un appel qui le destine à associer l’intensité et la durée et à convertir les rapports de force en liens d’alliance. Alors qu’il n’est encore qu’un sentiment de rien du tout, il rêve de devenir une grande histoire d’amour. Et il y pressent que pour y parvenir, il lui faut  nécessairement se transformer.

    Sous des allures de conte métaphorique, ce récit vibrant et enchanteur constitue un véritable traité de souveraineté intérieure, qui explore en des termes d’une exquise délicatesse et d’une rare poésie, les fondamentaux de l’amour durable et du bonheur qui n’a pas de fin.

     

    « Il était pourtant issu d’une très noble lignée. C’était un authentique Élan d’Amour. Lorsqu’il surgissait quelque part, il lui arrivait de susciter quelques mouvements de méfiance, ou des émois incontrôlables mais le plus souvent il était accueilli avec une vitalité joyeuse et dans la bienheureuse impatience de vivre. »

    « Il rêvait donc de devenir un grand Amour durable, véritablement unique et irremplaçable, ce qui, pour les autres élans d’amour, constituait une assez bizarre pensée, eux qui n’aimaient rien tant que renouveler des expériences le plus souvent possible. Little Something n’avait pas la moindre idée de la manière dont il fallait s’y prendre, pour atteindre son grand but, mais il croyait aux miracles. »

    « Il décida donc, de s’aventurer dans les mondes intérieurs, au lieu-dit Cœur des Hommes, qui était un endroit curieux parce que les gens habitent généralement en périphérie d’eux-mêmes, et rarement en plein centre. »

    «  Le Grand rêve parle : Les hommes rêvent beaucoup, bien sûr, mais pour eux, le rêve et la réalité ne sont pas faits pour vivre ensemble. Par conséquent, je ne vivrai jamais avec la réalité, alors que c’est mon idéal de toujours, comprends-tu ? Donc ma vie ne sert à rien, je ressemble à une idée folle, à l’une de ces compensations que les hommes s’inventent quand la vie leur est trop difficile. C’est tout. »

     

    « Il te faut sans cesse exercer ton regard à discerner l'essentiel. Et l'essentiel contrarie parfois bien des évidences. Ainsi, on pense que la réalité est telle qu'elle est ; alors qu'en fait, elle est telle qu'on la perçoit. Notre vie n'est pas modelée par ce qui nous arrive, mais par ce que nous faisons avec ce qui nous arrive. Par exemple, l'échec n'est rien en lui-même ; tout dépend de la manière dont nous le convertissons, dans l'alchimie de nos cœurs : en potion survitaminée ou en poison mortel. L'échec peut être une chute fatale pour certains et un formidable tremplin pour d'autres. Notre regard transfigure toutes choses en forme dégradée ou en forme sublimée. Il faudrait apprendre à délocaliser notre esprit. À ne pas être conditionné outre-mesure par un contexte précis. Ouvrir son esprit sur quelque chose d’illimité. »

    « C’est ce que tu es, Grand rêve perdu : un sommet vertigineux et magnifique ! Simplement, pour te rejoindre, il faut du courage, de l’audace et de la persévérance. Tu en vaux la peine, crois-moi, mais cela demande du temps, parfois beaucoup de temps. Par conséquent, il faut y croire, beaucoup y croire. »

    « Je me demande si le grand mystère de la vie, ce n’est pas cela : aller à la rencontre  des évènements et des êtres qui nous ressemblent. Il me semble que l’on éprouve une soif de cœur, on rencontre toujours des frères sur le chemin pour nous restaurer en cours de route. (Little Something)

     

    « L’amour est vraiment fou quand il nourrit des certitudes sans preuve, quand il se projette dans l'avenir comme une cascade se projette dans le vide, non pas dans un élan inconscient mais dans une surabondance d'amour ! Oui, l'amour est vraiment fou quand il cherche à associer l'intensité et la durée, le frémissement de la seconde à la grande palpitation de l'éternité. Lorsque comme toi, Little Something, il mise sur une toute petite graine, un petit sentiment de rien du tout, pour faire jaillir toutes les floraisons de l’avenir ! »

     

    « Il venait de saisir que la constance de petites bonnes actions de tous les jours vaut mieux que la grande action d'un jour. En quelque sorte : l'héroïsme de la fidélité au quotidien ! La vie intérieure lui avait souvent paru plus palpitante que les agitations extérieures. C'est pourquoi, il avait toujours éprouvé de secrètes affinités avec les contemplatifs. Il voulait accéder à cette noblesse de cœur, à cette maîtrise de soi, à cet accomplissement-là. Il venait de comprendre que ce que nous pouvons faire est beaucoup plus important que ce que nous ne pouvons pas faire. Il se montrait plus que jamais résolu à devenir une grande histoire d'amour qui n'en finit pas. »

     

    « Les rencontres sont toujours des miracles. C'est-à-dire ce genre de circonstances capable de bouleverser un destin en un soupir, entre deux clignements d’yeux, dans le trébuchement d’un regard qui fait que, badaboum, on tombe amoureux. Même les rencontres apparemment futiles ou désagréables contiennent de savantes leçons de vie. On l’oublie trop souvent : même si toute rencontre n’est pas une histoire d’amour, tout, dans la vie, est rencontre.

    Comme  tout élan d’amour qui se respecte, Little Something accordait une importance capitale aux rencontres ; il avait naturellement entendu parler des âmes sœurs, vous savez : ces personnes qui ont les plus infimes chances de se rencontrer alors qu’elles sont faites l’une pour l’autre. Il savait que la principale vocation des élans d’amour est de se mettre de mèche avec une flamme pour créer un courant d’étincelles. »

     

    « Si tu penses très fort à un être qui est loin, si tu lui envoies quelque chose qui ressemble à une prière, ton message ne lui parviendra peut-être pas exactement, mais ton mouvement de cœur, si. C’est le destin d’un sourire de connivence de changer la qualité de la lumière et de faire que ce qui est très loin apparaît soudain très proche. »

    « Les hommes entretiennent avec le temps une relation complexe et tourmentée. La raison principale en est qu’ils ne savent jamais sur le moment si ce qu’ils sont en train de vivre a de l’importance ou non. Et puis, ils subissent tous plus ou moins la morsure d’un terrible serpent qui instille son venin dans leur esprit et dans leur cœur.  En réalité, les hommes passent le plus clair de leur temps à s’empoissonner l’existence ! Le poison mortel dont je parle fait mourir en germe leurs plus belles chances  d’accomplissement ! Ce venin s’appelle l’impatience …. La vie obéit à des lois de lenteur et de  continuité, de rythmes, de maturations et de saisons successives. Il suffit de voir la nature pour comprendre. La nature obéit aux lois de la nature. Mais l’homme ne veut pas obéir aux lois de sa nature. Il refuse d’attendre, il désire tout, tout de suite. D’où sa déconvenue, spécialement dans le domaine de l’amour qui exige tant de délicatesse, de patience, et le respect de si lentes éclosions ! »

    « Les hommes passent leur temps à jouer à cache-cache avec les idées ! Je veux dire qu'ils font semblant de ne pas savoir ce qu'ils savent déjà. Ou bien, ils se détournent de claires évidences. Ils savent ce qui est bon pour eux, mais ils s'empressent bien de ne pas le faire ! En réalité, le monde est sempiternellement parcouru de frémissements d'idées. Et c'est ce qui rend la vie si palpitante ! On est des idées en l'air, et on n'existe vraiment que lorsque l'on capte l'attention de quelqu'un et que l'on atterrit dans une conscience en éveil ! Notre métier, c'est d'inspirer l'esprit des hommes. Après, ils en font ce qu'ils veulent : des rêves, des projets, des inventions, des textes de lois ou des poèmes, des révolutions ou des histoires d’amour. »

     

    « Les idées, ça plane au-dessus de tout le monde, dans le monde entier. Et l'amour aussi. Le problème, c'est que les gens ne s'attardent pas et passent en dessous sans s'en  apercevoir.  Comme  s'ils  voulaient passer inaperçus et ne surtout pas avoir d’histoire. »

    « Il te faut apprendre à me retrouver, moi ton ami le Sourire, quand ma présence ne te paraît absolument pas en rapport avec ce que tu vis. Il faut que ma présence te devienne familière et naturelle et que tu ne me renies jamais, même durant les jours de peine. »

     

    « Il rencontra un Regard, à la fois séduisant, un rien insistant et terriblement troublant. Ca doit être cela, l’amour, se dit-il. L’amour, c’est le regard qui est le miroir de l’âme. C’est l’attention qui crée la tension intérieure, c’est la caresse qui se produit sans toucher, la communication qui se produit sans parole, la saveur qui se goûte par le bout des cils. Tout l’infini du ciel par la lucarne des yeux. »

     

    « Il rencontra une main ouverte  qui l’intrigua beaucoup, et il se rendit compte de ceci : quand une main se ferme, elle forme un poing et exprime le repli sur soi, la haine, la violence la révolte. Quand une main s'ouvre, elle traduit tout le contraire : le salut amical, le geste qui relie ou console, la caresse qui apaise ou attendrit. Surtout, elle est le premier et plus beau moment de l'amour quand une main serre une autre main, alors on sent que par ce lien, quelque chose passe d'un être à l'autre comme un courant électrique. À ce moment précis, la lumière se fait chez l’un et chez l’autre : ils s’illuminent mutuellement, la vie de l’un devient lumineuse grâce à l’éclairage de l’autre. »

     

    « A la faveur de ces rencontres, il s’était aperçu que les signes de l’invisible sont parfois plus édifiants et décisifs que les réalités clairement manifestées. »

     

    « N’oublie pas le cadencement des jours et ses rituels précieux, la juste mesure entre le ni trop peu, et la recherche de l’ultime harmonie, c'est-à-dire le lien d’alliance avec tout ce qui t’entoure. Alors, tu seras comme un printemps chargé de sève, tu deviendras un Little Something en fleurs, et ta vie donnera beaucoup de fruits. »

     

    « Il faut parfois mourir à soi-même pour faire apparaître l’homme nouveau. Je veux dire l’homme régénéré, purifié, délivré de ses démons, et auquel est promise la vraie vie. Avec ses rudesses, ses exigences permanentes, mais aussi ses inoubliables joies ! »

     

    « Le véritable amour repose sur un élan bien différent de « Avoir des relations », cela consiste à « Etre en relation »

    Chercher à avoir, c’est vouloir s’emparer, accaparer, entrer non  pas en relation mais en possession. C’est être soi-même possédé par des inclinations furtives, se laisser aller au courant de ses émotions passagères plutôt que de remonter résolument  à la source pure de son être profond.

