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Par renal le 16 Février 2011 à 09:10(Argentine)
Au petit bonheur
Rien qu'un petit bonheur, Suzette,
Un petit bonheur qui se tait.
Le bleu du ciel est de la fête;
Rien qu'un petit bonheur secret.
Il monte ! C'est une alouette
Et puis voilà qu'il disparaît;
Le bleu du ciel est de la fête.
Il chante, il monte, il disparaît.
Mais si tu l'écoutés, Suzette,
Si dans tes paumes tu le prends
Comme un oiseau tombé des crêtes,
Petit bonheur deviendra grand.
(Norge)
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Par renal le 15 Février 2011 à 09:22
Les enfants qui s’aiment
Les enfants qui s'aiment s'embrassent debout
Contre les portes de la nuit
Et les passants qui passent les désignent du doigt
Mais les enfants qui s'aiment
Ne sont là pour personne
Et c'est seulement leur ombre
Qui tremble dans la nuit
Excitant la rage des passants Leur rage leur mépris leurs rires et leur envie
Les enfants qui s'aiment ne sont là pour personne
Ils sont ailleurs bien plus loin que la nuit
Bien plus haut que le jour
Dans l'éblouissante clarté de leur premier amour.
(Jacques Prévert)
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Par renal le 11 Février 2011 à 07:21
Je tiens toujours mensonge et fraude en haine.
Droit, Vérité fondent mes convictions.
Si pour cela j'ai fortune incertaine,
peu m'en soucie car tout m'est bel et bon.
Par loyauté quelquefois l'on déchoit,
on monte aussi par la mauvaise foi :
mais les méchants élevés descendront
d'autant plus bas d'une telle ascension.
A toutes gens je dis en ma chanson :
si Vérité et Droiture et Pardon
ne guident pas les hommes d'ici-bas,
dans l'autre vie valeur ne suffît pas.
(Pèire Cardenal)
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Par renal le 10 Février 2011 à 12:26
Notre amour va ainsi
comme la branche d'aubépine sur l'arbre, tremblante,
la nuit, à la pluie et au gel,
jusqu'au lendemain quand le soleil s'étire
sur les feuilles vertes et les rameaux.
Encore...
il me souvient de ce matin
où prit fin notre guerre.
Elle me fît un don si grand :
son corps aimant et son anneau.
Et encore... que Dieu me laisse vivre
tant que je peux glisser mes mains
sous son manteau.
(Guillaume d'Aquitaine, comte de Poitiers)
(Parc de Montréal)
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Par renal le 9 Février 2011 à 08:58
Quand l'herbe pousse drue et la feuille s'étire
et la fleur pointe à la branche
et le rossignol haut et clair
lance sa voix et module son chant,
joie : lui ; joie : la fleur ;
joie : moi-même;
joie : ma dame passe par-dessus tout.
De toute part la joie m'enclôt et me guide,
mais elle seule est joie qui toute autre joie anéantit.
Quand je vois l'alouette étirer
de joie ses ailes au soleil,
s'oublier et se laisser choir
le cœur pâmé de douceur,
aïe... j'envie tellement
ceux qui se réjouissent ainsi.
C'est merveille que sur-le-champ
mon cœur n'en fonde pas de désir !
En joie je commence ce poème,
en joie je le continue et le finis.
Si l'homme en est la fin,
bon sera le commencement.
Du juste commencement,
me vient joie, allégresse.
De la juste fin, je rends grâce.
L'acte juste ne se loue qu'une fois mené à sa fin !
(Bernard de Ventadorn)
(Guadeloupe, Cacao)
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Par renal le 8 Février 2011 à 08:48
Tout me plaît, hiver, été, froids et chaleurs.
J'aime la neige autant que les fleurs,
mais le preux mort plutôt que le vivant médiocre.
Ainsi me tiennent fervent et gai, jeunesse et vaillance.
Parce que j'aime cette femme si neuve,
plus que délicieuse, plus que belle,
les rosés sortent de glace et le temps clair, du ciel troublé.
Le temps sauvage et rude qui amène la tempête,
le vent, trouble les éléments et rend le ciel noir et livide,
ne change rien à mon élan.
Dans mes pensées sont joie et chant;
et je veux me réjouir plus encore
de la neige au sommet de la montagne
que de la fleur qui s'ouvre dans la plaine.
(Pèire Vidal)
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Par renal le 5 Février 2011 à 20:11
Mon champ de coraux
Quand elle me laisse admirer son merveilleux jardin
De l’Anse-à-l’Eau à la Baie-Olive
Je fouille tous ses secrets sans froisser ses profondeurs.
Comme si elle voulait offrir un collier à Karukéra
La mer, ma mer que j’aime
Artiste aux doigts de fée
Libère son trésor d’acropores
Où jouent à cache-cache les zagayas.
