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Le cul de Jatte
Le cul de jatte, tel un singe, sur ses mains,
Mendie ses journées et compte ses lendemains.
Jamais ce qu'il a perdu ne pourra lui être rendu,
Sa vie ressemble à celle d'un animal perdu.
Je l'ai croisé au hasard d'un chemin,
Je ne l'ai pas regardé avec pitié, car humain,
Il ne l'aurait pas apprécié, et sa dignité d'homme
En aurait été froissée. Je comprends sa peine
En voyant comment, pour vivre, il se démène
Dans un monde qui n'a pas été conçu pour lui,
Dans un monde où il est imposé aux hommes
De vivre entiers sans handicap et sans ennuis.
L'humanité certes, existe chez les individus
Mais elle n'a pas été pensée dans nos sociétés.
Alors que l'être humain est naturellement altruiste
L'argent achète tout, sauf un homme, et l'attriste.
Caroline FRANCOIS(Un grand merci à Biribibi pour ce poème)
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Pratiquer l’hospitalité
Pourquoi offrir l’hospitalité ? Parce qu’on est homme, pour devenir homme, pour humaniser sa propre humanité. Nous avons à prendre conscience du fait que chacun de nous, en tant que personne venue au monde, est hôte de l’humain, faute de quoi l’hospitalité courra le risque de se réduire à des devoirs à accomplir : elle appartiendra peut être aux gestes significatifs au niveau éthique, mais elle se situera sur un plan fondamentalement extérieur et ne deviendra jamais une réponse à la vocation profonde de l’homme, l’accomplissement de notre humanité à travers l’accueil de l’humanité de l’autre. Nous considérer hôtes de l’humain qui est en nous, hôtes et non maîtres, peut en revanche nous aider à prendre soin de l’humain qui est en nous et dans les autres, à sortir de l’indifférence perverse et du refus de la compassion, laquelle peut seule nous amener à nous compromettre avec l’autre dans le besoin. Le pauvre, le sans-abri, le vagabond, l’étranger, le mendiant, celui dont l’humanité est humiliée par le poids des privations, des refus et de l’abandon, peut être accueilli lorsque je commence à ressentir son humiliation et ses hontes comme les miennes, lorsque je comprends que la mortification de son humanité est la mienne propre.
(Enzo Bianchi, fondateur de la Communauté monastique œcuménique de Bose, dans le nord de l’Italie).
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Homonymes
Il y a le ver du cerfeuil
Et il y a le ver de terre.
Il y a l’endroit à l’envers,
L’amoureux qui écrit en vers,
Le verre d’eau plein de lumière,
La fine pantoufle de vair
Et il y a moi, tête en l’air,
Qui dit toujours tout de travers.
Maurice Carême
(Flanboyant, Martinique)
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Le cahier
On écrit bien
A la première page d’un cahier.
Pas de fautes ni de ratures,
Les bonnes idées circulent sans bruit
Comme le ruisseau dans ses cressonnières.
La page dernière
Ne lui ressemble pas.
On ne respecte plus les lignes,
Les taches d’encre,
Les traces de doigt s’accumulent.
C’est dans celle-là pourtant que l’on est le plus riche
D’arc-en-ciel et de savoir.
Gérard le Gouic
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