• Les petits souliers

     

    Par le chemin des écoliers

    S'en allaient deux petits souliers,

     

    Deux petits souliers seuls au monde

    S'en allaient par la terre ronde,

     

    S'en allaient, les semelles molles,

    À regret, loin de leur école,

     

    S'en allaient chez le cordonnier

    Où l'on voit grandir les souliers,

     

    Où l'on voit souliers d'écoliers

    Devenir souliers d'ouvriers

     

    Et parfois, avec de la chance,

    Devenir souliers de finance,

     

    Et souvent, avec de l'étude

    Devenir souliers de grand luxe,

     

    Et toujours, avec de l'amour,

    Devenir souliers de velours.

     

    Maurice Carême

     

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  • Ton poème

     

    Ton poème, m’a dit l’enfant,

    J’en ferai un petit bateau,

    Et il ira si loin sur l’eau

    En bavardant avec les vents,

    Il contournera tant d’îlots

    Qu’il rencontrera le cobra

    Qui joue de la flûte d’ébène

    Pour faire danser les rajas

    Dont tu parles dans ton poème.

     

    Maurice Carême

     

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  • L’oiseau de clarté

     

    "Avec un morceau de journal,

    Leur dit cet enfant peu banal,

    Je fais un oiseau de clarté."

    Il l'enferma dans une cage.

    "Vous verrez, lorsque je crierai

    Simplement le mot : liberté !

    Mon oiseau blanc va s'envoler."

    Les gens riaient un peu gênés

    De crainte de le détromper.

    Mais il fallut voir leurs visages

    Lorsque l'enfant ouvrit la cage.

     

    Maurice Carême

     

    la traversée (12)

     


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  • Le temps des vacances

     

    C'est le temps béni des vacances.

    Le vent fait des nœuds d'hirondelles.

     

    Le jour est rond comme une amande.

    Tout le village sent le miel.

     

    Le soleil a pendu sa lampe

    Juste au-dessus des vaches blanches

     

    Étonnées de n'avoir plus d'ombre,

    Mais les prairies qui, près du bois,

     

    Tremblent doucement sous leur poids

    N'ont jamais été si profondes.

     

    Maurice Carême

     

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  • « Les oiseaux perdus

     

    Le matin compte ses oiseaux

    Et ne retrouve pas son compte.

     

    Il manque aujourd’hui trois moineaux,

    Un pinson et quatre colombes.

     

    Ils ont volé si haut, la nuit

    Volé si haut, les étourdis,

     

    Qu’à l’aube, ils n’ont pas trouvé trace

    De notre terre dans l’espace.

     

    Pourvu qu’une étoile filante

    Les prenne sur sa queue brillante

     

    Et les ramène ! il fait si doux

    Quand les oiseaux chantent pour nous.

     

    Maurice Carême

    Poemes de maurice carême (Les oiseaux perdus)


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  • L’homme et l’enfant

     

    Ce n’est qu’un homme et un petit enfant

    Dans une allée d’automne,

    Un homme et un enfant s’en allant, souriant,

    Sous une pluie de feuilles jaunes.

     

    Ils ne disent rien. L’enfant regarde

    L’homme qui lui sourit

    Et ils s’en vont, main dans la main, sous les grands arbres

    Vers un toit qui reluit.

     

    Sur les arbres montrant obstinément leurs nids,

    Le ciel se dore comme un fruit.

    Ce n’est qu’un homme et un petit enfant,

     

    Et l’on dirait que, tout joyeux, l’automne

    Marche devant eux en semant

    Du soleil et des feuilles jaunes.

    Maurice Carême

    Poemes de maurice carême (L'homme et l'enfant)


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  • Le petit chat noir

     

    Mon petit chat est noir,

    Noir comme du charbon.

    On le croit sale, eh non !

    Il est né noir, tout noir

    De la queue au menton.

     

    Mais eût-il noirceur

    D’un méchant diablotin,

    Rien ne vaut sa douceur

    Quand il miaule, au matin,

    Pour me lécher la main.

    Maurice Carême

    Poemes de maurice carême (Le petit chat noir)


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  • img109
     

    Pour toi papa

     

     

     

    J’écris le mot agneau

    Et tout devient frisé :

    La feuille du bouleau,

    La lumière des prés.

