• Avoir et Être

     

    Loin des vieux livres de grammaire,
    Écoutez comment un beau soir,
    Ma mère m'enseigna les mystères
    Du verbe être et du verbe avoir.

    Parmi mes meilleurs auxiliaires,
    Il est deux verbes originaux.
    Avoir et Être étaient deux frères
    Que j'ai connus dès le berceau.

    Bien qu'opposés de caractère,
    On pouvait les croire jumeaux,
    Tant leur histoire est singulière.
    Mais ces deux frères étaient rivaux.

    Ce qu'Avoir aurait voulu être
    Être voulait toujours l'avoir.
    À ne vouloir ni dieu ni maître,
    Le verbe Être s'est fait avoir.
    Son frère Avoir était en banque
    Et faisait un grand numéro,
    Alors qu'Être, toujours en manque
    Souffrait beaucoup dans son ego.
     
    Pendant qu'Être apprenait à lire
    Et faisait ses humanités,
    De son côté sans rien lui dire
    Avoir apprenait à compter.
     
    Et il amassait des fortunes
    En avoirs, en liquidités,
    Pendant qu'Être, un peu dans la lune
    S'était laissé déposséder.
     
    Avoir était ostentatoire
    Lorsqu'il se montrait généreux,
    Être en revanche, et c'est notoire,
    Est bien souvent présomptueux.
     
    Avoir voyage en classe affaires.
    Il met tous ses titres à l'abri.
    Alors qu'Être est plus débonnaire,
    Il ne gardera rien pour lui.
     
    Sa richesse est tout intérieure,
    Ce sont les choses de l'esprit…
    Le verbe Être est tout en pudeur
    Et sa noblesse est à ce prix.
     
    Un jour à force de chimères
    Pour parvenir à un accord,
    Entre verbes ça peut se faire,
    Ils conjuguèrent leurs efforts.
     
    Et pour ne pas perdre la face
    Au milieu des mots rassemblés,
    Ils se sont répartis les tâches
    Pour enfin se réconcilier.
     
    Le verbe Avoir a besoin d'Être
    Parce qu'être, c'est exister.
    Le verbe Être a besoin d'avoirs
    Pour enrichir ses bons côtés.
     
    Et de palabres interminables
    En arguties alambiquées,
    Nos deux frères inséparables
    Ont pu être et avoir été.

    Source: Anonyme...www.lespasseurs.com

     

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  • La tisane du moine zen

    Il était une fois un paysan sans malice nommé Obaku qui plaçait toute sa confiance en un moine zen ; Ce dernier vivait dans une grotte creusée au flanc de la montagne. Quand Obaku était malade, si l’un des animaux de la ferme se blessait ou souffrait de fièvre, le fermier allait demander conseil à l’ermite. Celui-ci répondait invariablement :

    « Buvez, (ou faite boire à votre animal) une tisane de glycine grillée. »

    Et le malade, le blessé guérissaient.

    Un matin, le cheval d’Obaku disparut. L’affaire était grave. Sans le cheval, la petite ferme courait à la ruine. Obaku dit à son épouse :

    «  Je vais dans la montagne consulter le moine zen, luis seul peut nous sauver. »

    L’ermite, pris au dépourvu, réfléchit longuement. Enfin à court d’inspiration, il répondit :

    « Buvez une tisane de glycine grillée »

    La provision de glycine était épuisée. Obaku partit aussitôt dans une certaine vallée, où elle  poussait en abondance. Et là il découvrit son cheval, qui broutait tranquillement.

     

    (Ce conte malicieux tend à prouver que la foi est comme le soleil, elle change les couleurs du monde)

     

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  • Extrait du livre d’Alexandro Jodorowsky : La Sagesse des contes

     

    La haine vient d’un amour trahi. Si vous n’aimez pas quelqu’un, vous ne pouvez pas le haïr. Méditez sur le fait que toutes les personnes qui vous haïssent expriment à votre égard une demande d’amour non satisfaite. Nous vivons ce type de situation avec nos parents : nous les aimons et les haïssons en même temps. Nous les haïssons parce qu’ils ont trahi notre demande d’amour mais, en fait au plus profond de nous-mêmes, nous les aimons à la folie. Reconnaître cet amour enfoui est la meilleure façon de se libérer de notre haine. Reconnaître notre amour est reconnaître aussi notre capacité d’aimer.

