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Par renal le 26 Novembre 2016 à 19:00
Je la surpris à l’ombre du printemps
et l’enchaînai de guirlandes de roses.
Elle dormait et n’en put rien sentir.
Elle était là, devant moi. Ce regard
vouait ma vie tout entière à sa vie.
Je le sentis au cœur et n’en sus rien.
Je souriais vers elle sans mot dire
et laissai murmurer les guirlandes de roses
Elle surgit alors du songe et s’éveilla.
J’étais là, devant elle.
Ce regard trouait sa vie tout entière à ma vie
ce fut tout autour de nous le paradis.
Friedrich Gottlieb Klopstock
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Par renal le 17 Novembre 2016 à 20:50
Le parfum
Un sage était plongé dans une méditation profonde. Lorsqu’il sortit de son extase, un de ses compagnons lui dit :
-Que nous rapportes-tu de ce beau jardin où tu te promenais ?
Le sage répondit :
— J’avais rempli de roses le pan de ma robe, et je voulais vous les distribuer, mais leur parfum m’a tellement enivré que le pan de ma robe s’est échappé de mes mains.
Saadi
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Par renal le 10 Novembre 2016 à 09:34
Voici l’heure...
Une rose, dans une buire, embaume autant que sur le rosier. Notre amour est une rose cueillie, le parfum ne veut pas mourir.
Pour ne plus sentir son odeur, je l’ai cachée dans les coffrets. Leurs parois n’étaient pas assez épaisses. Je l’ai enfouie dans le sable. Elle y avait pris racine et devenait un rosier démesuré.
Je l’ai effeuillée avec rage : mes mains en sont à jamais parfumées !
Poème Persans
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Par renal le 2 Novembre 2016 à 10:14
La mort n'est rien
La mort n'est rien,
je suis seulement passé, dans la pièce à côté.
Je suis moi. Vous êtes vous.
Ce que j'étais pour vous, je le suis toujours.
Donnez-moi le nom que vous m'avez toujours donné,
parlez-moi comme vous l'avez toujours fait.
N'employez pas un ton différent,
ne prenez pas un air solennel ou triste.
Continuez à rire de ce qui nous faisait rire ensemble.
Priez, souriez,
pensez à moi,
priez pour moi.
Que mon nom soit prononcé à la maison
comme il l'a toujours été,
sans emphase d'aucune sorte,
sans une trace d'ombre.
La vie signifie tout ce qu'elle a toujours été.
Le fil n'est pas coupé.
Pourquoi serais-je hors de vos pensées,
simplement parce que je suis hors de votre vue ?
Je ne suis pas loin, juste de l'autre côté du chemin.
Canon Henry Scott-Holland (1847-1918), traduction d'un extrait de "The King of Terrors", sermon sur la mort 1910
Quelquefois attribué à Charles Péguy, d'après un texte de Saint Augustin
Bretagne, Octobre 2016 Jardin aux Moines
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Par renal le 2 Novembre 2016 à 10:04
Novembre sur le quai (la ronde des mois)
Quelque part le long du quai
Les cheveux, par le vent, emmêlés
Dans mon vieux pull, emmitouflée
Sans résister, je me laisse embarquer,
Sur les ailes invisibles du vent.
Je m'abandonne à mon imaginaire
Bien au-delà des hautes terres,
Très loin du côté du levant.
Novembre s'étire sur le flanc des collines
Jetant une immense couverture
De chauds coloris sur la nature
Dans la lumière du jour qui décline.
La valse des feuilles mortes
Que le vent transporte
Me ramène à la réalité.
Sortant de mon immobilité
Je relève mon col frileusement
Et m'éloigne à grands pas, rapidement.
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Par renal le 31 Octobre 2016 à 08:58
Le jardin des caresses
Le coquelicot puise sa pourpre dans le sang d’un Empereur enseveli. La violette naît du grain de beauté qui étoilait le visage d’un adolescente
Ce narcisse qui tremble au bord du ruisseau, ses racines sortent peut-être des lèvres décomposées d’une femme. Que tes pas effleurent légèrement le gazon ! Dis-toi qu’il a germé dans les cendres de beaux visages qui avaient l’éclat des tulipes rouges...
Notre univers est une tonnelle de roses. Nos visiteurs sont les papillons. Nos musiciens sont les rossignols. Quand il n’y a plus ni roses ni feuilles, les étoiles sont mes roses et ta chevelure est ma forêt.
Umar Khayyâm
Forêt de Paimpont
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Par renal le 27 Octobre 2016 à 12:11
Au parc de Bagatelle
La forte chaleur de ces derniers jours forme des symphonies de fleurs — d’innombrables tulipes flamboyaient sur les pelouses et sur les îles du petit lac.
En certaines fleurs qui pendaient aux murailles, comme ces grappes de glycines violettes ou d’un gris soyeux, légères comme plume et pourtant lourdes de beauté, Flore semble s’être surpassée — cela nous ouvre les jardins de légendes, les jardins enchantés.
Un tel spectacle est toujours pour moi comme un appel, une promesse de magnificences éternelles — l’étincelant rayon jeté par des trésors devant lesquels une porte s’est passagèrement ouverte.
L’éphémère, c’est ce qui se fane, et pourtant ces miracles floraux sont les symboles d’une vie qui ne se flétrit jamais.
