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Chacun
Chacun peut rendre les armes au seuil du pardon. Chacun porte une faiblesse qui séduit l'inconnu. Chacun ouvre l'avenir à l'inconnaissance de l'amour. Chacun plonge au désert de sa nuit, un jour ou l'autre.
Chacun est plus riche que ce qu'il possède. Chacun est plus beau que ce qu'il voit. Chacun est plus aimé que ce qu'il sent. Chacun est plus grand que son propre cœur.
Chacun est différent. Chacun a sa propre voix. Chacun approche de la vérité selon son rythme. Chacun construit son moule selon son originalité. Chacun ne commence ni ne finit en même temps que les autres.
Chacun est signe de Celui qu'il ne connaît pas. Chacun est une parole de l'Autre, donc un être d'exception. Chacun est une icône de l'Autre, donc un être de beauté.
(Jacques Gauthier, « Les mots de l'Autre. »)
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Le visage du vent
Les enfants ne font jamais exprès d’être poète
Les poètes souvent cherchent à imiter les enfants.
Il n’y a rien à imiter.
Dans un écrin d’or et d’encens,
Naissant les mots inclinés,
La naissance des moires de l’oubli.
Une petite fille joue à la corde
Avec ses rêves.
Elle cultive des pensées
Pour les papillons.
Quand elle dort
Elle garde toujours un œil ouvert
Qui l’empêche de vieillir.
Dominique Cagnard
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« Vivre, c’est se réveiller la nuit dans l’impatience du jour à venir, c’est s’émerveiller de ce que le miracle quotidien se reproduise pour nous une fois encore, c’est avoir des insomnies de joie. » Paul-Emile Victor
Réveillons en nous le bienheureux appétit de vivre ! Tout est beau, tout est neuf, et tout mérite d’être vécu ! Qui n’a pas eu ce délicieux frisson de ressentir l’air pur sur sa peau à l’aube d’un jour nouveau, et de se sentir ainsi délicieusement vivant ? Qui n’a pas eu alors le pressentiment que la vie n’est rien d’autre que ce murmure d’une brise légère, la même que nous ressentirons au soir de notre séjour sur terre, une fois que nous nous serons détachés de tout et que nous serons enfin libres comme des enfants, vibrant à l’unisson dans l’unité retrouvée de la Création !
« La liberté, c’est toute l’existence,
Mais les humains ont créé les prisons,
Les règlements, les lois, les convenances
Et les travaux, les bureaux, les maisons. »
René Clair (À nous la liberté)
François Garagnon
http://www.montecristo-editions.com
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À L'ESPACE
Sur un vers de sept syllabes
Comme un bon cheval arabe
II parcourt mon univers
Entre l'atome et l'étoile
En écartant tous les voiles
Je t'aperçois au travers
Voici la ronde enfantine
Des planètes, la comptine
C'est toi qui leur chanteras
Suivant Newton ou bien Bode
Ils planteront à la mode
Tous les choux que tu voudras
Ou peut être, impertinente
À travers leurs orbes lentes
Tu lanceras tout d'un coup
La comète lumineuse
Comme toi libre et joyeuse
Elle aura un succès fou !
(Pierre Auger)
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La joie
La joie n'est pas en retard au carrefour de mes attentes. Elle est déjà assise au secret de mon silence. Seule la manière de se révéler change ma manière de voir. Les bornes sont inutiles, les haltes, dépassées.
La fête de la joie sans raison ranime la braise de mes amours humains. Joie faite de rien, aiguisant mes sens spirituels. Joie qui me repose de ce que j'ignorais de moi. Joie qui demande l'abandon à la présence, non la passivité.
Tu n'es pas en retard. Je suis seulement fatigué de ce que je connais de moi. Aurai-je le courage de te trouver dans ce qui paraît suspect, de m'abandonner à ce qui est semblant de folie? Être moi-même au-delà de mon désir, dans cette joie étrangère à mes bonheurs incertains!
Ta joie m'installe en Toi et je me laisse envahir, impuissant à compter mes mérites.
Ta joie se joue de mes infidélités. Elle prend plaisir à accueillir ma détresse d'enfant prodigue. Elle présidait déjà à mon élection bien avant que s'installent les fausses tristesses. Elle se nourrissait de mes souffrances, à mon insu. La joie m’invite à la danse. Si elle s’enfuit, c’est pour mieux m’assoiffer. Vouloir la posséder, c’est la laisser faire. Je sais qu’elle existe. Plus elle se cache, plus elle m’appartient. Plus elle disparait, plus je la connais. Plus elle me dépossède, plus je suis son héritage. La joie est fille de l’Autre. S’abandonner en elle, c’est s’abandonner en l’Autre.
(Jacques Gauthier, « Les mots de l'Autre. »)
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