• Extraits du livre   « Vivre, croire et aimer »

    De Martin Steffens

    « Il y a un réel super-pouvoir en notre possession : aimer. Quand on y réfléchit, c’est fou : accueillir l’épreuve, y dessiner un chemin de vie, resurgir de ses haines ou de ses lassitudes, percer son égoïsme, oser humblement se demander pardon... »

     

     

    « C’est sûr, l’amour comme super-pouvoir, on trouve mieux : l’amour fragilise. Il ne déteste pas les cœurs brisés, puisqu’il rend chacun plus sensible à la beauté des hommes, comme à l’énergie qu’on met à ne pas la voir ou à ne pas la montrer. Il y a bien une impuissance propre à l’amour, celle même du Christ dont l’Évangile de Marc nous dit que, parlant avec le jeune homme riche, « il se prit soudain à l’aimer ». C’est plus fort que lui. Et puisque le Christ est Dieu fait homme, et puisque Dieu est amour,

    « c’est plus fort que lui » veut dire « l’amour est plus fort que l’amour ». L’amour se surpasse lui-même. L’amour est donc un super-impouvoir, une extra-impuissance. Un art de se laisser toucher par la vie.

    C’est quand même un super-pouvoir ?  s’inquiète mon fils. Oui, car c’est avec ça qu’on fait, non les héros, ni les superhéros, mais les super-super-héros : les saints.

     

    « Prendre le large, c’est donner à notre vie la chance d’apparaître dans toute son ampleur, dans sa pleine largesse. Prendre le large, c’est prendre la mesure de son existence. »

     

     

    « Dans le Livre de Jérémie, au chapitre 18, le prophète, sur ordre de son Dieu, entre chez un potier, lequel est en train de rater le pot qu’il moule entre de maladroites mains. Mais au lieu de jeter le tout et de recommencer, il fait du pot raté un autre pot, un peu courbe mais d’autant plus beau qu’il n’était pas prévu. Dieu dit alors à Jérémie : « Je n’agis pas autrement avec vous. »

     


    votre commentaire
  • Soyez polis

     

    La terre aime le soleil

    Et elle tourne

    Pour se faire admirer

    Et le soleil la trouve belle

    Et il brille sur elle

    Et quand il est fatigué

    Il va se coucher

    Et la lune se lève.

    Jacques Prévert (extrait du livre « Au hasard des oiseaux)

    Sur les bords du canal de l'Oise


    votre commentaire
  • La lune

     

    Jeanne songeait, sur l’herbe assise,

    grave et rose ;

    Je m’approchai : - Dis-moi si tu veux

    quelque chose,

    Jeanne ? - car j’obéis à ces charmants amours,

    Je les guette, et je cherche à comprendre toujours

    Tout ce qui peut passer par ces divines têtes.

    Jeanne m’a répondu : - Je voudrais voir des bêtes.

    Alors je lui montrai dans l’herbe une fourmi.

    Vois ! Mais Jeanne ne fut contente qu’à demi.

    Non, les bêtes, c’est gros, me dit-elle.

    Leur rêve,

    C’est le grand. L’Océan les attire à sa grève,

    Les berçant de son chant rauque,

    et les captivant '.Par l’ombre, et par la fuite effrayante

    du vent.

    Ils aiment l’épouvante, il leur faut le prodige.

    Je n’ai pas d’éléphant sous la main, répondis-je.

    Veux-tu quelque autre chose ? O Jeanne, on te le doit !

    Parle. - Alors Jeanne au ciel leva son petit doigt.

    Ça, dit-elle. - C’était l’heure où le soir commence.

    Je vis à l’horizon surgir la lune immense.

     

    Victor Hugo (L’art d’être grand père)

     

    La lune vue des Pyrénées Orientales Saillagouse aout 2016

    photo Benoît

     


    votre commentaire
  • Extraits du livre   « Vivre, croire et aimer »

    De Martin Steffens

    « Miracle de la vie qui patiemment donne forme à l’enfant à naître.

    Miracle de l’amour qui s’ouvre là même où l’on souffre.

    Miracle d’avoir l’existence en partage. Ces miracles sont la saveur réelle de nos petites vies. On n’invente pas leur beauté : on se cogne à elle, et ce choc crée une étincelle, et de cette étincelle naît une attention plus pleine, un rapport plus authentique et plus vrai à la vie reçue. »

     

    « Être heureux, disait saint Augustin, c’est désirer ce qu’on a » : c’est être réconcilié avec le tout de sa vie. J’étais fâché avec elle... mais je ne le suis plus. J’avais perdu le fil qui me reliait à la bonté des êtres, à la beauté des choses : le voilà tout à coup renoué. « Comme c’est bon de te revoir », aurions-nous envie de murmurer à notre vie, quand le goût nous en est redonné.

     

    Si la joie est, par nature, retrouvaille, ne faut-il pas faire de chaque instant la rencontre espérée et enfin advenue de ce que mon cœur cherchait ? De chaque instant, même les plus pénibles ? Pour Simone Weil, le bonheur inconditionnel est possible. Il consisterait à sentir l’amour de Dieu jusque dans l’épreuve qu’on traverse : l’homme est parfaitement comblé s’il vit l’épreuve, et la douleur qui lui est attachée, comme l’étreinte d’un vieil ami enfin retrouvé, qui nous serre un peu trop fort.

     

    A défaut d’être capables d’accueillir ainsi l’épreuve, veillons du moins à laisser la joie, de temps à autre, nous prendre dans ses bras.

     

     


    1 commentaire

  • votre commentaire