De là vient l’enchantement de leur couleur et de leur parfum ; ils éclaboussent le cœur en étincelles multicolores.
Ernst Jünger
Image https://pixabay.com/fr/pierre-bloom-fleur-couleur-color
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Par renal le 24 Octobre 2016 à 10:01
L’âne dormant
C’est un âne qui dort
Enfants, regardez-le dormir
Ne le réveillez pas
Ne lui faites pas de blagues
Quand il ne dort pas,
il est très souvent malheureux
Il ne mange pas tous les jours.
On oublie de lui donner à boire.
Et puis on tape dessus.
Regardez-le
Il est plus beau que les statues
qu’on vous dit d’admirer et qui vous ennuient.
Il est vivant, il respire
Confortablement installé
Dans son rêve.
Les grandes personnes disent que la poule
Rêve de grain et l’âne d’avoine.
Les grandes personnes disent ça
pour dire quelque chose,
elles feraient mieux de s’occuper
de leurs rêves à elles,
de leurs petits cauchemars personnels.
Sur l’herbe à côté de sa tête,
il y a deux plumes. S’il les a vues
avant de s’endormir il rêve peut-être
qu’il est oiseau et qu’il vole.
Ou peut-être il rêve d’autre chose.
Par exemple qu’il est à l’école des garçons,
caché dans l’armoire aux cartons à dessin.
Il y a un petit garçon
qui ne sait pas faire son problème.
Alors le maître lui dit :
Vous êtes un âne, Nicolas !
C’est désastreux
pour Nicolas.
Il va pleurer.
Mais l’âne sort de sa cachette.
Le maître ne le voit pas.
Et l’âne fait le problème du petit garçon.
Le petit garçon va porter le problème au maître,
et le maître dit :
C’est très bien, Nicolas !
Alors l’âne et Nicolas
Rient tout doucement aux éclats,
Mais le maître ne les entends pas.
Et si l’âne ne rêve pas ça
C’est qu’il rêve autre chose.
Tout ce qu’on peut savoir,
C’est qu’il rêve.
Tout le monde rêve.
Jacques Prévert
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Par renal le 20 Octobre 2016 à 09:59
Fleurs
Sous la poussière d’or qui tombe des tilleuls
L’air lucide flamboie ainsi qu’une verrière
Transparente où la souple et féline lumière
Rôde autour des rosiers, des lys et des glaïeuls.
Fleurs! songes enflammés de la Terre! armoiries
Dont l’azur qui triomphe a marqué les gazons.
Vos luxes tour à tour insultent les prairies
Et sont une fourrure aux pieds de nos maisons.
Âmes du Feu ! esprits dangereux des Essences !
Que ne puis-je, vaincu par vos fauves puissances.
Dans la tranquille ardeur d’un grand midi vermeil.
Au jardin reflétant la clarté qui l’arrose
Et tissant mon linceul de soie et de soleil.
Mourir sous la caresse éclatante des roses!
Vincent Muselli
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Par renal le 18 Octobre 2016 à 10:14
Immense et rouge
Immense et rouge
Au-dessus du Grand Palais
Le soleil d’hiver apparaît
Et disparaît
Comme lui mon cœur va disparaître
Et tout mon sang va s’en aller
S’en aller à ta recherche
Mon amour
Ma beauté
Et te trouver
Là où tu es.
Jacques Prévert (extrait du livre « Au hasard des oiseaux)
Octobre 2016
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Par renal le 15 Octobre 2016 à 16:11
Soyez polis
La terre aime le soleil
Et elle tourne
Pour se faire admirer
Et le soleil la trouve belle
Et il brille sur elle
Et quand il est fatigué
Il va se coucher
Et la lune se lève.
Jacques Prévert (extrait du livre « Au hasard des oiseaux)
Sur les bords du canal de l'Oise
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Par renal le 11 Octobre 2016 à 11:34
Automne (Colchiques dans les prés)
Colchiques dans les prés
Fleurissent, fleurissent
Colchiques dans les prés
C’est la fin de l’été
La feuille d’automne emportée par le vent
En ronde monotone tombe en tourbillonnant.
Châtaignes dans les bois, se fendent, se fendent,
Châtaignes dans les bois, se fendent sous nos pas
La feuille d’automne emportée par le vent
En ronde monotone tombe en tourbillonnant
Nuages dans le ciel, s’étirent, s’étirent
Nuages dans le ciel s’étirent comme une aile
La feuille d’automne emportée par le vent
En ronde monotone, tombe en tourbillonnant
Et ce chant dans mon cœur, murmure, murmure
Et ce chant dans mon cœur appelle le bonheurJacqueline Debatte
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Par renal le 11 Octobre 2016 à 09:39
L’école des beaux arts
Dans une boîte de paille tressée
Le père choisit une petite boule de papier
Et il la jette Dans la cuvette
Devant ses enfants intrigués
Surgit alors Multicolore
La grande fleur japonaise
Le nénuphar instantané
Et les enfants se taisent émerveillés
Jamais plus tard dans leur souvenir
Cette fleur ne pourra se faner
Cette fleur subite
Faite pour eux
A la minute
Devant eux.
Jacques Prévert (extrait du livre « Au hasard des oiseaux)
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