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Par renal le 1 Août 2015 à 10:57
Prière Du Poète
Je ne sais ni bêcher, ni herser, ni faucher,
Et je mange le pain que d’autres ont semé.
Mais tout ce que l’on peut moissonner de douceur,
Je l’ai semé, Seigneur.Je ne sais ni dresser un mur de bonne pierre,
Ni couler une vitre où se prend la lumière.
Mais tout ce que l’on peut bâtir sur le bonheur,
Je l’ai bâti, Seigneur.Je ne sais travailler ni la soie, ni la laine,
Ni tresser en panier le jonc de la fontaine.
Mais ce qu’on peut tisser pour habiller le cœur,
Je l’ai tissé, Seigneur.Je ne sais ni jouer de vieux airs populaires,
Ni même retenir par cœur une prière.
Mais ce qu’on peut chanter pour se sentir meilleur,
Je l’ai chanté, Seigneur.Ma vie s’est répandue en accords à vos pieds.
L’humble enfant que je fus est enfant demeuré,
Et le peu qu’un enfant donne dans sa candeur,
Je vous l’offre, Seigneur.Maurice Carême
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Par renal le 30 Juillet 2015 à 12:54
Il offrait du cœur
Donc, il offrait du cœur
Avec un tel sourire
Qu'on s'empressait d'ailleurs
En tous lieux de le dire.On en voulait partout,
Mais on finit pourtant
Par se demander où
Il en trouvait autant.Et il riait dans l'ombre.
C'était son propre cœur
Vaste comme le monde
Qu'il offrait à la ronde,Offrait pour un sourire
Qui répondait au sien,
Offrait rien que pour dire
Aux gens : "Portez vous bien"Maurice Carême
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Par renal le 30 Juillet 2015 à 12:45
Maurice Carême
Maurice Carême est né le 12 mai 1899, à Wavre, en Belgique, dans une famille modeste. Son père est peintre en bâtiment, sa mère tient une petite boutique. Il fait des études primaires et secondaires dans sa ville natale. Son enfance campagnarde heureuse sera pour lui une grande source d'inspiration. En 1914, il écrit ses premiers poèmes, inspirés par une amie d'enfance. Élève brillant, il entre à l'École normale primaire de Tirlemont. Son professeur, Julien Kuypers, l'encourage à écrire et lui révèle la poésie française du début du xxe siècle. Il découvre également les grands poètes de Flandre. Il est nommé instituteur en 1918, et s'installe à Bruxelles. L'année suivante, il dirige une revue littéraire, Nos jeunes, qui devient La Revue indépendante. Il noue ses premiers contacts littéraires et artistiques (avec le poète Edmond Vandercammen, le peintre Félix De Boeck). Il se marie en 1924 avec une institutrice, Andrée Gobron (Caprine). Son premier recueil de poèmes, 63 illustrations pour un jeu de Voie, paraît en décembre 1925, en 1926, Hôtel bourgeois, en 1930, Chansons pour Caprine, puis, en 1932, Reflets d'hélices. En 1930, il découvre la poésie écrite par les enfants: une remise en question fondamentale qui le fait revenir à une grande simplicité de ton. Il publie deux essais consacrés à ces textes d'enfants dont il fut l'éveilleur: en 1933, Poèmes de gosses et, en 1936, Proses d'enfants. Le recueil Mère paraît en 1935. Il inspire à Darius Milhaud sa Cantate de l'enfant et de la mère. En 1943, il quitte l'enseignement pour se consacrer à la littérature. Il se lie la même année avec Jeannine Burny pour laquelle il écrit La Bien-aimée en 1965, qui préside désormais la Fondation Maurice-Carême, créée en décembre 1975 par le poète, et est également conservateur du musée Maurice-Carême. Son œuvre, qui comprend plus de quatre-vingts recueils de poèmes dont La Lanterne magique, 1947, Brabant, 1967, Au clair de la lune, 1977- des contes, romans, nouvelles, essais et traductions, a valu à l'auteur d'être élu Prince en poésie en 1972. Maurice Carême est mort en 1978. Empreints de clarté, de simplicité, les textes sonnent souvent comme des chansons naïves, des complaintes ou de petits contes. Ils nous parlent du rêve, de l'imagination, des personnages des contes de fées, du quotidien aussi.
Ils chantent l'enfance, les bêtes, la lumière et la fantaisie de la nature. Il y a chez Maurice Carême le désir de transmettre son amour de la joie, de la bonté, et son bonheur confiant dans le monde.
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Par renal le 26 Juillet 2015 à 08:37
La fillette et le poème
"Le poème, qu'est-ce que c'est ?
