• La dernière maison

    La dernière maison

     

    Il était excellent menuisier. L'âge venant, il désirait se reposer, prendre une retraite bien méritée. Lorsqu'il donna sa démission à son patron, celui-ci fut consterné. Le vieil homme était son meilleur ouvrier et son maître d'œuvre le plus efficace : il n'avait pas son pareil pour diriger les autres ouvriers.

    — Construis-moi encore une maison de bois, une dernière, veux-tu ? Devant l'insistance de son patron, le vieux menuisier accepta. Mais il n'avait plus le cœur à l'ouvrage. Il travailla correctement, sans plus. II mit moins de soin à choisir les ouvriers et à diriger leur travail. Jamais maison ne fut terminée aussi vite ; cependant, elle n'avait pas la grâce habituelle, la petite touche finale qui faisait dire aux admirateurs : « C'est parfait ! » De toutes les maisons que le menuisier avait réalisées, c'était sans conteste la moins belle. Satisfait d'avoir achevé ce travail imposé et rêvant déjà aux joies de la retraite, le vieux menuisier vint dire adieu à son patron. Celui-ci lui serra chaleureusement les mains.<o:p></o:p>

    — Tu as été le meilleur des collaborateurs. Je tenais à te remercier particulièrement. Voilà pourquoi je t'ai fait réaliser cette dernière maison : elle est pour toi. C'est mon cadeau.

    C'est ainsi que le menuisier emménagea dans cette maison construite à la va-vite. Son cœur resta longtemps triste et amer. Souvent, il répétait à ses enfants :

    — Le dernier mot d'une lettre d'amour doit être aussi bien écrit que le premier.

     

     

     


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :