• Le mur mitoyen 

     

    Dans la ville de Bagdad, le palais de Moulay Idriss était tout proche du palais de Moulay Hassan. Un seul mur les séparait. Mais les deux hommes ne s'aimaient pas. C'est peu de dire qu'ils ne s'aimaient pas, disons même qu'ils se détestaient. 

    Or, un jour, un maçon s'aperçut que, sous le mur mitoyen, des termites avaient formé une colonie. Il alla trouver Moulay Idriss et lui expliqua que s'il ne faisait rien, le mur risquait non seulement de s'écrouler, mais aussi de faire effondrer la toiture de son palais. Car les termites qui nichent sous la terre se nourrissent des murs de torchis et des boiseries. 

    - Ce n'est pas seulement mon mur à moi, répliqua Moulay Idriss, c'est aussi le mur de Moulay Hassan. Va donc le trouver ! C'est à lui de payer ! 

    Le maçon se rendit donc chez Moulay Hassan. Mais celui-ci, qui était aussi avare que son voisin, lui rétorqua : 

    - Pourquoi viens-tu me voir, moi ? Pourquoi ne vas-tu pas trouver ce coquin de Moulay Idriss ? 

    Le maçon dut bien avouer que c'était déjà chose faite, mais sans succès... ce qui mit Moulay Hassan en fureur : 

    - Comment ! Ce vieil avare cousu d'or ne veut pas payer ! Eh bien, je ne paierai pas non plus. 

    La querelle prit de l'importance. Les deux hommes s'insultèrent, s'obstinèrent à refuser de faire les travaux. Et au bout du compte, le mur s'écroula et les deux palais avec lui. 

    (Michel Piquemal) 

     yes

    « En lisant cette fable, on a l'impression de se retrouver dans une de ces conférences internationales où se joue le sort de la planète. Chaque pays est bien conscient que les choses sont d'une gravité extrême, mais aucun ne veut faire un effort, aucun ne veut ralentir ses activités et prendre des mesures afin de moins polluer. Chaque État juge que c'est d'abord aux autres de faire un effort ! Les pays les plus riches font la morale aux pays les plus pauvres : ils exigent que ceux-ci se développent sans pollution, alors qu'eux-mêmes ont acquis leurs richesses grâce aux industries polluantes et rechignent à changer leur mode de vie. Faudra-t-il que le mur s'écroule pour qu'on prenne enfin de véritables décisions ? » 

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  • Extrait de « Sous le ciel étoilé » 

    Contes et Paraboles 

    Recueillis par Charles Delhez 

     

     

    Sous le ciel étoile... les histoires se racontent d'âge en âge. À toutes les saisons de la vie, elles font rêver ou grandir. Tendres, drôles, profonds, poétiques, ces contes et ces paraboles, de toutes les traditions spirituelles, tiendront la promesse de décrocher des étoiles pour les mettre dans les cœurs de chacun. 

    Charles DELHEZ, jésuite, est auteur, rédacteur en chef du journal Dimanche, prêtre de paroisse et aumônier. 

    J'en aurai raconté, des histoires, dans ma vie... Souvent, en effet, j'ai dû parler à des groupes plus ou moins grands, et sous différentes latitudes. Chaque fois que j'annonçais une histoire, chacun réveillait son attention, quel que soit son âge. Le langage des histoires est universel. Les idées que j'ai développées, on les oubliera, comme des dessins sur le sable. Les histoires, elles, resteront gravées dans la mémoire, et peut-être se les racontera-t-on encore... 

    C'est à toi, jeune lecteur que je dédie en priorité ces contes et autres paraboles. Je souhaite qu'ils rejoignent ce qu'il y a de plus profond en toi. Je voudrais qu'elles te fassent rêver, non pas d'exploit, de gloire ou de conquête, mais d'un monde meilleur dont tu sois l'artisan. Mais je les offre aussi à tes aînés, quel que soit leur âge, à tous ceux qui sont encore capables de rêver. 

    (Charles Delhez) 

    smile

    Église Saint-Germain-des-Prés, Paris 

     

    Il se tenait à sa place habituelle, sa casquette retournée à côté de lui. Pour un mendiant, le porche d'une église, n'est-ce pas l'endroit idéal ? Voilà qu'un homme sort de l'église et dépose un euro dans la casquette. Comme il a un peu de temps devant lui, il entame la conversation... 

    — Les journées ne sont pas trop longues ? 

    — Quand j'en ai marre, je m'en vais. 

