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Par renal le 6 Juillet 2011 à 09:54
Madame (Maya)
Madame,
Tes seins sont deux filles qui jouent
à se frapper quand tu laves ton linge.
L'arc-en-ciel de ton regard est tendu dans l'écume.
Qui te verrait soutiendrait que tu ne souffres pas.
II ne saurait pas qu'au pied de ton bac à lessive
s'entasse une partie de ton histoire.
Le sifflement que tu entonnes
est le fil sur lequel tu accroches ta fatigue.
Le vent est un gamin moqueur
qui tire et tend ton linge.
Sur les arbres de l'orient
le soleil est un nouveau-né
qui répand ses larmes tièdes et jaunes
(Briceida Cuevas, traduit par Charles Juliet)
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Par renal le 5 Juillet 2011 à 21:34
Je ne m’adosserai à rien (Japonais)
Finalement
Je ne m’adosserai à aucune pensée
Finalement
Je ne m’adosserai à aucune religion
Finalement
Je ne m’abandonnerai à aucun savoir
Finalement
Je ne m’abandonnerai à aucun pouvoir
Vivre longtemps m’a appris au plus profond de cœur
A ne pas croire qu’en ce que je vois et entend moi-même
A ne me tenir que sur propres jambes
Face à l’adversité
Si je devais m’adosser à quelque chose,
Ca serait seulement à un dossier de siège.
NORIKO IBARAGI (traduction de Camille Loivier)
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Par renal le 4 Juillet 2011 à 08:25
Là sur mon front (Hongrois)
Là sur mon front
Pose ta main,
Comme si ta main
Etait ma main.
Serre-moi fort
Comme à la mort
Comme si ma vie
Etait ta vie
Et aime-moi
Comme à bonheur
Comme si mon cœur
Etait ton cœur.
ATTILA JOZSEF (traduction de Francis Combes)
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Par renal le 30 Juin 2011 à 09:46
Rêve (Chinois)
Au réveil
Ce ne sont qu’illusions
Le rêve lui vient au moment du sommeil.
Compagnons des jeux de l’enfance
Peut être amis de longue date.
Sur un bon lit sentiment douloureux
Sur la paille heureuses rencontres
Le rêve offre dans les temps de dénuement
Et dérobe dans les temps d’abondance.
Quand il ne s’agit pas d’une fausse alerte
Alors c’est le sentiment d’avoir loupé quelque chose.
AI QING
(Traduction de Thierry Renard avec le précieux concours de Joël Bel Lassen)
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Par renal le 18 Mars 2011 à 07:46
Pouvoir
Il est des mots comme des baumes
Ils adoucissent et laissent un goût de menthe
Il est des regards comme de la laine d’agneau
Ils enveloppent et réchauffent dans la caresse
Il est de sourires comme des pleines lunes
Ils illuminent avec intimité.
Pouvoir !
Pouvoir regarder
Pour déceler
Pouvoir deviner
Pour sentir
Et être heureux !
Il est des promiscuités enivrantes
Et des frôlements comme des caresses de soleil
Furtives et discrètes et excitantes
Elles laissent un goût d’attente !
Pouvoir
Pouvoir sentir
Et être heureux
Il est des caresses alarmantes
Qui laissent sur le qui-vive !
Il est des noms qui augurent du destin
Et des phrases comme des décrets
Pourvoir déceler
Pouvoir
Et être heureux !
Il est des visages comme des proverbes
Enigmatiques et symboliques
Ils appellent à la sagesse
Parce que la vie c’est l’avenir
Et que l’avenir c’est toi.
Ah pouvoir
Pouvoir deviner
Et être heureux
Il est des beautés merveilleuses
Présentes et nombreuses là
Sur le nez là sous nos yeux.
Pouvoir
Ah pouvoir regarder
Oui pourvoir voir
Car voir c’est comprendre
Que l’amour
Que le bonheur
C’est aussi vrai
Et aussi prés
Que tu es là.