    Il existe des personnes qui ne vivent pas leur vie par orgueil, c'est-à-dire par peur du jugement des autres. En fait elles projettent sur le monde le regard hypercritique qu’elles portent sur elles-mêmes et vient de leur surmoi, formé par leur parents. Elles prêtent au monde un regard qui n’est autre que celui de leur surmoi et, ensuite, elles s’imaginent êtres jugées, alors qu’en fait elles se jugent elles-mêmes. Il faut bien se rendre compte que le regard qu’on prête aux autres est notre propre regard. Le monde nous voit et nous perçoit en fonction de la manière dont nous nous sentons nous-mêmes. Si nous nous sentons très honnête, le monde ne met pas notre honnêteté en doute. En revanche, si nous nous sentons voleur, nous attirons la suspicion et la méfiance. Il est important d’être conscient de la façon dont nous nous percevons, car c’est ce regard sur nous qui déterminera la qualité et la teneur de nos relations avec le monde.

    Parfois, nous trouvons le trésor de notre joie. Nous sommes très content et nous commençons à en jouir mas l’adversité arrive. Par exemple, une femme est au sommet de sa relation affective avec un homme et, comme par hasard, son fils à un accident de voiture au même moment. Cet accident va alors l’empêcher de vivre sa joie. Ou comme un autre, dont la famille et les affaires vont bien et qui se retrouve, tout à coup, atteint d’une tumeur à l’œil. C’est à ce moment là, quelles que soient les raisons qui vont ternir ta joie, qu’il faut tenir avec foi, avec ou sans espoir, en attendant de voir ce qui se passe.

     

    Si tu ne décides pas  à chercher en toi-même, tu ne trouveras jamais la source. Je ne parle pas de la source des tes douleurs mais celle de ton trésor, car nous sommes en possession d’un trésor. Pour le trouve, d’une part, la foi est primordiale et, d’autre part, il faut renoncer à certaines choses. Il faut avoir le courage  de jeter la pensée dans l’inconscient. Il faut oser dépasser les défenses, dépasser toutes ces phrases qui nous retiennent comme par exemple : « Je n’arrive pas à produire. Je suis coincé », chercher profondément en soi et savoir que cette conscience, va revenir enrichi.

     

    Lorsque que nous faisons des projets, nous devons toujours compter avec l’imprévu, ne pas essayer d’adapter la réalité à nos plans, mais adapter ceux-ci à la réalité. Notre volonté n’est qu’une partie de la volonté du monde.

     

    Aimer, c’est obtenir pour partager. Quand j’aime, je cherche l’amour. Quand je le trouve, je le partage, pas seulement avec mon partenaire, mais aussi avec la famille, avec la famille que nous formons ensemble, les amis. L’amour non partagé n’existe pas. C’est une névrose, un égoïsme, une folie. Je cherche l’amour à deux pour le partager et être alors une lumière dans le monde

     

    La théorie ne remplace pas l’expérience. Pour comprendre l’autre, il faut pouvoir se mettre à sa place. Si une personne n’a jamais souffert, comment peut-elle se mettre à la place de celles qui souffrent ?

     

    Un jeune athée s’approcha du pieu rabbin hassidique Menahem Mendl de Kotz et lui demanda, goguenard :

     

    « En réalité, où Dieu vit-il ?

     

    il vit là où il est admis » lui répondit le rabbin

     

    Dés que tu permets à une pensée négative d’entrer dans ton esprit, cette pensée va toucher toutes les personnes qui t’entourent. D’une façon mystérieuse, ceux qui sont proches de toi auront les mêmes pensées négatives. Il faut se surveiller. Le moindre manque d’honnêteté personnelle va rendre les autres aussi malade que toi..

     

    On défait aujourd’hui en pensant à demain. C’est absurde. Combiens de choses avons-nous défaites à cause du futur, en calculant que dans cette hypothétique avenir les choses évolueront mal ? On se dit : « Puisque que je vais tout perdre demain, autant m’en défaire tout de suite ! Et à quoi bon vivre puisque je mourrai demain ? » Mais que savons-nous de l’avenir ? Que connaissons-nous  de ces merveilleuses secondes que nous vivront et que nous serons très heureux de vivre au moment où elles arriveront ?

     

    Certaines choses sont parfois merveilleuses, mais dès que l’on essaie d’en prendre possession, elles perdent leur magie, elles ne nous appartiennent plus. On dirait, paradoxalement qu’elles ne sont à nous que lorsque, justement, elles sont hors de notre portée, lorsqu’on ne les a pas.

