• Extraits du livre « Petit traité de la joie, consentir à la vie

    de Martin STEFFENS

    « Qu’ils soient athées, philosophes ou chrétiens, badauds, musiciens ou poètes, les hommes ont en partage cette vie tramée dans l’involontaire et qu’il faut, pour cette raison, apprendre à aimer. En tout homme qui choisit de ne pas s’enfoncer dans de coûteux regrets et qui, d’un bond se lève pour conjuguer sa vie au présent, au lieu d’un perpétuel conditionnel, en chacun de ces hommes, donc, il y a le même esprit qui souffle, le même génie silencieux de la vie. »

     

     

    « Tout dans la religion chrétienne, dit le Dieu donateur, le Dieu relation, la joie d’avoir reçu et de pouvoir ainsi donner. Et tout ce qui ne dit pas cette Bonne Nouvelle, qui est le cœur du message du Christ, est nommé chrétien par erreur. On n’est pas chrétien pour telle ou telle raison : pour se rassurer, pour se consoler, pour donner un sens à la vie (si d’ailleurs on le donne, ce sens, c’est qu’il n’y en pas…) »

     

     

    « Il est essentiel d’écouter le malheur des hommes, car notre joie de vivre ne saurait en être amoindrie. De toute façon nous l’avons déjà dit : il faut aimer la vie pour vouloir la défendre, il faut la trouver précieuse pour entendre, ne serait-ce qu’entendre, le mal qu’on lui fait. »

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  • Extraits du livre « Petit traité de la joie, consentir à la vie

    de Martin STEFFENS

    « Une chose est sûre : penser le bonheur comme un dû ne rend pas heureux. Il est des choses qu’on obtient à cette seule condition qu’on ne les exige pas. Il est des choses qu’on possède à la condition de ne les posséder point. »

     

     

    « Le drame de l’homme n’est pas de manquer : c’est de ne pas recevoir pleinement ce qu’il a. »

     

    « Il est une faculté qui ne s’use que de l’user trop peu : l’attention. C’est d’elle que vient le salut : « Ce n’est que le défaut d’attention qui diminue nos biens. »

     

    « Nous ne pleurons jamais que par amour. Nous ne tombons malade que d’être en vie. Nous avons reçu avant que de pouvoir perdre. Et en perdant, nous mesurons encore la largesse du don. »

     

    « La valeur d’une vie ne se mesure pas à la quantité d’expériences que l’on a faites mais à la qualité de présence qu’on y a mise. »

     

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  • Extraits du livre « Petit traité de la joie, consentir à la vie

    de Martin STEFFENS

     

    « Prier, certes, signifie demander. Mais ce que la prière demande, c’est la grâce d’accepter ce qu’il adviendra. Sans quoi la prière se fait exigence. Tous les croyants qui ne désertent pas la foi à la première épreuve savent que la prière est de cette nature. Elle demande l’impossible qui n’est pas d’avoir une autre vie, sans aspérité, sans souffrance (car il faudrait alors ne plus aimer, et la chose sera réglée). L’impossible qu’elle demande, c’est de continuer d’aimer dans l’épreuve. Jésus dit bien : « Qui demande obtiendra » mais ce dont il parle alors, c’est de l’Esprit Saint, c’est de cette force au-delà de nos forces qui vient à leur soutien et nous donne de garder les bras ouverts là où toutes les bonnes raisons du monde conspiraient à nous les faire baisser. »

     

     

    « Voilà le mauvais mécanisme mental qu’il nous faut enrayer : nous partons de ce qui aurait pu ou aurait dû être, et condamnons ce qui est en son nom. « Je serais heureux si j’étais ceci ou cela… » : Bonheur soumis à condition, vie conjuguée au conditionnel. Jamais nous n’avons la présence d’esprit de partir de ce qui est, ou de faire le détour par ce qui aurait pu ne pas être afin de mieux arriver à ce qui est. »

     

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  • Extraits du livre « Petit traité de la joie, consentir à la vie

    de Martin STEFFENS

     

     

