• Les mots
     
    (Merci à Nature et Poèsie)

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  • Jour d’été

     

    Le soleil rit dans le ciel,

    Le soleil rit sur la mer,

    Partout ivre et torrentiel,

    Partout nu comme une chair.

     

    Et les barques sur la mer,

    Les nuages sur le ciel,

    Dans les mains de la lumière,

    Ont fondu comme du sel.

     

    Sans fin, des clartés défont

    Puis refont les horizons,

    Et les vagues sont si belles

     

    Qu'on ne s'étonnerait pas

    De voir refleurir sur elles

    De longues haies de lilas.

     

    Maurice Carême

     

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  • Le Léopard et les Animaux

     

    Seigneur Léopard habitait en compagnie des Animaux de la forêt.

    Or, une grande famine sévit bientôt dans tout le pays. Toutes les plantations vivrières étaient épuisées, sauf la grande plantation du Léopard où tous se rendaient en cachette pour chercher de quoi manger. Ce qu'apprenant, le Léopard commanda à ses fils de tendre des pièges tout autour pour prendre les maraudeurs.

    — « A toute bête que vous prendrez — ajouta-t-il — vous couperez la queue et me l'apporterez. »

    Ses fils s'en allèrent donc tendre de nombreux pièges dans lesquels ils prirent toutes sortes de bêtes. A chacune d'elles ils coupaient la queue et l'apportaient à leur père qui les gardait bien soigneusement chez lui.

    Comme les queues s'entassaient dans sa case, Seigneur Léopard eut un jour l'idée d'inviter à une séance solennelle de « bwiti » tous les habitants de la forêt, afin de voir ceux qui n'avaient plus de queue et les tuer tous parce qu'ils avaient ravagé sa plantation.

    Sans la moindre méfiance, de tous côtés les Animaux accoururent à la danse avec une queue ou sans queue. Seule, la petite Antilope-Souris, plus maligne, se doutant de quelque chose, avait pris ses précautions.

    En effet, chaque bête qui paraissait sans queue devant le Léopard, était impitoyablement mise à mort.

    Pour éviter pareil sort, l’Antilope-Souris avait recommandé à ses petits : « Ayez soin de porter chacun un caleçon pour cacher l'endroit de la queue. Ensuite chacun de vous allumera un flambeau de résine et nous irons danser à part sur le bord du chemin. »

    Aussitôt dit, aussitôt fait. Et tout en dansant, petit à petit, ils s'esquivèrent l'un après l'autre, tandis que Seigneur Léopard égorgeait les autres bêtes sans méfiance.

    De ce grand massacre, il n'y eut à échapper que l'Antilope-Souris et sa famille.

     

    Morale. —C'est en étant prudent qu'on évite le danger.

    (Conte Gabonais)

     

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  • J’ai fais un bouquet

    J'ai fait un bouquet du monde

    II y avait des forêts vertes

    Deux ciels bleus pour le vol d'un oiseau blanc

    Une grande brassée

    D'eau de mer

    Un désert jaune

    Un soir d'été sur la place du marché

    Un trèfle à quatre feuilles

    Deux colonnes ioniennes

    Brisées

    J'ai attaché tout cela

    Avec un bout d'horizon

    Et j'ai offert à ma vie

    Le bouquet du monde

    Elle a souri

    Elle est partie

    Tout est fané

    Et je m'ennuie

    Moi qui pour elle

    Avais cueilli

    Le Monde

     

    Gilles Vigneault (Québec) extrait de «  Le français est un poème qui voyage »

     

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  • A l’école du Caméléon

     

    Le caméléon est un très grand professeur. Regardez-le. Quand il prend une direction, il ne tourne jamais la tête. Faites comme lui. Ayez un objectif dans votre vie et que rien ne vous en détourne. Le caméléon ne tourne pas la tête mais c'est son œil qu'il tourne. Il regarde en haut, en bas. Cela veut dire : Informez-vous. Ne croyez pas que vous êtes seul sur la terre. Quand il arrive dans un endroit, il prend la couleur du lieu. Ce n'est pas de l'hypocrisie. C'est d'abord de la tolérance et puis du savoir-vivre. Se heurter les uns les autres n'arrange rien. Jamais rien n'a été construit dans la bagarre. Il faut toujours chercher à comprendre l'autre. Si nous existons, il faut admettre que l'autre existe. Si le caméléon avance, il lève un pied. Il balance. Cela s'appelle de la prudence dans la marche. Pour se déplacer, il accroche sa queue, ainsi si ses pieds s'enfoncent, il reste suspendu. Cela s'appelle assurer ses arrières. Ne soyez donc pas imprudent. Lorsque le caméléon voit une proie, il ne se précipite pas dessus mais il envoie sa langue. Si sa langue peut lui ramener, elle lui ramène. Sinon il a toujours la possibilité de reprendre sa langue et d'éviter le mal. Allez doucement dans tout ce que vous faites. Si vous voulez faire une œuvre durable, soyez patient, soyez bon, soyez humain. Voilà. Si vous vous trouvez dans la brousse, demandez aux initiés qu'ils vous racontent la leçon du caméléon.

     

    Amadou Hampâté Bâ (Mali) extrait du livre « Le français est un poème qui voyage »

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