     

     

     

    J’écris le mot étang

    Et mes lèvres se mouillent

    J’entends une grenouille

    Rire au milieu des champs.

     

     

     

    J’écris le mot forêt

    Et le vent devient branche.

    Un écureuil se penche

    Et me parle en secret

     

    Mais si, j’écris papa,

    Tout me devient caresse,

    Et le monde me berce

    En chantant dans ses bras


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  • dscn9423

    Les choses

    Les choses, disait-il, sont simples

    D’ailleurs, on ne voit pas comment

    Elles pourraient être autrement.

    La pomme est rouge ; le bol, blanc

    Le couteau coupe les tartines

    Sur la table de la cuisine.

    Vienne le jour où l’on pourra

    Parler tout simplement de l’homme

    Comme l’on parle d’une pomme

    Luisant sur la table de hêtre

    Quelle paix enfin sur la terre !


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  • Devinettes populaires

      

    Qu'est-ce qui ne fait pas d'ombre ?

    L'écho de la cloche ronde.

     

    Qui, sans peur, touche une abeille ?

    La main dorée du soleil.

     

    -Qui parle sans qu'on le voie ?

    Le vent qui joue dans le bois.

     

    -Qui marche toujours sans peine ?

    La lanterne qu'on promène.

     

    - Qui ne coud pas pour ses filles ?

    La vaillante et fine aiguille.

       

    -Qui passe et qu'on n'entend pas ?

    Le temps qui fuit à grands pas.

     

    -Qui n'a pas besoin d'échelle ?

    La fumée qui monte au ciel.

     

    -Qui jamais, jamais ne ment?

    Le petit doigt de maman.

    Poemes de maurice carême (Devinettes populaires)


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  • Ne criez pas si fort

    Ne criez pas si fort,

    On n’entend plus que vous,

    Cerisiers qui  partout

    Faites fleurir l’aurore.

     

      

    Laissez donc les coucous

    Compter les pièces d’or.

    Ne criez pas si fort,

    On n’entend plus que vous

     

      

    Même le vieux hibou,

    Qui d’ordinaire dort

    En haut du sycomore,

    Vous croit devenus fous.

    Cerisiers, taisez-vous !

    la traversée (12)

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  • Rien que ce mur…

     

    Rien que ce mur et ce chemin

    Et, autour de moi, un matin

    Qui a l’odeur dorée du pain.

    L’ombre d’un oiseau sur le mur,

    L’écho d’un pas sur le chemin.

    Douceurs faites de petits riens,

    De mots caressants dont je doute.

    Dans ce calme et tendre matin,

    Rien que ce mur et ce chemin

    (Maurice Carême)

    Poemes de maurice carême (rien que ce mur)


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  • dscn2707
    Le Tremblay sur Mauldre
     

    Comme il fait blanc

     

    Comme il fait beau, comme il fait blanc !

    Il a neigé.

    Sur les jardins et sur les bancs,

    Il y a des milliers de moutons.

    Ils ont brouté

    Tout l’horizon.

    Le ciel est tombé sur les champs.

    Comme il fait blanc, comme il fait beau !

    Mais où vont venir se poser

    Les oiseaux qui tournent là-haut ?

    On ne distingue même plus

    Un fossé d’un arbre abattu.

     

    Maurice Carême


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  • Je suis content

      

    Vienne la pluie, vienne le vent,

    Qu’importe ! Moi je suis content !

     

    Content d’être toujours content

    De bon temps et du mauvais temps.

     

    Content de vivre simplement

    De me dire conne un enfant :

     

    « Mon Dieu ! Comme je suis content !

    Sans savoir pourquoi maintenant

    Je le répète si souvent

    Maurice Carême

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  • Je suis seul

    Pourquoi suis-je si seul, mon chat,

    Si seul lorsque tu n'es pas là ?

     

    Tu ne fais pourtant aucun bruit.

    Tu dors, fermé comme la nuit.

     

    Tu ne tiens guère plus de place

    Que mon plus gros livre de classe.

     

    Et qui croirait que tu respires

    Bercé comme un petit navire ?

     

    Alors pourquoi, pourquoi, mon chat,

    Suis-je tout autre quand je vois,

     

    Sur mon papier blanc, le soleil

    Tailler l'ombre de tes oreilles ?

    chat réduit

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