    Il n'est pas de petite raison pour aimer sans raison. L'amour, par essence, se contente de peu : donné gratuitement, il est à lui-même sa propre récompense. La lumière dont l'amour brille, c'est la sienne propre : un rien lui suffit, à peine une étincelle. »

    « En renonçant à corriger mon passé, je le transfigure. Car dire oui à sa vie, à toute sa vie, c’est savoir qu’il fallait cette naissance subie, cet héritage imposé, et toutes ces épreuves, et ces décisions qu’il m’arrive de regretter, bref : il fallait toute cette vie, si imparfaite soit-elle, pour être aujourd’hui celui qui dit oui à l’existence. »

     

    « Ne pas se crisper devant l’épreuve, si petite soit-elle ; ni non plus s’y résigner : mais l’accueillir, la désirer même, pour entendre enfin ce qu’elle a à nous dire. L’immensité du désir se prouve non seulement dans la prétention à bouleverser les choses, mais aussi dans celle de n’y rien toucher. »

     

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  • Extraits du livre « Petit traité de la joie, consentir à la vie

    de Martin STEFFENS

     

    « Avoir la foi n'est rien d'autre que cela : accepter l'épreuve. C'est savoir qu'un malheur n'arrive jamais seul, mais en un sens tout autre que le veut l'expression. Car si l'on y regarde bien, il s'y trouve assez d'énergie pour l'affronter, assez d'intelligence pour en tirer leçon, assez d'espérance pour en sortir grandi. La foi n'est pas d'abord croire que l'impossible est possible. C'est, au contraire, croire, voire savoir, que tout le réel est réel, que le réel, autrement dit, est plus grand que l'idée qu'on  s'en fait : il est plus que la dimension où veut l'enfermer notre désespoir. La foi, c'est être disponible à la souffrance de l'homme autant qu'à l'amour qui la soulage, aux blessures qu'on inflige comme à celles qu'on guérit, au Mal qui divise autant qu'au Bien qui unit. C'est voir, au cœur de la ténèbre, la lumière qui n'a cessé de luire. »

     

     

    « Le consentement libère en nous la vie en nous libérant de notre exigence d'ordre et de sens. La vie dévoile ses secrets quand on les lui laisse dire, et non quand on l'assigne au tribunal de notre entendement. Commençons donc par dire oui au jour qui s'annonce, par aimer la vie gratuitement, absurdement, en omettant sagement de lui demander ses titres de conformité à ce qu'Ivan appelle« L’ordre des choses ».

     

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  • Extraits du livre « Petit traité de la joie, consentir à la vie

    de Martin STEFFENS

     

    Résumé : Notre propre vie ne nous est pas propre : elle s'est d'abord faite en nous, sans nous. Puis vient le jour où, ayant appris à se posséder mieux, revient à chacun le pouvoir de refuser cette vie reçue passivement. N'est-ce pas là la liberté par excellence : dire non à ce qui s'impose sans se proposer ? Mais il est une autre liberté, plus généreuse, plus large et plus pleine de risques, dont ce Petit traité de la joie se fait l'éloge : consentir à la vie, ouvrir les bras à ce qui fut d'abord étranger. Non pas d'un oui du bout des lèvres : la question du consentement à l'existence est, selon le mot de Nietzsche, « la question primordiale ». D'une telle question dépend notre façon d'accueillir le passé comme d'engager l'avenir. Elle exige donc, en guise de réponse, que nous offrions à l'existence un oui à la mesure de nos vies : ample comme le sont nos peines, surabondant à la mesure de nos joies. Alors, cherchant moins à conquérir qu'à recevoir ce qu'on a, la vie apparaîtra comme ce qu'elle est : un présent auquel on peut apprendre à être davantage présent.