    Chercher à être, voilà qui est bien différent. Cela consiste à laisser agir en soi, et au lieu de se perdre, à se laisser gagner par les forces supérieures de l’Esprit. »

     

    «Le temps est un grand sculpteur. Il révèle la forme définitive des relations et des évènements. Certains retombent en poussière, d’autres deviennent des œuvres d’arts. Cela dépend aussi de notre talent. »

     

    « Nul ne devrait être en droit de déranger l'être aimé pour l'accabler de ses soucis, pour le faire entrer dans la valse sans fin des récriminations, des culpabilité et des culpabilisations successives. On ne devrait partir à l'assaut de l'être aimé que pour le fatiguer d'espérance ;  inapaisée, le harceler de projets et de rêves ! Qui ne lui laissent pas l'âme en repos, le gorger de bonheurs inattendus, d'enthousiasme inopiné, du soleil radieux des fous rires et de l'amour fou ! Le cœur battant la chamade, au point de créer sans fin des rêves de jour et des insomnies de joie. »

     

    « Tu me demandais à l'instant à quoi on reconnaît le véritable amour : eh bien, c'est peut-être quand la présence de l'autre emplit tout le ciel de notre regard, et que l'on ne voit plus que lui. Au point de percevoir le monde par le prisme de ses yeux. Et de prendre soudain conscience à quel point sa présence est pour nous d'une folle valeur, d’une valeur proprement inestimable ! C’est ainsi que certaines personnes sont si chères à notre cœur qu'elles en deviennent hors de prix ! »

     

    « Aimer c’est vouloir que le bien coule de source. Comme une source pure. » 

    « L’amour est toujours un grand large qui nous permet de quitter le port de nos étroitesses. »

    « La plénitude naît à l’ instant où l’œil et l’âme s’accorde à percevoir la même chose »

    « Ce qui rend les choses, les gens et les paysages exceptionnelles et inoubliables, c’est le regard d’attention contemplative que l’on pose sur eux. »

    « Le regard c’est la conscience, c’est le pouvoir de contempler, c’est la faculté d’aimer : Il faudrait les ramener à la faveur originelle ! qui est l’enthousiasme, l’étonnement et l’élan des premières fois. C’est l’enfance spirituelle. »

    « Réinvente sans cesse ta vie, tes relations. Sois fidèle, mais ne t’habitue jamais ! Il faut faire en sorte que chaque jour s’ouvre sur de nouveaux émerveillements. Le grand art c’est de fabriquer de l’extraordinaire avec de l’ordinaire. »

     

    « On ne connait bien que ce que l’on expérimente vraiment. Les plus belles vérités du monde, si elles ne sont pas incarnées, restent lettres mortes. »

     

    PARDON : Geste de pardon … Parce qu’il y a toujours des choses à restaurer dans une relation.

    MERCI : mouvement de gratitude  et toujours des bénédictions à recevoir.

    JE T’AIME : élan d’amour, et beaucoup d’amour à donner. Toujours plus qu’on ne croit. »

     

    « Oui Little Something, tu es le je-ne-sais-quoi qui parfume l’atmosphère, le petit quelque chose en plus qui fait que la vie pétille et que l'on tient à elle quoi qu'il advienne. Et sous ton influence, sur ton invitation à rafraîchir notre regard sur les choses essentielles de l'existence, on sent que rien ne sera jamais plus comme avant. En rassemblant tous les petits riens que les hommes, généralement, piétinent sans s'en rendre compte et que tu recueilles humblement, inlassablement, indéfiniment, dont tu prends soin, que tu cherches à faire ! S’épanouir et prospérer... oui, en faisant la somme de tous ces petits riens, on aboutit au grand Tout. »

    « Ce qui a de l'importance est insaisissable, on ne peut ni le retenir, ni le contraindre, ni renfermer. Ce qui est beau s’avère fragile et entremêle de l’immortel à l’éphémère, de l'éternité à l'instant. Ce qui est grand se fait petit et humble : le vrai maître, c’est le serviteur ! Tout cela, tu l’avais compris avant même de le savoir. Le but de ton voyage était déjà en toi avant même que tu te mettes en marche. »

    « Il n’y a rien de plus habité qu’une solitude choisie, quand on délivre sa disponibilité intérieure en abolissant toute frontière. Dans cette solitude-là, à cette profondeur de méditation, ce n’est pas l’abîme que l’on côtoie, mais le puits de lumière : on devient un frère universel. 

    De même il n’y a rien de plus bavard que le silence, et les mots qui te sont soufflés dans ces moments de grande paix intérieure viennent tout droit de l’essentiel ; ils sont limpides comme la source à son origine, non encore polluée par les bavardages, les quiproquos et les futilités du monde.

     

    « Souviens-toi que la meilleur façon de faire refluer le mal, ce n’est pas de le combattre de manière frontale mais bien plutôt de faire surabonder le bien. Alors notre paysage intérieur devient pur, lumineux, dégagé de toutes les brumes du pessimisme et de l’égarement. Comme par enchantement. »

    « Il faut se garder de toujours jeter un œil en arrière ou de s’attarder aux contrariétés d’un moment. Et plutôt voir ce qui reste à vivre ! Avoir de la considération pour les belles et bonnes choses qui nous sont réservées, qui n’attendent que notre amoureuse attention pour être révélées. »

    « Bonjour, je suis le grand silence.

    Je croyais que le silence ne parlait pas !

    Ça de m’empêche pas de m’exprimer dans le secret de ton cœur ! L’Esprit souffle où il veut : y compris dans les recoins les plus inattendus…

    Tu te souviens que le silence est très bavard lorsque le cœur est grand ouvert. Il n’est douloureux que pour les esprits fermés. »

     

    « Les gens parlent tous de la paix mais n’arrête pas de se faire la guerre. J’ai l’impression que dans ce monde, tout conspire à séparer ce qui est uni. »

     

    « Écoute-moi bien. Aucun élan d'amour n'a existé en vain. Même les plus petits, même les plus éphémères, même ceux que l'on est tenté de qualifier de ridicules, tous m'entends-tu ? laissent une trace dans la vie des hommes. En vérité, les élans d'amour ne meurent jamais. Ils rejoignent la musique des sphères, et si la vie est symphonique, s'il se produit, venus d'en-haut, d'inlassables et chantantes pluies de lumière, des instants de grâce et des sourires très denses de la Providence, c'est grâce à eux. Les élans d'amour sauvent ce qui peut être sauvé, passent le baume de la beauté sur les médiocrités et, contre toute attente, magnifient l'ordinaire des jours dans des proportions démesurées, même chez les égarés, même chez les êtres en perdition. Les élans d'amour sont des fragments d'éternité venus du grand Tout, du grand Amour en version originelle qui continue de régner sur le monde et de lui donner un sens. »

     

    « Nous sommes tous uniques et à la foi nous sommes tous appelés à être reliés. Les relations humaines sont ce qui donne sens à notre vie. Tu as compris au cours de ta quête : tout, dans la vie, est rencontre. C'est une grande chance, mais c'est aussi une grande difficulté. La plupart des êtres sur cette terre abordent les relations humaines comme des rapports de force le grand but est de transformer ces rapports de force en liens d'alliance. Repenser la relation, c'est l'envisager non pas comme une confrontation, mais comme une coopération. Et dans les situations où ce n'est pas facile, se dire que la source de la plupart de nos difficultés, c'est que nous avons énormément de mal à nous remettre en cause nous-mêmes. Il faut vraiment tout faire pour expulser les sentiments d'opposition, de justification, de culpabilisation, afin de se sentir ensemble, unis, dans la douceur d'une inaltérable paix. Alors, alors seulement, la vie peut devenir une grande histoire d'amour et de fraternité. »

     

    « Les hommes de ce temps se croient libres, alors qu’en fait, ils sont enfermés à l’extérieur d’eux-mêmes. Exilés volontaires. Ce faisant, ils désertent le seul lieu capable de les rendre heureux : leur monde intérieur. Sais-tu que nous avons tous une Maison intérieure ? Bien peu la connaissent parce qu’ils ont égaré la clé, qui leur permet d’accéder à leur véritable chez soi, l’endroit où peut s’exercer leur souveraineté intérieure. A ce qui les rend véritablement uniques au monde, irremplaçable. Alors, à force, ils ressemblent de plus en plus au monde et de moins en moins à eux-mêmes. »

     

    Je conseil de lire ce très beau livre, une belle histoire qui nous fait découvrir, ce qu’il y a au plus profond de nous, que le bonheur est au fond de notre cœur.  Pas la peine d’aller le chercher à l’autre bout du monde. »

     

     

     


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  • EXTRAIT DU LIVRE : DE PIERRE TREVET 

    « Parabole d’un curé de campagne 

    Tome 2 

    Après le succès de son premier volume de Paraboles d'un curé de campagne, le Père Pierre Trevet récidive. Ce deuxième est à la fois plus abouti et plus léger que le premier. On va plus loin dans la réflexion tout en gardant la simplicité du propos. Les histoires sont plus savoureuses tout en conservant la profondeur. Les parents, les catéchistes, les animateurs en pastorale, les prédicateurs trouveront une mine d'histoires, d'anecdotes, de mots d'esprit de paraboles et de fariboles, pour capter l'attention, illustrer, relancer la réflexion ou, tout simplement, distraire de façon évangélique. Cet ouvrage permet de parcourir le Credo tout en se détendant. 

     

    « Il est écrit que la parole de Dieu est comme la pluie qui descend du ciel pour féconder la terre, ou comme la graine semée. Quelle puissance contenue dans une graine ! Que de murs bâtis pour l’éternité se lézardent et s’écroulent parce qu’un merle est venu y déposer une graine de sureau ! La parole de Dieu ce ne sont pas que des directives ou des reproches qui tombent du ciel. C’est Dieu qui communique sa vie. En nous parlant, Dieu se « livre » de plus en plus jusqu’à se faire l’un de nous. 

    Pour les chrétiens, la Parole de Dieu est une personne (Jésus) transmise par un livre. » 

     

    « Jésus  est au terme de tous les chemins des hommes même les plus inattendus. » 

     

    « Dieu est une nature en trois Personnes. Le Fils est une Personne en deux natures. Le Saint Esprit est une Personne en d’innombrables personnes. » 

     

    « L’Esprit est le Maître intérieur et celui qui pousse vers l’extérieur 

    L’Esprit est l’Âme de l’Église et il n’est pas absent hors de l’Église. 

