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Par renal le 1 Août 2017 à 09:30
Apprendre à s’aimer
Il le faut, un petit peu,
S’aimer soi-même,
Assez pour se respecter,
Assez pour s’accepter,
Il le faut, un petit peu,
Apprendre à s’aimer,
Pour à son tour aimer,
Pour à son tour donner,
Il le faut, un petit peu,
S’aimer soi-même,
Afin de ne pas se blesser,
Afin de ne pas en chagriner,
Il le faut, un petit peu,
Apprendre à s’aimer,
Dans cet amour, s’abriter,
De ses racines, se relever,
Il le faut, un petit peu,
S’aimer soi-même,
S’estimer et s’en habiller,
Se mouvoir avec dignité,
Il le faut, un petit peu,
Apprendre à s’aimer,
Éducation inachevée,
Celle qui ne l’a enseigné.
Il le faut, un petit peu,
S’aimer soi-même,
Contours clairement tracés,
De cette âme, à toujours respecter.
Nashmia Noormohamed, 2016
Photo Renal. Chacra
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Par renal le 31 Juillet 2017 à 08:57
Enfermée
Elle s’est enfermée peu à peu du dedans
Pour vivre dans son monde un monde tout à elle
Une vie sans passé sans futur sans présent
Une vie sans attache aérienne irréelle.
Elle n’invente rien elle coud des morceaux
De vérité d’amours d’espoirs comme un puzzle
C’est une vie rêvée où tout paraît très beau
Sur ce chemin qui s’ouvre à elle toute seule.
Éloignée peu à peu maintenant elle est loin
Ses mots n’ont plus de voix ses yeux fixent le vide
Où nous ne sommes plus nous qui ne sommes rien.
Est-elle gaie ou triste heureuse à sa manière
Ses expressions se sont figées comme ses rides
Nous ne saurons plus rien de notre propre mère.
Philippe Simon
Lac de Blérancourt. Photo Renal
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Par renal le 30 Juillet 2017 à 10:11
Devant la mer, un soir
Devant la mer, un soir, un beau soir d’Italie,
Nous rêvions… toi, câline et d’amour amollie,
Tu regardais, bercée au cœur de ton amant,
Le ciel qui s’allumait d’astres splendidement.
Les souffles qui flottaient parlaient de défaillance ;
Là-bas, d’un bal lointain, à travers le silence,
Douces comme un sanglot qu’on exhale à genoux,
Des valses d’Allemagne arrivaient jusqu’à nous.
Incliné sur ton cou, j’aspirais à pleine âme
Ta vie intense et tes secrets parfums de femme,
Et je posais, comme une extase, par instants,
Ma lèvre au ciel voilé de tes yeux palpitants !
Des arbres parfumés encensaient la terrasse,
Et la mer, comme un monstre apaisé par ta grâce,
La mer jusqu’à tes pieds allongeait son velours,
La mer…
… Tu te taisais ; sous tes beaux cheveux lourds
Ta tête à l’abandon, lasse, s’était penchée,
Et l’indéfinissable douceur épanchée
À travers le ciel tiède et le parfum amer
De la grève noyait ton cœur d’une autre mer,
Si bien que, lentement, sur ta main pâle et chaude
Une larme tomba de tes yeux d’émeraude.
Pauvre, comme une enfant tu te mis à pleurer,
Souffrante de n’avoir nul mot à proférer.
Or, dans le même instant, à travers les espaces
Les étoiles tombaient, on eût dit, comme lasses,
Et je sentis mon coeur, tout mon cœur fondre en moi
Devant le ciel mourant qui pleurait comme toi…
C’était devant la mer, un beau soir d’Italie,
Un soir de volupté suprême, où tout s’oublie,
Ô Ange de faiblesse et de mélancolie.
Albert Samain, Le chariot d’or (1900)
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Par renal le 28 Juillet 2017 à 07:35
Au bord de la mer
La lune de ses mains distraites
A laissé choir, du haut de l’air,
Son grand éventail à paillettes
Sur le bleu tapis de la mer.
Pour le ravoir elle se penche
Et tend son beau bras argenté ;
Mais l’éventail fuit sa main blanche,
Par le flot qui passe emporté.
