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    20 ème anniversaire de la Convention

    Internationale des Droits de l’enfant.

     

               Faire de l’enfant un être libre 

    « Tous les droits contenus dans la Convention internationale des droits de l’enfant sont importants car chacun peut s’adresser au cas d’un être humain en particulier. Celui que je souhaite défendre plus que jamais aujourd’hui, a une double facette. Il s’agit du droit à l’information et du droit à la parole. L’enfant, quel que se soit son âge et sa maturité, a le droit de savoir. On ne doit pas lui cacher la vérité sous prétexte qu’il ne serait pas capable de comprendre. Il est dans la capacité à entendre des vérités, à regarder la réalité des images, à s’informer dans la mesure où cette parole et cette information sont adaptées. Dans les familles, à l’école, sur la place publique, chaque enfant doit recevoir les outils nécessaires pour appréhender le monde dans lequel il vit. Le laisser dans l’ignorance en ferait un adulte docile, irresponsable. L’informer en fera un citoyen.

    Dans le même registre, l’enfant a droit à la parole. Il peut donner son opinion, exprimer son sentiment, participer au débat : chez lui, à l’école … C’est en apprenant à argumenter, à s’exprimer, à oser donner son avis que, là aussi, il deviendra un citoyen responsable. Encore faut-il l’écouter, l’entendre et respecter sa parole.

    L’information et le débat feront de l’enfant un être libre »                                                       Gérard Dhôtel

            (Rédacteur en chef du Monde des Ados)


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  • EXTRAIT DU LIVRE D’ANSLEM GRÜN

    « Ouvre tes sens à Dieu »

     

    Les méditations sont de Maria-Magdalena ROBBEN

     

    La perle fine

     

    Je rêvais.

    Depuis toujours je cherche.

    Je cherche la perle fine.

    Me voici dans une caverne,

    Me voilà au sommet d’une montagne.

    Toujours cherchant, je parcours les océans.

    Je m’élève dans les airs.

    Je me hâte de lieu en lieu.

     

    Jour après jour.

    Torturé par mon désir,

    Déchiré par mon expérience

    Divisé par ma quête,

    Epuisé jusqu’à m’effondré.

    Crise, saut créateur dans le vide,

    La terre  me recueille,

    Le vent rafraîchit mon corps moite.

    Douces sont les caresses de l’herbe,

    Qui fraîchement coupée, m’inonde de son parfum.

    Une fleur, dans la légère de son être,

    M’adresse un sourire.

     

    Un chuchotement,

    Une voix en moi murmure :

    Que cherches-tu par ci ?

    Que cherches-tu par là ?

    N’oublie pas !

    En toi est la perle !

    Et je m’éveillai.

     

     

    Mon cheval

     

    Sur mon coursier je galope et traverse le temps,

    Heure par heure, jour après  jour.

    Plus vite, mon cheval, plus vite !

    Gagne du temps !

    Raccourci, offre spéciale.

    Cour mon cheval, je veux gagner du temps,

    Dix minutes par jour, pour le moins,

    Cela fait soixante-dix par semaine.

    C’est merveilleux !

    Ainsi moi et toi, mon merveilleux coursier

    Nous pourrons nous offrir encore plus.

     

    Cours encore, minute par minute,

    Heure par heure, jour par jour.

    Je suis bien en selle, je tends les rênes,

    Cours encore ! D’échéance en échéance,

    De réunion en réunion,

    de colloque en colloque,

    De cours en conférence !

    Vite mon cheval,

    Que nous accomplissions

    De grandes choses sur terre.

     

    Gris est mon cheval, rapide comme une flèche,

    Je l’éperonne, mon cheval gris, je le pousse.

    Un jour pourtant,

    Le repos frappe à la porte de mon cœur palpitant.

    D’un coup, mon cheval s’arrête de galoper.

    Je suis éjecté de la selle.

    La bride m’a échappé, mon cheval s’enfuit

    Me voilà étendu sur le sable.

    « Que me veux-tu ? »

    Désespérément je crie.

    « Arrête, n’oublie pas que le temps m’appartient ! »

    A bout de souffle, je respire,

    Haletant comme mon cheval.

    Je crains le repos qui patiente à la porte de mon cœur.

    Comment parvenir au repos après une telle hâte ?