    L’Esprit a pour action propre la sanctification et il n’est pourtant pas étranger au simple développement humain. 

    L’Esprit est répandu sur tout le peuple des baptisés, et il est donné spécialement à certains, notamment aux apôtres et à leurs successeurs. 

    L’Esprit ouvre l’avenir et l’invention et il établit la continuité avec le passé. 

    L’Esprit est l’Amour même et c’est celui qui donne l’intelligence. 

    L’Esprit est immatériel et c’est lui qui opérera à la résurrection. 

    L’Esprit souffle violemment et il est la douceur même. 

    L’Esprit est silence et recueillement, pourtant c’est lui qui fait parler. » 

     

    « En nous laissant remplir par Dieu, nous débordons de l’amour de Dieu, nous transmettons cet amour. » 

     

    « Lorsque Dieu nous confie une mission, il donne la grâce pour l’accomplir. Comme provisions pour aimer le monde, nous pouvons puiser en Jésus, grâce au Saint Esprit. » 

     

    « Les incapacités humaines n'ont jamais manqué dans l'Église catholique. Mais qu'elle tienne debout malgré cela - même si c'est en gémissant et geignant qu'elle continue à exister, qu'elle produit de grands martyrs et de grands croyants, des hommes et des femmes qui donnent leur vie, comme missionnaires, comme sœurs infirmières, comme éducatrices - montre bien que quelqu'un d'autre est présent qui la maintient. Ainsi donc nous ne pouvons pas considérer les succès de l'Église comme dus à nos mérites. Mais nous pouvons affirmer à la suite de Vatican II, que cela ne s'explique que parce que Dieu donne ce que les hommes ne peuvent faire. » 

     

    « Il ne faut pas avoir peur de nos blessures du cœur, c'est-à-dire de nos fragilités. Comme le disait si bien Jean Vanier, elles sont des brèches par lesquelles la lumière du Seigneur peut entrer. » 

     

    « Nous voulons offrir à Dieu nos petits sacrifices, notre cœur, nous-mêmes, mais nous sommes pauvres en amour. Jésus s’offre à Dieu son Père. Son cœur est rempli d’amour. Alors, nous demandons à Jésus de joindre nos petits sacrifices, notre cœur, nous-mêmes, à son sacrifice à Lui. Et ainsi, nos tout petits sacrifices arriveront avec le sacrifice de Jésus ; Nos cœurs blessés par le péché n’ont pas assez d’amour pour parvenir jusqu’à Dieu, s’ils ne sont pas offerts par Jésus, avec Jésus, en Jésus. » 

     

    « Etre chrétien ce n’est pas seulement savoir que Dieu existe, mais c’est savoir que j’existe pour Dieu. » Rares sont ceux qui ne savent pas que Dieu existe. Mais moi, petit grain de sable parmi des milliards, j’existe pour Dieu, c’est véritablement incroyable. » 

    « Dieu me connaît par mon prénom. Il m’appelle par mon prénom. Incroyable mais vrai ! Voilà ce qu’est un disciple de Jésus. » 

     

    « Dieu a besoin de notre totale confiance pour agir. L’homme est viscéralement incapable de luis accorder cette confiance. Et en même temps, quand ça va vraiment mal, il se tourne instinctivement vers Dieu et crie : « Au secours ! » 

    « La foi consiste à « Lâcher prise » et surtout à se laisser prendre par Celui qui ne nous veut que du bien ! » 

     

    « Le Seigneur est un bon entraîneur pour nous indiquer les efforts indispensables et les temps de repos nécessaires, les combats que nous devons absolument livrer et ceux qui ne sont pas les nôtres. » 

     

    « Nous sommes tous, les uns les autres des étrangers : Voilà, pour moi, le premier pas.  Partons de la différence. Je suis  ainsi, tu es ainsi, essayons de le découvrir et de nous approcher l’un de l’autre. Pour que les bases soient vraiment communes, il faut sortir de l’illusion que les mots recouvrent les mêmes réalités. Je préfère me dire, a priori, que l’autre est autre. Je ne serais jamais l’autre, ni à la place de l’autre, malgré tout mon désir de communier avec lui, de connaître, de l’aimer, c’est impossible. On ne peut pas vivre dans l’illusion que finalement nous sommes très proches, que l’on peut gommer la différence en deux temps trois mouvements. Il faudra cheminer longuement ensemble pour se découvrir, s’apprécier, s’aimer. » 

     

    « Au travail, ou bien pour l’organisation des vacances, en famille ou bien pour les projets de l’association, tout se complique. Vous êtes devant des choix difficiles et des implications embrouillées. Il faudrait avancer mais rien ne surgit qui soit très clair. Dites-vous alors : « Pas de zèle ; laissons-nous porter par les évènements. » 

    « La joie ce n’est pas forcément l’euphorie, ce n’est pas un état de surexcitation, ce n’est pas l’exubérance, ce n’est pas un enthousiasme délirant. La joie est faite de paix, de confiance, de simplicité, de sourire. » 

     

    « Dieu est à l’œuvre en tout évènement. A nous de faire des actes foi pour le repérer ! La louange nous établit non pas dans la naïveté mais dans la candeur – « L’amour croit tout ». La candeur … un synonyme de joie. » 

     

    « L’avez-vous remarqué ? Ce sont les vieux pommiers qui sont les plus chargés de fleurs, les violons anciens qui produisent les plus riches symphonies, les vieux vins qui sont les plus goûtés. Ce sont les monnaies antiques, les vieux timbres, et les meubles anciens que beaucoup  recherchent avec passion. C’est à son déclin, lorsqu’il va mourir, que le jour déploie les splendides couleurs du couchant. Merci mon Dieu, pour les bénédictions du grand âge : la foi, l’amour, l’espérance, la patience, la sagesse, la maturité. » 


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    EXTRAIT DU LIVRE : DE PIERRE TREVET 

    « Parabole d’un curé de campagne 

     

    Toutes les histoires, paraboles et fariboles compilées dans cet ouvrage ont été collectionnées patiemment et sélectionnées avec soin comme le nectar butiné par l'abeille et disposé par elle dans les alvéoles. Tous ces contes, mots d'enfants, mots d'esprit... ont été «testés» au cours d'homélies, de catéchèses, de veillées de jeunes, ou d'enseignements. Ils se font l'écho d'un certain Jésus de Nazareth, qui «ne leur disait rien sans employer de paraboles» (Mt 13, 34). Une parabole, «cela veut dire que dans une histoire il y a une autre histoire qui se cache et qui est la véritable histoire de l'histoire». 

     

    Le Père Pierre Trevet est prêtre du diocèse du Puy-en-Velay depuis vingt ans. Outre son ministère paroissial, il anime des récollections dans le cadre des Équipes Notre-Dame et des CPM (Centres de préparation au mariage), ainsi qu'une émission quotidienne sur RCF-Le Puy (Paraboles et fariboles). Il est aussi accompagnateur d'une communauté Foi et Lumière à laquelle il versera les droits d'auteur de cette publication 

     

    « Chrétiens, nous savons que non seulement Dieu est grand mais qu'il est amour. Dieu n'est pas un super-ingénieur solitaire. Dieu est communion. Dieu est relation. Non seulement, Dieu nous aime, mais Dieu est AMOUR en lui-même. Et nous vivons nos journées « au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit ». Nous n'écrivons pas aux noms au pluriel comme s'ils étaient trois dieux, mais au nom au singulier, parce que les Trois sont un seul Dieu. » 

     

    « En faisant le signe de la croix, j'exprime mon désir d'être enveloppé de l'amour du Père, du Fils et du Saint-Esprit, de haut en bas et de gauche à droite. Je m'habille de cet Amour comme d'un manteau. 

    Le signe de croix, c'est le plus petit condensé de la foi chrétienne et le rappel du baptême. La croix est le grand signe du salut par la mort et la résurrection du Christ. Par le baptême, nous mourons au péché pour naître à une vie nouvelle qui est la vie même de la Sainte Trinité. 

    En montrant mon front, mon cœur, mes épaules, je rappelle également le grand commandement, le premier des commandements, qui est d'aimer Dieu : 

    - de tout son esprit (de toutes ses capacités de raisonnement, de mémoire, d'intelligence, d'imagination, de projet...) ; 

    -  de tout son cœur (avec son affectivité, ses sentiments, sa capacité d'émotion, d'indignation, de tendresse, de délicatesse...) ; 

    - de toutes ses forces (avec tout son corps : les épaules mais aussi les mains, les yeux, les oreilles, les pieds, la... langue !). » 

    Portrait chinois du Saint Esprit 

     

    -      Si le Saint Esprit était un animal, il serait une colombe : pour le 

             renouveau après le déluge, la paix, la pureté, rayonnement, la liberté. 

    -      Si le Saint Eprit était une partie du corps, il serait le doigt de Die 

             qui indique la route. 

    -      Si le Saint Esprit intervenait dans un sauvetage, il serait le souffle 

             de jésus qui réanime. 

    -      Si le Saint Esprit était une force naturelle, il serait le vent qui  

             pénètre partout et reste insaisissable. 

    -      Si le Saint Esprit était une source d’énergie, il serait l’eau vive d’un torrent. 

    -      Si le Saint Esprit pouvait se résumer en trois lettres, il serait le Feu. Il réchauffe, il éclaire, il unit, il soude. 

    -      Si le Saint Esprit était une couleur mystérieuse, il serait l’ombre. Il nous suit partout. Nous l’oublions, mais il ne nous oublie jamais. 

     

    Le Saint Esprit a pris place en nous à notre baptême. Sa présence a été confirmée à notre confirmation. Mais il est comme le cacao du petit-déjeuner. Si vous ne remuez pas, le cacao reste au fond. Mais si nous prions, si nous participons à la messe, si nous ouvrons l’Evangile, si nous lui demandons son aide, il envahira peu à peu tout notre être et toute notre vie, comme chez les saints. 

     

     

    « Nous vivons, Seigneur, dans un monde fermé à double tour ; verrouillé par des milliers, des millions de clefs. 

    Chacun a les siennes : 

    celles de la maison et celles de la voiture, celles de son bureau et celles de son coffre. 

    Et comme si ce n'était rien que tout cet attirail, nous cherchons sans cesse une autre clef ; clef de la réussite ou clef du bonheur, clef du pouvoir ou clef des songes... 

