• Extraits du livre « La vie en bleu »

    « Pourquoi la vie est belle même dans l’épreuve »

    De Martin Steffens

     

    « Afin de déployer au cœur de l’épreuve la force qu’elle exige, il faut, à un moment quelconque, lui dire « oui »

     

    «  Il ne dépend pas de moi d’avoir à mourir un jour, mais il dépend de moi, le temps de cette vie, de vivre avec sagesse. Ce qui ne dépend pas de moi, je dois y consentir : à quoi bon hurler toute sa vie contre le fait que celle-ci doit un jour prendre fin ? Pour le reste, pour ce qui dépend de moi, je dois faire de mon mieux. »

     

    « Si ce qui m’arrive, en tant que ça m’arrive, ne dépend pas complètement de moi, il en dépend la façon dont je prends ce qui arrive. »

     

    « Voici une belle preuve de la liberté humaine : si notre pouvoir sur les choses est limité, celui que nous avons sur nous, dans notre façon de prendre les choses, est infiniment plus grands. »

     

    « Nous ne pouvons attendre de la vie que ce qu’elle nous a déjà donné : la vie a donné à chacun un corps pour se mouvoir, un cœur pour battre et pour aimer, un souffle pour courir, pour reprendre ou pour le rendre… La vie, qui est force, croissance, dynamisme, est pour chacun un « effort offert » : elle est comme un feu à nourrir. C'est-à-dire qu’on peut laisser mourir, si l’on n’en prend pas soin. Toute donnée à chacun des vivants, la vie ne demande finalement qu’une chose : qu’on épouse le mouvement de sa donation, qu’on accompagne son élan. Car la seule manière de recevoir les dons dont la vie nous a pourvus, c’est de les faire fructifier, non d’en exiger d’autres. »

     

    L' Hermione

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  • Dors

    Dors, mignon chat blanc, dors

    Reste à ronronner, reste couché,

    Et ferme un peu tes yeux semés d'or ;

    Les souris montrent leur nez aux trous du plancher.

     

    Dors, mignon chat blanc, mignon chat gris, Avec ton ruban de soie au cou ; Les souris vont venir, les jolies souris Que tu griffes à petits coups.

     

    Elles vont s'attabler autour

    De la bonne assiette au gâteau :

    Dors, mignon chat blanc à pattes de velours,

    Et ne t'éveille pas trop tôt.

     

    Tristan Klingsor

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  • « 1931 : L’École gratuite, laïque et obligatoire fêtait ses cinquante ans. Je m’en souviens. J’y étais : pas très âgé, mais les yeux grands ouverts. Mon père, Inspecteur d’Académie, célébra cet anniversaire dans son département avec faste et piété…

    Je regardais dans les vitrines les portraits de ces hommes sévères qui avaient fondé cette école pour tous ; l’un en particulier, plus austère que les autres, au visage hérissé de piquants comme un marron de rentrée des classes : Jules Ferry le maître de tous les maîtres qui allaient faire de moi un homme.

    J’apprenais un mot nouveau, le mot « laïc », dont je saurais plus tard qu’il ne signifie pas neutralité, encore moins agressivité ou sectarisme, mais ouverture…

    1981. L’école fête aujourd’hui ces cent ans. Nous le savons, elle ne sent plus l’encre violette et laine humide des manteaux séchant auprès du poêle. Dans un monde devenu plus rude et plus confortable à la fois, elle s’est vue dédaignée, attaquée, détournée, noyée sous des réformes contradictoires…

    L’instituteur a changé aussi, semble-t-il. Il n’est plus le juge, le seul arbitre… mais il fait toujours le même travail ardu et admirable… la même tâche lui appartient : celle d’éveiller des âmes et de faire naître des citoyens. La leçon demeure la même, la plus noble : celle des Droits de l’Homme. Celle qui s’écrivait de trois mots, étranges pour nous par la rime, sur le fronton de notre école de village :

    LIBERTÉ, ÉGALITÉ, FRATERNITÉ.

    Cela s’enseigne. Cela ne se divise pas. Cela se vit. Cela ne s’oublie jamais. C’est ce que l’école m’a appris.

    (Claude Santelli, extraits d’Histoire d’école)

     

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  • La bouture.

     

    Au temps où les plaines sont vertes,
    Où le ciel dore les chemins,
    Où la grâce des fleurs ouvertes
    Tente les lèvres et les mains,

    Au mois de mai, sur sa fenêtre,
    Un jeune homme avait un rosier ;
    Il y laissait les roses naître
    Sans les voir ni s'en soucier ;

    Et les femmes qui d'aventure
    Passaient près du bel arbrisseau,
    En se jouant, pour leur ceinture
    Pillaient les fleurs du jouvenceau.

    Sous leurs doigts, d'un précoce automne
    Mourait l'arbuste dévasté ;
    Il perdit toute sa couronne,
    Et la fenêtre sa gaîté ;

    Si bien qu'un jour, de porte en porte,
    Le jeune homme frappa, criant :
    « Qu'une de vous me la rapporte,
    La fleur qu'elle a prise en riant ! »

    Mais les portes demeuraient closes.
    Une à la fin pourtant s'ouvrit :
    « Ah ! Viens, dit en montrant des roses
    Une vierge qui lui sourit ;

    Je n'ai rien pris pour ma parure ;
    Mais sauvant le dernier rameau,
    Vois ! J'en ai fait cette bouture,
    Pour te le rendre un jour plus beau. »


    René-François Sully Prudhomme

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