Au gouffre amer pour te le rendre,
Lune, j’irais bien me jeter,
Si tu voulais du ciel descendre,
Au ciel si je pouvais monter !
Théophile Gautier, Espana
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Par renal le 13 Juillet 2017 à 09:07
Voix des arbres
Les arbres timides et fort à
La nuit parlent à voix haute
Mais si simple est leur langage
Qu’il n’effraie pas les oiseaux
Près du cimetière où les morts
Remuent leurs lèvres de cendre
Le printemps en flocons roses
Rit comme une jeune fille
Et parfois comme le cœur
Prisonnier d’un vieil amour
La forêt pousse un long cri
En secouant ses barreaux
Marcel Béalu
Extrait du livre : « Les voix du poème »
Photo Forêt Domaniale de Verzy, Site des Faux
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Par renal le 9 Juillet 2017 à 13:47
Déjà je ne trouve plus ton visage...
Déjà je ne trouve plus ton visage
Qui dérive sous l’épaisseur des jours
Et déjà ta voix m’arrive si basse
Que je ne sais plus écouter ton chant
Me faudra-t-il oublier ton image
Me perdre sans toi dans une autre nuit
Pour qu’au fond de l’ombre et de la souffrance
Naisse le printemps qui nous est promis.
Tu m’es revenu ce matin
Le soleil est sur la maison
Si je savais le retenir
Dans la corbeille d’un beau jour
Peut-être viendrais-tu parfois
Faire halte au milieu de ta nuit
Et dormir encore avec moi Dans la paille de ses rayons.
Il y avait tant de silence
Tant de présence dans cette chambre
Toutes les lampes
Sur nos lèvres le même sourire
Que lorsqu’elle est venue vers toi
Elle avait le visage du printemps.
Je sais que tu m’as inventée
Que je suis née de ton regard
Toi qui donnais lumière aux arbres
Mais depuis que tu m’as quittée
Pour un sommeil qui te dévore
Je m’applique à te redonner
Dans le nid tremblant de mes mains
Une part de jour assez douce
Pour t’obliger à vivre encore.
Hélène Cadou
Extrait du livre : « Les voix du poème »
Photo Renal
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Par renal le 1 Juillet 2017 à 11:06
Parfum de la terre
Viens marcher avec le printemps
Sens le vent sur tes joues
Sois libre de tes mouvements
Prends le temps de vivre
Car demain ne t’appartient pas.
N’oublie pas ta promesse
D’aller retrouver la paix
Dans une forêt
Dans une maison en bois
Retrouve le battement de ton cœur.
Nous partirons les yeux fermés
Le cœur enveloppé
Du parfum de la terre
L’automne Uashtessiu
Qui nous dira
Viens, viens mon ami mon frère
Oui je t’attends
Depuis cet instant
Où ton souffle a touché mon âme
Oui je t’attends mon frère
Alors nous partirons tous deux
J’ai vu la montagne dans sa splendeur
J’ai entendu la rivière dans son désir
Quel plaisir et quel bonheur
D’être dans les bras de la terre
Et lui ce grand mystère
Que je découvre dans son absence
Chercher la vérité au creux de ses mains
Je respire l’air qu’il habite.
Voir son regard s’évanouir dans le mien
Pendant qu’il ferme les yeux sur mon corps
Pour mieux goûter à l’instant
J’entends son cœur battre.
J’aime son silence
J’aime sa voix
J’aime son reflet
J’aime l’invisible que je ne peux toucher
Mais que je sens avec force en moi.
Les arbres sont témoins de mon amour
Les rochers entendent encore aujourd’hui
L’écho de ma grande tendresse
Sur le ciel qui nous enveloppe.
Mon cœur est fait de branches de sapin
Entremêlées à toutes les saisons du monde
Je dors pour mieux tapisser tes rêves
Et celui du chasseur en quête d’une terre
Où il pourra alimenter son envie d’être libre
De marcher en admirant les courbes des rivières
De nourrir sa faim et d’assouvir sa soif.
Je crois aussi en la force du destin
Je crois aussi en la confiance de demain
La patience d’attendre en admirant l’eau des chutes
En priant pour mon prochain.