    Toi, Seigneur, qui as ouvert les yeux des aveugles et les oreilles des sourds, 

    donne-nous aujourd'hui la seule clef qui nous manque 

    celle qui ne verrouille pas, mais libère ; 

    celle qui ne renferme pas nos trésors périssables, 

    mais livre passage à ton amour, 

    celle que tu as confiée aux mains fragiles de ton Église et qui ouvre les portes du Royaume. » 

     

    « Le chrétien n’est pas celui qui croit simplement qu’il y a un Dieu, mais il croit ce que ce Dieu déclare, il croit Dieu. Comme nous croyons notre mère même lorsqu’elle nous révèle des faits de notre enfance qu’il nous est impossible de vérifier. Dieu ne peut  ni se tromper, ni nous tromper. » 

     

    « La foi n'est pas seulement une confiance en Dieu et un comportement C'est aussi un contenu. Mais ce n'est pas qu’une connaissance livresque, un donné à apprendre par cœur. La foi est un acte auquel participe toute l'intelligence qui accepte d’être éclairée d'en haut. Sans la foi, l'intelligence ne peut pas découvrir u que Dieu est Trinité, que Dieu le Fils s'est incarné, que Jésus est ressuscité, que l'hostie est devenue le Corps du Christ. La foi élève l'intelligence. Et l'intelligence trouve de la joie à explorer e mystère de Dieu. Il est un océan d'amour sans rivage et sans fond Nous n'aurons pas assez de l'éternité non pas pour l'apprendre  par cœur, mais pour nous laisser prendre par le cœur. » 

     

    « Aux croyants, on dit facilement : Si Dieu existait, il n'y aurait pas toutes ces guerres, toutes ces épidémies, tous ces malheurs. Sans prétendre ici répondre à cette question, suggérons un élément de réflexion. Chaque minute, vingt-trois enfants meurent de faim dans le monde. On peut dire en effet : « Pourquoi Dieu permet-il que vingt-trois enfants meurent dans le monde ? » Cependant, durant la même minute on dépense plus d'un million de dollars pour acheter des fusils, des canons, des bombardiers. Alors, Dieu peut nous dire : « Je vous donne un million de dollars. Si ça ne suffit pas pour nourrir vingt-trois enfants, je peux vous donner un peu plus, mais vous pourriez peut-être essayer déjà avec ce million de dollars.. » 

     

    Le directeur du Centre de recherches démographiques en France disait : « La terre a de quoi nourrir quarante milliards d'habitants. » Donc il semble bien que Dieu ait donné tout ce qu'il fallait. Est-il juste de notre part de mettre Dieu en accusation ? Et quand nous regardons le Christ en croix, le pouvons-nous encore ? » 

     

    « Un jour, un pêcheur me faisait remarquer : On dit que l’on prend du poisson. En fait, il faudrait dire le contraire. C’est le poisson qui nous prend. Si un poisson ne veut pas mordre à l’hameçon, vous ne pouvez absolument rien faire. C’est aussi vrai dans la foi : Le Seigneur ne nous prendra jamais de force. Il fait tout pour nous attirer. Il nous aime, il nous aimante. Mais c’est à moi de me laisser prendre par lui. » 

     

    « Quand un incendie est éteint, il est éteint, mais il reste de arbres calcinés. Quand quelqu'un a été gravement malade, si un cancer a été bien opéré, si on a bien tout enlevé, la personne es guérie, elle ne mourra pas de cela. Mais, avant qu'elle ait recouvré la santé et qu'elle puisse courir un cent mètres, il y en a pour un moment. Quand vous avez pardonné à quelqu'un, vous pouvez, dans le secret de votre cœur, au plus profond, avoir pardonné. Mais, toutes les traces de trahison, d'incompréhension, de haine qu'il a pu y avoir, les dégâts qu'a occasionnés, non seulement dans la relation, mais aussi en vous, le fait que pendant un certain temps vous avez été en hostilité avec telle personne, ont ils été effacés d'emblée ? » 

     

    Ces trois exemples, pris dans des domaines distincts montrent qu'entre la guérison de la cause et l'assainissement de toutes ses conséquences, il y a une différence. Dans l’ordre de la grâce il en va de même : vous êtes pardonné, vous avez reçu l'absolution. Mais le péché fait des dégâts, il laisse des traces. L'indulgence est comme une surabondance de la grâce, que nous recevons tout particulièrement en solidarité avec tous les autres chrétiens - vivants et morts -, pour que la grâce du pardon, la grâce de la réconciliation, s'étende dans toute notre vie, pour que nous soyons vraiment, dans toutes les fibres de notre être, guéris de ces relents de péché qui peuvent avoir désorganisé, démantibulé notre être humain et notre être relationnel. 

    La confession fait partie de la démarche jubilaire. Chaque fois, c'est l'occasion d'expérimenter de nouveau l'amour du Seigneur. Il est né dans une écurie pour nous dire qu'il n'a pas peur de visiter le coin le plus moche, le plus sali de notre cœur. Il est mort sur une croix pour que nous puissions mettre une croix sur notre passé. Quelqu'un qui est pardonné n'a plus de « passif ». Dans la Bible, il est écrit que Dieu jette nos péchés au fond de la mer... ! (Cf. Mi 7, 19.) Quelqu'un ajoutait qu'il pose une pancarte sur la rive avec cet écriteau : « Interdit de pêcher », c'est-à-dire « Interdit de revenir sur ce qui ne nous regarde plus, puisqu'il a tout pris sur lui ». 

     

    « Dieu est à la racine de mon être d’abord comme la source jaillissante de ma vie. Ma vie physique, biologique, ma vie intellectuelle, personnelle, consciente et libre. Le jour de mon baptême, une deuxième source se greffe sur cette source fondamentale perpétuelle. Le prêtre qui baptise n’est pas une espèce de sorcier, mais un sourcier qui révèle la source d’amour du Père, du Fils et du Saint Esprit, la source de foi, d’espérance et de charité, la source qui recrée. Cette source désaltère toutes les soifs inscrites au plus profond de moi : soif d’amour, soif de connaissance de Dieu, soif d’absolu, soif d’infini, soif de bonheur, soif de communion, soif du pardon. » 

     

    « Baptisé, nous avons dans le tréfonds de notre cœur plus qu’un trésor, plus qu’une force : quelqu’un qui peut nous conduire à l’union au Père et l’unité avec nos frères, définition du salut. » 

     

    « Il est bon de demander, d’appeler, de supplier. Mais notre prière n’a pas pour but d’influencer Dieu, ou de l’informer, ou de capter son attention et ses bonnes grâces : lui-même nous aime et sait ce dont nous avons besoin. A celui qui se plaint : « Pourquoi ne suis-je jamais exaucé ? » On peut répondre par ce jeu de mots : le plus important n’est pas d’être « exaucé », mais d’être « exhaussé ». La prière est là pour nous élever au-dessus de nous-mêmes. 

    « Nous demandons à Dieu ce qui nous plaît. Il nous donne ce qu’il nous faut. » (Léon Bloy) » 

     

    « Nous ne  sommes pas sur terre comme en exil ou pour une installation définitive mais pour une Pâque, un passage.  Nous sommes donc ici en apprentissage, en stage d’amour. Ce qui nous sauve c’est la foi. Personne n’est sauvé par sa bonté naturelle mais par la foi opérant par la charité. D’après l’Evangile, nous avons deux défis à relever : servir et se laisser servir. Quel est le plus difficile ? Pour servir, il faut triompher de son égoïsme. Pour se laisser servir, se laisser façonner, se laisser purifier, sanctifier, il faut triompher de son orgueil. Personnellement, je suis à la fois égoïste et orgueilleux. Les deux sont difficiles. Parfois, on me dit : « Au Ciel, qu'est-ce que nous ferons ? » C'est significatif : nous pensons volontiers en terme d'action, d'efficacité, de production, de « faire »... Au Ciel, nous ne ferons rien. Nous aimerons, et nous nous laisserons aimer. » 

     

     

     

     


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  • Extrait de « A la grâce de Dieu » 

    D’ANDRÉ LOUF 

     

    Moine, Abbé du Mont-des-Cats durant près de trente-cinq ans, accompagnateur spirituel, prédicateur, auteur, André Louf n’a d’autre passion que de témoigner, jour après jour, du don que Dieu fait à tout homme de sa vie et de son amour. Sa trajectoire de vie, ses intuitions et ses convictions s'offrent comme un tremplin pour que chacun puisse discerner, au cœur de son existence, la trace de Dieu. 

    Cette longue interview, réalisée par Stéphane Delberghe dans le lieu d'ermitage de Dom Louf, recueille le témoignage d'une vie de moine tout entière consacrée à la recherche de Dieu, de la paix, de la fraternité. 

    Des pages qui s'offrent comme un itinéraire à parcourir, où prennent place toutes les grandes aventures de l'homme : la solitude, la communion, la prière, la pauvreté, le désert, l'Ecriture... Autant d'expériences où la grâce de Dieu se révèle. 

     

    « Je crois que, pour porter du fruit, l’homme doit apprendre à reconnaître celui qu’il est en vérité, et qu’une telle reconnaissance passe nécessairement par le fait d’accueillir sa propre filiation, son héritage particulier. Non  pas comme un fardeau, comme le poids du passé qui pèse sur ses épaules, mais davantage comme une porte ouverte, une invitation à inventer l’avenir. S’engager sur cette voie conduit à coup sûr à la « reconnaissance », au sens d’action de grâce. » 

     

    « Je voulais justement vous demander : qu’est-ce qu’être moine ?  

