• La bise

     

    « Ce sont des feuilles mortes »

    Disaient les feuilles mortes

    Voyant des papillons

    S’envoler d’un buisson.

     

    « Ce sont des papillons »,

    Disaient les papillons

    Voyant des feuilles mortes

    Errer de porte en porte.

     

    Mais la bise riait

    Qui déjà les chassait

    Ensemble vers la mer.

     

    Maurice Carême

     

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  •  

    Le livre de prix

      

    Ma grand-mère m'avait donné

    Un livre avec des coquillages,

    Un livre de prix tout doré

    Dont je tournais sans fin les pages.

     

     

     

    On ne voyait sur les images

    Rien que du ciel et de la mer

    Et, tel un pont fait de lumière,

    L'horizon voûté de nuages.

     

    Des méduses se décoiffaient

    À fleur d'eau, et des hippocampes

    Semblaient écrire sous ma lampe

     

    De beaux devoirs à l'imparfait.

    C'était le temps des grands voyages :

    J'étais Colomb et Magellan.

     

    Ma grand-mère avait un visage

    Doux comme une île Sous-le-Vent. 

     

    Maurice carême

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  • Liberté

     

    Prenez du soleil

    Dans le creux des mains,

    Un peu de soleil

    Et partez au loin !

     

     

    Partez dans le vent,

    Suivez votre rêve ;

    Partez à l'instant,

    La jeunesse est brève !

     

     

    Il est des chemins

    Inconnus des hommes

    II est des chemins Si aériens !

     

    Ne regrettez pas

    Ce que vous quittez.

    Regardez, là-bas,

     

    L'horizon briller.

    Loin, toujours plus loin,

    Partez en chantant !

     

    Le monde appartient

    À ceux qui n'ont rien.

     

    Maurice Carême, (1899-1978)

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  •  

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  • Il y a

     

    Il y a un enfant

    Dans le jardin fleuri.

    Ne serait-ce ma vie qui joue ?

    Il y a un enfant

    Dans le jardin fleuri

    Ne serait-ce ma vie qui se met à jouer ?

     

    Il y a un oiseau

    Dans le grand cerisier.

    Ne serait-ce ma vie qui chante ?

    Il y a un oiseau

    Dans le grand cerisier.

    Ne serait-ce ma vie qui se met à chanter ?

     

    Il y a un maçon

    Montant sur son échelle.

    Ne serait-ce ma vie qui monte ?

    Il y a un maçon

    Montant sur son échelle.

    Ne serait-ce ma vie qui se met à monter ?

     

    Il y a un avion

    Qui passe sur le ciel

    Ne serait-ce ma vie qui vole ?

    Il y a un avion

    Qui passe dans le ciel

    Et c’est toute ma vie qui se met à voler.

    Maurice Carême

     

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    Bougainvilliers Martinique

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  • Il fait doux

     

    II fait intime et doux.

    Personne sur la plage.

    Le ciel semble a genoux

    Au bord du paysage.

     

    La mer est là, immense.

    Mais ici, près de nous,

    On la prendrait vraiment

    Pour une enfant qui joue.

     

    Des goélands repassent,

    Lents, si lents qu'ils ressemblent

    À de blancs cerfs-volants.

     

    La dune ouvre son livre

    Tout doré que les heures

    Se plaisent à relire.

    La nuit tarde à venir.

     

    Maurice Carême

     

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  • Le soleil meurt dans tes cheveux

     

    Le soleil meurt dans tes cheveux.

    Le soir allume ses abeilles.

    Je n’ose plus toucher tes yeux.

    Dors, mon amour, ma merveille,

    La lune court ; moi je veille.

     

    Maurice Carême

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  • Mon sourire

     

    Mon sourire est une souris,

    Une gentille souris rose

    Elle apparaît parfois sans cause,

    Me laissant moi-même surpris.

     

    La voyez-vous qui se tapit

    Au coin de mes lèvres mi-closes ?

    Mon sourire est une souris,

    Une gentille souris rose

     

    Mais je vous vois sourire aussi

    Comme un rosier ouvre ses rosés.

    Seriez-vous tout aussi surpris

    Que moi de cette étrange chose :

    Un sourire qui soit souris ?

     

    Maurice Carême

     

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    La rose et le marin

      

    Une rose aimait un marin.