M'a demandé une fillette :
Des pluies lissant leurs longues tresses,
Le ciel frappant à mes volets,
Un pommier tout seul dans un champ
Comme une cage de plein vent,
Le visage triste et lassé
D'une lune blanche et glacée,
Un vol d'oiseaux en liberté,
Une odeur, un cri, une clé ?"Et je ne savais que répondre
Jeu de soleil ou ruse d'ombre ? -
Comment aurais-je su mieux qu'elle
Si la poésie a des ailes
Ou court à pied les champs du monde ?Maurice Carême
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Par renal le 1 Avril 2015 à 09:22
Avril
J'ai crié. " Avril ! "
À travers la pluie,
Le soleil a ri.
J'ai crié. " Avril ! "
Et des hirondelles
Ont bleui le ciel.
J'ai crié. " Avril ! "
Et le vert des prés
S'est tout étoilé.
J'ai crié. " Avril !
Veux -tu me donner
Un beau fiancé ? "
Mais, turlututu,
Il n 'a rien répondu.
Maurice CARÊME
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Par renal le 6 Mars 2015 à 07:46
Le printemps reviendra
Le printemps reviendra
Hé oui, je sais bien qu’il fait froid,
Que le ciel est tout de travers;
Je sais que ni la primevère
Ni l’agneau ne sont encor là.
La terre tourne ; il reviendra,
Le printemps, sur son cheval vert.
Que ferait le bois sans pivert,
Le petit jardin sans lilas ?
Oui, tout passe, même l’hiver,
Je le sais par mon petit doigt
Que je garde toujours en l’air
Maurice CARÊME
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Par renal le 2 Mars 2015 à 10:10
Mars
Il tombe encore des grêlons,
Mais on sait bien que c'est pour rire.
Quand les nuages se déchirent,
Le ciel écume de rayons.
Le vent caresse les bourgeons
Si longuement qu'il les fait luire.
Il tombe encore des grêlons,
Mais on s'est bien que c'est
pour rire.
Les fauvettes et les pinsons
Ont tant de choses à se dire
Que dans les jardins en délire
On oublie les premiers bourdons.
Il tombe encore des grêlons.
Maurice CARÊME
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Par renal le 26 Février 2015 à 10:39
Notre école
Notre école se trouve au ciel.
Nous nous asseyons prés des anges.
Comme des oiseaux sur les branches.
Nos cahiers d'ailleurs ont des ailes.
A midi juste, on y mange,
Avec du vin de tourterelle,
Des gaufres glacées à l'orange
Les assiettes sont en dentelle.
Pas de leçon, pas de devoirs
Nous jouons quelque fois, le soir
Au loto avec les étoiles.
Jamais nous ne rêvons la nuit
Dans notre petit lit de toile
L'école est notre paradis
Maurice CARÊME
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Par renal le 24 Février 2015 à 18:31
Le petit chameau
Il était un petit chameau
Qui dormait dans un grand berceau.
Son père était roi d'un désert
Où s'élevait un grand château.
Mais on n'y voyait que des pierres
Luisantes comme des couteaux.
Le roi avait fait teindre en vert
Les rideaux jaunes du berceau.
Ainsi, le tout petit chameau
Qui dormait dans le grand soleil
Où il avait toujours trop chaud,
Pouvait-il croire, à son réveil,
Qu'il était un petit agneau
Couché, à l'ombre d'un grand chêne,
Dans un pays de fleurs et d'eau
Maurice CARÊME
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Par renal le 21 Février 2015 à 08:49
Que le monde est petit
Pour traverser le ciel,
Je n’ai pas besoin d’ailes;
Pour aller sur la mer,
Pas besoin de steamer.
Quand je chausse mon rêve,
Que les routes sont brèves,
Que le monde est petit!
Ce n’est pas moi qui parle,
Mais bien une fourmi
Trainant un brin de paille
Aux abords de son nid.
Maurice CARÊME
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Par renal le 20 Février 2015 à 07:52
Litanie des écoliers
Saint Anatole,
Que légers soient les jours d’école !
Saint Amalfait,
Ah ! Que nos devoirs soient bien faits !
Sainte Cordule,
N’oubliez ni point ni virgule.
Saint Nicodème,
Donnez nous la clef des problèmes
Sainte Tirelire,
Que Grammaire nous fasse rire !
Saint Siméon,
Allongez les récréations !
Saint Espongien,
Effacez tous les mauvais points.
Sainte Clémence,
Que viennent vite les vacances !
Sainte Marie,
Faites qu’elles soient infinies !
Maurice CARÊME
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Par renal le 13 Octobre 2014 à 11:45
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