• « Le petit Johnny est, comme on dit, mentalement retardé. Mais l'histoire qui suit va vous montrer qu'il est loin de l'être.

    Johnny, dans la classe de modelage de l'école pour enfants retardés qu'il fréquente, reçoit sa provision de pâte à modeler et commence à la triturer. Il en détache un petit morceau et va dans un coin de la pièce pour y travailler. L'éducateur vient à lui et dit: «Hello, Johnny.» Et Johnny répond: «Hello.

    — Qu'as-tu dans la main? demande l'éducateur.

    — De la bouse de vache, répond l'enfant.

    — Que vas-tu en faire?»

    Et Johnny répond: «Un éducateur.» L'éducateur se dit alors que le petit Johnny a régressé. Alors il fait signe au directeur qui passe justement devant la porte et lui déclare: «Le petit Johnny a régressé.»

    Le directeur vient près de Johnny et lui dit: «Hello, fiston.» Et Johnny répond: «Hello.

    — Qu'as-tu dans la main? demande le directeur.

    — De la bouse de vache, dit l'enfant.

    — Et que fais-tu avec cette bouse de vache?

    — Un directeur», répond l'enfant.

    Le directeur se dit qu'il s'agit là d'un problème pour le psychologue et fait appeler celui-ci.

     Le psychologue est un gars astucieux. Il va à Johnny et dit: «Hello». Et Johnny répond: «Hello.

    — Je sais ce que tu as dans la main, dit le psychologue.

    — Quoi? dit Johnny.

    — De la bouse de vache.

    — Oui, dit Johnny.

    — Et je sais ce que tu vas en faire.

    — Quoi?

     

    — Tu vas en faire un psychologue.

    — Non, dit Johnny, je n'ai pas assez de bouse! » Et on traite cet enfant de retardé ! »

     

    Extraits du livre « Quand la conscience s’éveille »

    D’Antony de Mello

     

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  • Premier mai

    Tout conjugue le verbe aimer. Voici les roses.
    Je ne suis pas en train de parler d'autres choses.
    Premier mai ! l'amour gai, triste, brûlant, jaloux,
    Fait soupirer les bois, les nids, les fleurs, les loups ;
    L'arbre où j'ai, l'autre automne, écrit une devise,
    La redit pour son compte et croit qu'il l'improvise ;
    Les vieux antres pensifs, dont rit le geai moqueur,
    Clignent leurs gros sourcils et font la bouche en coeur ;
    L'atmosphère, embaumée et tendre, semble pleine
    Des déclarations qu'au Printemps fait la plaine,
    Et que l'herbe amoureuse adresse au ciel charmant.
    A chaque pas du jour dans le bleu firmament,
    La campagne éperdue, et toujours plus éprise,
    Prodigue les senteurs, et dans la tiède brise
    Envoie au renouveau ses baisers odorants ;
    Tous ses bouquets, azurs, carmins, pourpres, safrans,
    Dont l'haleine s'envole en murmurant : Je t'aime !
    Sur le ravin, l'étang, le pré, le sillon même,
    Font des taches partout de toutes les couleurs ;
    Et, donnant les parfums, elle a gardé les fleurs ;
    Comme si ses soupirs et ses tendres missives
    Au mois de mai, qui rit dans les branches lascives,
    Et tous les billets doux de son amour bavard,
    Avaient laissé leur trace aux pages du buvard !
    Les oiseaux dans les bois, molles voix étouffées,
    Chantent des triolets et des rondeaux aux fées ;
    Tout semble confier à l'ombre un doux secret ;
    Tout aime, et tout l'avoue à voix basse ; on dirait
    Qu'au nord, au sud brûlant, au couchant, à l'aurore,
    La haie en fleur, le lierre et la source sonore,
    Les monts, les champs, les lacs et les chênes mouvants,
    Répètent un quatrain fait par les quatre vents.

    Victor Hugo

     

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