• LE LONG CHEMIN VERS LA SERENITE

     

    Extrait du livre le long chemin vers la Sérénité de André Daigneault 

     

    '"Au fond, les événements de notre vie nous posent tou­jours la question : « D'où es-tu ? et où vas-tu ? » (Gn 16,8). Et la première chose que nous devons accepter, pour débuter ce cheminement, c'est d'être des êtres humains incarnés, car le premier choix à la base de toute croissance humaine est de s'accepter soi-même tel qu'on est ; accepter sa réalité telle qu'elle est, avec ses dons, ses fai­blesses, avec toutes ses limites, ses blessures, ses ténèbres et sa finitude. La croissance humaine commence quand on accepte sa propre humanité, limitée, pauvre, mais belle aussi. »

     

    « Ne peut se dire maître s’il n’a d’abord été longtemps disciple, nul ne peut s’arroger le droit d’être obéi s’il n’a pas lui-même longtemps et encore obéi humblement à un autre. Nul ne peut être adulte s’il n’a pas été un véritable enfant. »

     

    « Nous avons tous peur de faire face à nous-mêmes, parce qu'au fond nous ne croyons pas que nous avons de la valeur.

    Nul ne peut vraiment donner s’il n’a appris longtemps à recevoir.

    Plusieurs hommes et plusieurs femmes sont des bourreaux de travail et ne peuvent s'arrêter, car ils ne croient  pas qu'on puisse les aimer pour eux-mêmes. »

     

    « C'est pourquoi nous avons souvent tellement besoin d'être entourés, admirés et que, parfois, nous paniquons lorsque nous nous retrouvons seuls avec nous-mêmes. Derrière notre masque, nos engagements et nos activités multiples, qui   nous donnent  l'impression   que   nous   sommes quelqu'un, se cache au plus profond de notre cœur cet enfant fragile qui voudrait vivre.

    Après avoir fait face à notre solitude et l'avoir assumée, nous sommes aptes à vivre avec autrui sans fusionner ou sans ressentir le besoin de sauver ou de dominer. »

     

     

     

    ACCEPTER D'ÊTRE SOI-MÊME

     

    « Le chemin vers la vérité sur nous-mêmes est souvent dif­ficile et ardu à parcourir. Il n'est pas facile d'accepter d'être soi-même et d'accepter que les autres le soient. Combien de personnes, y compris souvent nous-mêmes, vivent plus ou moins consciemment dans le mensonge. Elles se cachent sous toutes sortes d'armures et de défenses. Leur vie devient une sorte de mascarade, un jeu de cache-cache. Elles s'épuisent à nier et à refouler leurs blessures. Ne s’acceptant pas elles-mêmes, elles jouent au personnage u, bienfaisant, généreux, indispensable aux yeux des autres.

    Au lieu de faire face à la vérité et d'accepter d'être nous-mêmes, nous préférons souvent fuir l'enfant blessé en nous dans l'activité débordante qui nous valorise ou dans la maladie : angoisse, maux de dos, insomnie, ulcère, angine  de poitrine, tensions diverses, etc. Il faudra bien un jour faire face à nos anciennes blessures et commencer à être vrai avec nous-mêmes et les autres, car sans cela nous montrerons toujours aux autres une façade et un faux moi. »

     

    « Aimer quelqu’un, ce n’est pas être généreux ; aimer quelqu’un, ce n’est pas organiser des choses pour quelqu’un, aimer quelqu’un, ce n’est pas se pencher sur quelqu’un pour l’aider du haut de notre générosité  et de nos vertus ; aimer quelqu’un c’est lui révéler sa bonté, qu’il est unique et faire jaillir ses dons, aimer quelqu’un c’est aussi accepter de recevoir de lui, et non seulement de donner. Au fond l’amour vrai ne domine pas, il ne fait pas peur ; il se fait petit pour donner la vie, et en même temps il accepte de recevoir. » 

     

    « Aimer vraiment, c’est accepter d’être soi-même sans masque ni carapace. Aimer vraiment, c’est ne pas être possessif  et dominateur. L’amour vrai est toujours humble et vulnérable ».

