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    La tulipe

     

    Un chat était amoureux fou

    D’une tulipe.

    Il tournait

     Tout le jour

    Tout autour

    De son vase.

    Il respirait son bon parfum

    Il lui miaulait la sérénade.

    Mais la fleur restait indifférente

    Au beau chant d’amour

    Du matou.

     

    Comme il ne sortait plus,

    Comme il ne mangeait plus,

    Comme il ne buvait plus de lait,

    Les amis du chat supplièrent la tulipe ;

    Faites-lui un signe

    Ne désespérez pas notre minou.

     

    La fleur avait bon cœur ;

    Pour réjouir le chat,

    Elle ouvrit ses pétales

    Et fit entendre un doux « ronron ».

     

    Depuis ce jour, il existe une tulipe

    D’une espèce nouvelle et très rare ;

    La tulipe qui ronronne.

    François David, extrait de son livre « petits poèmes de l’amour)

    (Photo Nature et Poèsie)

    cat-and X

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    L’éveil

     

    L’éveil m'a saisi alors que je dormais. Une maison s'est construite en mon absence. Le jardin a fleuri. J'étais parti hors de moi, un domaine prenait forme. À mon insu, quelqu'un posait les fondations d'un empire. Où étais-je ? Mais étais-je ? Mes cellules s'éveillaient une à une à un devenir dont j'ignorais le trajet. Tout travaillait pendant que l'enveloppe se reposait.

    J'avais enfin lâché prise au-dedans. Je ne sentais plus rien, pourtant quelqu'un me faisait, caché de nuit comme de jour. La vraie vie était donc ailleurs, mais je n'étais pas un autre. J'étais sans moi. Était-ce possible ?

    Je ne rêvais plus, j'étais rêvé. Je n'habitais plus, j'étais habité. Je ne désirais plus, j'étais désiré.

    L'éveil illuminait mes ténèbres sans que je le sache. J'étais éveillé. Comment l'ai-je su ? Mon ancien moi qui se mourait, les autres qui s'étonnaient, l'Autre qui ne demandait rien. Alors les pourquoi se turent.

    L'éveil était là, toujours là. Le silence, ami du mystère, me murmurait seulement un pourquoi pas. Je savais que j'étais vu. J'étais engendré du dedans, indigne de la souffrance qui m'avait amené à cet enfantement de l'homme nouveau.

     

    (Jacques Gauthier, Les mots de l'Autre.)

     

    bateau réduit

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  • La souris et le vent

     

    C’était un désert silencieux, paisible, un désert sans faute, un désert sans rien, sans le moindre brin de buisson mortel, un désert. Il n'était que sable, il n'était que ciel. Et dans ce désert, avec la lumière, le sable, le ciel, il y avait le vent, et une souris.

    Il y avait l'amour. L'amour est partout, surtout au désert où rien ne l'entrave, ni piège, ni mur. L'amour avait fait son nid infini dans le cœur du vent et de la souris. Au bord de son trou sans cesse elle disait :

    -Vent, je veux te voir !

    -M'aimes-tu, souris?

    -Tu m'emplis le cœur, la tête, le corps, mais tu vas, tu passes, tu n'es jamais là.

    -Viens, que je caresse ton ventre, ton dos, ton menu museau !

    -Oh, oui, je te sens, oh, tes mains, ton souffle ! Oh, tes yeux, dis-moi, comment sont tes yeux, de quelle couleur? Ta bouche, ton front? Te voir, vent, te voir! Comment t'aimer bien sans jamais te voir ?

    Un heureux matin (lumière tranquille, dunes alanguies) le vent répondit :

    -Par amour pour toi je vais t'apparaître avec mes vraies mains, avec ma vraie bouche, ma poitrine nue, mes cheveux défaits, et tu me verras tel que Dieu m'a fait. Attends, je reviens.

    Plus un souffle d'air. Silence, soleil, paix, sieste du sable. La souris, béate, attendit le vent.

    Soudain du lointain vint un sifflement, une nuée grise envahit la dune, un tourbillon fou vint au bord du trou, un géant poudreux se mit à hurler :

     

    - Souris, me vois-tu ? Ma mère m'a dit que j'étais superbe. Regarde-moi donc ! Dis, suis-je assez beau ? Souris, mon aimée, réponds, où es-tu ? C'est moi maintenant qui ne te vois plus ! Tu sais, je peux être encore plus fort, encore plus grand, plus vivant encore! Souris, je t'en prie, dis-moi quelque chose, je te sens déçue. Dis-moi que tu m'aimes encore et toujours !

    Elle n'entendait pas. Elle entendait trop. Elle s'était enfouie dans son trou profond. Elle tremblait de froid, gémissait d'effroi. Tempête, ouragan, vertige, bourrasque, l'amour est ainsi quand il vient tout nu. Elle ne savait pas.

    CONTES  d'Henri Gougaud (La souris et le vent)


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  • Planète

     

    Le soleil sur Vénus se lève ;

    Sur la planète un petit bruit.

    Est-ce une barque qui traverse

    Sans rameur un lac endormi,

    Est-ce un souvenir de la Terre

    Venu gauchement jusqu’ici,

    Une fleur tournant sur sa tige

    Son visage vers la lumière

    Parmi ces roseaux sans oiseaux

    Piquant l’inhumaine atmosphère ?

    (Jules Supervielle)

     

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  • Rimes d’amour

     

    On dit que l’amour

    Rime avec toujours.

    Mais il rime aussi avec court

    Avec balourd

    Avec sourd

    Il rime aussi avec velours

    Avec humour

    Avec mamours

    Je préfère qu’il rime avec bonjour

    Bonjour l’amour

    Jour après jour.

    François David, extrait de son livre « petits poèmes de l’amour)

     

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