• L’arbre

     

    Quand ma porte est fermée, que ma lampe est éteinte

    Et que je reste enveloppée dans l’haleine du crépuscule,

    Je sens bouger autour de moi

    Des branches, les branches d’un arbre.

     

    Dans ma chambre que nulle autre n’habite,

    L’arbre étend une ombre douce comme un voile,

    Il vit silencieux, il croît sans doute,

    Il devient ce que veut un inconnu.

     

    Une puissance spirituelle, une puissance secrète

    A mis sa volonté dans les racines cachées de cet arbre.

    Parfois, j’ai peur, je demande anxieusement !

    Sommes-nous si sûrement amis ?

     

    Mais il vit calmement, il pousse tranquille,

    Je ne sais vers où il tend, vers où il veut aller.

    Il est doux et magique d’habiter si près

    De quelqu’un que l’on ne connait pas…

     

    Karim Boye (Suède)

     

    chéne stip réduit pour philo

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  • nuages

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  • Gommes

     

    Si les poussières de gomme pouvaient parler

    Elles nous diraient …

    Tant de choses…

    Oubliées

     

    Des secrets à ciel ouvert

    Des poèmes en vers

    Des perles en prose

    Des bouquets de roses…

    Des romans inachevés

    Des amours désenchantées

    Tant de promesses envolées…

     

    Des mots sans importances

    Les mots de notre enfance

    Des chagrins…

    Des absences….

     

    Si les poussières de gomme pouvaient parler

    Elles nous délivreraient

    Des regrets,

    Des silences,

    Des chagrins,

    Des absences….

     

    Mais les poussières de gomme

    Toujours

    Finissent par s’envoler.

     

    Gildas Feré extrait de «  Les mots décollent »  

    Château d'Azay-le-Rideau (10)

     


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  • Le chant de l’eau

     

    L’entendez vous, l’entendez vous

    Le menu flot sur les cailloux ?

    Il passe et court et glisse,

    Et doucement dédie aux branches,

    Qui sur son cours se penchent,

    Sa chanson lisse.

     

    Là-bas,

    Le petit bois de  cornouillers

    Où l’on disait que Mélusine

    Jadis, sur un tapis de perles fines,

    Au clair de lune, en blancs souliers

    Dansa ;

     

    Le petit bois des cornouillers

    Et tous ses hôtes familiers,

    Et les putois et les fouines,

    Et les souris et les mulots,

    Ecoutent

    Loin des sentes et loin des routes

    Le bruit  de l’eau (…)

     

    Emile Verhaeren (extrait de « Le bonheur est dans le pré »)

     

    douceur9090

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  • Extrait du livre « Retrouver le goût de la vie »

    D’Anselm Grün

     

    Résumé : Dans une société où même le temps du loisir doit être comblé par des « activités », nous courons, nous courons… jusqu’à ce qu’advienne la grande fatigue. Lorsque nous nous heurtons à la frustration et à l’impuissance, quand le chemin que nous avons pris ne nous a finalement menés nulle part, nous nous sentons vidés, dépossédés de tout désir. Anselm Grün nous montre comment faire face à ces moments d’angoisse voire d’effondrement, qui  peuvent dès lors être saisis comme autant d’occasion de revenir vers nous-mêmes. En effet ces grandes fatigues ont la capacité insoupçonnée de nous mener vers l’essentiel de notre vie : le rythme de notre propre âme et de notre corps afin de retrouver notre source intérieure.