     

    « Accepter d'être soi-même est un long cheminement. Il faut accepter d'abord cette part d'ombre en nous, ce désir de puissance, dont parle souvent Jung, cette violence cachée, cette agressivité refoulée derrière notre apparente douceur, cette jalousie qu'on n'ose pas s'avouer de peur d'y faire face. S'accepter avec ses pauvretés, ses défauts de caractère, accepter de perdre la face, s'accepter fragile et pécheur n'est jamais chose facile. Accepter la réalité comme elle est, sans pour autant tomber dans la passivité, le découragement ou la révolte, voilà souvent le premier acte d'humilité qui nous mène sur le chemin vers la séré­nité. »

     

    « Vivre c’est toucher, goûter, sentir, voir, discerner ces sensations les unes des autres, imaginer, se souvenir, aimer, haïr, se mouvoir soi-même de lieu en lieu, se réjouir, s’attrister, comprendre, raisonner, vouloir ; La vie nous est d’abord connue dans la conscience de l’exercice même de ces opérations. »

     

    « Nous savons tous que pour devenir adulte et mature, il nous faut un jour quitter nos parents, sans nous sentir coupables de les avoirs quittés, car notre vie est différente de la leur, et notre mission personnelle est plus importante que tout. »

    « La vie n’est pas programmée, ni mécanique, ni décidée d’avance. La vie est surprise, bondissements, rires, pleurs, échecs, réussites et brûlure au cœur. »

     

    « Vivre c’est «  se laisser toucher tous les jours par quelque chose ou quelqu’un » Je dis bien se laisser toucher et non seulement accomplir des choses qui nous assureront l’admiration et l’attachement des autres. »

     

    « Vivre, c’est aimer et se laisser aimer. Au fond l’amour véritable nous est souvent difficile à cause de notre égoïsme foncier, mais il fait davantage croître  que toute autre expérience. C’est cela qu’apporte la maturité du cœur, de l’âme et l’être entier. Vivre réellement, c’est savoir aimer et accepter aussi de recevoir et d’être aimer. » 

     

    « Je suis parfois bouleversé en voyant que bien des individus ne s’efforcent pas d’être quelqu’un, mais de valoir quelque chose ; ils ne désirent pas remplir leur âme ou nourrir leur cœur, mais occuper  une position, ne se demandent pas ce qu’ils portent au fond d’eux-mêmes, mais quel habit, quel masque revêtir. »

     

    « Scott Peck psychothérapeute et auteur du best-seller mondial Le chemin le moins fréquenté, écrivait :

    Les gens du mensonge

    Ces gens ne se croient jamais mauvais ; par contre, ils voient beaucoup de mal chez autrui. Comme ils se consi­dèrent au-dessus de tout reproche, ils s'emportent contre tous ceux qui leur en font. Ils sacrifient les autres pour pré­server leur propre image de perfection. Tout à fait soucieux de protéger leur image de perfection, ils s'efforcent sans cesse de maintenir une apparence de pureté morale. C'est vraiment une grande préoccupation pour eux. Ils sont vivement sensibles à l'opinion des autres. Ils sont souvent bien vêtus, ponctuels à l'ouvrage, et leur vie s'écoule sans reproches. Biens qu’ils n’aient pas trop envi d’être bon, les gens mauvais ont un désir intense de paraître bon. Leur bonté n’est que l’ostentation. C’est un mensonge, c’est pourquoi je les appelle  « les gens du mensonges. »

     

    « Dans notre société occidentale, nous sommes conditionnés à chercher notre justification par nos œuvres : chacun doit toujours prouver sa valeur. Toute la société nous dit que, pour être acceptable, il faut réussir. Alors nous nous épuisons à vouloir exceller pour pouvoir absolument être admiré. Il y a quelque chose qui nous fait pitié lorsque l’on regarde l’orgueilleux avec les yeux du cœur et que l’on voit plus loin que l’apparence. »