     

    « En ce jour où chacun formule ses vœux et sa pensée la plus chère, eh bien, je veux, moi aussi, dire ce que je désire de moi-même, et quelle fut la pensée qui, la première, a traversé mon cœur cette année quel genre de pensée sera désormais pour moi le fondement, la garantie et la douceur de la vie qui vient ! La voici : je veux apprendre de plus en plus à considérer ce qui est comme étant le Beau en soi. Ainsi je serai de ceux qui embellissent les choses. Amor fati : que ceci soit désormais mon seul amour ! Non, je ne ferai pas la guerre à la laideur. Je n'accuserai plus, pas même les accusateurs. Détourner le regard : que ceci soit ma seule négation ! Je veux à partir de cet instant et quelles que soient les circonstances, n'être qu'un pur dire-oui. » (Nietzsche)

     

    « Consentir, c'est voir ce qui est, pour ne plus pleurnicher sur ce qui aurait dû être. C'est s'offrir au présent, prendre acte des forces en présence et y livrer la sienne - là où la résignation n'est possible que d'avoir usé le présent à coup  de  « si seulement »  Le consentement, disait Paul Ricœur, est une « active adoption de la nécessité », entendant par nécessité « ce qui ne peut pas ne pas être « Active », et non point passive. »

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    06-08-2013 - 010 - Tokyo - Shinjuku Gyoen Park

     

    Extraits du livre : « Jésus, Bouddha, quelle rencontre possible ? »

    De Denis GIRA et Fabrice MIDAL

     

     

    « Pour moi, la prière est d'abord liée à l'expérience fondamentale que je fais d'être aimé d'un amour inconditionnel, celui de Dieu. Ce Dieu, les chrétiens le croient, n'est pas solitaire. Son amour « circule », pour ainsi dire, entre les trois « personnes » de la Trinité (Père, Fils et Saint-Esprit) et leur communion est absolue » (DG).

     

    « Je reconnais l'importance de ces diverses prières qui parsèment ma journée, mais je n'hésite pas à dire qu'au fond la prière, pour moi, c'est la vie, puisque prier, me semble-t-il, c'est faire tout ce que l'on peut pour vivre constamment et aussi pleinement que possible dans la présence de Dieu et des autres. » (DG).

     

    « Fabrice, je crois que je vais terminer cette lettre ici dans l'espoir que tu voies mieux comment et à quel point ma vie de prière est inséparable de ma vie quotidienne. Tu comprends aussi comment je me situe par rapport à Dieu – au Dieu de la foi chrétienne - et comment la présence du Père, lui Fils et de l'Esprit saint fait une réelle différence dans ma vie. Tu vois également que je ne pourrai jamais cesser de me « convertir », puisque cette conversion est totalement liée à l’appel qui nous est fait de vivre pleinement toute relation à la lumière du Christ. Je n'ai guère parlé de la liturgie, non pas parce que cette prière de l'Église est moins importante que la prière « personnelle », mais  simplement parce que cela demanderait un traité entier, et je ne suis pas liturgiste ! » (DG). FIN

     

    (Que vous dire !!!! Bonne lecture, un livre qui vaut la peine d’être lu. Renal.)

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  • Extraits du livre : « Jésus, Bouddha, quelle rencontre possible ? »

    De Denis GIRA et Fabrice MIDAL

     

     

    « La conversion à laquelle j'aspire consiste à laisser l'amitié me dénuder plus entièrement et me conduire ainsi à un rapport plus juste au monde. Le bouddhisme a tellement changé ma vie ! Il m'a délivré d'une douleur et d'une angoisse que je ne pouvais pas même entrevoir, toucher ou reconnaître. La conversion première a été de pouvoir vraiment les sentir. Étrangement, s'ouvrir à elle libère pour une part tout au moins - de leur emprise car nous cessons de les fuir, d'en avoir peur et de nous enfermer dans des rôles qui nous étouffent ou qui, plus exactement, posent un couvercle sur notre cœur, le calfeutre dans une opacité desséchée. La conversion implique de ne plus fuir l'angoisse et la douleur mais de les éprouver plus authentiquement.  Il y a là un paradoxe de la voie bouddhiste. Notre souci d'être heureux nous empêche de l'être car il nous coupe de la réalité qui est la nôtre. Tant que nous voulons nous améliorer, nous nous coupons de ce que nous sommes déjà. Le saut qu'il nous faut faire consiste précisément à y renoncer, à renoncer à lutter contre soi pour être autre que nous sommes déjà. Nous pouvons nous ouvrir à notre propre style d'être. Voilà, pour moi, le mouvement même de la conversion : se tourner vers la vérité à la fois douce et amère de notre cœur, et y découvrir la joie et la tristesse qui y habitent. »(FM) 