    Tout d'abord, il y a «moine et moine». En fait, il existe un large éventail de possibilités et de types de vie monastique au cœur de l'Eglise, en Occident comme en Orient. Pour ce qui concerne les cisterciens, ceux-ci s'enracinent, comme la plupart des moines en Occident, dans la longue Tradition bénédictine. Celle-ci remonte au VI siècle de notre ère. A cette époque, Benoît de Nursie avait interrompu ses études à Rome et s’était retiré comme ermite dans une grotte près de Subiaco. Sa sagesse et la radicalité de sa vie ont rapidement attiré de nombreux disciples. Ce qui l'a amené à élaborer des règles d organisation de la vie au monastère afin de trouver un sain équilibre entre la prière, le travail et l'étude — ainsi qu'entre des éléments de vie solitaire et une vie fraternelle menée en commun. Cette Règle fonde encore aujourd'hui l'identité monastique des bénédictins, des cisterciens et des trappistes. Elle témoigne d'une sagesse humaine et spirituelle peu commune.   Elle  n'en  demeure  pas  moins  exigeante,   ce  qui explique qu'au fil des siècles, on ait parfois eu tendance à s'en écarter et qu'un retour aux sources ait été nécessaire à intervalles réguliers ! » 

     

    « On  n’a jamais terminé de sortir de nos aveuglements sur nous-mêmes, sur les autres, et par la même occasion, sur Dieu. Chacun ne nous entre au monastère avec ces blessures, ses défenses, conscientes et inconscientes, des scénarios intérieurs, et va presque automatiquement les déployer au cœur de la vie communautaire. Comment faire autrement d’ailleurs, sinon en recourant aux scénarios familiers qui nous avaient permis de survivre jusqu’à ce jour ? On se forge des « ennemis » imaginaires qu’on croit devoir neutraliser, ou contre lesquels on se protège comme on peut. L’un va se cacher dans un coin comme s’il désirait disparaître. L’autre, au contraire, va chercher à « en mettre plein la vue » à ses frères. La stratégie et les symptômes sont différents, mais c’est la même blessure profonde en théologie, on parlait peut-être de « péché originel » qui cherche à se faire connaître. Or c’est souvent la vie communautaire qui permet, petit à petit de faire venir à la conscience cet « être blessé », et conduit ainsi à une progressive guérison. » 

     

    « Les motivations d'une entrée dans la vie religieuse sont parfois très mélangées, voire même franchement suspectes. Et pourtant, Dieu peut s'en servir. Si l'appel est authentique, ce premier support va progressivement s'effacer au profit d'un enracinement solide et motivé dans le choix de vie. Un tel travail intérieur demande toutefois la présence d'un frère qui témoigne de ce qui est vécu, et assure une certaine assise affective aux moments difficiles. Celle-ci suppose une attitude juste, parfois difficile à trouver, faite à la fois de présence disponible et de distance respectueuse. Il est bon de se retrouver seul face à soi et à tout ce qu'éveillent le retrait du monde, la vie fraternelle, le travail au service de la communauté, et de pouvoir ensuite le partager avec quelqu'un qui écoute silencieusement, avec respect. L'accompagnateur spirituel doit avant tout accueillir la vie de l'autre telle qu'elle est. Il ne doit donc pas commencer par dévoiler ce qu'il entrevoit ou pressent déjà. Une parole qui survient avant le moment opportun ne fait que renforcer les défenses psychologiques ou provoquer un rejet. » 

     

    « Nos désirs, quels qu’ils soient, ne sont pas mauvais, puisqu’ils ont été créés par Dieu. Ils sont seulement malades ou blessés, et à cause de cela capables de nous faire pencher vers le mal. Ils ont donc besoin d’être guéris, non d’être éliminés ou détruits. » 

     

     Je trouvais dans ma boite à lettres un billet qui portait cette simple citation de Saint Exupéry : « L’ami c’est d’abord celui qui ne juge pas », billet que j’ai longtemps conservé. C’est bien cette qualité d’amour que le Christ est venu nous apprendre, et que nous sommes invités à transmettre à ceux que nous accompagnons. Il n’est pas question de’ s’enfermer dans un sentimentalisme qui serait inefficace mais, en écoutant de manière bienveillante, de témoigner d’un Dieu qui aime l’homme au-delà des apparences et au-delà de ses faiblesses. L’expérience apprend qu’une telle qualité d’écoute suffit largement ; car elle permet à l’autre de se découvrir « aimable et aimé » Se savoir aimé « tel quel » possède une force « thérapeutique » considérable. Cela crée en plus une espèce de secrète connivence entre l’accompagnateur et l’accompagné, ce dernier se sentant pleinement compris et accueilli par quelqu’un qui n’est pas étranger à ses propres tourments. Saint Benoît souhaite qu’un père spirituel soit quelqu’un « qui sache guérir des propres blessures et celles des autres. » 

     

    « L’humilité, le brisement du cœur et la tendresse », sont les trois vertus essentielles du moine. » 

    « L’épreuve n’est pas un obstacle et ne doit pas devenir une impasse, mais une voie d’accès au monde de Dieu, l’occasion d’une plongée nouvelle au cœur de notre cœur. Chacun de nous est amené un jour ou l’autre à vivre de telles expériences. En cela donc, nul privilège du moine. Ce que distingue le moine, c’est que non seulement il n’évite pas l’épreuve mais au contraire, il s’y expose. De fait, il semble aller au devant d’elle et chercher à l’affronter, non pas pour se faire un nom, ni pour se prouver à lui-même ou a Dieu qu’il peut en sortir vainqueur, mais parce qu’il sent confusément que c’est là que le Seigneur l’attend. Il pressent Dieu au cœur de l’épreuve, et il aperçoit déjà les premiers fruits de sa rencontre, même s’ils sont encore très modestes. » 

     

    « Les tentations contre la foi, le blasphème même, sont des expériences assez fréquentes chez les mystiques et chez tous ceux et celles qui sont aussi conduits jusqu’aux confins de leur fragilité humaine. » 

     

    « Tout excès ne peut jamais être un facteur qui rend l’homme davantage humain. Ainsi, quand le pouvoir devient oppression ou asservissement, quand l’obéissance   est démission craintive, quand la richesse est futilité et inutilité, quand la pauvreté n’est que le signe d’avarice ou manque du minimum vital, quand la sexualité dévie en débauche et en non respect de l’autre, ou quand la chasteté n’est que fuite de l’autre et repli sur soi ; en tout cas, on s’est éloigné de ce que l’homme est en profondeur et, au même moment, de ce que Dieu désire pour lui » 

     

    « Pour Augustin, l’humilité chrétienne appelle un abaissement auquel seul Dieu peut donner un sens, et dont lui seul aussi pouvait nous donner l’exemple dans son propre Fils. A ce titre elle est véritablement une étape essentielle de toute expérience  chrétienne, et lui est intimement liée. » 

     

    « Basculer vers son intériorité»... 

     Il s'agit de l'un des moments cruciaux de l'expérience spirituelle chrétienne.  Hélas ! Chez la plupart d'entre nous, même si nous sommes croyants, cette réalité, au fond bouleversante, reste souvent, et parfois pour toujours, à l'état inconscient. La culture actuelle semble même être affectée d'une surdité particulière, d'une remarquable insensibilité par rapport à ce trésor intérieur, caché en nous. Bien des aspects de la vie moderne, non condamnables en soi, se conjuguent pour attirer l'homme hors de lui-même et l'obligent à s'installer au niveau de ses sens extérieurs, à vivre, pourrait-on dire, «à fleur de peau». Or, pour peu que l'on fréquente les grands auteurs spirituels du passé, et pas seulement ceux qui appartiennent à la Tradition chrétienne, on est frappé par la grande attention qu'ils portent à leurs sens intérieurs, à tout ce qu'ils vivent au-dedans d'eux-mêmes. L'homme moderne, au contraire, semble frappé d'allergie vis-à-vis de son intériorité, qui est le lieu où il pourrait rencontrer Dieu d'une façon infiniment plus dense et, après tout, infiniment plus facile, qu'en empruntant le long et fastidieux détour par les créatures, qu’il croit devoir s’imposer aujourd’hui. » 

     

    « Il est assez frappant de constater que bon nombre d’hommes et de femmes voulant donner un sens à leur vie se tournent si peu vers le monde « intérieur ». Les Anciens y étaient spontanément sensibles. Peut être est-ce dû à la multiplication actuelle des moyens de communications  et des possibilités de divertissement (au sens pascalien du terme,) ? Toujours est-il que tout homme, pour grandir en vérité, aura tôt ou tard besoin de rentrer en lui pour rejoindre sa profondeur. L’Evangile à cet égard ne laisse aucun doute. Jésus l’a solennellement affirmé : «  Le Royaume de Dieu est au-dedans de vous : » 

    « L’amour est lui-même connaissance », avait dit Grégoire le Grand, et nombre d’auteurs du Moyen Age, particulièrement des cisterciens, l’avaient répété après lui. Ce que Jan van Ruusbroec résuma  en une sentence qui explicite bien le rôle de l’expérience spirituelle face au savoir humain : « Là où la raison s’arrête, l’amour pénètre au-delà ! » 

     

    « Lorsque l’Esprit nous envahit, il nous donne aussi une force nouvelle pour traverser les épreuves que la vie ne cesse de nous offrir. C'est-à-dire que le charisme ne consiste pas seulement dans le don d’un instant, mais qu’il est encore un appel, une mise en route, le début d’une lente maturation, d’une croissance qui aura lieu dans le temps. Quand l’Esprit vient, il fait toute chose nouvelle ! Il n’est pas seulement réchauffement d’un instant, mais aussi transfiguration intérieure, même si celle-ci est modeste, parfois presque impalpable, et si les fruits mettent du temps à paraître. 

    Sans notre collaboration l’Esprit ne peut pas faire. Nous avons notre rôle à jouer. Au jour de la Pentecôte, l’Esprit, certes, transfigure les apôtres, mais ce sont eux, tels qu’ils sont, qui prennent la parole et qui parcourent le monde pour annoncer la Bonne Nouvelle. L’homme éclairé par la Parole, par ses frères et par la fréquentation des sacrements, ne doit certainement pas faire fi de ses facultés intellectuelles, affectives ou spirituelles pour être en mesure de discerner ce qu’il convient de faire : c’est aussi par toutes ces médiations-là que l’Esprit travaille les cœurs. C’est peut être ce que pourrait signifier le fait que l’Esprit est souvent rendu  symboliquement visible dans le Nouveau Testament. L’action de l’Esprit est toujours visible et se faufile à travers tout ce qui fait partie de notre existence humaine. » 

    <o:p> 

     

     

     


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  • Jacques Salomé et Catherine Enjolet 

    L’amour et ses chemins 

     

    « Lire c’est entrer dans l’inattendu d’un mot, l’imprévisible d’un récit, la chaleur d’une phrase et parfois l’appel d’une voix qui vous rejoint dans l’essentiel et vous invite à mieux vous respecter, à aller plus loin, plus prés de cet être en expansion que nous sommes. (JS) » 

    « Ceux qui ne savent pas donner ne savent pas ce qu’ils perdent. (CE) » 

    « Ce n’est pas toujours celui qui offre qui donne le plus à l’autre(JS) » 

    « La vrai richesse n’est pas ce que l’on possède mais ce dont on peut se passer. JS » 

     