     

    « Le mot « fatigue » désigne un état d’affaiblissement, de diminution de l’activité résultant d’un effort excessif. Un cœur fatigué aspire à se reposer. On peut être fatigué de travailler, de voyager, mais aussi de se languir. En général, le mot « fatigue » évoque pour nous les peines et les aléas de l’existence. La tradition spirituelle, toutefois, a développé une autre compréhension de la fatigue. Elle la considère comme une chance. Une chance de transformer la vie, mais aussi de doter l’âme de la capacité de recevoir. Dans la fatigue, en effet, l’âme se révèle attentive et réceptive à d’autres messages. Elle comprend que l’essentiel n’est pas de se montrer performant, de s’épuiser en efforts, mais d’être tout simplement. D’être par la grâce. »

     

    Les diverses expériences de la fatigue

     

    « La tradition spirituelle nous montre comment nous servir de la fatigue d’une manière bien différente de celle que préconisent les ouvrages sur la question. Il ne s’agit pas de lutter contre la fatigue, mais de vivre avec elle, de voir en elle une amie qui nous amène à notre vérité, au secret de Dieu et de l’homme. »

     

    La fatigue dans le domaine professionnel

     

    « Le sentiment de fatigue ou répugnance est toujours le signe qu’il faut retrouver le contact avec soi. Si nous voyons en la fatigue une impulsion de notre âme, nous en éprouverons de la reconnaissance et saurons ce qu’il y a faire. En nous occupant davantage de nous-mêmes, nous retrouverons aussi le plaisir de nous intéresser à autrui. Mais quand nous passons outre la fatigue, nous développons une résistance ou un dégoût à l’égard de ce qui nous fatigue. »

     

     

    La fatigue au sein du couple

     

    « Dans la vie commune la fatigue vient souvent de ce qu’on a cherché à ignorer la déception suscitée par l’autre. Pour bien vivre ensemble, il faut apprendre à se connaître mutuellement dans ses limites, ses erreurs et ses faiblesses. Erreurs et faiblesses peuvent facilement créer de l’insatisfaction et de la contrariété, il est donc important d’accepter son partenaire en toute connaissance de cause, tel qu’il est. Cela implique d’abandonner les illusions que l’on s’est faites sur l’autre, sur soi-même et sur son couple. C’est ce douloureux processus de deuil qui nous rend capable d’accepter l’autre sans condition. La fatigue, le dégoût, l’écœurement sont des sentiments parfaitement naturels dans une relation. Il faut s’y arrêter pour pouvoir les transformer en une nouvelle forme d’acceptation et d’amour. »

     

    « Nous connaissons tous ces périodes de fatigue. Pour les uns se sont des moments particuliers de la journée, pour les autres des journées sans énergie. L’important est de prendre conscience de ces phases. Plus on les ignore, puis elles risquent de se transformer en un état permanent. Lorsqu’on lutte contre la fatigue, lorsqu’on la cache aux autres lorsqu’on refuse de la reconnaître, elle devient de plus en plus puissante et elle commence à nous gouverner. »

     

    Les causes de la fatigue

     

    Les causes de fatigue sont nombreuses. Pour l’un, ce sera le surmenage, pour l’autre, des raisons d’ordre somatique. La grippe, par exemple : la fièvre nous vide de notre énergie, nous prive de la force ou de l’envie de faire quoi que ce soit. Il y a aussi les carences (en fer, en oxygène, et bien d’autres), l’alimentation trop riche et trop grasse, le manque de mouvement, le séjour dans des pièces climatisées qui exerce un effet desséchant.

     

    « L’Insomnie, est une source de fatigue qui se situe au carrefour du somatique et du psychologique. On ne peut pas contraindre le sommeil. La méthode qui consiste à se motiver n’est ici d’aucune utilité. Il faut au contraire adopter une attitude de lâcher-prise ce que qui paraît souvent très difficile. La plupart des gens veulent en permanence tout contrôler. Or il ne sert à rien de lutter contre l’insomnie. La seule chose qu’on puisse faire, c’est s’en remettre à Dieu. Si au lieu de s’énerver, on s’abandonne à Dieu le temps de la nuit sera bénédiction..On peut utiliser ce moment-là pour prier ou méditer. Le lendemain, on sera frais et dispos même si l’on n’a pas pu dormir d’une traite toute la nuit. On peut aussi profiter de cette insomnie pour réfléchir vraiment à ce qui nous tracasse. Peut-être Dieu aimerait-il alors nous parler et nous faire prendre conscience de que nous avons négligé ou ignoré au cours de la journée. »