Leurs écuelles ont des doubles fonds
Il habite dans leurs têtes deux cerveaux
Et dans leur thorax deux cœurs
Ils mangent dans un plateau
Et encore dans un autre
Ils goûtent aux orages
Et ils aiment bine les figues
Leur voix chantent en trémolo
Leurs langues sont un roulement de tambour ….
(WéréWéré Lihing extraits de « On ne raisonne pas le venin,
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Par renal le 17 Mars 2011 à 08:31
J’aime
J’aime le message blanc de la mer
Le bruit des pas sur les routes
L'espoir au fond des prisons
Le refus des agenouillements
La dernière balle du dernier traqué de Thiaroye
J'aime le paysan sous le soleil
La solitude verte du berger
Le rêve à la clarté des étoiles
Les voix flexueuses au bord de la lagune
J'aime le velours des cerisiers
Les heures douces sous le tamarinier
Le chevauchement des cauris sur le van
La rondeur des calebasses pleines
J'aime la danse autour du feu
La danse au clair de lune
Les ivresses de « Sandiaye »
J'aime les sinistrés de la dernière pluie
Les infirmes les parias les aveugles
Les veuves silencieuses
Les fous que rien n'étonne
J'aime les enfants pour leur innocence
Les filles pour leurs soupirs d'amour
Les femmes pour leur clair sourire
J'aime l'étendue de l'amour
J'aime la chaleur des mains
J'aime la caresse des voix
J'aime la tension des regards
J’aime l’Afrique tout entière à l’assaut des soleils.
(Amadou Moustapha Wade Sénégal)
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Par renal le 16 Mars 2011 à 07:43
Prière d’un petit enfant nègre
Seigneur
Je suis très fatigué
Je suis né fatigué
Et j'ai beaucoup marché depuis le chant du coq
Et le morne est bien haut
Qui mène à leur école
Seigneur je ne veux plus aller à leur école ;
Faites je vous en prie que je n'y aille plus.
Je veux suivre mon père dans les ravines fraîches
Quand la nuit flotte encore dans le mystère des bois
Où glissent les esprits que l'aube vient chasser.
Je veux aller pieds nus par les sentiers brûlés
Qui longent vers les mares assoiffées.
Je veux dormir ma sieste au pied des lourds manguiers.
Je veux me réveiller
Lorsque là-bas mugit la sirène des Blancs
Et que l'usine
Ancrée sur l'océan des cannes
Vomit dans la campagne son équipage nègre.
Seigneur je ne veux plus aller à leur école ;
Faites je vous en prie que je n'y aille plus.
Ils racontent qu'il faut qu'un petit Nègre y aille
Pour qu'il devienne pareil aux : messiers de la ville
Aux messiers comme il faut.
Je préfère flâner le long des sucreries
Où sont les sacs repus
Que gonfle le sucre brun
Autant que ma peau brune.
Je préfère
Vers l'heure où la lune amoureuse
Parle bas à l'oreille
Des cocotiers penchés
Écouter ce que dit
Dans la nuit la voix cassée d'un vieux qui raconte en fumant
Les histoires de Zamba
Et de compère Lapin
Et bien d'autres choses encore
Qui ne sont pas dans leurs livres.
Les Nègres vous le savez n'ont que trop travaillé
Pourquoi faut-il de plus
Apprendre dans les livres
Qui nous parlent de choses qui ne sont point d’ici.
Et puis
Elle est vraiment trop triste leur école
Triste comme
Ces messiers de la ville
Ces messiers comme il faut
Qui ne savent plus danser le soir au clair de lune
Qui ne savent plus marcher sur la chair de leurs pieds
Qui ne savent plus conter les contes aux veillées
Seigneur je ne veux plus aller à leur école.
(Guy Tirolien Guadeloupe)
(Guadeloupe)
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Par renal le 15 Mars 2011 à 08:12
LE CHANT DES RAMEURS
J’ai demandé souvent
Écoutant la Clameur
D'où venait l’âpre Chant
Le doux chant des Rameurs.