    Je sens la tension intérieure,

    Comme un fardeau immense.

    Comme une roulette qui tourne, 

    Tournent dans mon cœur, mes sentiments et pensées.

    Je sens la tension intérieure,

    Comme un fardeau immense.

    Comme une roulette qui tourne,

    Tournent dans mon cœur

    Mes sentiments et pensées.

    Y aurait-il encore en moi

    Un espace capable de silence,

    Un espace sain qui échappe à la pression, à la performance ?

    Montre-moi cet espace

    Sans contrainte et sans urgence,

    Où aucun délai n’est imposé, où rien ne presse,

    Où n’habite personne que moi seul.

     

    Je sens le sable entre mes doigts,

    Je respire l’ai embaumé du printemps.

    C’est la première fois, me semble-t-il,

    Que je contemple le ciel,

    Que je vois les couleurs des arbres et de l’herbe,

    Que j’entends le murmure du ruisseau

    Qui coule près de moi.

    Serait-ce en moi ?

    J’inspire à fond,

    Et puis je souffle,

    Enfin je respire.

     

    Un rêve me revient :

    Je me tiens debout devant l’autel,

    Dans la petite église de mon village,

    Je présente mon horloge sur les offrandes

    Du pain et du vin

    J’implore que se transforme

    Mon temps agité

    En calme et sérénité.

      

    « C’est dans ce qui est caché que Dieu est présent. En descendant en moi-même, dans les régions de mon âme que j’ai étouffées et dissimulées, je découvrais Dieu qui se tient dans les profondeurs de mon cœur. Ma prière alors sera exaucée. Je prendrais conscience de ce qui en moi est caché, et Dieu ne se dérobera plus à moi. »

     

    « Il  ne reste pas moins que la foi est toujours assaillie par le doute. Car le doute fait  nécessairement partie de la foi. Il nous oblige constamment à nous libérer de nos propres projections et à nous tourner vers le vrai Dieu. »

     

    « Le silence est le lieu par excellence de la rencontre avec Dieu. Non seulement le silence réduit à rien l’agitation de notre cœur, non seulement le silence me permet de me détacher de mes soucis et contrariétés. »

     

    « Le silence est l’acte le plus noble de l’homme. Au cœur du silence, là où jamais aucune pensées ne parvient, là où nous cessons de réfléchir et d’élaboré des projets, là ou nous  ne pensons plus aux autres pour les juger, où nous cessons de nous faire valoir nous-mêmes, c’est là que Dieu nait en nous. »(Eckhart)

     

    « Dans les yeux des hommes de toute race, dans le regard des enfants et des vieillards, des mères et des amoureuses dans les yeux du policier comme de l’employé, de l’aventurier comme de l’assassin, du révolutionnaire comme du dictateur et aussi dans les yeux du saint qui brille cette même étincelle d’un insatiable désir, la même soif infinie de bonheur, de joie et de possession sans fin. Tout homme aspire à un amour inconditionnel, un amour qui rend sa vie digne d’être vécue, qui lui confère son caractère unique et son estimable valeur » (Ernesto Cardenal)

     

    « Imprime ton sourire

    Et l’éclat de ton visage,

    La bonté de ton regard

    Et les étoiles de tes yeux

    Dans le creux de mon cœur

    Qui te désire et t’attend. »

     

    « Je suis moi-même le vrai lieu de l’expérience de Dieu. C’est en écoutant le fond de mon cœur que je prends conscience de Dieu, qui habite au fond de moi, et qui ne cesse de s’y manifester par le désir qui naît en moi. »

     

     

    La voix intérieure.

     

    J’ouvre l’oreille de mon cœur,

    J’entends ma voix intérieure.

    Je me retire en moi et m’accorde un temps de silence.

    Terre en friche !

    Fais silence et écoute !

     

    Je  ferme mes oreilles.

    Je n’entends plus les voix de mon passé,

    Qui me diminuent et me condamnent,

    Qui étouffent ma joie de vivre,

    Qui blessent mon cœur.

    Sans plus écouter les voix

    Qui me réclament des performances :

    Cent fois plus, mille fois plus,

    Les voix qui exaltent mon désir d’être,

    Et en même temps s’en moquent.

     

    Je voudrais écouter la douce mélodie de ma vie,

    Cette voix intérieure ….