     

    « La tristesse frappe au cœur et le corps répond en produisant une larme. Avant de pleurer, on a une sensation dans la poitrine, et ensuite les larmes montent aux yeux. Ceux-ci sont sur le point de se défaire en pluie, de verser une cascade, et l'on se sent triste et seul et peut-être un peu romantique en même temps. C'est le courage qui commence à émerger, le premier signe d'un authentique esprit de guerrier. » (Chögyam Trungpa)

     

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  • Extraits du livre : « Jésus, Bouddha, quelle rencontre possible ? »

    De Denis GIRA et Fabrice MIDAL

     

     

    « On peut risquer de tout dire, sachant que même si ce que l'on dit n'est pas compris, cela sera toujours accueilli, certes avec un esprit critique, mais aussi avec une réelle bienveillance » (DG)

     

    « Ma conviction est que dans l'amitié véritable il ne s'agit pas juste d'être bienveillant mais, bien plus fondamentalement, de se situer dans une dimension autre que celle des relations courantes qui lient les hommes entre eux. L'ami est d'emblée, et tout entier, libre du rapport habituel qui existe entre deux êtres, rapport fait de jugements, de compétitions et d'intérêts croisés. Il préserve, presque miraculeusement, l'espace d'une pure gratuité où la parole de l'autre peut être entendue, où elle peut être reçue à partir d'elle-même. L'ami se met à l'unisson de ce qu'elle dit et lui permet ainsi de résonner plus pleinement. » (FM)

     

     

    « Dans l'amitié véritable, la parole fait résonner l'être ensemble, la célèbre ; elle n'accomplit pas un projet quelconque. L'amitié a ainsi beaucoup à voir avec une modalité de l'écoute orientée sur le souci d'accueillir ce qui vient. Elle nous révèle la vérité de ce que pourrait être la véritable écoute de l'autre. Écouter quelqu'un c'est amicalement lui ouvrir grands les bras, sans condition, dans une confiance bienveillante, c'est parier que ce qui va venir de lui est digne d'être accueilli. »(FM)

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  • Extraits du livre : « Jésus, Bouddha, quelle rencontre possible ? »

    De Denis GIRA et Fabrice MIDAL

     

    Le bouddhisme : une religion, un athéisme ?

    C’est un paradoxe étrange car le bouddhiste se situe pour la plupart d’entre nous, Occidentaux, à un point équidistant entre une religion, comme peut l’être le christianisme, et l’athéisme. Pour certains, en effet, le bouddhiste est sinon athée au mois, agnostique. Ils soulignent que cette tradition ne connaît pas de Dieu créateur, que le Bouddha ne se présente pas comme un sauveur mais comme un guérisseur qui expose des vérités sous la forme de diagnostique médicaux. Et certes, dans ma vie quotidienne, le bouddhisme est souvent loin de ce que nous nommons une religion. Il est un ensemble de pratiques, dont au premier chef la méditation assise. Cette dernière vise à clarifier la nature réelle de notre esprit et de notre expérience, elle nous invite à un examen scrupuleux de ce qui est. Les invitations moralistes n’y trouvent pas place, il ne s’agit pas de suivre des règles de conduite, de suivre les commandement d’un Dieu, mais de porter une plus grande attention à ce que nous faisons, aux divers motifs de nos actes. Mais dans le même temps, ce chemin conduit à des expériences spirituelles qui se trouvent avoir de nombreux points communs avec celles des Pères de l’Eglise et des grands mystiques. » (FM)

     

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  • Extraits du livre : « Jésus, Bouddha, quelle rencontre possible ? »

    De Denis GIRA et Fabrice MIDAL

     

     

    « Pour un chrétien, l’homme par son intelligence, par son engagement dans le monde, par la qualité de ses relations interpersonnelles, contribue peu à peu à la création de cette « unité harmonieuse ». Est-ce que cela correspond au désir de maîtriser le monde ? Je ne le pense pas. S’agit-il pour l’homme d’un rapport positif au monde ? Certainement. Est-ce un rapport a partie liée avec le progrès et la technique ? Je crois que oui, mais seulement si ce progrès et cette technique sont à la fois au service de l’homme et respectueux de la nature. » (DG)

