• Leçon de grammaire

    Je suis, tu es, elle est

    Et lui aussi ;

    Et tous ceux qui étaient, qui furent

    Et sont très bien.

     

     

    Nous sommes, nous serons

    Nous-mêmes ; elle et lui

    Seront côte à côte et moi, qui ai été

    Je  serai.

     

     

    Et si le hasard voulait que quelqu’un

    Qui n’avait pas été ce jour-là fût,

    Qu’il soit le bienvenu ! car l’important c’est d’être

    Et que tout le monde soit.

    David Fernandez,             (Cuba)

    Poèmes de pays divers Leçon de grammaire


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  • Bâtis dans ton cœur

     

    Des terres de réserve

    Des îles vierges

    Ne demande à l'espace qu'un peu d'immobilité

     

    Le temps d'une halte

    II faut bêcher le territoire au jour le jour

    Y planter un drapeau blanc

    Et non des épouvantails

    Qui apeurent les oiseaux

     

    L'exil est aussi ce chemin

    Qui délivre de la solitude

     

     

    Tout homme seul

    Porte la langueur du temps

    Sur ses épaules

     

    II pleure le cloisonnement

    De l'espace

    Mais toi

    Regarde plutôt la splendeur

    Des songes égarés

    Dans l'herbe de ton enfance...

      

    Alain Mabanckou, (Congo)

    (Extrait de «  Le tour du monde en 80 poèmes)

    DSCN2325

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  •  

    Je suis Milarépa…

     

    Je suis Milarépa, le meilleur des Yogis.

     

    Je suis celui qui chasse le visage des apparences.

     

    Celui qui accueille tous les souhaits.

     

    Je suis un yogi sans opinions,

     

    Celui qui ne s'empresse jamais, quoi qu'il advienne.

     

    Je suis le renonçant sans vivres,

     

    Le mendiant sans possessions,

     

    Le vagabond nu.

     

    Je suis celui qui a vaincu toutes les pratiques,

     

    Je demeure ici mais n'y réside pas,

     

    Je suis un Fou, heureux de la mort,

     

    Je ne possède rien, je n'ai besoin de rien.

     

    Milarépa (Chine, Tibet)

    (Extrait de «  Le tour du monde en 80 poèmes)

     

    Milarépa est un ascète semi-légendaire tibétain qui aurait vécu au X1 siècle. Il est le disciple de Marpa. Fort des enseignements de ce grand maître, il se retire dans la montagne où il se consacre à la méditation et à la composition des Cent Mille Chants. Vers la fin de sa vie, il s'entoure de plusieurs disciples auxquels il livre ses enseignements. Il est le fondateur d'une école mystique qui donne par la suite naissance au lamaïsme.

    Poèmes de pays divers Je suis Milarépa

     


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  • Qui accueille

     

    Qui accueille s’enrichit

    Qui exclut s’appauvrit

     

    Qui élève s’élève

    Qui abaisse s’abaisse

     

    Qui oublie se délie

    Qui se souvient advient

     

    Qui vit de mort périt

    Qui vit de vie sur-vit.

     

    François Cheng (Chine)

    Poèmes de pays divers Qui accueille


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  • Caméléon

     

    Caméléon, prête-moi ta robe verte

    Pour cueillir l'herbe des prairies.

    Prête-moi ta robe grise

    Pour pêcher au fond de l'eau,

    Prête-moi ta robe bleue

    Pour prendre un pan du ciel.

    Prête-moi ta robe rouge

    Couleur de feu,

    Donne-moi ta robe jaune

    Couleur de moisson,

    C'est elle la plus jolie.

     

    Fatou Ndiaye Sow (Sénégal)

    Poèmes de pays divers Caméléon


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  • Je suis né dans une forêt bleue

     

    Je suis né dans une forêt bleue

    et ma mère m'a toujours dit

    que j'étais l'arbre le plus triste.

    Mon corps a pu servir

    à tailler un violon, un peu difforme,

    mais avec l'âme d'un enfant perdu.

    On m'a mis, tout jeune,

    dans une boîte, et je dormais

    entouré d'un velours rouge vif.

    Pour les grandes occasions,

    mon artiste me couchait

    sur sa clavicule

    et là, à cet endroit

    précis, mes souvenirs

    de la forêt bleue

    se réveillaient toujours.

    Le public n'a jamais su

    que sous tes doigts

    coulaient les rêves

    d'un tronc orphelin.

     

    Shlomo Reich (Israël)

    Poèmes extraits de « Le Français est un poème qui voyage »

     

    DSCF0370

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  • Blues

     

    J’ai pris

    Tes cheveux un à un

    J’ai tissé une barque

     

    Dans la brise de tes yeux

    J’ai navigué vers les îles

    Aux tulipes bleues

     

    Il neigeait

    Sur les coquelicots

    De tes lèvres

     

    Triste

    Etait l’enfant

    Qui avait faim

     

    Il pleuvait des étoiles

    Sur le toit de mon cœur

     

    J’ai pris

    Ta main de lune

    Et j’ai fais un pain.