    C’elle elle qui me libère, qui m’appelle à vivre,

    Pour déployer mes forces et mes capacités,

    Qui m’invite à être.

    Fais silence et écoute !

     

    Je veux écouter cette voix intérieure

    Qui m’indique et m’ouvre un espace où vivre,

    Qui m’indique comment germer, vivre et croître.

    Voix intérieure, ma racine qui me porte et le fortifie,

    Qui protège mon chemin,

    Et assure mes pas quand le sol pierreux me résiste,

    Quand des épines encombrent ma route.

     

    Et voici le fruit, mûri dans le silence et l’écoute.

     

    « Parler et écouter sont fondamentalement des processus relationnels. Et pour que la communication passe, il faut non seulement bien écouter les paroles dites, mais encore percevoir les demi-tons, l’intention, l’état «émotionnel de celui qui parle. Beaucoup de conversation échouent parce que nous sommes incapables d’écouter, parce que nous volons imposer nos arguments, sans puiser dans les paroles de l’autre ce qui est nouveau, et qui peut être nous ferait progresser »

     

    Celui qui parle ne fait pas que communiquer quelque chose : il se communique lui-même. Et entendre signifie participer à l’autre. « Parler et entendre signifient communication et participation aux sentiments, au mouvements du cœur des hommes et des choses »

     

    « Il nous est guère possible dans notre vie, d'éviter la souffrance. Mais il ne faut pas la rechercher, faute de quoi nous courons le danger d'exalter la souffrance, et de construire une religion masochiste où souffrir vaudrait mieux que vivre : souffrir et vivre, ce serait la même chose. C'est parce qu'on ne veut pas faire face à la vie réelle qu'on se réfugie dans la souffrance. En ce cas, on idéalise la souffrance. On y voit la volonté de Dieu qu'il s'agit d'accepter. Or Dieu ne veut pas la souffrance, mais la vie de l'homme. Voir en Dieu l'antithèse de l'homme et de ses intérêts, c'est en faire un monstre qui ne cesse de nous faire souffrir.

     

    « Pour Jésus, l'important n'est pas de connaître le succès dans la vie, mais de découvrir la vie elle-même. Non pas de penser positivement, mais de scruter ses propres pensées  et d'en tirer toutes les conséquences ; non pas de découvrir  ses propres forces, mais de se découvrir soi-même  ses forces et ses faiblesses, ses hauts et ses bas. Qui veut  gagner la vie, doit s'y engager. Il ne s'agit pas d’en tirer un profit maximum, mais d'y mettre du cœur, de vivre de tout son cœur, de tous ses sens, de toutes ses forces. Celui-là seul qui s’y engage avec ses côtés lumineux et se côtés sombres, avec ses progrès comme avec ses reculs, connaîtra le vrai goût de la vie. »

     

    « La vie fleurit si nous lui laissons le temps, si nous le lui permettons, si nous la percevons, si nous la ressentons, si nous sommes suffisamment libres pour vivre dans l’instant. Selon Eric Fromm, la vie n’est pas de l’ordre de l’avoir, mais de l’ordre de l’être. »

     

    « On ne peut percevoir la lumière en soi, que si l’on a le courage e regarder en face ses propres zones d’ombres. »

     

     

    Il  y a toujours des moments où, malgré tous nos efforts sincères, nous ne 'ressentons pas la proximité de Dieu, où le ciel nous reste fermé, où rien ne vient éclairer les ténèbres. De tels moments font aussi partie de notre chemin spirituel. Et il est insensé, en ces moments-là, de nous sentir coupables de ne pas sentir Dieu. Il ne nous reste alors qu'à persévérer et attendre que Dieu daigne à nouveau se manifester, que le ciel s'ouvre et que sa lumière dissipe nos ténèbres. »

     

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  • Roses d'automne

    Aux branches que l'air rouille et que le gel mordore,
    Comme par un prodige inouï du soleil,
    Avec plus de langueur et plus de charme encore,
    Les roses du parterre ouvrent leur coeur vermeil.


    Dans sa corbeille d'or, août cueillit les dernières :
    Les pétales de pourpre ont jonché le gazon.
    Mais voici que, soudain, les touffes printanières
    Embaument les matins de l'arrière-saison.