     

    Parfois, lorsque nous essayons d’aider quelqu’un et que notre intervention ne donne aucun résultat, nous devons avoir un minimum d’humilité pour nous rendre compte et céder notre place à une personne qui aura plus de chances de réussir. C'est-à-dire que nous collaborons. Nous donnons à un autre l’opportunité d’assurer le travail que nous ne pouvons pas faire

    Extrait du livre d’Alexandro Jodorowsky : La Sagesse des contes


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  • Contes extraits du livre de Alexandro Jodorowsky «  la Sagesse des contes »

     

    Conte le Grammairien

    Mulla Nasrudin est un passeur. Un jour, l’homme qu’il transporte dans sa barque est un grammairien. En cours de route, ce dernier lui demande

    « Connaissez-vous la grammaire ? »

    Pas du tout, répond le Mulla sans hésitation.

    Eh bien permettez-moi de vous dire que vous avez perdu la moitié de votre vie ! »  réplique avec dédain le savant.

    Un peu plus tard, le vent se met à souffler et la barque est engloutie par les flots. Juste avant de sombrer le Mulla demande à son passager :

    Savez-vous nager ?

    Non répondit ce dernier terrifié.

    Eh bien, permettez-moi de vous dire que vous pouvez considérer toute votre vie comme perdue !

     

    012

    Tous les ânes, sauf moi

    Le Mulla s’en était allé acheter un âne. La foire aux ânes battait son plein parmi la foule des paysans. Au milieu de ce tumulte, il entendit un quidam affirmer qu’il n’y avait là que des ânes et des paysans. Rien d’autre.

    « Es-tu paysan toi-même ? lui demanda le Mulla

    Moi ? Non …

    Alors, ne m’en dis pas plus ! » Ironisa le Mulla.

     

    008

    Les raisins

    Un Persan, un Arabe, un Turc et un Grec, affamés, errent dans le désert. Rêveur, le Persan évoque le goût des angûrs et souhaite en manger sur-le-champ. L’Arabe remarque qu’’il serait bien plus agréable de manger des inabs. Le Turc le reprend en affirmant que les usums seraient plus indiqués dans leur situation. Le Grec surenchérit en louant les vertus des iztafils. Voulant tous avoir le dernier mot, les quatre hommes commencent à se quereller. Alors qu’ils sont que le point d’en venir aux mains, un sage, croisant leur chemin, comprend l’objet de leur querelle et les calme aussitôt en leur disant :

    « Cessez de vous battre ! Vous parler de la même chose. Vous voulez tous manger du raisin. Celui-ci se nomme angûr en persan, inab en arabe, uzum en turc et iztafil en grec. »

     

    012

    Dieu et le pain sec

    En temps de guerre, une grand-mère juive donna à son petit fils une tranche de pain sec sur lequel elle a étalé, sur une seule face, une fine couche de graisse d’oie.. Par malheur, le pain tombe des mains de l’enfant, la partie tartinée du côté du sol. La terre se mêle à la graisse et le pain est immangeable. La grand-mère furieuse, s’exclame : « Dieu n’est pas bon ! Pourquoi n’a-t-il pas fait que le crouton tombe par terre du coté sec ? Mon petit fils aurait pu le manger. » Comme elle sent que la colère lui fait perdre la foi, elle va en en courant chez le rabbin du village et lui raconte ce qui s’est passé. Le saint homme réfléchit quelques instants, puis lui dit d’une voix douce : « Bonne dame, ce n’est pas que Dieu soit mauvais, c’est que tu as mis la graisse d’oie sur le mauvais conté de la tranche de pain »

    (Le subtil message de ce conte est que face aux événements négatifs, au lieu de nous irriter contre Dieu, le hasard, la nature ou le destin en les accusant d’être cruels et implacables, nous devons chercher en nous-mêmes les causes de l’échec. Si la grand-mère avait appris à son petit fils à bien tenir sa tartine dans la main, donc à prendre conscience de l’importance vitale de cet aliment, le fâcheux incident ne serait pas arrivé. Ce contenter de donner au nécessiteux ce qui lui manque est un acte incomplet. Nous devons également lui apprendre à estimer le don et ne pas le gaspiller.)

     

    008

    Les deux souris et le pot au lait

    Deux petites souris tombèrent dans un pot de lait. Le bord du pot étant beaucoup trop haut, elles se retrouvèrent prisonnières du récipient et se mirent à nager frénétiquement sous peine de couler. Elles se démentaient ainsi depuis un certain temps quand l’une des deux perdit espoir et abandonna sa lutte. Elle cessa de nager et se noya. L’autre, exténuée, décida de continuer à lutter jusqu’à la limite extrême de ses forces. Elle nagea et nagea sans relâche. Tout à coup, le lait tourna en beurre et, prenant appui sur cette nouvelle matière solide, la petite souris sauta par-dessus bord et s’échappa.