    « Dire la vérité aux autres, ce n’est rien, 

    Mais la dire à soi-même !... » 

    « L’indicible, c’est quand je ne peux pas me dire …à moi-même. » 

    « Nous portons les cicatrices de nos blessures. A nous de les honorer car elles disent aussi que nous avons survécu et que peut-être cela nous a rendu plus fort, plus lucide. ‘JS) » 

    « Brisez le silence avant qu’il ne vous brise. (CE) » 

    « Ce sont souvent ceux qui n’ont rien à dire qui tiennent à le dire le plus longtemps possible. (JS) » 

    « Celui qui accepte son vide peut remplir son vide. (CE) » 

    « Il faut créer beaucoup de vide en soi pour naître au recevoir (JS) » 

    « Fais de ton cœur le pays où l’on n’a pas peur. (CE) » 

    « Entre crever et créer il n’y a qu’une lettre de différence. (JS) » 

    « Quand on n’a pas le nécessaire, on ne peut pas se passer du superflu. (CE) » 

     «Se dépouiller de tous ses manques pour accéder à la liberté d’être. (JS) 

    « Les colères sont des tristesses qui ne peuvent pas se dire autrement. (JS) » 

    « Pourquoi devenir quelqu’un quand on peut être soi-même. (EC) » 

    « Je préfère un échec qui me pousse plus loin, qu’une réussite qui me perd. (JS) » 

    « Il avait tout pour être heureux, ne lui manquait que le bonheur. (JS) » 

    « Les paroles les plus claires ne sont pas celles qui nous aveuglent en nous éblouissant, mais celles qui nous éclairent entre ombre et lumière. (JS) » 

     

    « Il y a deux choses qui ne sont pas négociable dans la vie : 

    La mort et l’amour. (JS) » 

    « Parce que l’on a peur de mourir, on passe sa vie à mourir de peur. (CE) » 

    « Comment ne pas être étranger à son semblable, quand on est étranger à soi-même. (CE) » 

      

    « La véritable intimité est celle qui permet de rêver ensemble avec des rêves différents. (JS) » 

     

    « A vouloir gagner les autres, 

    On risque de se perdre soi-même. (CE) » 

     

    « Aimer être ce que je suis … 

    Quand je suis avec l’autre. (JS) » 

      

    « Ne pas confondre malheur et épreuves, 

    Si l’un fait baisser la tête, l’autre la relève. (CE) » 

     

    « Grandir c’est apprendre à se séparer en restant entier. (JS) » 

     

    « Changer n’est pas devenir quelqu’un d’autre, mais devenir ce que l’on est…. 

    Et l’accepter. (JS) » 

      

    « Celui qui aime a des étoiles dans les yeux. De vraies étoiles qui ne sont pas le reflet de celles du ciel, Mais la manifestation de celles qu’il porte dans son cœur. (JS) » 

    « L’amour même s’il ne le sait pas, est  toujours dépendant de la relation sur laquelle il se greffe. Relation qui va  le nourrir, le dynamiser ou le stériliser et le meurtrir. (JS) » 

     

    « L’égo ? 

    Le « bon » permet l’individu de se reconnaître, 

    Le « Mauvais « lui impose la reconnaissance de l’autre. (CE) » 

      

    « Les êtres qui se sentent aimer ont un ancrage au monde, ils  ne portent pas leur racine dans la mouvance et l’aléatoire des  rencontres. (JS) » 

     

    « Certains attendent  que le bonheur frappe à leur porte, 

    D’autres et j’en suis, préfèrent laisser la porte ouverte. (JS) » 

      

    « Quand j’ai des désirs vers toi, 

    C’est la fête, 

    Mais quand mes désirs veulent remplacer les tiens 

    C’est l’enfer. (JS) » 

      

    « Je ne veux plus me faire souffrir en imaginant 

    Tout ce que je n’ai pas vécu avec toi, je vais plutôt 

    Agrandir  tout ce que nous avons partagé ensemble. (JS) » 

     

    « Réussir sa vie au détriment de son existence c’est risquer de passer à coté de sa destinée. » 

    La vie nous demande souvent non pas de la suivre aveuglément, mais de la précéder joyeusement. » 

    « Il est difficile de remplir une bouteille pleine. Celui qui garde tout aura du mal à recevoir. » 

      

    « Quand on veut bien se donner la peine de regarder quelqu’un de le prendre dans se bras, de respirer doucement, d’écouter comment son cœur bat, comment la vie circule en lui, on entend alors beaucoup de choses silencieuses. » 

    « A trop cultiver la belle image de nous-mêmes, nous nous éloignions à des années lumière de notre centre. » 

    « Au de la de nos cinq sens l’aptitude au bonheur est un sens à éveiller et à cultiver avec amour. » 

    « Ce n’est pas tant ce qui nous arrive qui est plus important, c’est ce que nous en faisons. » 

     

    « Avant  de rassurer, peut être faut-il comprendre 

    Avant de comprendre peut être faut-il entendre 

    Avant d’entendre peut être faut-il écouter 

    Et avant d’écouter …… se décentrer » 

    « Parfois nul n’est plus sourd que celui qui entend, surtout quand il s’agit d’écouter l’essentiel. » 

    « Se transformer en victime est pour certain une activité à temps plein, qui ne laisse aucune place au respect de soi. » 

    « Tu es seul responsable non de ce qu’on ta fait, mais de ce que toi tu vas faire avec ce qui t’est arrivé. » 

     

     


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  • Extrait de « Il nous a tant aimés… » 

    (Les dernières années de l’Abbé Pierre racontées par ses intimes) 

    De Pierre Lunel 

     

    Résumé : Pierre Lunel, son ami et biographe, a longuement côtoyé l'abbé Pierre et garde de lui un souvenir bouleversé. Pour la première fois il nous fait partager, notamment grâce aux confidences de Laurent Desmard qui fut son dernier secrétaire particulier, l'intimité de cet homme passionné, curieux de tout et de tous, et finalement très secret. 

    Avec pudeur et sincérité, il révèle, au-delà de l'icône médiatique, un personnage facétieux, insolent, obstiné, un insoumis, indifférent aux critiques, fidèle en amitié jusqu'au paradoxe. Un homme également sensible aux femmes, et tourmenté par la tentation de la chair. 

    Mal vu de l'Église, tenu à l'écart par le Vatican, celui qui avait l'anticléricalisme du saint nous a pourtant donné foi en l'homme ! 

    Un témoignage exceptionnel. 

     

     

    « Quand on a mis sa main dans celle des pauvres, on trouve à l’heure de mourir la main de Dieu dans son autre main, semble lui dire encore le combattant infatigable, étendu sur son lit. » 

     

    « En dépit de son apparente fragilité émanait de tout son être une énergie de colosse. Cette force, il l’a puisait chez ceux qu’il appelait « les plus faibles que nous ». Tout au long de sa vie, ce sont eux, se sont leurs plaintes, leur sentiment d’injustice, leur espérances qui avaient alimenté sa révolte et rendu son verbe si contagieux. Il comprenait chacun de ces hommes, chacune de ces femmes, au-delà des mots. A la fin de sa vie, même au plus bas, il continuait à les écouter et à sécher leurs pleurs. Qu’il leur réponde par courrier ou qu’il les reçoive dans son antre, il ne manquait jamais de leur distiller ses conseils, avec une parfaite simplicité. Le temps ne comptait plus alors, seule importait la souffrance de l’autre. » 

     

    « On n’avait pas besoin de lui expliquer, il entrait d’emblée en sympathie avec la souffrance de l’autre, il souffrait avec la personne qui souffrait. » 

     

    « Aimer, c’est avoir mal du mal des autres, disait-il souvent. Et toute sa vie n’a été que l’illustration de cette maxime. Qu’il s’agisse de réveiller les bonnes consciences d’une époque, de porter secours à un ami dans le désarroi ou d’accueillir  à bras ouvert un inconnu en peine, il répondait toujours présent. » 

     

    « De la souffrance des autres, Henri extrayait la sève de ses combats. C’est pourquoi nous le voyions si souvent se jeter tête baissée dans les drames de son prochain. Non seulement sa disponibilité aux autres outrepassait ce qu’on imagine, même chez les plus généreux d’entre nous, mais elle dépassait l’entendement. Elle était si intense, si lumineuse, si inattendue parfois, qu’on ne pouvait blâmer ses proches d’essayer de le protéger en barrant la route aux fâcheux. » 

     

    « La foi d’Henri était incarnée. Elle portait un nom : « Et les autres ? » Cette question lancinante, qui résumait toute sa vie, pouvait être ainsi traduite : « Comprenez que le mode d’emploi de la vie, c’est d’aimer son prochain comme soi-même, c'est-à-dire le servir avant soi tant qu’il est moins heureux que soi. » Branché sur les drames d’autrui, l’abbé était connecté à une source de vie. Cette réalité nous échappe peut être, mais c’est elle qui le rendait disponible à toutes les situations tragique. Doté de cette force inouïe, il changeait la boue en or. Lui seul avait le pouvoir de faire d’êtres anéantis des « sauveurs » à leur tour. » 

     

    C’était un spectacle inoubliable pour tous ses proches que de l’observer quand il écoutait les autres.  Sa compassion vous convainquait qu’il était comme nourri en permanence de la présence de l’Esprit. » 

     

    « Henri n’aura été ni un grand théologien, ni évêque, ni cardinal. Il n’a pas fondé d’ordre comme mère Térésa. Il sera resté toute sa vie celui qui entrevoyait d’être quand, tout jeune il écrivait déjà : « Seigneur, je me suis donné à toi tout entier et maintenant je voudrais mourir…. Et c’est alors que j’ai entendu une voix qui me disait : Tu continueras ! et que je vis un petit homme qui entraînait des foules derrière lui… et la voix disait à nouveau : « Tu seras ce petit homme ! «  Il a entraîné ces foules, puis il s’est arrêté sur le bord de la route, en nous demandant de poursuivre le chemin. 

    Que veut-il nous dire ? L'amour n'est pas inné, on doit sans cesse le chercher et l'inventer. Cette quête permanente qui engage toute une vie est faite de diamants mais aussi de tourments, de terribles régressions, de doutes, d'angoisses : elle n'est pas et ne sera jamais un long fleuve tranquille. C'est un combat terrible mais l'illumination est au bout. Il semble vouloir nous dire : c'est ma souffrance qui a éclairé mon chemin, qui lui a donné un sens ; ce n'est rien d'autre que le prix à payer pour le plus grand amour. Ne vous dérobez pas, n'ayez pas peur. Soyez constants. Ne vous en détournez pas, quoi qu'il advienne ! Ne vous découragez pas ne vous découragez jamais ! La force d'âme se bâtit pas à pas. On a tout ce qu'il faut pour continuer : il suffit qu'on s'y mette, alors rien ne nous sera interdit. 