    Les bosquets sont ravis, le ciel même s'étonne
    De voir, sur le rosier qui ne veut pas mourir,
    Malgré le vent, la pluie et le givre d'automne,
    Les boutons, tout gonflés d'un sang rouge, fleurir.

    En ces fleurs que le soir mélancolique étale,
    C'est l'âme des printemps fanés qui, pour un jour,
    Remonte, et de corolle en corolle s'exhale,
    Comme soupirs de rêve et sourires d'amour.

    Tardives floraisons du jardin qui décline,
    Vous avez la douceur exquise et le parfum
    Des anciens souvenirs, si doux, malgré l'épine
    De l'illusion morte et du bonheur défunt.

    Nérée BEAUCHEMIN (1850-1931)

     


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    EXTRAIT DU LIVRE DE ERIC-EMMANUEL SCHMITT

    «  Oscar et la dame rose »

     

    Résumé : Voici les lettres adressées à Dieu par un enfant de dix ans. Elles ont été retrouvées par Mamie Rose, la « dame rose » qui vient lui rendre visite à l’hôpital des enfants. Elles décrivent douze jours de la vie d’Oscar, douze jours concasses et poétiques, douze jours pleins de personnages drôles et émouvants. Ces douze jours seront peut être les douze derniers. Mais grâce à Mamie Rose qui noue avec Oscar un très fort lien d’amour, ces douze jours deviendront légende.

     

    Extraits :

     

     «  On m’appelle Crâne d’œuf, j’ai l’air d’avoir sept ans, je vis à l’hôpital à cause de mon cancer et je ne t’ai jamais adressé la parole parce que je crois même pas que tu existes, seulement si j’écris ça, ça la fout mal (Mamie Rose), tu vas moins t’intéresse à moi. Or j’ai besoin que tu t’intéresse. »

     

    « Mamie Rose, je ne te la présente pas, Dieu, c’est une bonne copine à toi, vu que c’est elle qui m’a di de t’écrire »

     

    « Si tu dis « mourir » dans un hôpital, personne n’entend. Tu peux être sûr qu’il va y avoir un trou d’air et que l’on va parler d’autre chose. J’ai fais le test avec tout le monde. »

     

    « - Mamie Rose, j’ai l’impression que personne ne me dit que je vais mourir.

     

    Elle me regarde.  – pourquoi veux-tu qu’on te le dise si tu le sais Oscar ! »

     

     

     

    « J’ai l’impression Mamie Rose, qu’on a inventé un autre hôpital que celui qui existe vraiment. On fait comme si on ne venait à l’hôpital que pour guérir. Alors qu’on y vient aussi pour mourir. »

     

    « Tu as raison, Oscar. Et je crois qu’on fait la même erreur pour la vie. Nous oublions que la vie est fragile, friable, éphémère. Nous faisons tous semblant d’être immortels. »

     

    « Le docteur a dit à mes parents que j’allais mourir et ils se sont enfuis. Je les déteste. »

     

     

     

    « Dieu j’ai un truc à te demander, je serais d’accord pour une petite visite. Une visite en esprit. Je trouve ça très fort. J’aimerai bien que tu m’en fasses une. Je suis ouvrable de huit heures du matin à neuf heures du soir. Le reste du temps je dors. Mais parfois dans la journée je pique des petits roupillons à cause des traitements. Mais si tu me trouves comme ça, n’hésite pas à me réveiller. Ca serait con de se rater à une minute près. »

     

     

     

    « - Réfléchis Oscar. De quoi te sens-tu le proche ? D’un Dieu qui n’éprouve rien ou d’un Dieu qui souffre ?

     

    -         De celui qui souffre évidement. Mais si j’étais lui, si j’étais Dieu, si, comme lui, j’avais les moyens, j’aurais évité de souffrir.

     

    -         Personne ne peut éviter de souffrir. Ni Dieu, ni toi. Ni tes parents ni moi.

     

    -         Bon d’accord. Mais pourquoi souffrir ?

     

    -         Justement il y a souffrance et souffrance. Regarde mieux son visage (celui du Christ). Observe. Est-ce qu’il a l’air de souffrir ?

     

    -         Non c’est curieux il n’a pas l’air  d’avoir mal.

