• Le Papou et l’astrophysicien 

     

    Un jour un astrophysicien fut mis en présence d’un Papou. Grâce à un interprète, ils commencèrent à bavarder. Le Papou se montra très intéressé par les recherches du scientifique et lui demanda sur quel problème, à ce moment-là, il travaillait. 

    Notre grand rêve, lui dit l’astrophysicien, est de trouver de la vie sur la planète Mars. 

    Pourquoi ? S’étonna le Papou. Votre vie sur cette terre est donc un échec ?

     

    (D’après Jean Claude Carrière, le Cercle des menteurs, tome 2) 

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  • Diogène et le marchand

     

    On raconte que Diogène sommeillait contre le tronc d'un arbre lorsqu'un riche marchand passa près de lui. 

    - Mes affaires se portent à merveille, lui dit-il, aussi, je voudrais t’en faire profiter. Prends cette bourse pleine de pièces. 

    Diogène le regarda sans faire un geste. 

    Allons, lui dit le marchand, prends-la. Je te la donne, car je sais que tu en as bien plus besoin que moi. 

    Ah bon, lui dit Diogène, tu as donc d'autres pièces comme celles-là. 

    - Oui, bien sûr, répondit en souriant le marchand. J'en ai beaucoup d'autres. 

    - Et tu n'aimerais pas en avoir encore beaucoup plus ? 

    - Si, bien sûr ! 

    - Alors garde cette bourse et ces pièces, car tu en as plus besoin que moi. 

    (Récit de l'Antiquité grecque) 

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     « Le marchand croit que tout le monde voit la vie comme lui. Dans son esprit, s'enrichir est le seul moyen d'être heureux. Il n'imagine pas qu'il puisse y avoir d'autres façons d'envisager l'existence. Ne sommes-nous pas tous semblables à lui, incapables d'imaginer que les autres puissent avoir d'autres désirs, d'autres rêves, d'autres besoins que les nôtres? Quant à notre société occidentale, sera-t-elle un jour capable de concevoir qu'il puisse exister d'autres modèles de civilisation que celui qu'elle impose à la planète entière ? 


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    Les troglodytes 

      

    Il y eut autrefois un peuple, les Troglodytes, qui décida de ne plus avoir de gouvernement. Chaque citoyen se débrouillerait par lui-même. Chacun veillerait uniquement à ses intérêts, sans se préoccuper de ceux des autres. Arriva le mois où l'on ensemence les terres. Chacun se dit : « Je ne labourerai mon champ que pour qu'il me fournisse juste assez de blé pour me nourrir. Je ne prendrai pas plus de peine ! » Les terres de ce petit royaume n'étaient pas toutes de même nature. Il y en avait d'arides et montagneuses et d'autres, dans la plaine, baignées par des cours d'eau. Ce fut une année de sécheresse... au point que les habitants des terres arides n'eurent guère de récolte et périrent presque de faim, car leurs voisins ne voulurent pas partager. 

    L'année suivante fut très pluvieuse. Cela fit le bonheur des habitants des terres de montagne... mais les terres basses de la plaine furent submergées. Ce fut au tour des paysans de connaître la famine. Les habitants des montagnes se montrèrent aussi durs avec ces derniers que ceux-ci l’avaient été avec eux. Par ailleurs, il y avait un homme qui possédait un champ très fertile. Deux de ces voisins s’unirent pour le chasser. Mais ils finirent pas se disputer et l’un des deux tua son associé. Il ne profita guère longtemps de son bien. Deux autres Troglodytes vinrent l’attaquer et le tuèrent. 

    A quelque temps de là, un Troglodyte paysan qui se trouvait à cours de vêtements voulut acheter de la laine à un berger. Celui-ci lui fit payer dix fois le prix. Mais lorsqu’il voulut à son tour se procurer du blé, le paysan le lui vendit à un tarif exorbitant. 

    En quelques années, ce royaume prospère devint une terre de désolation où ne régnaient plus que haine et misère. 

    (D’après Montesquieu (1989-1755) Lettres persanes) 

     

     « Dans cette fable du philosophe Montesquieu, c’est le manque d’entente et de solidarité qui mène le peuple des Troglodytes à la ruine. On ne peut survivre seul. On a besoin des autres. Sans organisation sociale, l’homme est condamné à disparaître. Depuis toujours s’il a pu s’imposer dans une nature hostile peuplée de prédateurs plus puissants que lui, c’est grâce à l’entente entre  les individus. On l’oublie aujourd’hui dans une attitude « du chacun pour soi » Mais qu’est ce qui permet à chaque français d’être soigné quel que soient ses revenus, d’aller à l’école gratuitement … sinon un choix de société basé sur la solidarité. » (Michel Piquemal) 


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  • Les baguettes d'ivoire 

     

    Dans l'ancienne Chine, un jeune prince décida de se faire fabriquer une paire de baguettes avec un morceau d'ivoire d'une grande valeur. Lorsque le roi son père, qui était un sage, en eut connaissance, il vint le trouver et lui expliqua la chose suivante : 

    Tu ne dois pas faire cela, car cette luxueuse paire de baguettes risque de te mener à ta perte ! Le jeune prince était interloqué. Il ne savait si son père était sérieux ou s'il se moquait de lui. Mais le père poursuivit : 

    Lorsque tu auras tes baguettes d'ivoire, tu te rendras compte qu'elles ne vont pas avec la vaisselle de grès que nous avons à notre table. Il te faudra des tasses et des bols de jade. Or, les bols de jade et les baguettes d'ivoire ne souffrent pas des mets grossiers. Il te faudra des queues d'éléphants et des foies de léopards. Un homme qui a goûté des queues d'éléphants et des foies de léopards ne saurait se contenter d'habits de chanvre et d'une demeure simple et austère. Il te faudra des costumes de soie et des palais magnifiques. Pour cela, tu saigneras les finances du royaume, et tes désirs n'auront pas de fin. Tu aboutiras bien vite à une vie de luxe et de dépenses qui ne connaîtra plus de bornes.  Le malheur s'abattra sur nos paysans, et le royaume sombrera dans la ruine et la désolation... 

    Car tes baguettes d'ivoire sont comme la mince fissure dans la muraille, qui finit par détruire tout l'édifice. Le jeune prince oublia son caprice et devint plus tard un monarque réputé pour sa grande sagesse.

     

    (Conte du philosophe chinois Han Fei (me siècle avant notre ère) 

     

    « Un désir en appelle un autre, et un désir satisfait en appelle souvent un plus grand. Or, nous vivons dans des sociétés où nous sommes sans cesse sollicités et tentés. Les médias, les publicités sont là pour nous présenter encore et toujours de nouvelles choses à posséder, la plupart du temps superflues. Comment résister à cette spirale sans fin ? » (Michel Piquemal) 

     

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  • Le même fleuve de vie qui court à travers mes veines nuit et jour court à travers le monde et danse en pulsations rythmées. C'est cette même vie qui pousse à travers la  poudre de la terre sa joie en innombrables brins d'herbe, et éclate en fougueuses vagues de feuilles et de fleurs. C'est cette même vie que balancent flux et reflux dans l'océan-berceau de la naissance et de la mort.

    Je sens mes membres glorifiés au toucher de cette vie universelle. Et je m'enorgueillis, car le grand battement de la vie des âges, c'est dans mon sang qu'il danse en ce moment.

     

     

    (Rabindranath Tagore (1861-1941), extrait de L’offrande lyrique)

     

     

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