     

    « L’ami est à même de nous ouvrir son cœur, de nous faire place de manière beaucoup plus inconditionnellement que ce que nous pouvons concevoir. Et étrangement, il ne voit pas nos erreurs comme des erreurs, mais les rectifie spontanément, au sens presque alchimique du terme, sans le moindre effort, par le mouvement même de son âme, par le plaisir qu’il a de notre présence, par la façon dont, sans raison, nous lui sommes cher. » (FM)

     

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  • Extraits du livre : « Jésus, Bouddha, quelle rencontre possible ? »

    De Denis GIRA et Fabrice MIDAL (2)

     

    « L’amitié est précisément la tonalité dans laquelle deux êtres humains sont pleinement en contact l’un avec l’autre, et se dénudent dans une bienveillance qui n’a besoin d’aucune justification ni d’aucune raison pour se manifester. Dans cette tonalité, l’autre m’est tout à la fois proche et mystérieux. » (FM)

     

    « La grandeur véritable de la personne qui est devant moi déborde infiniment les contours de l’individu que je vois. C’est uniquement en acceptant de se découvrir dans la relation ce qui implique un certain risque que l’individu peut se réaliser pleinement comme personne humaine. Celui qui se ferme sur lui-même et se limite à des relations où l’autre n’est qu’un « objet » à « connaître » se condamne à la souffrance et à la solitude. Cela me semble une évidence en tant que chrétien, en tant qu’homme et je pense que toi, bouddhiste et homme tu es d’accord avec cela. » (DG) A suivre...

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  • Extraits du livre : « Jésus, Bouddha, quelle rencontre possible ? »

    De Denis GIRA et Fabrice MIDAL

     

    Résumé : Partager avec un ami son expérience spirituelle quand elle emprunte une voie différente de la sienne est une réelle aventure. Avec un ami, on abandonne la langue de bois et les idées reçues. On n'hésite pas à confier ses doutes, ses blessures parfois. Dennis Gira est chrétien, Fabrice Midal est bouddhiste. Mais chacun connaît bien la tradition spirituelle de l'autre. De leur échange de lettres naît un bouleversant dialogue sur la vérité et l'expérience spirituelle. Cet échange fait avancer chacun sur la Voie qui est la sienne — celle du Christ ou celle du Bouddha. L'effort, parfois épuisant, que requiert ce dialogue, permet à chacun de mettre à nu ses convictions et sa foi. Les plus grandes questions sont abordées avec lucidité et dans une intimité rare. Celles de l'altérité et de la souffrance, du statut de la personne humaine et de la nature de Dieu, de la conversion, du rôle du maître spirituel, de la vacuité et de la résurrection... Ces lettres concernent en définitive tous ceux qui, croyants ou non, se laissent interroger par l'expérience de la vie.

     

    Dennis Gira, théologien chrétien, est spécialiste du bouddhisme et du dialogue interreligieux. Originaire d'Amérique du Nord, il a vécu et étudié au Japon avant de s'installer en France et d'enseigner à l'Institut catholique de Paris. Il est l'auteur de nombreux ouvrages remarqués dont Comprendre le bouddhisme (Le Livre de Poche), Le bouddhisme à l'usage de mes filles (Le Seuil), et Le Lotus ou la Croix (Bayard).

    Fabrice Midal,philosophe, chargé de cours à l'université Paris-VIII, enseigne le bouddhisme depuis de nombreuses années. Il est membre du conseil d'administration de l'Université bouddhique européenne. Il est notamment l'auteur de Mythes et dieux tibétains et de Quel bouddhisme pour l'Occident ? (Le Seuil).