     

    -         Voilà. Il faut distinguer deux peines, mon petit Oscar, la souffrance physique et la souffrance morale. La souffrance physique, on la subit. La souffrance morale, on la choisit.

     

    -         Je ne comprends pas.

     

    -         Si on t’enfonce des clous dans les poignets ou les pieds, tu ne peux pas faire autrement que d’avoir mal. Tu subis. En revanche, à l’idée de mourir, tu n’es pas obligé d’avoir mal. Tu ne sais pas ce que c’est. Ca dépend donc de toi. »

     

     

     

    « Les gens craignent de mourir parce qu’ils doutent de l’inconnu. Mais justement, qu’est-ce que l’inconnu ? Je te propose Oscar, de ne pas avoir peur mais d’avoir confiance. Regarde le visage de Jésus sur la croix : il subit la peine physique mais il n’éprouve pas de peine morale car il a confiance. Du coup les clous le font moins souffrir. Il se répète : ça fait mal mais ça ne peut pas être mal. Voilà c’est çà le bénéfice de la foi. Je voulais te le montrer. »

     

     

     

    « Que reproches-tu à tes parents ?

     

    -         Ils ont peur de moi. Ils n’osent pas me parler. Et moins ils osent, plus j’ai l’impression d’être un monstre. Pourquoi est-ce que je les terrorise ? Je suis si moche que ça ? Je pue ? Je suis devenu idiot sans m’en rendre compte ?

     

    -         Ils n’ont pas peur de toi, Oscar. Ils ont peur de la maladie.

     

    -         Ma maladie ça fait partie de moi. Ils n’ont pas à se comporter différemment parce que je suis malade. Ou alors ils ne peuvent aimer qu’un Oscar en bonne santé ?

     

    -         Ils t’aiment, Oscar ils me l’ont dit

     

    -         Tu sais Oscar tu vas mourir, un jour. Mais tes parents, ils vont mourir aussi. Oui  ils vont mourir aussi. Tout seul. Et avec le remord terrible de n’avoir pas pu se réconcilier avec leur seul enfant, un Oscar qu’ils adoraient.

     

    -         Dites pas des choses comme ça Mamie Rose, ça me fout le cafard.

     

    -         Pense à eux, Oscar. Tu as compris que tu allais mourir parce que tu es un garçon très intelligent. Mais tu n’as pas compris qu’il n’y a pas que toi qui meurs. Tout le monde meurt. Tes parents un jour, moi, un jour.

     

    -         Oui, mais enfin tout de même je passe devant.

     

    -         C’est vrai. Tu passes devant. Cependant est-ce, sous prétexte que tu passes devant, tu as tous les droits ? Et le droit oublier les autres ?

     

    -         J’ai compris Marie Rose. Appelez –les. »

     

     

     

    « J’ai essayé d’expliquer à mes parents que la vie, c’était un drôle de cadeau. Au départ, on le surestime, ce cadeau : on croit avoir reçu la vie éternelle. Après on le sous-estime, on le trouve pourri, trop court, on serait presque prêt à le jeter. Enfin on se rend compte que ce n’était pas un cadeau, mais juste un prêt. Alors on essaie de le mériter. Plus on vieillit, plus faut faire preuve de goût pour apprécier la vie.

     

     

     

    «  Les trois derniers jours, Oscar avait posé une pancarte sur sa table de chevet. Je crois que cela te concerne. Il y avait écrit : « Seul Dieu a le droit de me réveiller. »

     

     

    Cats1

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    EXTRAIT DU LIVRE DE FRÉDÉRIC LENOIR  « Socrate Jésus Bouddha »

     

    « La vrai question qui se pose à nous est la suivante : l’être humain peut-il être heureux et vivre en harmonie avec autrui dans une civilisation entièrement construite autour d’un idéal de l’ « avoir » ? Non, répondent avec force le Bouddha, Socrate et Jésus. L’argent et l’acquisition de biens matériels ne sont que des moyens, certes précieux, mais jamais une fin en soi. Le désir de possession est, par nature, insatiable. Et il engendre frustration et violence. L’être humain est ainsi fait qu’il désire sans cesse posséder ce qu’il n’a pas, quitte à le prendre par la force chez son voisin. Or, une fois ses besoins matériel essentiels assurés : se nourrir, avoir un toit et de quoi vivre décemment, l’homme a besoin d’entrer dans une autre logique que celle de l’ « avoir » pour être satisfait et devenir pleinement humain : celle de l’ « être ». Il doit apprendre à se connaître et à se maîtriser, à appréhender le monde qui l’entoure et à le respecter. Il doit découvrir comment aimer, comment vivre avec les autres, gérer ses frustrations, acquérir la sérénité, surmonter les souffrances inévitables de la vie, mais aussi se prépare à mourir les yeux ouverts. Car si l’existence est un fait, vivre est un art. Un art qui s’apprend, en interrogeant les sages et en travaillant sur soi.