    - Il est ainsi d'étranges choses –

    Le marin n'aimait pas la rose ;

    II n'aimait que le romarin.

     

    Il partit sur le Marie-Rose,

    Traversa l'océan Indien.

    Et rien d'étrange à cette chose :

    Un marin va toujours très loin.

     

    Mais en débarquant à Formose,

    II vit, l'attendant dans un coin,

    Une femme habillée de rose

    Tenant en main du romarin.

     

    Que faire en cet état de chose

    Surtout lorsque l'on est marin

    Et qu'on devine mal la cause

    De cette ruse du destin ?

     

    On parle de métempsycose,

    Mais personne n'est sûr de rien.

    Nul n'a revu la femme en rose

    Et nul n'a revu le marin

     

    Maurice Carême


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    On ne doit pas s’étonner

     

    Que les cerises viennent

    Sur les cerisiers ;

    les bananes, sur les bananiers,

    C'est là une merveille

    Dont on ne doit pas s'étonner.

    Car enfin que ferions-nous d'un monde

    Où les moulins donneraient des chiens ;

    Les prés, des escarpins ;

    Les coffres-forts, des songes ;

    Les lampes, des noisettes ;

    Les jeux de cartes, des fauvettes

    Et les reines, des jeux d'ombre ?

    Heureusement, mes pommiers, au soleil,

    Ne donnent que des pommes

    Et les femmes - bénies soient-elles !

    Que ce que nous sommes : des hommes.

    Maurice Carême


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  • La cuisine

     

    La cuisine est si calme

    En ce matin d'avril

    Qu'un reste de grésil

    Rend plus dominical.

     

    Le printemps, accoudé

    Aux vitres, rit de voir

    Son reflet dans l'armoire

    Soigneusement cirée.

     

    Les chaises se sont tues.

    La table se rendort

    Sous le poids des laitues

    Encor lourdes d'aurore

     

    Et à peine entend-on,

    Horloge familière,

    L'humble cœur de ma mère

    Qui bat dans la maison.

     

    Maurice Carême

     

    Poemes de maurice carême( La cuisine)


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    Les pommes de pin

     

    Je m'en allais avec ma mère

    Ramasser des pommes de pin.

    Le soleil tissait dans le thym

    D'immenses tapis de lumière.

     

     

    Mon cœur était château en liesse.

    Le ciel volait sur le chemin.

    Mes mains devenaient plus parfaites

    Que la rosée dans le matin.

     

    Il y avait tant de myrtilles

    Au milieu des pommes de pin

    Que mon sac demeurait en vrille

    Longtemps à l'orée du chemin.

     

    À midi, nous mordions ensemble

    Dans le même quignon de pain.

    La source mettait, sous un tremble,

    Le ciel à portée de nos mains.

    Et lorsque, dans la nuit tombante,

    Nous revenions, silencieux,

    Parfois une étoile filante

    Venait se prendre à nos cheveux.

     

    Maurice Carême


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  • Homonymes

     

    Il y a le ver  du cerfeuil

    Et il y a le ver de terre.

    Il y a l’endroit à l’envers,

    L’amoureux qui écrit en vers,

    Le verre d’eau plein de lumière,

    La fine pantoufle de vair

    Et il y a moi, tête en l’air,

    Qui dit toujours tout de travers.

     

    Maurice Carême

     

    martinique 6
     
    (Flanboyant, Martinique)

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  • martinique 5

    Le beau mot

     

    "Je reviens de l'école,

    Crie le petit garçon

    Aux hirondelles folles

    Qui l'accueillent en rond.

     

    Regardez, je sais lire.

    Voici le mot lumière,

    Là, tout près de l'image

    De la rose trémière."

     

    Et vrai les hirondelles

    Descendues du village

    Voient le beau mot briller

    Sur le clair de la page.

     

    Maurice Carême


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  • Jour d’été

     

    Le soleil rit dans le ciel,

    Le soleil rit sur la mer,

    Partout ivre et torrentiel,

    Partout nu comme une chair.

     

    Et les barques sur la mer,

    Les nuages sur le ciel,

    Dans les mains de la lumière,

    Ont fondu comme du sel.

     

    Sans fin, des clartés défont

    Puis refont les horizons,

    Et les vagues sont si belles

     

    Qu'on ne s'étonnerait pas

    De voir refleurir sur elles

    De longues haies de lilas.

     

    Maurice Carême

     

    mer 2

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