     

    « Les larmes, écrit le docteur Arthur Janov, nous lavent de la  souffrance et démasquent l'inconscient. On peut dire que les larmes sont l'apanage du genre humain. C'est notre aptitude à pleurer et à verser des larmes qui nous distingue des animaux. Pleurer est un processus de guérison. Mais il se trouve que, dans notre société, pour des raisons inexplicables, pleurer a été mis à l'index. On fait taire ses enfants, on les traite de pleurnichards, on considère que c'est être plus adulte que de ne pas pleurer et on prend les pleurs pour  un signe de faiblesse. Alors, on bloque cette fonction biologique innée. Il arrive que le refoulement des larmes installé en nous depuis si longtemps qu'on ne puisse recouvrer ses larmes. Ceux qui sont dans ce cas-là sont les candidats tout désignés à de graves maladies. J'ai vu disparaître pas mal d'allergies et de maladies à partir du jour où mes patients avaient retrouvé la faculté de pleurer »

     

    « Tous les psychologues disent que la capacité défaire face à nos sentiments et d'exprimer librement nos émotions est une indication de maturité affective et d'équi­pe mental. Quelqu'un incapable d'exprimer ses émotions est souvent prisonnier d'une blessure ancienne qui l’empêche, par peur, d'être lui-même. Il se réfugie dans sa tête, pour se protéger de son cœur.

    Pour aider les autres, il nous faut être en contact avec notre propre cœur. On ne peut vraiment aider un autre sans pénétrer le cœur de l'autre, et c'est avec notre propre cœur  qu'on y parvient. »

     

    Il est surprenant de s’apercevoir que les personnes qui peuvent le plus aider les autres sont celles qui sont proches de leur cœur, qui ont souffert, qui ont leurs propres blessures et qui ne nient  pas leur humanité. Ces personnes arrivent à avoir une intuition du cœur que parfois, des diplômes et des études ne donnent pas. Combiens de personnes ont même écrit des thèses sur la relation d’aide et la rencontre des gens, mais cela reste souvent sur le plan des idées. Les personnes le ressentent et ne s’ouvrent pas. On n’ouvre pas son cœur à un ordinateur, même si c’est le meilleur des ordinateurs. La pensée logique et intellectuelle est incapable de rejoindre les personnes dans leur cœur profond et leurs émotions cachées. »

     

    « Dominique Casera donne les traits de quelqu'un qui devient aidant, qu'il soit professionnel ou non : « II doit son habileté avec les autres à sa sécurité intérieure. Son moi étant très fort, il s'accepte comme il est avec ses bles­sures, il se connaît intimement et a une attitude positive et aimante à l'égard de lui-même. Il ne craint pas d'être touché dans ses émotions, il se fait confiance et se fie à ses réactions, il se perçoit d'une façon positive et joyeuse, sans se défendre contre la spontanéité. Il ne se soucie pas de maintenir un contrôle rigide sur le déroulement de la ren­contre ni d'éviter la menace d'être pris par surprise dans le développement des rapports avec l'autre. Il est simple, spontané, il n'est pas sur la défensive, n'ayant aucune image professionnelle à défendre, aucun personnage à pré­server. Il fait confiance à ses propres impulsions, accepte les réponses spontanées qui surgissent de lui et jouit de sa sécurité intérieure. Il se montre ouvert à absorber les expé­riences des autres. »

     

    « Nous savons que l'amour doit s'exprimer par le regard, le toucher et la parole. C'est par les yeux que nous disons d'abord à quelqu'un que nous l'estimons, que nous l'aimons. Dans les yeux on peut lire l'âme ; les yeux trahissent le sentiment intime de la per­sonne : le regard est doux, tendre, joyeux, triste ou inquiet, énergique, enthousiaste, réservé. Dans les yeux, on peut sentir sans erreur possible quelles sont les dispositions intimes d'une personne, car dans chacune des expressions des yeux on décèle le contrecoup de l'émotion ressentie. Et de cette même façon s'exprime l'amour. »