L’immense lit de corail
Nuage de graffitis, fantaisie délirante
Etalé pour l’amour du beau mystère
Brave l’écume et laisse le dernier mot aux polypes.
Les poissons chirurgiens, les yayas, les mérous
Dans leur paysage de guirlandes arborescentes,
Sous le regard éveillé de l’île de la Désirade,
Guettent le pêcheur en toute saison.
Mon soleil bleu échoué au hasard du naufrage des continents
Architecte en fête sur les récifs
Me fascine par ses fongus et ses denrites.
Je plonge dans l’univers des mots et des sensations
Pour remplir ma barque d’utopies
Et pleurer sur la fragilité de l’œuvre humaine.
De mon île surchargée de beauté de patience
J’attends le sourire de corail de l’enfant de demain.
Ernest MOUTOUSSAMY
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Par renal le 11 Janvier 2011 à 08:39
COMME UNE PHRASE SUR ELLE-MÊME
C'est bien du grand beau temps
et ce matin en ouvrant les volets
c'est bien le bleu du ciel
qui nous a fait un bon moment
rester sans rien nous dire
simplement regarder
à travers les branches
le ciel de cette journée
qui allait une fois encore
partir dans une histoire
où rien —mais rien —
ne nous rendrait un peu
de ces minutes
qui nous avaient retenus
derrière la fenêtre
comme devant une toile
dont nous aurions été les premiers
à lire les couleurs
sur une terre qui tourne
à la manière d'une phrase sur elle-même
sans rien avancer d'autre parfois
qu'une immense certitude
parfaitement collée à la réalité.
François de Cornière
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Par renal le 6 Janvier 2011 à 11:58
LE HAUT DU MONDE
Je sors,
II y a des milliers de pierres dans le ciel,
J'entends
De toute part le bruit clé la nuit en crue.
Est-il vrai, mes amis, Qu'aucune étoile ne bouge ?
Est’ il vrai
Qu’aucune de ces barques pourtant chargées
D’on dirait plus que la simple matière
Et qui semblent tournées vers un même pôle
Ne frémisse soudain, ne se détache
De la masse des autres laissée obscure?
Est’ il vrai
Qu'aucune de ces figures aux yeux clos
Qui sourient à la proue du monde dans la joie
Du corps qui vaque à rien que sa lumière
Ne s’éveille, n'écoute? N'entende au loin
Un cri qui soit d'amour, non de désir?
Yves Bonnefoy
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Par renal le 31 Décembre 2010 à 13:54
Le premier jour de l’an
Les sept jours frappent à la porte.
Chacun d’eux dit : Lève-toi !
Soufflant le chaud, soufflant le froid.
Soufflant des temps de toute sorte
Quatre saisons et leur escorte
Se partagent les douze mois.
Au bout de l’an, le vieux portier
Ouvre toute grande la porte
Et d’une voix beaucoup plus forte
Crie à tous vents : Premier janvier !
Pierre Ménanteau
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Par renal le 29 Décembre 2010 à 10:09
Les Ecoliers
Sur la route couleur de sable,
En capuchon noir et pointu,
Le « moyen », le « bon », le « passable »
Vont à galoches que veux-tu
Vers leur école intarissable.
Ils ont dans leur plumier des gommes
Et des hannetons du matin,
Dans leurs poches du pain, des pommes,
Des billes, ô précieux butin
Gagné sur d'autres petits hommes.
Ils ont la ruse et la paresse
Mais l'innocence et la fraîcheur
Près d'eux les filles ont des tresses
Et des yeux bleus couleur de fleur, Et des vraies fleurs pour la maîtresse.
Puis les voilà tous à s'asseoir.
Dans l'école crépie de lune
On les enferme jusqu'au soir,
Jusqu'à ce qu'il leur pousse plume
Pour s'envoler. Après, bonsoir !
(Maurice Fombeure)
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Par renal le 23 Décembre 2010 à 09:56
Un enfant m’a dit:
« La pierre est une grenouille endormie. »
Un autre enfant m’a dit :
« Le ciel c’est de la soie très fragile. »
Un troisième enfant m’a dit:
« L’océan quand on lui fait peur, il crie. »
Je ne dis rien, je souris.
Le rêve de l’enfant c’est une loi.
Et puis je sais que la pierre,
vraiment est une grenouille,
mais au lieu de dormir
elle me regarde.
Alain Bosquet
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Par renal le 19 Décembre 2010 à 09:29
Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille
Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille,
Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs,
Au mois de mai, dans le jardin qui s'ensoleille,
Nous irons réchauffer nos vieux membres tremblants.