    (Il faut lutter jusqu’à la dernière seconde, ne pas se laisser faire et toujours garder espoir)

    012

     

    Une autre façon de voir

    Il était une fois un rabbin qui était un saint. Ce rabbin avait un assistant. Un jour une femme vint le voir et lui dit : « Mon mari m’a abandonnée. Reviendra-t-il ? » Gardant ses yeux fermés, le saint homme lui répondit :

    « Rentre chez toi, ton mari va revenir. »

    L’assistant, qui raccompagne la femme à la porte, lui murmura :

    « Ton mari ne reviendra pas. »

    Pourquoi me dis-tu une chose pareille alors que le rabbin m’a dit le contraire ?

    Pendant votre entrevue, le maître avait les yeux tournés vers l’intérieur. Il ne t’a pas vu. Mais moi si ! »

    (Voila une blague « inspirée » mais méchante.

    Pourtant, vue sous un autre angle, celui qui se trompe n’est pas le rabbin, mais bien l’assistant qui ne voit les êtres que d’une manière superficielle. Le saint lui, les perçoit avec son cœur. Il voit la perle et les valeurs enfouies dans cette femme. C’est pour cela qu’il lui dit : « ton mari reviendra. »)

     

    008

    L’homme couché

     

    Un homme était étendu sur le bord d’un chemin. Il n’était ni blessé ni mort, juste couvert de poussières. Un voleur l’aperçut et se dit

    «  C’est surement un voleur qui s’est endormi. La police va venir le chercher. Il vaut mieux que je m’éclipse avant qu’elle n’arrive. »

    Un peu plus tard, un ivrogne le contourna en titubant :

    « Voilà ce que c’est de ne pas tenir l’alcool ! constata-t-il Allez, salut l’ami ! Et la prochaine fois ne bois pas tant. »

    Arriva un sage. Il s’approcha se dit :

    « Cet homme et en extase. Je vais méditer à ses côtés. »

    (C’est une histoire racontée par Ramakrishna. Nous voyons la réalité et les êtres selon nos propres projections. On ne voit pas l’autre tel qu’il est réellement, mais tel qu’on le perçoit après l’avoir fait passer par le filtre de nos projections)


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  • Grand-mère

    « Que fais-tu grand-mère, assise là, dehors, toute seule ? »

    Eh bien, vois-tu, j’apprends. J’apprends le petit, le minuscule, l’infini. J’apprends les os qui craquent, le regard qui se détourne. J’apprends à être transparente, à regarder au lieu d’être regardée. J’apprends le goût de l’instant quand mes mains tremblent, la précipitation du cœur qui bat trop vite. J’apprends à marcher doucement, à bouger dans des limites plus étroites qu’avant et à y trouver un espace plus vaste que le ciel.

    « Comment est-ce que tu apprends tout cela grand-mère ? »

    J’apprends avec les arbres, et avec les oiseaux, j’apprends avec les nuages. J’apprends à rester en place, et à vivre dans le silence. J’apprends à garder les yeux ouverts et à écouter le vent, j’apprends la patience et aussi l’ennui ; j’apprends que la tristesse du coeur est un nuage, et nuage aussi le plaisir ; j’apprends à passer sans laisser de traces, à perdre sans retenir et à recommencer sans me lasser.

    « Grand-mère, je ne comprends pas, pourquoi apprendre tout ça ? »

    Parce qu’il me faut apprendre à regarder les os de mon visage et les veines de mes mains, à accepter la douleur de mon corps, le souffle des nuits et le goût précieux de chaque journée ; parce qu’avec l’élan de la vague et le long retrait des marées, j’apprends à voir du bout des doigts et à écouter avec les yeux. J’apprends qu’il faut aimer, que le bonheur des autres est notre propre bonheur, que leurs yeux reflètent dans nos yeux et leurs coeurs dans nos coeurs. J’apprends qu’on avance mieux en se donnant la main, que même un corps immobile danse quand le coeur est tranquille. Que la route est sans fin, et pourtant toujours exactement là.

    « Et avec tout ça, pour finir, qu’apprends-tu donc grand-mère ? »
    J’apprends, dit la grand-mère à l’enfant, j’apprends à être vieille !

    Source: Joshin Luce Bachoux...www.lespasseurs.com

     


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