    « Le regard est d’une importance primordiale dans la communication humaine. C’est d’abord dans le regard d’un autre que nous nous découvrons aimables. L’autre, en nous regardant avec amour, nous permet cette découverte qui nous bouleverse et nous fait revivre : nous sommes la personne la plus importante à ce moment-là pour lui ou pour elle. Nous nous  découvrons nous-mêmes dans le regard de l’autre. »

     

     

     

    Ne vous plaignez pas trop..,

     

    « Ne vous plaignez pas trop d'avoir un cœur de chair

    Vos yeux seront plus beaux quand vous aurez pleuré

    II naîtra de vos pleurs comme un fruit de la terre

    Une fleur inconnue qu'on n'a pas respirée »

     

    « Ne vous plaignez pas trop d'avoir l'âme blessée

    La blessure est brûlante aux lèvres qui la touchent

    II neigera des pleurs comme un miel dans la bouche

    Vos mots seront plus doux votre regard lavé »

     

    « Ne vous plaignez pas trop de votre sœur la mort

    Vous serez cet Agneau que l'on nomme Tendresse

    Et qui tremblant d'amour en face du couteau

    Embrasse l'agonie comme enfant la caresse. »

     

     

     

    « Pour réussir sa vieillesse et arriver à une certaine séré­nité, il faut d'une certaine façon la commencer plus tôt, et non pas la retarder le plus possible. Accepter de lâcher prise, accepter de vieillir, signifie accepter beaucoup de renoncements, de pertes et accepter sereinement la pers­pective de la mort. Pourquoi donc tant d'hommes et de femmes ont-ils tant de difficulté à vieillir? Je crois que c'est parce que nous avons tous beaucoup de difficulté à accepter la réalité et la vérité de notre mortalité et de notre -finitude. »

     

    « En général, dans notre société, nous considérons jeunes les personnes jusqu'à la trentaine ; entre trente et soixante ans, nous les disons au milieu, et ceux et celles qui ont plus de soixante ans sont considérés par les plus jeunes comme vieux. Cependant lorsqu'on arrive soi-même à soixante ans, on ne se sent pas vieux. Et se considérer soi-même comme vieux ne nous vient pas facilement, surtout dans notre société occidentale qui glorifie tellement l'adolescence et la jeunesse. »

     

    « Essayons maintenant d'approfondir ce qui se passe dans la quarantaine et jusqu'au milieu de la cinquan­taine. La crise du milieu de la vie, que certains appellent la crise de la quarantaine, survient dans la vie d'un indi­vidu entre trente-cinq et cinquante-cinq ans. Il s'agit d'une période d'agitation affective et de turbulence inté­rieure qui se manifeste parfois sur le plan du comporte­ment et annonce l'entrée dans la véritable maturité de l'âge mûr. Elle peut s'étendre sur plusieurs années ou durer un an  le moment précis et la durée varient d'un individu à l'autre. »

     

     

    Je m’habitue

     

    Je m'habitue doucement

    Ne vous en faites pas trop

    Je m'habitue je m'habitue

    J’ai à peine une larme à l'œil

    À peine un léger battement de cœur

    Je m'habitue aux cheveux qui tombent

    À mes yeux qui baissent

    Je m'habitue doucement

    À la lumière moins forte

    Je marche plus lentement

    Beaucoup plus doucement

    Ne vous en faites pas trop

    Mon cœur bat plus fort plus vite

    Mais je m'habitue doucement

    Je laisse tomber lentement

    Les masques qui me cachaient

    Je me dénude lentement

    J’ai à peine une larme à l'œil

    À peine un léger sanglot

    Mon cœur de pierre s'adoucit

    Mon cœur de chair est là

    Sous ma carapace

    Doucement je le montre

    Lentement les décors tombent

    Et me voici fragile

    Debout devant vous

    La tendresse s'écoulant

    De la plaie

    De mon cœur d'enfant.

     

     


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