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Par renal le 20 Mai 2014 à 08:54
Le bonheur est partout
Une table en bois blanc,
Une pomme et un couteau ;
À travers le carreau,
Un grand champ de froment.
Tu te tournes à droite,
Le bonheur est à droite ;
Tu te tournes à gauche,
Le bonheur est à gauche.
Inutile, je crois,
De demander pourquoi.
Pas plus que toi, l'horloge
Que le temps interroge
N'élève ici la voix.
Maurice Carême
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Par renal le 1 Mai 2014 à 11:11
Le muguet
Sous une averse de lumière,
Les arbres chantent au verger,
Et les graines du potager
Sortent en riant de la terre.
Carillonnez ! Car voici Mai !
Cloches naïves du muguet !
Les yeux brillants, l'âme légère,
Les fillettes s'en vont au bois
Rejoindre les fées qui, déjà,
Dansent en rond sur la bruyère.
Carillonnez ! Car voici Mai !
Cloches naïves du muguet !
Maurice Carême
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Par renal le 26 Avril 2014 à 10:44
Le givre
Mon Dieu ! Comme ils sont beaux
Les tremblants animaux
Que le givre a fait naître
La nuit sur ma fenêtre
Ils broutent des fougères
Dans un bois plein d’étoiles,
Et l’on voit la lumière
A travers leurs corps pâles.
Il y a un chevreuil
Qui me connaît déjà ;
Il soulève pour moi
Son front d’entre les feuilles.
Et quand il me regarde,
Ses grands yeux si doux
Que je sens mon cœur battre
Et trembler mes genoux.
Laissez moi, ô décembre !
Ce chevreuil merveilleux.
Je resterai sans feu
Dans ma petite chambre.
Maurice Carême
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Par renal le 22 Décembre 2013 à 09:58
Le brouillard
Le brouillard a tout mis
Dans son sac de coton ;
Le brouillard a tout pris
Autour de ma maison.
Plus de fleurs au jardin,
Plus d’arbres dans l’allée ;
La serre des voisins
Semble s’être envolée.
Et je ne sais vraiment
Où peut s’être posé
Le moineau que j’entends
Si tristement crier.
Maurice Carême
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Par renal le 17 Novembre 2013 à 09:54
Marie et moi
Marie et moi, on s’aime bien.
Nous partageons nos petits pains.
Se trompe-t-elle de chemin ?
C’est moi qui la prends par la main.
Elle rit parfois pour un rien.
Je la laisse rire sans fin.
Je ne suis qu’un jeune gamin,
Mais, quand je la tiens par la main,
Je me sens brusquement capable
De tenir tête même au diable.
N’empêche que j’ai peur des chiens.
Et si, par hasard, il en passe,
C’est toujours Marie qui les chasse.
Et c’est elle sur le chemin,
Qui me reprend alors la main.
Marie et moi on s’aime bien.
Nous nous sentons, dans le matin,
Les deux moitiés d’un même pain.
Maurice Carême extraits de, »Je t’aime un peu beaucoup »
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Par renal le 8 Mai 2013 à 09:23
Où suis-je…
Où suis-je et qui m’appelle ?
Quel est ce long bruit d’aile
Qui fait gémir la nuit ?
Ah ! Soyez-moi fidèles,
Pauvres choses d’ici !
Demeurer mon ami,
Silencieux chat gris
Qui levez vos prunelles
Et frémissez aussi
Quand cette voix m’appelle
D’au-delà la nuit.
Maurice Carême (extrait des « 25 chats de Maurice Carême)
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Par renal le 6 Mai 2013 à 08:20
Je me souviens de cette école.
Je me souviens de cette école
Où nous revenions en septembre.
L’ombre y jouait à pigeon vole.
Nos bancs sentaient la nouvelle encre.
Les froids précoces aux carreaux
Suspendaient d’étranges rideaux.
Roi dans les barres, chat perche,
Nous ne rêvions que de grands prés.
Nous regardions par la fenêtre
Les nuées flâner dans le vent.
Caressante, la voix du maître
Avait un parfum d’origan.
On avait repeint les tableaux.
Les lettres semblaient si blanches,
Elles nous rappelaient les branches
Lourdes d’ombelles des sureaux.
