• Le savoir est comme un bien

     

    Le savoir est comme un bien de grande valeur qui se trouve en des pays lointains

    Et il faut faire un dur voyage pour à la fin le faire sien : «

    Allons, fais que ton corps soit un beau vaisseau de haut-bord,

    La persévérance ta force, tes deux bras le grand mât,

    Tes doigts les cordages, et tes deux pieds de lourdes ancres ;

    Ta parole soit le maître d'équipage, et ton caractère les vivres ;

    Ta réflexion soit le gouvernail, qui maintient fermement l'esquif :

    Le maintenant, qu'il ne dérive pas, glissant de l'autre côté des eaux ; Ton intelligence soit la longue-vue qui montre au loin la ligne des récifs. Utilise ton œil et ton oreille comme vigies qui pèsent les vents.

    La paresse est un poisson vorace qui te détruit et naufrage le bateau. Que ton cœur soit le harpon dont le tir fait mouche,

    Alors le trésor tu découvriras. Sois persévérant, et garde le cap :

    le savoir est ton île ! »

    Anonyme (thaï)

     

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  • LE GRILLON

     

    Un pauvre petit grillon

    Caché dans l'herbe fleurie                                            

    Regardait un papillon                                                

    Voltigeant dans la prairie ;                                             

    L'insecte ailé brillait des plus vives couleurs ;                    

    L'azur, le pourpre et l'or éclataient sur ses ailes ;

    Jeune, beau, petit-maître, il court de fleurs en fleurs, Prenant et quittant les plus belles.

     

    Ah ! disait le grillon, que son sort et le mien

    Sont différents ! Dame nature

    Pour lui fit tout, et pour moi rien.

    Je n'ai point de talent, encor moins de figure ;

    Nul ne prend garde à moi, l'on m'ignore ici-bas :

    Autant vaudrait n'exister pas.

    Comme il parlait, dans la prairie

    Arrive une troupe d'enfants.

    Aussitôt les voilà courant

    Après ce papillon, dont ils ont tous envie.

    Chapeaux, mouchoirs, bonnets, servent à l'attraper;

    L'insecte vainement cherche à leur échapper,

    II devient bientôt leur conquête.

    L'un le saisit par l'aile, un autre par le corps ;

    Un troisième survient et le prend par la tête :

    II ne fallait pas tant d'effort pour déchirer la pauvre bête.

    Oh ! Oh ! dit le grillon, je ne suis plus fâché ;

    II en coûte trop cher pour briller dans le monde.

    Combien je vais aimer ma retraite profonde

    Pour vivre heureux, vivons caché.

    (Jean Pierre Claris de Florian 1755-1794)

     

    bibliothèque schoelcher  (2)

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  • « Oublie-toi, fils, chaque grain de doute dans ton esprit est un pas de séparation. » Henri Gougaud

     

    Le doute peut être considéré comme un galop d’essai de l’espérance, ou une mise à l’épreuve. Comme le soulignait Rilke, « votre doute lui-même peut devenir une chose bonne si vous en faites l’éducation : il doit se transformer en instrument de connaissance et de choix ». En ce sens, le doute est comme le feu qui permet d’authentifier un métal précieux. Plus fréquemment, le doute a un rôle néfaste, qui conduit à l’irrésolution, le scepticisme, la crainte ou la défiance.La seule réponse à la logique du soupçon, c’est le pari de la confiance. Si la méfiance étreint votre cœur, vous serez crispé, tout orienté vers l’appréhension de l’événement contraire, et vous ne manquerez pas de trébucher voire de vous effondrer.Si au contraire, vous vous aventurez avec la confiance au cœur, votre démarche sera sûre et déliée, et chaque pas vous rapprochera des bénédictions promises.

     

    François Garagnon

    parc archéologique des roches gravées (trois rivière).j (12)

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  • Le toit de notre maison

     

    Le toit de notre maison,

    C'est le grand ciel tout nu.

    Notre maison est solide

    Personne ne peut la renverser.

     

    Les fondations de notre maison

    C'est un coin de terre sans rien.

    Notre maison est solide

    Personne ne peut la ruiner.

     

    Les murs de notre maison

    C'est le froid et ce sont les vents.

    Notre maison est solide

    Personne ne peut l'atteindre.

     

    A notre maison, il y a une fenêtre

    A la fenêtre, tes yeux.

    Notre maison est solide

    C'est le cœur tsigane.

     

    JENUZ DUKA (romani)

     

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  • LE PAPILLON ET LES TOURTERELLES

     

    Un papillon sur son retour,

    Racontait à deux tourterelles,

    Combien dans l’âge de l’amour

    Il avait caressé de belles :

    « Aussitôt aimé qu’amoureux,

    Disait-il, ô l’aimable chose !

    Lorsque, brûlant de nouveaux feux,

    Je voltigeais de rose en rose !

    Maintenant on me suit partout,

    Et partout aussi je m’ennuie ;

    Ne verrai-je jamais le bout

    D’une si languissante vie. »

    Les tourterelles sans regret

    Répondirent : «  dans la vieillesse

    Nous avons trouvé le secret

    De conserver notre tendresse ;

    A vivre ensemble nuit et jour

    Nous goûtons un plaisir extrême :

    L’amitié qui vient de l’amour

    Vaut encor mieux que l’amour même.

     

    JEAN BAPTISTE WILLART DE GRECOURT

    (1683-1743)

     

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