    « Parmi les points communs de leur vie, l’un d’entre eux est assez singulier et mérite d’emblée d’être souligné : le Bouddha, Socrate et Jésus n’ont laissé aucune trace écrite. »

     

    « Le Bouddha, Socrate et Jésus sont les fondateurs de ce que j’appellerais un « humanisme spirituels»

     

    « Les enseignements de Bouddha, Socrate et Jésus ont traversé les siècles et les millénaires sans prendre une ride. Cela s’explique très certainement par l’exemplarité de leur vie, par le caractère profondément novateur de leur pensée en regard des opinions dominantes de leur époque et par la portée universelle de leur message. Il me semble cependant qu’un autre facteur a contribué au rayonnement de leur pensée et de leur personnalité aussi bien auprès de leurs disciples immédiats qu’auprès de tous ceux qui les ont aimés et suivis à travers les siècles. Ce facteur, c’est l’art d’enseigner, qu’ils ont porté à la perfection. »

     

    Leurs discours frappaient ceux qui les écoutaient non parce qu’ils étaient des orateurs exceptionnels ayant acquis une technique quelconque, mais parce qu’ils savaient parler un langage de vérité et qu’ils trouvèrent les mots pour exprimer une authentique expérience de la sagesse

     

    Chacun pourtant avait sa manière propre de discourir et d’enseigner : Socrate à travers le questionnement et l’ironie, Bouddha, par l’autorité de ses sermons et son regard acéré sur le monde, Jésus, par la force mêlée de douceur de ses enseignements et de ses gestes. Et tous trois ont traversé les siècles en raison de ce parfum d’authenticité et de cette exigence de vérité qui se dégagent de leur vie et de leurs paroles

     

    La recherche de la vérité conduit à la vraie liberté : liberté de l’individu qui s’émancipe à l’égard de la tradition, de l’autorité ou des opinions dominantes de la société ; mais aussi surtout liberté intérieure de l’être humain qui apprend, grâce à cette vérité, à se connaître et à se dominer

     

    « C’est à chaque individu que s’adresse Socrate, c’est sur chaque individu qu’il parie en affirmant que chacun peut se parfaire, devenir vertueux et sage. Car pour lui la voie de la vertu et de la sagesse est, celle de la connaissance. Socrate est convaincu qu’un homme éclairé, un homme qui  « se connaît lui-même », ne peut pas choisir le mal. »

     

    « Jésus appelle ses disciples au même retournement ; « Le Royaume de Dieu est à l’intérieur de vous » proclame t-il. Il les incite à aller vers eux-mêmes, à chercher Dieu et la vérité au plus profond de leur cœur et de leur conscience, et non pas simplement à travers l’observance du rite. »

     

    « Jésus dit : le véritable temple, c’est le for intérieur de l’être humain, son cœur et son esprit où il rencontre Dieu. Et c’est en écoutant la voix intérieure de sa conscience éclairée par l’Esprit de Dieu qu’il agira de manière vraie, juste et bonne. »

     

    Mais au-delà de la liberté de choisir, le Bouddha, Socrate et Jésus insistent sur un point essentiel : la véritable liberté intérieure, celle que l’on acquiert progressivement en faisant un travail sur soi, en progressant dans la connaissance, en écoutant la voix de l’Esprit. Si ces trois maîtres de sagesse entendent libérer l’individu des chaînes du groupe et du poids de la tradition, ce n’est pas simplement pour le rendre politiquement autonome. C’est pour qu’il puisse accomplir un chemin de libération intérieure. Car aussi précieuse soit-elle, la liberté politique ne sert à rien si elle ne permet pas à chacun, par ce cheminement personnel, de sortir de l’esclavage le plus profond qui soit ; pour Socrate l’ignorance, pour Jésus, le péché ; pour le Bouddha, le désir-attachement.

