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La force
La force du germe est dans son devenir. Son effort est de tendre vers la lumière. Tant de forces en moi attendent que mon but soit plus élevé. Le ciel bleu me renvoie la beauté que je suis. Un azur de désir me plonge dans le vide de cette vision cristalline. Il ne reste plus en moi que le vertige de cette vision, un tremblement d'être qui rejette tout désespoir. Je ne suis que vibration devant tant de beauté. Est-ce possible que je sois si aimé? L'accepter, c'est être touché. Y croire, c'est m'unir à l'autre moitié de moi, au-delà du ciel bleu. N'être qu'au service de la force, en nageant dans le sens du courant, au lieu de m'épuiser à lutter contre elle. Et n'être que don de soi pour que la force m'élève à la hauteur de ma tâche et que mes yeux s'ajustent à sa lumière. Force de l'Autre qui instruit, mais aussi qui dénonce.
(Jacques Gauthier, « Les mots de l'Autre. »)
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Le souffle du vent
Nasreddine Hodja n’avait plus rien à manger. En passant près d’un champ, il vit de belles aubergines, à la peau noire et luisante, qui mûrissaient au soleil. Il n’hésita pas. Il pénétra dans le champ et en ramassa quelques unes qu’il mit dans son sac. Survint le propriétaire.
- Voyou, lui dit-il, tu es en train de voler mes légumes ?
- Pas du tout ! je passais près de ton champ quand le vent s’est
levé et m’a poussé à l’intérieur.
- Soit mais qui a arraché mes aubergines ?
- Le vent soufflait si fort que j’ai été contraint de m’accrocher
où je pouvais.
- Et qui les a mises dans ton sac ?
- J’étais justement en train de me poser la question quand tu es arrivé.
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Les points cardinaux
Attendre
C’est la braise qui veille
dans un buisson de cendres
comme l'œil du chat
Donner
C’est la branche dénouée
et le fruit émouvant
que nourrit le silence
Rêver
c'est l'armoire aux bras fermés
sur les linges blancs
de la mémoire
Vivre
comme l'abeille prend
au pistil des flammes
sa rumeur gourmande
La vie en nous
(Jean Pierre Siméon, extrait de son livre « La nuit respire)
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Collection
Fin du jour
Lumière caressante,
Comme une attente inespérée.
Comment retenir ces derniers rayons ?
Comme éterniser l’heure orangée ?
Si l’on collectionnait
Les couchers de soleil,
Si l’on emprisonnait
Le feu rougeoyant
Aux accents brûlants ?
Une collection
De tous ces instants,
Une collection
De douceur rousse.
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Sur la plage
Dans le sable de la plage, il y enfoui
Des pas de solitude, des petits matins gris,
Des vagues en voyage, des rêves enfuis
Au vide des coquillages des mots d’amour incompris…
Dans le sable de la plage, il y a enterré
Des rires d’enfants, des souvenirs de vacances,
Des hivers moroses et pleins d’étés dorés,
Des horizons mouvants, des désirs de partance…
Dans le sable de la plage, il y a effacé
Des cœurs dessinés d’un doigt, amours de passage
Des serments oubliés aux couleurs fanées…
Des mots flottés…sur le sable de la plage…(Rime)
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