Comme le renouveau mettra nos cœurs en fête,
Nous nous croirons encore de jeunes amoureux,
Et je te sourirai tout en branlant la tête,
Et nous ferons un couple adorable de vieux.
Nous nous regarderons, assis sous notre treille,
Avec de petits yeux attendris et brillants,
Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille,
Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs.
Sur notre banc ami, tout verdâtre de mousse,
Sur le banc d'autrefois nous reviendrons causer,
Nous aurons une joie attendrie et très douce,
La phrase finissant toujours par un baiser.
Combien de fois jadis j'ai pu dire " Je t'aime " ?
Alors avec grand soin nous le recompterons.
Nous nous ressouviendrons de mille choses, même
De petits riens exquis dont nous radoterons.
Un rayon descendra, d'une caresse douce,
Parmi nos cheveux blancs, tout rose, se poser,
Quand sur notre vieux banc tout verdâtre de mousse,
Sur le banc d'autrefois nous reviendrons causer
Et comme chaque jour je t'aime davantage,
Aujourd'hui plus qu'hier et bien moins que demain,
Qu'importeront alors les rides du visage ?
Mon amour se fera plus grave - et serein.
Songe que tous les jours des souvenirs s'entassent,
Mes souvenirs à moi seront aussi les tiens.
Ces communs souvenirs toujours plus nous enlacent
Et sans cesse entre nous tissent d'autres liens.
C'est vrai, nous serons vieux, très vieux, faiblis par l'âge,
Mais plus fort chaque jour je serrerai ta main
Car vois-tu chaque jour je t'aime davantage,
Aujourd'hui plus qu'hier et bien moins que demain.
t de ce cher amour qui passe comme un rêve,
Je veux tout conserver dans le fond de mon cœur,
Retenir s'il se peut l'impression trop brève
Pour la ressavourer plus tard avec lenteur.
J'enfouis tout ce qui vient de lui comme un avare,
Thésaurisant avec ardeur pour mes vieux jours ;
Je serai riche alors d'une richesse rare
J'aurai gardé tout l'or de mes jeunes amours !
Ainsi de ce passé de bonheur qui s'achève,
Ma mémoire parfois me rendra la douceur ;
Et de ce cher amour qui passe comme un rêve
J'aurai tout conservé dans le fond de mon cœur.
Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille,
Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs,
Au mois de mai, dans le jardin qui s'ensoleille,
Nous irons réchauffer nos vieux membres tremblants.
Comme le renouveau mettra nos cœurs en fête,
Nous nous croirons encore aux jours heureux d'antan,
Et je te sourirai tout en branlant la tête
Et tu me parleras d'amour en chevrotant.
Nous nous regarderons, assis sous notre treille,
Avec de petits yeux attendris et brillants,
Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille
Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs.
Rosemonde Gérard
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Par renal le 17 Décembre 2010 à 13:30
Elle
Elle avait mis son cœur en offrande
et donné son temps en otage
Elle avait parsemé de rêves
chaque rencontre
dans l'attente de son écoute à lui.
Elle avait projeté une vie de partage
et chanté les louanges de l'échange
Elle avait espéré l'agrandissement
aux rires des regards
aux tendresses des gestes.
Elle avait laissé en elle enfin
s'apaiser la faim
et les inquiétudes lointaines
Elle avait semé des possibles
et lâcher-prise
sur toutes les retenues
pour laisser fleurir le miel de ses désirs.
Tout cela
avec une générosité infinie
dans l'abondance et l'ivresse
du don reçu.
Et maintenant qu'il n'est plus là
il lui appartient d'accueillir
le meilleur d'elle
pour donner une place au présent
Avec elle
compagnon d'elle-même
pour cette aventure unique
de la vie ancrée sur aujourd'hui
ouverture sur l'existence reçue
comme un cadeau.
Jacques Salomé
Merci à http://armanny.blogg.org
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Par renal le 16 Décembre 2010 à 20:37
La neige
La neige - le pays en est tout recouvert -
Déroule, mer sans fin, sa nappe froide et vierge,
Et, du fond des remous, à l'horizon désert,
Par des vibrations d'azur tendre et d'or vert,
Dans l'éblouissement, la pleine lune émerge.
A l'Occident s'endort le radieux soleil,
Dans l'espace allumant les derniers feux qu'il darde
A travers les vapeurs de son divin sommeil,
Et la lune tressaille à son baiser vermeil
Et, la face rougie et ronde, le regarde.
Et la neige scintille, et sa blancheur de lis
Se teinte sous le flux enflammé qui l'arrose.
L'ombre de ses replis a des pâleurs d'iris,
Et, comme si neigeaient tous les avrils fleuris,
Sourit la plaine immense ineffablement rose.
Jules Breton
http://armanny.blogg.org (merci)
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