     

    Aux yeux de Bouddha, en effet, la vraie liberté est celle que chaque être humain doit acquérir en combattant ses passions, ses désirs, ses envies, qui sont, de son enseignement, nous l’avons vu, tient en ces quatre vérités sur la soif et l’attachement qui lient l’individu à la ronde infernale des renaissances.

     

    Pour Socrate, le pire des maux n’est pas le désir-attachement, mais l’ignorance. C’est elle qui est cause de tous les maux : l’erreur, l’injustice, la méchanceté, la vie déréglée toutes choses qui font du tort à autrui, mais surtout à soi-même. C’est par ignorance, en somme, que les hommes font leurs propres malheurs. » Il est donc de toute nécessité, que l’homme tempéré qui, ainsi que nous l’avons vu, sera juste, courageux et pieux, soit un homme parfaitement bon, et que l’homme bon agisse bien et noblement dans tout ce qu’il fait, et que celui qui agit bien connaisse félicité et bonheur ; et que le méchant qui agit méchamment soit malheureux (Gorgias,507bc-c7)  

     

    Le message de Jésus entre encore une fois en résonnance avec ceux de Socrate et de Bouddha : «  Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples et vous connaîtrez la vérité et la vérité vous libérera » promet-il à ceux qui l’écoutent (Jean, 8, 33-36)  

     

    Profonde similarité entre l’enseignement de Jésus et ceux de Socrate et du Bouddha : la gravité du péché n’est pas liée à la faute en soi, mais à l’intention qui y préside, et à son caractère plus ou moins volontaire. Plus la faute est consciente et intentionnelle, plus elle est lourde et asservit celui qui la commet à ses pulsions, à ses passions, à son orgueil ou à sa son égoïsme. A l’inverse, lorsqu’on commet une faute par ignorance ou par passion aveugle, elle est davantage pardonnable.

     

    Le Bouddha, Socrate et Jésus s’accordent donc pour affirmer que l’homme ne naît pas libre, qu’il le devient. Il le devient en sortant de l’ignorance, en apprenant à discerner le vrai du faux, le bien du mal, le juste de l’injuste ; en apprenant à se connaître, à se maîtriser, à agir avec sagesse. Et pour Jésus, cette formation n’est pas seulement morale, elle ne s’acquiert pas seulement par l’éducation, l’expérience, la connaissance rationnelle, mais aussi par la foi et par la grâce divine qui instruit tout être humain en son propre cœur.

     

    Quel est le couronnement de la vie morale et spirituelle, l’essentiel qui doit être mis en pratique ? Pour Socrate la vertu suprême est la justice. Pour Bouddha, la compassion. Pour Jésus, l’amour.

     

    Le plus grand de tous les maux affirme Socrate : est de commettre une injustice. Commettre l’injustice est en effet le pire des crimes : non seulement parce qu’il rend impossible la vie en société, mais aussi parce qu’il souille l’âme de celui qui la commet. Un homme qui a découvert la vérité, un homme bon, un homme vertueux, ne peut être injuste et se doit de se plier aux lois de la cité. Il faut mieux subir l’injustice que de la commettre.

     

    On ne peut qu’être troublé devant la similitude entre la mort de Socrate et celle de Jésus : l’un et l’autre auraient pu fuir, et ont refusé. L’un et l’autre ont accepté de subir une injustice morale et une sanction aussi terrible qu’injuste pour ne pas se soustraire à la justice politique de la cité. L’un comme l’autre s’en remettent aux Dieux ou à Dieu comme seule véritable instance de jugement.

     

    Pour Socrate, tous les citoyens sont égaux devant la loi. Le Bouddha affirme que chaque individu subira la loi de rétribution du Karma, quelle que soit sa condition. Et pour Jésus, tous les êtres humains sont égaux devant Dieu, qui les jugera non en fonction de leur statut social, ou même de leur religion, mais uniquement d’après l’intention de leurs actes et leur amour du prochain.

     

    L’enseignement de Socrate, Bouddha et Jésus a aussi une dimension égalitaire : tout être humain peut effectuer un chemin spirituel, chercher la vérité, devenir libre, accéder à la connaissance véritable et au salut ; nous sommes tous égaux face à l’énigme de l’existence, face à la mort, face à la nécessité et aux difficultés de se connaître et de travailler sur soi.