     

     

    « Tu partais de ce qui est pour toi l'expérience la plus essentielle, celle qui te fait vraiment homme et que tu nommes : la « relation interpersonnelle » Les expériences les plus riches humainement, source d'une paix profonde et durable, expliques-tu, sont celles où la relation entre deux êtres permet à chacun de grandir comme personne au sein de la communauté humaine. »(DG)

     

    « Tu as dû remarquer, comme moi, que tant de conflits viennent non des différences mais du refus de les entendre. En effet, reconnaître la différence implique de n'être plus sûr et certain d'être le seul à avoir raison et de se placer ainsi, existentiellement, dans une situation inconfortable - ou, dirais-tu sans doute, de pauvreté. » (FM)

     

    « Dans l'amitié, j'ai .compris au fur et à mesure des années que l'essentiel n'est pas le rapport qui existe entre moi et l'ami, mais ce moment où l'amitié elle-même nous donne l'un l'autre comme celui que nous sommes. Nous n'y sommes alors pour rien, même si chacun de nous doit y mettre du sien de la manière la plus entière possible Il y a, en ce sens, une altérité plus grande que celle qui existe entre deux êtres, plus grande que celle que laisse entrevoir toute relation, et voilà, à mon sens, celle que sauvegarde et nous montre l'expérience bouddhiste. C'est ce souci de préserver cette dimension d'ouverture, indépendamment de toute expérience, qui fait que je suis aujourd'hui engagé dans cette tradition, » (FM)

     

    « L’autre est un mystère non pas dans le sens où je ne le comprendrai jamais, mais dans le sens où je ne cesserai jamais de le découvrir, précisément parce ce que je ne suis pas cet autre et que je ne le serai jamais (heureusement d’ailleurs). C’est aussi reconnaitre que c’est en découvrant l’autre, que je découvre peu à peu qui je suis moi-même. » (DG) (A suivre)

     

     

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  • Extraits du livre « La vie en bleu »

    « Pourquoi la vie est belle même dans l’épreuve »

    De Martin Steffens

     

    « Voilà ce par quoi je voudrais finir notre itinéraire à travers l’épreuve. Par cette idée que notre regard n’est pas simplement quelque chose qu’on jette sur les choses : si nous prenons soin de le poser, le regard devient une façon de « re-garder », c'est-à-dire de se faire le gardien de ce sur quoi il porte. Toute notre vie devrait ainsi se déployer dans le bleu des yeux d’une mère aimante. Regard qu’on a sur soi, et sur les autres, afin de vivre dans la confiance. Regard qu’on laisse se poser sur soi, en aimant humblement celles et ceux qui nous veulent du bien : sous un tel regard, les évènements, joyeux ou douloureux, se découperont sous un ciel clément, au lieu de cette grisaille qui écrase les couleurs et appesantit toutes choses. Au lieu de cette noirceur qui gâche la joie et redouble les malheurs. »

     

    « Avez-vous remarqué ? On ne se cherche de raison que de haïr : on aimerait trouver de quoi mépriser ce voisin ou ce cousin avec qui le courant ne passe pas. Mais l’amour quant à lui, brille de sa propre lumière : il n’y a pas à trouver d’occasion favorable, ni d’excuse. Pour  se donner, il n’exige pas de conditions  particulières, ni attentes que celles-ci soient réunies. L’amour qui par nous se donne, nous enseigne cette chose à l’évidence de laquelle il faudra bien nous rendre : nous sommes nés pour rayonner. »

     

    (Encore un livre plein de richesses. A lire !!!!! Renal)

     

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  • Extraits du livre « La vie en bleu »

    « Pourquoi la vie est belle même dans l’épreuve »

    De Martin Steffens

     

    « La fidélité n’est pas quelque chose d’optionnel en amour : si je n’aime ma femme que tant qu’elle m’est agréable, je ne l’aime pas elle, mais l’effet qu’elle a sur moi. Me séparer d’elle pour avoir vu ses défauts, sous la lumière blafarde de l’habitude, c’est avouer que depuis le départ, je ne voulais aimer que moi-même. Si je ne vis pas la promesse d’aimer ma femme jusqu’en ce jour où ses défauts me paraissent supérieurs à la somme de ses qualités, c’est non pas à elle, mais la sensation agréable qu’elle me procurait, que j’étais attaché. Aimer et être fidèle, c’est la même chose : car en aimant ma femme en ses défauts, par-delà la déception, je l’aimer enfin comme un autre que moi. Je l’atteins enfin dans ce qu’elle a d’irréductible à moi. »

