• Querelle

     

    Lorsque ma sœur et moi, dans les forêts profondes,

    Nous avions déchiré nos pieds sur les cailloux,

    En nous baisant au front tu nous appelais fous,

    Après avoir maudit nos courses vagabondes.

     

    Puis, comme un vent d'été, brisant les fraîches ondes,

    Mêle deux ruisseaux purs sur un lit calme et doux,

     Lorsque tu nous tenais tous deux sur tes genoux,

    Tu mêlais en riant nos chevelures blondes.

    Et pendant bien longtemps nous restions là blottis,

    Heureux, et tu disais parfois :

     Ô chers petits !

    Un jour vous serez grands, et moi je serai vieille !

     

    Les jours se sont enfuis, d'un vol mystérieux,

    Mais toujours la jeunesse éclatante et vermeille

    Fleurit dans ton sourire et brille dans tes yeux.

     

    Théodore de Banville, (1823-1891)

    chat054

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  • La porte sans clenche

     

    En Angleterre, il y a un certain nombre d'années, une peinture fit parler d'elle. Elle représentait Jésus qui se tenait devant une maison et frappait à la porte. Les gens qui virent la peinture la trouvèrent très belle. Jusqu'à ce qu'un observateur attentif remarque quelque chose d'étrange. Il alla trouver l'artiste qui avait peint le tableau et lui dit :

    — C'est une très belle peinture, mais vous avez oublié un détail : la porte à laquelle Jésus frappe n'a pas de clenche. Comment pourrait-il entrer ?

    L'artiste répondit :

    — Cette porte, c'est la porte de notre cœur. On ne peut l'ouvrir que de l'intérieur.

     

     


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  • Honneur aux vêtements 

     

    Houdja est un riche propriétaire terrien qui aime travailler lui même dans ses champs. Aujourd'hui, le soleil inonde les cultures et Houdja travaille le cœur léger, sans se rendre compte du temps qui passe... Sa femme vient le trouver : 

    — Houdja, tu oublies l'heure ? Et ton déjeuner chez l'émir ? Houdja se redresse vivement. 

    — C'est vrai ! La fête a lieu aujourd'hui ! Je file au palais. Tant pis pour mes vêtements d'apparat, je n'ai pas le temps de me changer ! En pénétrant dans le palais, Houdja remarque que tous les regards le fuient. L'émir lui-même fait mine de ne pas le reconnaître parmi ses invités somptueusement vêtus ! Blessé, Houdja rentre chez lui, revêt sa tenue de fête, et retourne au palais. Cette fois, il se voit accueilli avec les honneurs habituels... 

    Au repas, voilà Houdja placé à la droite de l'émir. Celui-ci le salue gracieusement comme s'il ne l'avait pas encore aperçu. Les plats commencent à circuler sur la table. Lorsqu'ils arrivent devant Houdja, celui-ci prend un morceau de viande fondante... et le glisse dans sa poche gauche ! Muets de stupeur, les convives le voient ensuite fourrer une poignée de riz dans sa poche droite. Au moment où les olives prennent le chemin d'une autre poche, l'émir arrête Houdja : 

    — Tu es fou, mon ami ? Que fais-tu ? 

    — J'ai cru comprendre que ce n'est pas moi que vous avez invité, mais les vêtements que je porte. Alors, je les nourris ! 

     


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  • Proverbes chinois extrait du livre de Roger Darrobers

     

    « Trop de glu ne colle plus, trop de sucre n’adoucit plus. »

    « Une baguette est facile à casser, dix baguettes sont dures comme fer. »

    « Quand on arrache un navet il reste un trou. »

    (Chaque action laisse une trace)

     

    « Si long soit le cou, il ne dépasse jamais la tête »

     

    « Près d’un grand arbre les pouces ne s’épanouissent pas.

     

    « Lorsque la source est trouble, ce qui en sort l’est aussi. »

     

    « On ne peut retenir le printemps captif dans son jardin. »

     

    « Les années et les mois n’attend personne. »

     

    « Les trente premières années se passent à ne pas pouvoir se réveiller, les trente suivantes à ne pas pouvoir s’endormir. »

     

    « La fleur fraîche se fane facilement, le pin, même vieux, reste toujours vert. »

     

    « Pour bien faire, mille jours ne sont pas suffisants, pour faire mal, un jour suffit amplement. »

     

    « On peut user des semelles de fer et ne jamais se rencontrer et on peut se rencontrer sans le moindre effort. »

     


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  • La dernière maison

     

    Il était excellent menuisier. L'âge venant, il désirait se reposer, prendre une retraite bien méritée. Lorsqu'il donna sa démission à son patron, celui-ci fut consterné. Le vieil homme était son meilleur ouvrier et son maître d'œuvre le plus efficace : il n'avait pas son pareil pour diriger les autres ouvriers.

    — Construis-moi encore une maison de bois, une dernière, veux-tu ? Devant l'insistance de son patron, le vieux menuisier accepta. Mais il n'avait plus le cœur à l'ouvrage. Il travailla correctement, sans plus. II mit moins de soin à choisir les ouvriers et à diriger leur travail. Jamais maison ne fut terminée aussi vite ; cependant, elle n'avait pas la grâce habituelle, la petite touche finale qui faisait dire aux admirateurs : « C'est parfait ! » De toutes les maisons que le menuisier avait réalisées, c'était sans conteste la moins belle. Satisfait d'avoir achevé ce travail imposé et rêvant déjà aux joies de la retraite, le vieux menuisier vint dire adieu à son patron. Celui-ci lui serra chaleureusement les mains.<o:p></o:p>

    — Tu as été le meilleur des collaborateurs. Je tenais à te remercier particulièrement. Voilà pourquoi je t'ai fait réaliser cette dernière maison : elle est pour toi. C'est mon cadeau.

    C'est ainsi que le menuisier emménagea dans cette maison construite à la va-vite. Son cœur resta longtemps triste et amer. Souvent, il répétait à ses enfants :

    — Le dernier mot d'une lettre d'amour doit être aussi bien écrit que le premier.

     

     

     


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