Et le cœur enserré
Qu’une noisette dans sa coque,
Nous attendions tous que la cloche
Fît des oiseaux de nos cahiers.
Maurice Carême (extrait de « Souvenir »)
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Par renal le 3 Mai 2013 à 07:47
Au clair de la lune
Au clair de la lune,
Le chat de la voisine
Danse la capucine
En chaussons bleu-prune.
Dans le soleil,
Le chat du vitrier
Se fait de longs colliers
De guêpes et d’abeilles.
Et le chat de l’instituteur,
Quand la nuit est sereine ;
Se plaît à réciter par cœur
Les fables de la Fontaine.
Il est matous de toutes sortes ;
Le mien marche à pas de souris
Et crie dès qu’on ouvre la porte :
« il n’est pas bon rat que de Paris »
Maurice Carême (extrait des « 25 chats de Maurice Carême)
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Par renal le 24 Avril 2013 à 08:32
Je traversais l’été.
Je traversais l’été, comme d’autres la France,
Sur la barque dorée de mes grandes vacances.
J’avais un arc et une flèche de sureau
Et je m’imaginais être charmeur d’oiseaux.
Toutes voiles dehors, mon bateau, sur la mare,
M’entraînait sans détour chez des peuples barbares.
Un tronc d’arbre évidé mes servait de château ;
Au bois, une poignée de fraises, de gâteau.
Une plume perdue trouvée dans les genêts
Me sacrait roi du jour au seuil de la forêt.
Et, le soir, je rentrais sentant si bon la menthe
Qu’on prenait pour ses fleurs la clarté de la lampe.
Maurice Carême (extrait de « Souvenir »)
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Par renal le 19 Avril 2013 à 07:40
Quatuor
Le matou de Léon
Aimait l’accordéon ;
L’angora de Céline
Pinçait la mandoline
Et celui de Simone,
Avec son saxophone,
Savait faire pleurer
Les chattes du quartier.
Ces joueurs solitaires ;
Un jour, ce concertèrent.
Justement, la fauvette
De la vieille Antoinette
Venait de terminer
Un quatuor en ré.
Mais on chercha en vain
Un autre musicien.
Et ce hasard sauva,
D’un vulgaire trépas
Sous des griffes félines,
La souris d’Adolphine
Qui durant tout l’été
A l’ombre de sa hutte,
Avait appris la flûte
Sur un roseau troué.
Maurice Carême (extrait des « 25 chats de Maurice Carême)
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Par renal le 17 Avril 2013 à 08:36
La chambre
La chambre est chaude.
La pluie dehors
A les tons d’or
Des reines-claudes.
Un chat traverse
La rue déserte.
Le soir le suit
Noir comme lui.
Et le bonheur,
Soudain surpris,
Se glisse comme
Une souris
Dans mon cœur d’homme.
Maurice Carême (extrait des « 25 chats de Maurice Carême)
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Par renal le 15 Avril 2013 à 09:25
Ma mère fermait la fenêtre
Ma mère fermait la fenêtre
Et allumait la lampe.
Un silence plein de bien être
S’épandait dans la chambre.
Je croyais entendre au dehors
Les étoiles tinter.
La lune pendait au pommier
Son mince croissant d’or.
Bonsoir, me murmuraient les choses.
Comme l’odeur sort de la rose,
Je leur disais bonsoir.
Et le silence retombait
Si total qu’en mon cœur,
La vie doucement clapotait
Comme une eau sous les fleurs.
Maurice Carême (extrait de « Souvenir »)
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Par renal le 11 Avril 2013 à 10:06
Grisaille
Un ciel d’un gris très doux ardoise les eaux lisses.
Les navires ont l’air de ne pas avancer
Et le vol des oiseaux est si sûr et léger
Qu’ils retombent pareils à des feux d’artifice.
Tout paraît aujourd’hui comme un peu irréel.
L’horizon est si mal dessiné qu’on hésite.
La vague, à peine née, se défait et s’effrite,
Le sable n’est bordé que d’un soupçon de sel.
Et la plage, là-bas, s’en va si loin sans hâte
Que l’on devine bien qu’elle n’a nulle envie
D’arriver quelque part tant l’été la convie
A traîner tout le long des eaux comme une chatte.
Maurice Carême (extrait des « 25 chats de Maurice Carême)
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