Un soir j'ai demandé aux jacassants Corbeaux
Où allait l'âpre Chant,
le doux Chant des Bozos ;
Ils m'ont dit que le Vent messager infidèle
Le déposait tout près dans les rides de l'Eau,
Mais que l'Eau désirant demeurer toujours belle
Efface à chaque instant les replis de sa peau.
J'ai demandé souvent
Écoutant la Clameur
D'où venait l'âpre Chant
Le doux chant des Rameurs.
Un soir j'ai demandé aux verts palétuviers
Où allait l'âpre Chant des Rudes Piroguiers ;
Ils m'ont dit que le Vent messager infidèle
Le déposait très loin au sommet des Palmiers ;
Mais que tous les Palmiers ont les cheveux rebelles
Et doivent tout le temps peigner leurs beaux cimiers.
J'ai demandé souvent
Écoutant la Clameur
D'où venait l'âpre Chant
Le doux chant des Rameurs.
Un soir j'ai demandé aux complaisants Roseaux
Où allait l'âpre Chant, le doux Chant des Bozos.
Ils m'ont dit que le Vent messager infidèle
Le confiait là-haut à un petit Oiseau ;
Mais que l’Oiseau fuyant dans un furtif coup d’ailes
L’oubliait quelque fois dans le ciel indigo
Et depuis je comprends
Ecoutant la Clameur
D’où venait l’âpre Chant
Le doux chant des Rameurs.
(Birago Diop)
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Par renal le 14 Mars 2011 à 11:47
Je vous remercie mon Dieu
Je vous remercie, mon Dieu, de m'avoir créé Noir,
D'avoir fait de moi
La somme de toutes les douleurs,
Mis sur ma tête
Le monde.
J'ai la livrée du Centaure
Et je porte le monde depuis le premier matin.
Le blanc est une couleur de circonstance
Le noir, la couleur de tous les jours
Et je porte le Monde depuis le premier soir.
Je suis content
De la forme de ma tête
Faite pour porter le monde,
Satisfait
De la forme de mon nez
Qui doit humer tout le vent du Monde,
Heureux de la forme de mes jambes
Prêtes à courir toutes les étapes du Monde.
Je vous remercie, mon Dieu, de m'avoir créé Noir,
D'avoir fait de moi,
La somme de toutes les douleurs.
Trente-six épées ont transpercé mon cœur.
Trente-six brasiers ont brûlé mon corps.
Et mon sang sur tous les calvaires a rougi la neige,
Et mon sang à tous les levants a rougi la nature.
Je suis quand même Content de porter le Monde,
Content de mes bras courts
De mes bras longs
De l'épaisseur de mes lèvres.
Je vous remercie, mon Dieu, de m'avoir créé Noir,
Je porte le Monde depuis l'aube des temps
Et mon rire sur le Monde Dans la nuit
Crée le jour.
Bernard Binlin Dadié
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Par renal le 15 Février 2011 à 09:29
Chant d'orphelin
Si je dois mourir à la guerre
Nulle femme n'aura de larmes.
Je n'ai jamais connu leurs charmes
Ni la tendresse d'une mère.
Quant aux amis, je n'en ai guère.
Un orphelin n'a pas d'histoire.
Mourir en héros pour la gloire
N'allégera pas ma misère.
Je n'ai eu pour seul héritage
Qu'une fortune de souffrances
Un plein coffre-fort de malchance
Et de maux que nul ne partage.
Je quitterai ce monde hostile
Comme j'y suis venu : bohème,
La tête farcie de poèmes
lit de souvenirs inutiles.
(Dimtcho Debelianov Bulgarie)
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Par renal le 14 Février 2011 à 09:27
Au gaucho, l’homme d’un passé
Symbole des pampas, homme de vrai courage,
guerrier et généreux, fou d'amour et sauvage,
gaucho, pour dire mieux, cœur tout en volonté,
corps solide et viril, âme de loyauté,
dans tes galops errants par plaines et prairies,
vagabond orgueilleux
tu prends la vie à pleines mains, la vie !
