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Par renal le 6 Juin 2010 à 09:22
L'ECOLE
L’école était au bord du monde,
L’école était au bord du temps.
Au dedans, c’était plein de rondes ;
Au dehors, plein de pigeons blancs.On y racontait des histoires
Si merveilleuses qu’aujourd’hui,
Dès que je commence à y croire,
Je ne sais plus bien où j’en suis.Des fleurs y grimpaient aux fenêtres
Comme on n’en trouve nulle part,
Et, dans la cour gonflée de hêtres,
Il pleuvait de l’or en miroirs.Sur les tableaux d’un noir profond,
Voguaient de grandes majuscules
Où, de l’aube au soir, nous glissions
Vers de nouvelles péninsules.L’école était au bord du monde,
L’école était au bord du temps.
Ah ! que n’y suis-je encor dedans
Pour voir, au dehors, les colombes !Maurice Carême
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2 commentaires -
Par renal le 6 Juin 2010 à 09:18
Tu es belle, ma mère
Tu es belle, ma mère,
Comme un pain de froment.
Et, dans tes yeux d'enfant,
Le monde tient à l'aise.
Ta chanson est pareille
Au bouleau argenté
Que le matin couronne
D'un murmure d'abeilles.
Tu sens bon la lavande,
La cannelle et le lait ;
Ton coeur candide et frais
Parfume la maison,
Et l'automne est si doux
Autour de tes cheveux
Que les derniers coucous
Viennent te dire adieu.
Maurice Carême
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Par renal le 18 Mars 2008 à 09:59
Tu es la saveur de mon pain
Tu es la saveur de mon pain,
Le dimanche de ma semaine,
Tu es la ligne du destin
Que l’on peut lire dans ma main,
Tu es ma joie, tu es ma peine,
Tu es ma chanson, ma couleur
Et, dans la douceur de mes veines,
Le sang qui fait battre mon cœur.BONTÉ
Il faut plus d'une pomme
Pour emplir un panier.
Il faut plus d'un pommier
Pour que chante un verger.
Mais il ne faut qu'un homme
Pour qu'un peu de bonté
Luise comme une pomme
Que l'on va partager.BERCEUSE
Au fond des bois
Couleur de faine,
La feuille choit
Si doucement
Que c'est à peine
Si on l'entend.
A la fontaine,
Le merle boit
Si doucement
Que c'est à peine
Si on l'entend.
A demi voix,
Si doucement
Que c'est à peine
Si on l'entend,
Une maman
Berce la peine
De son enfant.
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Par renal le 18 Mars 2008 à 09:56
Donc l'enfant dessina le roi
Avec un splendide uniforme,
Puis des bataillons de soldats
Avec le fusil sur l'épaule.
Il mit, devant eux, des canons
Montés sur des chariots énormes
Et, tout au dessus, des avions
Effrayants comme des fantômes.
Ensuite, il s'écria : " je suis
La paix ! "Alors, dans son étui,
Il prit sa gomme préférée.
Et, de quelques coups vigoureux,
Il effaça toute l'armée
Et ajouta "Béni soit Dieu!"MERE
J’ai de toi une image
Qui ne vit qu’en mon cœur.
Là, tes traits sont si purs
Que tu n’as aucun âge.
Là, tu peux me parler
Sans remuer les lèvres,
Tu peux me regarder
Sans ouvrir les paupières.
Et lorsque le malheur
M’attend sur le chemin,
Je le sais par ton cœur
Qui bat contre le mien
Vers le soir, tu me parles parfois de la mort
Comme si tu étais déjà un peu absente,
Comme si ton cœur se détachait sans effort
De la vie dont tu fus la docile servante.
Tu me parles paisiblement de la maison
Qu’il ne faudra pas vendre et des vieux groseilliers
De ton jardin qu’on ne devra pas arracher,
Et des miettes de pain à donner aux pinsons
Qui viennent dès l’hiver picorer dans la cour,
Et de tous ces simples travaux de tous les jours
Que tes mains dénouées auront abandonnés.
Et ta voix coule alors, pareille à un ruisseau
Qui s’en va humblement, comme le veut sa pente,
Mais qui, sans le savoir, fait refleurir la menthe
Et met au creux des prés des morceaux de ciel bleu.LA BOUTEILLE D’ENCRE
D'une bouteille d'encre,
On peut tout retirer :
Le navire avec l'ancre,
La chèvre avec le pré,
La tour avec la reine,
La branche avec l'oiseau,
L'esclave avec la chaîne,
L'ours avec l'Esquimau.
D'une bouteille d'encre,
On peut tout retirer
Si l'on n'est pas un cancre
Et qu'on sait dessiner.L'enfant et le tilleul
Cette petite enfant croyait
- Quand elle chantait toute seule
Dans le fond du jardin -
Que personne ne l'écoutait.
Mais elle oubliait le tilleul
A qui le vent prêtait
Sa longue flûte verte,
Le tilleul qui se croyait seul
Lui aussi au coeur de l'été.
Et les étoiles, sur le bord
Bleu du ciel, se penchaient si fort
Pour mieux les écouter
Qu'on les voyait tomber
Toutes luisantes par milliersMAURICE CAREME
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Par renal le 8 Octobre 2007 à 11:29
LA PRIERE DU POETE
Je ne sais ni bêcher ni herser ni faucher et je mange le pain que d'autres ont semé mais tout ce que l'on peut moissonner de douceur, Je l'ai semé Seigneur.
Je ne sais ni dresser un mur de bonne pierre ni couler une vitre où se prend la lumière mais tout ce que l'on peut bâtir sur le bonheur, je l'ai bâti Seigneur.
Je ne sais travailler ni la scie ni la laine ni tresser un panier en jonc de la fontaine mais ce qu'on peut tisser pour habiller le cœur, Je l'ai tissé Seigneur.
Je ne sais ni jouer de vieux airs populaires ni même retenir par cœur une prière mais ce qu'on peut chanter pour se sentir meilleur, je l'ai chanté Seigneur.
Ma vie s'est répandue en accords à vos pieds d'humble enfant que je fus, est enfant demeuré et le peu qu'un enfant donne dans sa candeur Je vous l'offre Seigneur.
Maurice Carême
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