     

    « Si donc l’on a toujours raison d’aimer on a rarement des raisons d’aimer. Aimer, c’est forcément à la folie : il nous faudra un jour traverser les apparences flatteuses de la personne aimée, il nous faudra la voir nue, toujours plus dépouillée de ses beaux attributs, sans cesse plus fragile et par là, plus parfaitement confiée à notre tendresse. Mais alors ce qu’on recevra d’elle, c’est le mytère tout cru de sa présence. Ce sera au-delà de l’intérêt que je tirais de sa compagnie, la surprise pleine de gratitude pour cet être, pour cet autre que moi qui s’est lié à moi mais qui demeure, dans ce lien même, in appropriables. »

     

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  • Extraits du livre « La vie en bleu »

    « Pourquoi la vie est belle même dans l’épreuve »

    De Martin Steffens

     

    « La confiance « qu’on fait » est l’acte par lequel on met l’être aimé face à ses responsabilités. »

     

    « Faire confiance est un serment de fidélité : la confiance est patience, elle se tient aux côtés de l’autre, même et surtout quand il chute. Elle ne s’indigne pas, ne s’effarouche pas : elle soutient l’effort et sait la pesanteur. L’homme qui tombe pour la dixième fois ne saurait décevoir une confiance vraiment donnée car cet homme ne s’est-il pas relevé neuf fois. »

    « Tout amour commence dans la fusion et la jalousie- et nul amour ne saurait y rester : voilà le drame. »

     

    « L’amour s’il ne passe pas par l’épreuve de sa négation, comme la confiance passe par l’épreuve de méfiance, finit par nier chez l’être aimé ce qu’i y a en lui d’altérité : la jalousie maladive, c’est vouloir posséder l’autre jusque dans ses pensées. L’amour s’il reste en son état premier de fusion, finit par transformer l’autre en une chose sans intériorité, sans repli, sans intimité ni mystère. »

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  • Extraits du livre « La vie en bleu »

    « Pourquoi la vie est belle même dans l’épreuve »

    De Martin Steffens

     

    « Le monde est l’affirmation souveraine de lui-même : il est comme il est. La plénitude de la vie, c’est de l’accueillir dans les règles de son jeu, afin d’y trouver sa place, d’y accomplir la part qui te revient, d’y exercer ta partition avec joie et virtuosité. »

     

    « Comprendre que si on les reçoit sans le vouloirs, on est toutefois responsable de ce que l’on fait de nos blessures. Ce trou dans ma peau est ou bien une voie vers la souffrance des autres, ou bien ce dont j’userai pour les faire taire. Il faut de l’humilité pour reconnaître qu’on fut victime du mal. Il en faut pour aussi pour déployer l’histoire de cette blessure dans le sens de la vie, et non de la mort. »

     

    « C’est l’amour qui se donne par nous, et non pas nous qui donnons de l’amour. Que cet amour, enfin ne se donne jamais plus pleinement que là où on ne l’attend pas, que là où il n’y a plus que lui. » (Mère Theresa)

     

    « Evénements heureux ou malheureux, richesse ou pauvreté, santé ou maladie, honneurs ou outrages , vie ou mort, le sage ne doit ni les chercher ni les fuir. » (Robert Bellarmin)

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  • Extraits du livre « La vie en bleu »

    « Pourquoi la vie est belle même dans l’épreuve »

    De Martin Steffens

     

    « Afin de déployer au cœur de l’épreuve la force qu’elle exige, il faut, à un moment quelconque, lui dire « oui »

     

    «  Il ne dépend pas de moi d’avoir à mourir un jour, mais il dépend de moi, le temps de cette vie, de vivre avec sagesse. Ce qui ne dépend pas de moi, je dois y consentir : à quoi bon hurler toute sa vie contre le fait que celle-ci doit un jour prendre fin ? Pour le reste, pour ce qui dépend de moi, je dois faire de mon mieux. »

     