    Au fil de ces propos tout simples, les deux hommes s'apprivoisent, et le mendiant se met à partager ses rêves... il aurait tellement aimé s'acheter une mobylette ! À la fin de la conversation, tirant de sa poche un petit cake emballé, il l'offre à celui qui lui a fait l'aumône. Plus tard, celui-ci dira: «J'ai rencontré un mendiant, j'ai quitté un homme. » Ceux qui font la manche n'ont-ils pas souvent autant besoin d'un sourire que d'une pièce de monnaie ? Et la plus grande preuve de dignité n'est-elle pas de pouvoir donner à son tour ? 

     


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  •  

      

    L’ignorance du mal 

    Il était une fois un garçon qui était d’une méchanceté sans égale. Il ne se passait pas une journée sans qu’il ne commette quelque terrible bêtise. 

    Un jour, il résolut d’emmener son chien sur le fleuve pour le noyer. Il le mit dans sa barque et la dirigea vers le milieu du fleuve. Mais en ramant, il se pencha trop et tomba à l’eau. 

    -      Au secours, à moi, je me noie !! 

    Criait-il désespérément. 

    Et le chien fidèle plongea, attrapa le garçon par son vêtement et le tira jusqu’à la berge. 

    (Conte africain)

     smile

     « La méchanceté gratuite semble bien être une spécialité humaine, inconnue des autres espèces vivantes. Certes les animaux se dévorent entre eux, mais uniquement dans le but de subsister et de permettre à leur espèce de se perpétuer. Un lion repu n’attaquera pas la gazelle qui passe à sa portée. Il arrive par ailleurs que des chiens se sacrifient pour leurs maîtres ou que des dauphins sauvent des marins de la noyade. Les animaux seraient-ils plus « moraux » que les hommes ? (Michel Piquemal) 


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  • Frontières 

    Je vous parle d'un monde qui n'existe pas

    Un monde où les frontières ne diviseraient pas

    La moindre différence comme ultime richesse

    Sans barrière sans bannière, inutiles forteresses

     

    Partager le même soleil 

    S'éveiller sous le même arc-en-ciel 

    Espérer la même lumière 

    Redessiner d'autres frontières 

     

     

    Je vous parle d'un monde qu'il nous faudra construire

    Que tant d'hommes avant nous ont rêvé de bâtir

    Infantile utopie ou combat d'une vie

    Les ténèbres ou l'amour, c'est à nous de choisir

    Partager le même soleil 

    S'éveiller sous le même arc-en-ciel 

    Espérer la même lumière 

    Redessiner d'autres frontières 

     

    Où sont les différences dans le cœur des enfants

    De là-bas ou d'ailleurs d'hier ou maintenant

    L'autre est de mon rang de mon sang, c'est un frère.

    II n'y a vu du ciel aucune ligne sur la Terre

    Partager le même soleil 

    S'éveiller sous le même arc-en-ciel 

    Espérer la même lumière 

    Redessiner d'autres frontières 

     

    Je vous parle d'un monde qui n'existe pas

    Un monde où les frontières ne diviseraient pas

    Infantile utopie ou combat d'une vie

    Redessiner d'autres frontières

    (Yannick Noah)


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  • Les étoiles de mer 

     

    Un homme cheminait, le front bas, le long de la plage. De temps en temps, il se penchait, ramassait au bord des vagues, sur le sable, on ne savait quoi, et le jetait au loin dans la mer. Un promeneur qui l'observait avec curiosité s'approcha de lui, le salua et demanda : 

    - Que faites-vous ? 

    - Vous le voyez, répondit l'autre, je rends à l'océan ses étoiles de mer. La marée les a apportées, elles sont restées là, sur le sable. je dois les remettre à l'eau, sinon, c'est sûr, elles vont mourir.  

    - Des étoiles de mer, signala le promeneur, rien que sur cette plage, il y en a des milliers. Et le long de toutes les côtes, tous les jours, il s'en échoue des millions, que vous ne pourrez pas sauver ! C'est leur destin. Vous n'y pouvez rien changer. 

    L'homme ramassa une étoile, la tint un instant dans sa main...  

    Il murmura : oui, sans doute, vous avez raison. 

    Mais en la rejetant dans les vagues, il ajouta : 

    Mais pour elle, ça change tout. 

    (D’après Henri Gougaud ) 

     yes

    « Beaucoup de gestes peuvent paraître dérisoires, comme celui du colibri qui porte de l’eau pour éteindre l’incendie. Est-ce une raison pour ne pas les accomplir ? » (Michel Piquemal) 

     

    La Rochelle, Aquarium (16)

     


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