Tu relèves les défis du vent, car ta force
c'est cette âme farouche et cuirassée d'écorce.
Personne n'a jamais pu te mettre en déroute,
ta liberté, tu la paies de ton sang, goutte par goutte,
sous le soleil ton sang a signé ton histoire,
toute victoire contre toi fut illusoire.
Désormais vaincu, tu galopes vers l'oubli,
ton prestige à jamais par le siècle aboli.
Le Temps qui a tourné t'écrase sous sa roue.
Et moi, sur la Croix du Sud, gaucho, je te cloue.
(Ricardo Guiraldes (1886-1927 Argentine)
Argentine
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Par renal le 13 Février 2011 à 18:27
Un matin
Dès le matin, par mes grand-routes coutumières
Qui traversent chants et vergers,
Je suis parti clair et léger,
Le corps enveloppé de vent et de lumière...
Je marche avec l'orgueil d'aimer l'air et la terre,
D'être immense et d'être fou
Et de mêler le monde et tout
À cet enivrement de vie élémentaire...
Les bras fluides et doux des rivières m'accueillent ;
Je me repose et je repars
Avec mon guide le hasard,
Par les sentiers sous bois dont je mâche les feuilles...
Oh ! Ces marches à travers bois, plaines, fossés,
Où l'être chante et pleure et crie
Et se dépense avec furie
Et s'enivre de soi ainsi qu'un insensé !
Emile Verhaeren (1855-1916) poète belge
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Par renal le 13 Février 2011 à 18:25
L'homme qui te ressemble
J'ai frappé à ta porte
j'ai frappe à ton cœur
pour avoir bon lit
pour avoir bon feu.
Pourquoi me repousser ?
Ouvre-moi, mon frère !
Pourquoi me demander
si je suis d'Afrique
si je suis d'Amérique
si je suis d'Asie
si je suis d'Europe ?
Ouvre-moi, mon frère !
Pourquoi me demander
la longueur de mon nez
l'épaisseur de ma bouche
la couleur de ma peau
et le nom de mes dieux ?
Ouvre-moi, mon frère !
Ouvre-moi ta porte
ouvre-moi ton cœur
Car je suis un homme
l'homme de tous les temps
l'homme de tous les cieux
l'homme qui te ressemble !
René Philombé Cameroun
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Par renal le 5 Août 2008 à 13:23
Sème le bien autour de moi
Comme le laboureur le grain
A la volée
Sur ses terres désertes,
Sème le bien avec espoir ;
Seul le bien fleurira
Sur les durs chemins de la vie.
Sème le bien à tout vent
Dans l’espoir d’une vie plus saine
Et succulente
Pour tous les hommes
Sème le bien autour de toi.
Sème la joie dans tous les cœurs,
La fraternité à la ronde,
L’homme est le même sous tous les cieux ;
Sème le bien avec le sourire
Pour le retournement universel.
Sème l’amour sur ton passage
Et que toujours ta présence
Ressuscite et réconforte
Tout le monde autour de toi.
En ce monde exécrable,
Dénué de toute saveur,
Où nous sommes exilés pour la rançon
De notre gloire,
C’est le mal qu’on oublie,
Le bien ne se perd jamais.
(Christophe Ngueddam Cameroun)
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Par renal le 28 Février 2008 à 20:15
Plus beau que tout
Plus beau que tout, c'est quand le jour décline.
L'excès d'amour dont le ciel est gonflé
emplit les airs d'une sombre clarté
qui vers la terre s'achemine
et s'en vient baigner
les toits des chaumines.
Tout est tendresse, on dirait que des mains
d'une douceur extrême vous caressent.
Tout est proche et tout est lointain.
Tout vous prodigue ses richesses
comme un prêt soudain
fait à l'être humain.
Tout m'appartient, et tout va cependant
m'être enlevé dans un très court instant
arbre, nuage et jusqu'à ce sentier
où je suis mes songes fugaces
Seul, je vais errer
sans laisser de traces.
Par Lagerkvist Suède
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