     

    Tahar Bekri (Tunisie)

     

    extraits de « Le Français est un poème qui voyage »

     

    DSCN0174

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  • Partout

     

    Je suis un enfant de partout

    Un enfant de Paris, de Cotonou,

    Un enfant de l’ombre des montagnes

    Des plis rouges d’un pagne.

    Je suis un enfant des nids de moineaux,

    De Mulhouse, de Baltimore,

    Des petits bateaux de la baie de Rio

    Et pire encore.

    Je suis un enfant de quelque part

    Né de l’amour entre la  chance

    Et le hasard.

    Un enfant avec un nom,

    Un prénom,

    Mais un enfant qu’on appelle Terrien

    Parce que, sans moi,

    Cette planète n’est rien.

     

    Alain Serres (Pays des différences)

    martinique 7

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  • Fraternité

     

    Regarde-moi. J'ai deux yeux.

    J'ai deux mains.

    Mon sang est rouge

    Mes songes sont comme les tiens,

    sombres ou clairs.

    Une rose naît dans ma main.

    Une rose naît dans ta main.

    Il suffit que je dise « rose ».

    Il suffit que tu dises « rose... ».

    Tu as deux yeux.

    Tu as deux mains.

    Ton sang est rouge

    Quand nous marchons vers le soleil,

    chacun de nous possède une ombre,

    mais nous ne sommes pas des ombres,

    nous ne sommes pas des fantômes,

    nous sommes des mains et des cœurs,

    nous sommes des pensées humaines.

     

    Pierre Gamarra (Pays des différences)

     

    fleur réduite bouquet

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  • Les mains

     

    Ce sont les mains brunes qui font le pain blond

    Ce sont les mains noires qui font le mil clair

    Ce sont les mains jaunes qui font le riz blanc

    Ce sont les mains rouges qui font le safran d'or

    Ce sont les mains vertes qui font les tomates rouges

    et ce sont les mains de toutes les couleurs

    qui font le monde rond

     

    Francis combes (Pays des différences)

    enfants.gif

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  • La maison des différences

     

    Celui-ci rit quand il faut pleurer,

    celui-là boite des deux pieds.

    Celle-ci dit « pouch » au lieu de « pouce »,

    celle-là aurait pu être rousse.

    Cet autre enfant, là-bas,

    nage autour de la Lune

    et celui du pays qui n'existe pas

    se nourrit de beignets d'anneaux de Saturne.

    À ne voir que leurs différences

    en Terre de France,

    on oublierait qu'ils parlent tous L'enfansol,

    la langue secrète des boussoles.

     

    Alain serres (Pays des différences)

     

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  • La rivière

     

    Voilà. C'est fait : je suis devenu une rivière.

    Ce sera une grande aventure jusqu'à la mer

    quel nom me donnera-t-on sur les cartes ?

    d'où vient ce cours d'eau inconnu ?

    quel ciel reflète-t-il dans ses flots ?

    quelle joie, quelle faim, quelle douleur ?

     

    Pardonnez-moi messieurs les géographes

    je n'ai pas fait exprès

    j'aimais voir couler l'eau

    sur toutes les soifs

    il y a tant d'assoiffés dans le monde

    pour eux me voici changé en rivière.

     

    Je n'aimais pas voir couler les larmes

    étant rivière je pourrai qui sait ?

    couler à leur place.

     

    Je n'aimais pas voir verser le sang

    étant rivière je pourrai

    être versé à sa place.

    Mon destin est peut-être d'emporter

    à la mer toutes les peines !

     

    René Depestre (Haïti)  extrait de «  Le français est un poème qui voyage »

     

    parc archéologique des roches gravées (trois rivière).j (8)

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  • Etincelle de Tunisie

     

    Ton visage a rempli

    Mes yeux ouverts

     

    Aida

    Voisine du bout du monde

    Entre un désert

    Et son miroir.

     

    Je te lance

    Les épis d’oiseaux migrateurs

    Leurs promesses lucides

     

    En même temps que toi

    J’allume un feu

    Dans mon jardin de sable.

     

    Françoise Lison-Leroy (Afrique)

     

    Un-peu-de-tendresse X

     


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  • L’enfant de l’île

     

    Je te regarde vivre

    Sur une île à peine plus large

    Qu’une feuille de manguier.

    Je te vois écouter

    La respiration insouciante

    De la biodiversité.

    Je t’entends toucher la carapace

    De la lourde tortue du passé.

     

    Et autour de nous

    Dans tous ses bleus réunis

    Le lagon fait semblant de dormir,

    Un îlot clos,

    Et l’autre si vert.

     

    Alain Serres (Océanie)

     

    S5000525.JPG

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  • L’enfant du désert

     

    Enfants touareg,

    Enfant pâtre,

    Petit maître du désert,

    Ton regard poursuit

    La gazelle ou le lièvre,

    Guette le scarabée d’or

    Ou le profil d’une herbe rare.

    Tu étudie jour après jour

    Le va-et-vient du sable,

    La mélopée du vent,

    Le chant lointain de la fontaine,

    Là-bas vers la palmeraie.

     

    Jacqueline Held (Afrique)

     

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