Je deviens l’hiver pour me reposer
Je deviens le printemps pour rêver
Je deviens l’été pour briller.
Et je suis une femme d’automne
Née dans un univers qui est aussi le tien.
Rita Mestokosho
Extrait du livre : « Les voix du poème »
Forêt Domaniale de Verzy, Site des Faux
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Par renal le 20 Juin 2017 à 09:36
Le petit pré
Il suffirait d’un papillon
Pour que la prairie se mette à voler
Que l'oiseau moribond
Cueille son cœur étoilé
Quand le trèfle sent bon
Comme un framboisier
Pourquoi dirait-on
Que l’oiseau s’est trompé
De saison
Petit chemin blanc
Qui t’agenouilles entre les herbes
Dis-moi quel vent
T’a dépouillé de tous les gestes
Si je m’étends comme toi sous la haie
Serai-je assez inaperçue
Pour que les enfants ne s'effrayent
Et pleins de rires me passent dessus
Abeille qu'as-tu fait ?
Toutes les fleurs te furent prêtées
On vit couler dans la vallée
La luzerne et le serpolet
Nulle excuse pour toi
Et nul amendement
L'été fut grand
Comme un geste de roi
Anne Perrier
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Par renal le 17 Juin 2017 à 09:10
ÉTÉ
Il est venu l’été si doux !
Chante, coucou !
Quelqu'un m'appelle, «m’aimez-vous?»
La forêt m’a sauté au cou.
Chante, coucou !
L'agneau bêle après sa maman
La tourtre fait roucoucou !
Le canard son petit cancan
Chante, coucou !
Cou cou ! cou cou ! là-bas ! là-bas ! Chante, chante, coucou ! Comme il fait bon ! comme il fait doux !
Chante coucou cou ! chante, coucou !
Chante coucou ! chante coucou... cou !
Paul Claudel (Poésies diverses)
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Par renal le 16 Juin 2017 à 07:43
Que déjà je me lève
Que déjà je me lève en ce matin d’été
Sans regretter longtemps la nuit et le repos,
Que déjà je me lève
Et que j'aie cette envie d’eau froide
Pour ma nuque et pour mon visage,
Que je regarde avec envie
L’abeille en grand travail
Et que je la comprenne,
Que déjà je me lève et voie le buis,
Qui probablement travaille autant que l'abeille,
Et que j'en sois content,
Que je me sois levé au-devant de la lumière
Et que je sache : la journée est à ouvrir,
Déjà, c’est victoire
Guillevic
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Par renal le 30 Mai 2017 à 08:53
Éloge du silence
Loué sois-tu silence qui entoures la pensée
Le mot ne vient qu’après. Mais entre lui et la pensée
Qu’il exprime, il y a cette bande suave de silence
Comme un jardin entre la maison et la haie-vive.
C’est ainsi que le nageur avant de plonger dans l’eau
Emplit ses poumons et retient son souffle
C’est ainsi que l’idée - qui était temps - devient parole - qui est espace
C’est ainsi qu’entre poème et vers se situe le blanc.
Et peut-être qu’autour de la vie même il y a ce silence
Qui la sépare et l’unit à la mort : cette bouche d’air
Entre le corps et le vêtement.
Car si la vie
Est la pensée, la mort est le contour qui l’exprime.
Mais si l’oreille entend le mot sans rien savoir
De la muette musique enfermée en ses murs
De la mort chacun sait le glorieux silence
Sans deviner la forme où celui-ci est clos.
Ilarie Voronca
Extrait du livre : « Les voix du poème »
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Par renal le 28 Mai 2017 à 09:45
La plus belle
Je suis la plus belle des roses,
Chantait une rose à ses sœurs.
- Sache garder tes lèvres closes,
Conseillait-on avec douceur,
On ne te cherche point querelle,
Mais sois plus modeste, font-elles.
Et voilà qu’au matin nouveau,
La belle crie encor plus haut.
Denise, qui par là se trouve,
Entend l’orgueilleuse clameur.
« C’est vrai ! » dit-elle et le lui prouve
D’un joli coup de sécateur.
Norge (1898-1990)
Belgique
Extrait du livre : 100 poèmes du monde pour les enfants
Photo Renal
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