    -Est-ce que tu te rends compte de la joie que l'on a de pouvoir aider les autres ? 

     


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  • Extrait de « Pourquoi être chrétien ? » 

    De Timothy Radcliffe 

     

    « Je veux donc réfléchir ici sur ce que la foi peut faire comme différence dans notre façon de vivre. 

    Mais disons-le tout de suite, l’absolue différence ne vient pas de ce que les chrétiens seraient meilleurs que les autres. Rien ne prouve que nous le sommes. 

    L’Église accueille tout le monde, et spécialement ceux dont la vie est un gâchis. Si les Églises sont si souvent l’objet d’attaques dans la presse, et si tous nos péchés font la une, c’est parce que l’on pense généralement, mais à tort, qu’être chrétien, c’est prétendre être meilleur que les autres. Ce livre ne cherchera pas identifier l’ingrédient particulier au christianisme, le secret de sa saveur, comme l’ingrédient mystérieux de la chartreuse verte ou ce qu’il y a de spécial dans les Pepsi Cola ; il s’efforcera plutôt d’examiner différents aspects de la foi chrétienne, de voir comment ils peuvent nous inviter à garder une certaine distance par rapport à la culture dominante du village global. Ce sont ces différences qui donnent leur sens à nous affirmations sur notre foi ; si notre vie n’est pas, de quelque manière, bizarre, si nous sommes tout à fait dans la ligne, ce que nous disons de la foi sera vide. 

    La raison d’être du christianisme est d’orienter vers Dieu, de le désigner comme sens de notre vie. L’espérance  est suspendue à la certitude que l’existence humaine a une raison d’être ultime ; si elle n’en a pas, le christianisme et toutes les autres religions avec lui sont une perte de temps. 

    Être orienté vers Dieu, ce n’est pas seulement croire que Dieu est le but de mon pèlerinage personnel à travers la vie et la mort ; nous croyons que c’est en Dieu que toute l’humanité trouvera son unité et son sens. En dehors de l’ensemble de l’humanité, je suis incomplet, inachevé. » 

     

     

     

    « Exister n’est pas un simple fait brut. C’est être maintenu dans l’existence par la Parole de Dieu. Et comprendre les choses n’est pas leur imposer un sens arbitraire, c’est entrer en contact avec le Créateur qui leur donne l’existence. 

     

    « Chrétiens, nous espérons l’éternité. Mais l’éternité n’est pas ce qui arrive à la fin du temps, quand nous serons morts. L’éternité commence maintenant, chaque fois que nous vivons de la vie de Dieu. Elle arrive chaque fois que nous surmontons la haine par l’amour. La génération du maintenant ne vit pas tant dans le présent que pour l’avantage qui va être donné, pour l’acquisition imminente, pour ce qu’on s’attend à consommer. C’est une envie irrésistible de changement. L’espérance signifie permettre à l’éternité de Dieu de traverser les nuages, maintenant. Vivre dans l’espérance, c’est vivre pleinement  le moment présent. » 

     

    « Comme l’écrit Eric Hoffer « Ceux qui veulent transformer une nation ou changer le monde n’y arriveront pas en nourrissant et en canalisant le mécontentement ni en démontrant que le changement voulu est raisonnable et souhaitable, ni en obligeant les gens à adopter un nouveau mode de vie, Ils doivent savoir comment allumer et entretenir la flamme d’une espérance extravagante. «  

     

    « La raison d’être du christianisme est avant tout de nous montrer que la vie a un sens. Notre vie est orientée vers une fin ultime. En dépit de toute l’absurdité et de toute la souffrance que nous pouvons connaître, le sens a le dernier mot. Nous ne sommes peut être pas encore en mesure de dire l’histoire de notre vie ou celle de l’humanité, mais notre espérance est qu’un jour, tout ce que nous avons été tout ce que nous avons vécu révèlera son sens. » 

     

    Le christianisme nous invite à une liberté particulière, à un bonheur particulier, qui sont un partage de la vitalité de Dieu. » 

     

    « L’Eglise ne sera le berceau de la liberté évangélique que si l’on nous voit nous tenir auprès des gens, les aidant à prendre des décisions morales plutôt que de les prendre à leur place. Les gens ne seront pas attirés par l’Eglise si sa morale semble dicter aux gens ce qu’ils doivent faire. A tort ou à raison, ce sera ressenti comme un empiètement sur notre autonomie. » 

     

    « L’amitié signifie qu’on  voit avec les yeux des autres, qu’on est attentif à ce qu’ils vivent, qu’on prend au sérieux leur intuitions et leurs doutes. » 

     

    « Les amis ont des devoirs les uns envers les autres, devoirs qui ne les obligent pas tant qu’ils les unissent. Devoirs de l’amour plutôt que de la loi. C’est  donc seulement dans l’amitié et en étant proche que l’Eglise peut se trouver à nos côtés quand nous sommes face à des dilemmes, et devons faire des choix. Ainsi seulement les gens auront assez de confiance pour faire des choix inventifs et libérateurs, qui vont plus loin que l’alternative évidente, et pour innover. » 

     

    « Le regret, c’est être désolé d’avoir fait ce qu’on a fait. Le remord, c’est se rendre compte qu’on n’avait pas vraiment envie de le faire. » 

     

    « La spontanéité naît dans un cœur simple. La spontanéité ne consiste pas à faire la première chose qui nous passe par la tête. Elle consiste à agir à partir de ce qu’il y a de plus profond en notre être, là où Dieu nous maintient en vie. » 

     

    « Le christianisme, c’est la bonne nouvelle que Dieu nous a créés pour le bonheur et, en fin de compte, pour le bonheur qui est que Dieu soit Dieu ; mais nous ne pouvons en être des témoins crédibles si nous chrétiens, nous sommes misérables et complexés. Il ne peut y avoir d’annonce de la bonne nouvelle si celle-ci ne naît pas de la joie. » 

     

    « Sur bien des points, nous connaissons une plus grande sécurité que nos ancêtres. En tout cas, en Occident, nous sommes largement protégés contre la maladie, la violence et la misère. Et pourtant, nous avons peur : nous sommes angoissés devant les dangers  que nous avons créés : un désastre écologique, la vache folle, la puissance nucléaire, les cultures génétiquement modifiées. Je me suis trouvée en Afrique, dans des pays où les gens avaient supporté, jour après jour, de terribles dangers, dans le calme et la confiance, alors qu’en Occident, le moindre risque provoque souvent la panique. » 

     

    « Dieu vient de l’intérieur, du plus profond de nous-mêmes. Il est comme le disait saint Augustin,  plus proche de nous que nous-mêmes. 

    Dieu vient à nous comme un enfant vient près de sa mère, touche son être profond et la transforme peu à peu. Sinon ce serait une violence, un viol. Nous devons être patient, parce ce que Dieu ne vient jamais comme un agent extérieur, mais dans l’intimité de notre être corporel, qui vit dans le temps. » 

     

    « Quand je prie tout simplement pour que cesse ma migraine, ou que je trouve du travail – Dieu vient, non pas comme un magicien venu d’en haut avec, dans sa poche, une solution immédiate. Souvent, Dieu vient en secret, sans se faire voir, avec un infini respect pour les rythmes de la vie humaine. » 

     

    « On doit apprendre l'art d'être seul. Je ne puis être bien avec d'autres si je ne suis pas capable d'être heureux en étant seul. Si la solitude me terrifie, je vais m'accrocher aux autres, non parce que je suis heureux d'être avec eux, pour eux-mêmes, mais parce qu'ils sont une solution à mes problèmes. Je vais voir les autres comme des moyens de combler mon propre vide, ma terrible solitude; je ne serai plus capable de me réjouir de ce qu'ils sont. Ainsi, quand nous sommes avec quelqu'un d'autre, soyons vraiment présents, et quand nous sommes seuls, apprécions notre solitude. » 

     

    « Pour les chrétiens, le grand mensonge consiste à regarder les autres sans bienveillance, à fermer les yeux sur ce que leur humanité à de bon, à les alourdir du poids de leurs péchés. » 

     

    « Nous ne voyons pas exactement les gens si nous ne les regardons pas avec bienveillance. L’amour fait attention aux gens, au fait même de leur existence, la haine coupe de la réalité, de sorte que la personne que l’on déteste devient le symbole de tout ce qui est menaçant, plutôt que quelqu’un  de réel. » 

     

    « Un jour, un rabbin demande à ses étudiants : « Comment savez-vous que la nuit est terminée et que le jour se lève ? » Un étudiant propose : « Quand on peut voir qu'un animal, au loin, est un lion et non un léopard. - Non ! » Dit le rabbin. Un autre dit : « Quand on peut dire qu'un arbre porte des figues et non des pêches. –  

    Non », dit le rabbin, « c'est quand en regardant le visage de quelqu'un, on peut voir que cet homme ou cette femme est un frère ou une sœur ; jusque-là, quelle que soit l'heure du jour, vous êtes encore dans la nuit. » 

     

     

    « Nous devons quelquefois accuser, mais pas avant d'avoir discerné la bonté fondamentale de l'autre. Des gens qui sont bons font parfois des choses qui sont mauvaises. Dans notre monde livré au doute et au soupçon, nous avons besoin d'une autre presse; d'une presse libérée de ses limites héritées des Lumières. Nous avons besoin d'un autre débat politique, un débat dont l'objectif ne serait pas de montrer que l'adversaire ne vaut rien, mais de parvenir ensemble à une meilleure compréhension du bien commun. » 

     

    « Le Royaume de Dieu n’est pas un autre endroit, caché dans quelque coin éloigné et où l’on espère aller un jour. C’est l’unité de tous les êtres humains dans le Christ. » 

     

    « Dieu est celui en qui personne n’est à la marge, parce que le centre de Dieu est partout et sa circonférence nulle part. C’est là que nous serons complètement chez nous, dans ce vaste espace qu’est Dieu, car tout le monde sera chez lui. » 

     

    « L’humilité chrétienne ne consiste pas à se sentir un méprisable ver de terre c’est avoir un juste respect de soi-même. Jean Louis Brugès, a écrit que l’humilité était le nom chrétien de l’estime de soi. » Grâce à l’humilité, je demeure en moi, satisfait d’être ce que je suis. C’est une libération de la rivalité, du besoin de se mesurer sans cesse aux autres. L’humilité me donne une ambition à la mesure de ce que je peux faire et me libère de l’imagination de ce dont je suis incapable. » 

     

    « L’humilité nous libère du besoin impérieux d’avoir le premier rôle ; elle nous fait accepter de jouer un rôle dans l’histoire que nous partageons avec d’autres, mais pas nécessairement le plus important. » 

     

    Conclusion 

     

    « Si notre foi est vraie, alors Dieu est la raison de toute chose. Il est notre destinée et notre bonheur, celui vers qui nous sommes orientés. 

