• L'émouvante et incroyable splendeur de la Terre est notre bien commun le plus précieux, que nul ne peut s'approprier ; car nous ne possédons ni la brise délicate du printemps qui enivre de ses caresses les fins matins d'avril, ni le rougeoiement du Soleil lorsqu'il baisse à l'horizon, ni la face hilare de l'astre des nuits qui tantôt offre sa joue droite, tantôt la gauche, et chichement son visage tout entier, ni la douceur d'un soir d'été rythmé par la stridulation des cigales, embaumé de senteurs d'herbes et d'humus, ni l'odeur chaude et parfumée des fenaisons après la pluie. Ce qu'il y a de beau et de plus précieux en ce monde, qui pourtant est le plus commun et le moins rare, ne nous appartient pas ! Il nous appartient en revanche de le conserver jalousement comme un trésor, comme le patrimoine collectif inviolable de l'humanité. Telle est la mission qui nous est confiée. Nous l'avons héritée de nos parents et des parents de nos parents, et il nous revient de nous en acquitter afin de transmettre à nos enfants et aux enfants de nos enfants notre maison commune, la Terre, en bon état : propre, bien soignée, correctement vêtue.

     

    (Jean-Marie Pelt (né en 1933), président de l'Institut européen d'écologie, extrait de la préface de Paroles de nature)

     

     


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    A la gloire du vent 

     

    Si j’aime, admire et chante avec folie le vent,

    Et si j’en bois le vin fluide et vivant jusqu’à la lie,

    C’est qu’il grandit mon être entier et c’est qu’avant

    De s’infiltré, par mes poumons et par mes pores,

    Jusqu’au sang dont vit mon corps,

    Avec sa force rude ou sa douceur profonde,

    Immensément il étreint le monde.

     

    (Emile Verhaeren, extrait de « A la gloire du vent »)

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  • Le vieillard qui plantait des arbres

    Par un bel après-midi d'été, un cavalier galopait sur les routes de Provence. Il avait soif... et il se maudissait de n'avoir rien emporté dans les fontes de sa selle... quand soudain il aperçut un paysan qui travaillait dans un champ. Il alla vers lui et se trouva en présence d'un très vieil homme occupé à planter. Ils s'assirent à l'ombre d'un arbre et le vieil homme lui donna à boire de l'eau bien fraîche de sa cruche. 

    Se sentant mieux, le voyageur voulut échanger quelques mots.- Dites-moi, mon bon ami, que faites-vous donc ici par cette chaleur ? 

    - Je plante des oliviers ! répliqua le vieillard. 

    - Mais, s'étonna le voyageur, quel âge avez-vous ? 

    - Presque quatre-vingt-dix ans ! 

    - Sans vouloir vous offenser, pourquoi vous fatiguez-vous, à votre âge, à planter des arbres qui ne donneront leur récolte que dans une dizaine d'années ? Vous n'en mangerez hélas sans doute jamais le fruit ! 

    C’est vrai, répondit le vieillard, mais toute ma vie j'ai mangé des olives venues d'arbres   que d'autres avaient plantés. Je plante pour que d'autres puissent plus tard manger celles  que j'ai plantées... 

    Lorsque le voyageur remonta à cheval, il se dit que les paroles du vieil homme l'avaient autant  rafraîchi que l'eau de sa cruche.

    (Michel Piquemal) 

     

    2013-07-21 16.05.18Gîte à Inzinzac Lochrist (14)

     


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  • À qui la faute ? 

     

    Dans une paisible contrée, un lac déborda soudain, noyant brutalement les terres qui étaient en contrebas. Ce fut une terrible catastrophe ! Des jardins furent emportés, des villages submergés, des hommes précipités dans les eaux grondantes. Lorsque la décrue s'amorça, les survivants en colère» allèrent se plaindre auprès des divinités. Ils furent reçus par celle qui avait en charge le juste équilibre des choses et exposèrent leur requête. La divinité convoqua donc le lac et le somma de se justifier. 

    - Ce n'est pas ma faute, répondit le lac. La rivière qui m'alimente a brusquement grossi et j'ai soudain gonflé comme une outre. On convoqua donc la rivière. 

    - Ce n'est pas ma faute, répliqua-t-elle. Les torrents qui se jettent dans mes eaux ont cette année doublé de volume. Comment pouvais-je les retenir ? 

    On convoqua donc les torrents. 

    - Ce n'est pas notre faute, s'excusèrent-ils. Les neiges des montagnes ont fondu en quelques jours seulement et nous ont grossis comme des fleuves. On convoqua donc les neiges des montagnes. 

    - Ce n'est pas notre faute, plaidèrent-elles. D'habitude, les sapins nous retiennent sur les hauteurs, mais cette année les hommes ont coupé tous les arbres à la fin de l'hiver. 

    Les villageois se firent alors tout petits, s'excusèrent auprès de tout le monde et reprirent leur chemin, songeurs. (Michel Piquenal) 


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  • Fables extraites du livre « Les Philo-Fables pour la terre »

    De Michel Piquemal

     

    « J’ai rassemblé des fables et des contes glanés dans les traditions du monde entier. Des préoccupations, que l’on dirait aujourd’hui écologiques, y étaient en effet déjà présentes. « La Terre ne nous appartient pas, nous l’avons reçu en héritage pour la transmettre à nos enfants » est une idée que nous retrouvons dans le monde asiatique et amérindien, par exemple.

    J’ai souhaité que la lecture de ces paraboles puisse être discutée. Elles ne sont pas des leçons de morale, mais le point de départ d’une réflexion personnelle. Voilà pourquoi un petit atelier philosophique propice à interrogations vient les prolonger. »

    La part du Colibri

     

    Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux, terrifiés et atterrés, observaient, impuissants, le désastre. Seul le petit colibri s'activait, allant chercher quelques gouttes d'eau dans son bec pour les jeter au feu. Au bout d'un moment, le tatou, agacé par ses agissements dérisoires, lui dit :

    - Colibri ! Tu n'es pas fou ? Tu crois que c'est avec ces gouttes d'eau que tu vas éteindre le feu ?

    - Qu'importé, répondit le colibri, je fais ma part.

    Pierre Rabhi (né en 1938), extrait de La Part du colibri

     

    Si chacun attend pour agir que d'autres le fassent, nous ne sommes pas prêts de sauver la planète. Le colibri nous montre la voie. Que chacun, à son propre niveau, fasse sa part... et, comme le dit le proverbe, « les petits ruisseaux font les grandes rivières ». Pose-toi donc la question : quelle pourrait être ta part, si modeste soit-elle ?

     

     


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