     

    Pour le Bouddha et pour Jésus, il y a une double vertu plus importante encore que la justice : l’amour désintéressé et la compassion.

     

    Jésus montre que l’amour et la compassion sont au-dessus de la justice. Il faut certes qu’il y ait des règles, des lois, de bornes, et nulle part il n’en conteste la nécessité, amis pour lui, l’application de la justice doit se faire avec miséricorde, en tenant compte de chaque personne, de son histoire, du contexte, mais aussi de l’intention, de ce qui se passe dans l’intimité de l’âme, que nul ne peut sonder et encore moins condamner de l’extérieur.

     

    L’amour comme le soutient Socrate, est un élan, une force qui nous meut, mais elle n’est en rien une vertu, puisque la vertu est un couronnement, une qualité stable de l’âme. L’amour peut conduire au meilleur comme au pire. On peut se sacrifier par amour, on peut aussi tuer par amour. On peut s’attacher par amour à ce qui nous fait du mal comme à notre plus grand bien. L’amour en soi n’est ni un vice, ni un bien ni un mal. L’amour est cette force universelle aveugle qui nous pousse sans cesse à rechercher quelque chose qui nous manque, et qui demande à être éduquée, maîtrisée et ordonnée.

     

    Jésus affirme que Dieu aime tous les hommes d’un amour totalement désintéressé et inconditionnel. Et son amour devient le modèle dont les hommes doivent s’inspirer pour aimer Dieu et leur prochain.

     

    Jésus explique que, lorsque l’amour divin, donné par grâce avec la           coopération de l’homme, s’enracine dans les cœurs, il cesse d’être un effort. Il coule telle « une source vive », il rend libre, heureux, joyeux. Ce n’est plus le plaisir lié à la satisfaction du désir. C’est la joie du don. Une expérience que chacun peut faire : la joie de donner gratuitement, sans rien attendre en retour, pas même un remerciement ou un signe de gratitude.

     

    Le propre de l’égoïsme, qui est universel, c’est de toujours vouloir s’affirmer davantage, quitte à dominer l’autre ; c’est la volonté d’affirmation de soi et de  puissance qui est à l’origine de toutes les tyrannies et de toutes les guerres.

     

    La compassion du Bouddha est encore plus universelle que celle du Christ, puisque c’est à tout être vivant que s’adresse son enseignement salvateur. En cela, il va plus loin que Jésus et Socrate, qui demeurent cantonnés à un horizon anthropocentrique. L’une des conséquences qui découlent de la pensée du Bouddha est un profond respect pour les animaux et la nature dans sa totalité. Ce respect qui imprègne la tradition bouddhiste est loin d’être partagé par la tradition occidentale grecque et judéo-chrétienne, où la compassion à l’égard de la souffrance animale est quasi absente

     

    Pour conclure ce livre, je pourrais dire que Socrate, Jésus et Bouddha ont été mes trois principaux éducateurs. Loin de s’opposer, ils n’ont cessé, dans mon esprit et dans ma vie, de renvoyer l’un à l’autre. Chacun à sa manière, ils m’ont donné la force de vivre pleinement, les yeux ouverts, en communion joyeuse ave tant d’autres humains de culture et de religions diverses. Ils m’ont aussi appris à accepter mes limites et mes pauvretés, tout en me montrant sans cesse la voie d’un nécessaire progrès. La vie est courte, mais le chemin de la sagesse est long ! Dans la vision de sagesse qui est celle de nos trois maîtres, le vrai et le bien coïncident.  La connaissance  du vrai n’a de sens que si elle nous permet d’agir de manière bonne. C’est pourquoi les messages du Bouddha, de Socrate et de Jésus, est, de manière ultime, un message éthique. Une vie réussie est une vie qui  a mis la vérité en pratique. D’où l’importance de leur propre témoignage : ils ont marqués des générations d’homme et de femmes, et s’ils sont encore si crédibles à nos yeux, c’est parce qu’ils ont mis lémur enseignement en pratique. Ils ont témoigné par leurs actes de pertinence de leur message. Et ce qui importe le plus pour eux, c’est la transformation de leurs auditeurs..

     

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