     

    « Il me semble qu’une des causes fréquentes de la fatigue chronique réside dans le fait de vivre constamment en désaccord avec son propre rythme biologique. Si on le contrarie de manière systématique, il finit par s’affaiblir et se fatiguer. »

     

    « Travailler contre son propre rythme revient en fin de compte à faire violence à sa propre nature, c’est usant. Le rythme de la nature nous régénère. En respectant le rythme de notre âme et de notre corps, nous nous maintenons en relation avec la source d’où nous tirons notre force créative. »

     

    « Etre coupé de sa source intérieure est aussi une cause de fatigue. On perd l’accès à ses ressources et on ne voit plus que les tâches imposées par la vie. On croit pouvoir mener à bien ses projets à force de volonté. Arrive cependant un moment où l’on se heurte à ses limites. On a alors besoin d’une source intérieure où puiser, faute de quoi on se fatigue rapidement. »

     

    « La fatigue des femmes tient souvent au fait qu’elles sont trop peu à l’écoute de leur cœur. Elles s’abordent dans leurs tâches en croyant ainsi répondre aux besoins de la famille. Mais elles ne sont pas suffisamment attentives à ses besoins réels, pas plus d’ailleurs qu’à ceux de leur propre cœur. Ce dont la famille a besoin avant tout, c’est d’une mère aimante, pas d’une mère performante. La fatigue des femmes vient de ce qu’elles ont trop peu de temps pour penser aux besoins de leur cœur, ce qui les coupe de leur dimension spirituelle. Aller vers soi-même, écouter son cœur est un moyen de guérir cette fatigue. »

     

    « Prendre la fatigue en compte permet soit d’adapter ses activités, accomplir des tâches simples, exécuter un travail de routine, soit de s’accorder une pause. On prendra ainsi cinq minutes de repos dans son fauteuil, on fera une courte promenade ou simplement un petit séjour aux toilettes ! Interrompre, même brièvement, son travail aide à retrouver l’accès à soi-même et à sa source intérieure. »

     

    « Ce n’est pas le travail qui nous fatigue, mais les pensées qui l’accompagnent. Lorsque le travail jaillit de la source intérieure, il entretient notre vitalité, il est l’expression d’un flux. Le flux n’est pas fatiguant. Ce qui est fatiguant, c’est de rester bloqué, de s’accrocher à des choses. »

     

    « La fatigue est une invitation à être présent à soi sans qu’il en résulte forcément quelque chose. Nous ne sommes pas obligés de méditer pour progresser dans notre voix spirituelle. Nous se sommes pas obligés de lire pour acquérir de nouveaux aperçus. Nous avons tout simplement le droit d’être là et de nous abandonner à la fatigue. Dès lors, celle-ci nous permettra d’être entièrement présents à nous-mêmes. »

     

    Conclusion

     

    « La fatigue nous oblige à être humble, à reconnaître nos limites. Et elle nous ouvre à la complexité de notre vie. Mais elle peut aussi nous conduire à l’écœurement et au dégoût de l’existence. Tout dépend de la façon dont nous la percevons et de ce que nous sommes capables d’en faire.

    La première étape consiste à reconnaître la fatigue. La deuxième, à l’observer et, comme le disait Evagre le Pontique, à la « regarder dans les yeux » pour discerner ce qu’elle a à nous dire. La troisième nous demande de réagir : soit nous coucher pour prendre du repos, soit nous mettre au diapason de notre fatigue, soit encore en questionner les raisons profondes.

    Elle nous invite à mettre d’autres accents dans notre vie, parfois même à changer de direction. Mais son véritable objectif reste la contemplation. Elle nous conduit jusqu’au fond de notre âme, là où les problèmes de ce monde n’ont pas accès, là où nous ne faisons qu’un avec nous-mêmes, un avec le monde et un avec Dieu. Fin

     

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