    Notre foi ne s’arrête pas aux formulations mais s’en sert pour aller vers le mystère de Dieu qui est au-delà des mots. Nos mots désignent plus que les mots. Je les ai comparés à des flèches pointées sur ce que nous ne pouvons pas apercevoir. Nous tirons nos flèches dans le noir. Nos affirmations sur Dieu ne sont intelligibles que si notre vie est orientée vers Dieu. Hors du contexte d’une vie qui va  au-delà d’elle-même, nos affirmations sur Dieu ne veulent pas dire grand-chose ; elles seront comme des flèches jamais tirées : elles ne convaincront personne et n’auront aucune autorité ; Nous pouvons parler d’amour, de liberté et d’espérance autant que nous voulons, s’il n’y en a aucun signe dans notre vie, nous gaspillons notre souffle. 

    Ce qui est demandé à l’Eglise est donc d’être le genre de communauté qui peut parler de Dieu de façon convaincante, c'est-à-dire un lieu de compassion et de compréhension mutuelle, de joie et de liberté. Si nous paraissons être des gens craintifs, des gens qui ont peur du monde et des autres, pourquoi croirait-on ce que nous disons ? 

    La raison d’être chrétien, finalement, c’est d’orienter vers Dieu. 

    Si le christianisme doit permettre à des vies d’être orientées vers Dieu, s’il doit aider les pèlerins à avancer vers ce qui est notre demeure ultime, il faut que nous nous donnions mutuellement du courage. Si nous croyons vraiment que l’Esprit Saint a été donné à l’Eglise, à la Pentecôte, nous pouvons certainement être détendus les uns avec les autres. » 

     

     

     

     

     


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  • Préceptes de vie des philosophes grecs 

     

    « Au commencement, le mensonge donne une petite satisfaction ; à la fin, il ne procure qu'un gain tout ensemble honteux et funeste. C'est une laide chose pour un homme que le mensonge l'accompagne et soit toujours prêt à sortir de sa bouche. » (Théognis) 

     

    « La sagesse étudie l’être ; et l’intelligence, ce qui est encore au-dessus de l’être [Un, le bien] (Plotin) 

     

    « Je hais et je déteste ceux qui parlent d’un ton élevé, emphatique : savoir garder le silence, voilà la plus belle qualité. » (Anacréon) 

     

    « Les dons que font la sagesse et la science, ils sont bien supérieurs à ceux de la richesse : on les fait avec plaisir. » (Plutarque) 

     

    « Affliger un heureux, c’est chose facile ; mais c’est chose difficile que de relever un malheureux. » (Théonis) 

     

    « L’homme docile aux bons conseils est encore digne d’estime, mais celui qui ne sait pas s’éclairer par sa propre sagesse et refuse d’écouter les avis des autres est entièrement vain sur la terre. » (Hésiode) 

     

    « Le sage confronté aux nécessités de la vie, sait, dans le partage, plutôt donner que prendre ; si grand est le trésor de la suffisance à soi-même qu’il a trouvé. » (Epicure, Sentences vaticane) 

     

    « L’espérance est le seul bien qui soit commun à tous les hommes : ceux qui n’ont plus rien la possèdent encore. » (Thalès) 

     

    « Hommes, ne rions pas des faiblesses de l’humanité : elles doivent bien plutôt faire couler les larmes. » (Démocrite) 

     

    « Tu gémis des tes malheurs ! Si tu considérais tout ce que souffrent les autres, tu te plaindrais plus doucement de tes maux. » (Chilon) 

     

    « Les hommes qui se vantent le plus ressemblent trop souvent à des armes dorées. Le dehors semble précieux : ôtez la superficie, vous ne trouverez qu’un vil métal. » (Démophile) 

     

    « Ne cache pas dans ton cœur une opinion différente de celle que tu exprimes et ne fais pas comme le polype des rochers : ne varie selon les lieux. Sois sincère avec tous et que tes paroles viennent du cœur. (Phocylide) 

     

    « La maladie est un obstacle pour le corps, mais non pour la volonté, à moins que celle-ci ne faiblisse. «Je suis boiteux. » Voilà un empêchement pour mon pied ; mais pour ma volonté, point du tout. Sur tous les accidents qui t'arriveront, dis-toi la même chose ; et tu trouveras que c'est toujours un empêchement pour quelque autre chose, et non pas pour toi. 

    (Épictète, Pensées) 

     

    « Rien de grand ne se fait tout d'un coup, pas même un raisin ni une figue. Si tu me dis : «Je veux tout de suite une figue », je te répondrai : « Mon ami, il faut du temps, attends qu'elle naisse, elle croîtra ensuite, et elle mûrira. » Et tu veux que les esprits portent tout d'un coup leur fruit dans la parfaite maturité ! Cela est-il juste ? » (Épictète, Entretiens) 

     

    « Le commencement de la philosophie, c'est de connaître notre faiblesse et notre ignorance dans les devoirs nécessaires et indispensables. » 

    (Épictète, Entretiens) 

     

    « L'âme est comme un bassin plein d'eau ; ses opinions sont la lumière qui éclaire ce bassin. Lorsque l'eau du bassin est agitée, il semble que la lumière le soit aussi ; elle ne l'est pourtant point. Il en est de même de l'homme ; quand il est troublé et agité, les vertus ne sont point bouleversées et confondues, ce sont ses esprits qui sont en mouvement. Que ses esprits soient rassis, et tout sera tranquille. (Épictète, Entretiens) 

     

     

    « Un enfant met sa main dans un pot à ouverture étroite >ù il y a des noisettes et des figues ; il en emplit sa main tant qu'elle en peut tenir, et, ne pouvant la retirer si pleine, il se met à pleurer. 

    Mon enfant, laisse-en toi la moitié, et tu retireras ta main assez garnie… 

    Tu es cet enfant. Tu désires beaucoup et tu ne peux l’obtenir ; dire moins, et tu l’auras. » (Épictète, Entretiens) 

     

    « Ni les victoires des jeux olympiques, ni celles que l’on remporte dans les batailles ne rendent l'homme heureux. Les seules qui le rendent heureux, ce sont celles qu'il remporte sur lui-même. Les tentations et les épreuves sont des combats. Tu as été vaincu une fois, deux fois, plusieurs fois ; combats encore. Si tu es enfin vainqueur, tu seras heureux toute ta vie, comme celui qui a toujours vaincu. » (Épictète, Entretiens) 

     


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    Préceptes de vie des philosophes grecs 

     

    « Que souvent il en coûte peu pour exercer l’humanité ! Un faible bienfait répandu à propos peut quelquefois sauver l’honneur ou la vie de celui qui le reçoit. (Démocrite) 

     

    « Il est des caractères heureux, qui, sans avoir cultivé la raison, s’y conforment cependant toute leur vie. (Démocrite) 

     

    « Ce ne sont pas de belles paroles, c’est une conduite vertueuse qui rend hommage à la vertu. (Démocrite) 

     

    « Tout est perdu quand les méchants servent d’exemple et les bons de risée. »(Démocrite) 

     

    « On voit une foule de gens qui semblent merveilleux, et qui ne paient que d’apparence : ils font tout en paroles, et n’agissent jamais. » (Démocrite) 

     

    « L’ignorance du bien est la cause du mal. » (Démocrite) 

    « Ne fais pas toi-même ce qui te déplait dans les autres. » (Thalès) 

     

    « Ne fais rien de honteux en présence des autres, ni dans le secret. Que ta première loi soit de te respecter toi-même. (Pythagore, les Vers d’or) 

     

    « Reproche-toi ce que tu as fait de mal; réjouis-toi de ce que tu as fait de bien. » (Pythagore, Les Vers d'or) 

     

    « Cœur, mon cœur, confondu de peines sans remèdes, reprends-toi. Résiste à tes ennemis : oppose-leur une poitrine contraire. Ne bronche pas au piège des méchants. Vainqueur, n'exulte pas avec éclat ; vaincu, ne gémis pas prostré dans ta maison. Savoure tes succès, plains-toi de tes revers, mais sans excès. Apprends le rythme qui règle la vie des humains. » (Archiloque) 

     

     

     


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  • « Préceptes de vie des philosophes grecs » 

     

    « Que souvent il en coûte peu pour exercer l’humanité ! Un faible bienfait répandu à propos peut quelquefois sauver l’honneur ou la vie de celui qui le reçoit. (Démocrite) 

     

    « Il est des caractères heureux, qui, sans avoir cultivé la raison, s’y conforment cependant toute leur vie. (Démocrite) 

     

    « Ce ne sont pas de belles paroles, c’est une conduite vertueuse qui rend hommage à la vertu. (Démocrite) 

     

    « Tout est perdu quand les méchants servent d’exemple et les bons de risée. »(Démocrite) 

     

    « On voit une foule de gens qui semblent merveilleux, et qui ne paient que d’apparence : ils font tout en paroles, et n’agissent jamais. » (Démocrite) 

     

    « L’ignorance du bien est la cause du mal. » (Démocrite) 

    « Ne fais pas toi-même ce qui te déplait dans les autres. » (Thalès) 

     

    « Ne fais rien de honteux en présence des autres, ni dans le secret. Que ta première loi soit de te respecter toi-même. (Pythagore, les Vers d’or) 

     

    « Reproche-toi ce que tu as fait de mal; réjouis-toi de ce que tu as fait de bien. » (Pythagore, Les Vers d'or) 

     

     « Cœur, mon cœur, confondu de peines sans remèdes, reprends-toi. Résiste à tes ennemis : oppose-leur une poitrine contraire. Ne bronche pas au piège des méchants. Vainqueur, n'exulte pas avec éclat ; vaincu, ne gémis pas prostré dans ta maison. Savoure tes succès, plains-toi de tes revers, mais sans excès. Apprends le rythme qui règle la vie des humains. » (Archiloque) 

     

     


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