    « Si ce qui m’arrive, en tant que ça m’arrive, ne dépend pas complètement de moi, il en dépend la façon dont je prends ce qui arrive. »

     

    « Voici une belle preuve de la liberté humaine : si notre pouvoir sur les choses est limité, celui que nous avons sur nous, dans notre façon de prendre les choses, est infiniment plus grands. »

     

    « Nous ne pouvons attendre de la vie que ce qu’elle nous a déjà donné : la vie a donné à chacun un corps pour se mouvoir, un cœur pour battre et pour aimer, un souffle pour courir, pour reprendre ou pour le rendre… La vie, qui est force, croissance, dynamisme, est pour chacun un « effort offert » : elle est comme un feu à nourrir. C'est-à-dire qu’on peut laisser mourir, si l’on n’en prend pas soin. Toute donnée à chacun des vivants, la vie ne demande finalement qu’une chose : qu’on épouse le mouvement de sa donation, qu’on accompagne son élan. Car la seule manière de recevoir les dons dont la vie nous a pourvus, c’est de les faire fructifier, non d’en exiger d’autres. »

     

    L' Hermione

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  • Extraits du livre « La vie en bleu

    Pourquoi la vie est belle même dans l’épreuve »

    De Martin Steffens

    « Il faut consentir à se laisser sculpter par les coups de la vie, quand nous ne pouvons plus leur opposer aucune résistance. »

     

    « Attendre, c’est laisser faire le temps. N’est-ce pas la pire des démissions ? Non car le temps qui passe, c’est de la vie qui cherche une voie pour se faufiler et couler à nouveau. »

     

    « Le temps, c’est l’art de la vie pour inventer sans cesse des solutions aux obstacles qui se présentent, afin d’obtenir, du milieu ou de la matière dont sont faits le corps, ce qui la fera croître. « Laisser le temps au temps, ce n’est pas une vaine tautologie (comme lorsqu’on dit : « Un chat c’est un chat. » Laisser le temps au temps, c’est laisser à la vie le temps de resurgir. »

     

     

     

    « Clore une journée, c’est, qu’on soit croyant ou non, remettre à plus fort que soi (à Dieu, à la vie, à l’espérance qui habite tout homme) les soucis qui nous ont habités durant la journée. C’est prendre un temps qui ne soit que présence, pour dire à ce jour son « adieu ». « a dieu », oui, puisqu’on se dépossède de ces problèmes dont l’avenir seul pourrait nous dire s’ils étaient aussi sérieux qu’on aime à le croire. « Adieu » aussi car ce jour ne reviendra pas : si l’épreuve, demain, est encore là, c’est sous un autre jour que je la verrai, que je l’affronterai, plus reposé déjà, plus vieux d’un jour, c'est-à-dire plus proche de la sagesse qui revient aux hommes expérimentés. »

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  • Extraits du livre  La vie en bleu

    Pourquoi la vie est belle même dans l’épreuve »

    De Martin Steffens

     

    « Être jeune, c’est avoir la souplesse du roseau qui se plie quand le vieux chêne se brise. Or, c’est précisément le cas de celles ou ceux qui accueillent l’âge qu’ils ont, quelque avancé qu’il soit. »

     

    « Être jeune, c’est aimer la vie à chacun de ses âges.. »

     

    « Ce n’est pas parce que nous aimons quelqu’un qu’il faut lui épargner l’épreuve ; c’est parce que l’épreuve fait partie de sa vie qu’il a d’autant plus besoin de notre amour. »

     

    « Grandir en humanité, c’est échanger son cœur de pierre en cœur de chair, c'est-à-dire un cœur plus à même de se laisser toucher par le monde. C’est gagner en vulnérabilité, si la vulnérabilité est bien ce qui fait de l’homme un être sensible. »

     

    « L’épreuve ne demande pas d’abord une solution. Elle exige qu’on y soit sensible, disponible : comment rebondir  si l’on commence par nier qu’on a touché le fond ? En cherchant à consoler à tout prix, à trouver des solutions aux problèmes dont souffrent ceux qu’on aime, on risque de les priver de ce temps dont la vie a besoin pour se recréer et reprendre le dessus. »

     

    fleurs084

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