• Le Magicien des Peurs

     

    II était une fois, une seule fois, dans des pays de notre monde, un homme que tous appelaient le Magicien des Peurs. Ce qu'il faut savoir, avant d'en dire plus, c'est que toutes les femmes, tous les hommes et tous les enfants de ce pays étaient habités par des peurs innombrables. Peurs très anciennes, venues du fond de l'humanité, quand les hommes ne connaissaient pas encore le rire, l'abandon, la confiance et l'amour. Peurs plus récentes, issues de l'enfance de chacun, quand l'incompréhensible de la réalité se heurte à l'innocence d'un regard, à l'étonnement d'une parole, à l'émerveillement d'un geste ou à l'épuisement d'un sourire. Ce qui est sûr, c'est que chacun, dès qu'il entendait parler du Magicien des Peurs, n'hésitait pas à entreprendre un long voyage pour le rencontrer. Espérant ainsi pouvoir faire disparaître, supprimer les peurs qu'il ou elle portait dans son corps, dans sa tête. Nul ne savait comment se déroulait la rencontre. Il y avait, chez ceux qui revenaient du voyage, beaucoup de pudeur à partager ce qu'ils avaient vécu. Ce qui est certain, c'est que le voyage du retour était toujours plus long que celui de l'aller.

    Un jour, un enfant révéla le secret du Magicien des Peurs. Mais ce qu'il en dit parut si simple, si incroyablement simple, que personne ne le crut. « II est venu vers moi, raconta-t-il, m'a pris les deux mains dans les siennes et m'a chuchoté: "Derrière chaque peur il y a un désir. Il y a toujours un désir sous chaque peur, aussi petite ou aussi terrifiante soit-elle! Il y a toujours un désir, sache-le." -

    » II avait sa bouche tout près de mon oreille et il sentait le pain d'épice, confirma l'enfant, ce qui fit sourire quand même ceux qui l'écoutaient. Il m'a dit aussi : "Nous passons notre vie à cacher nos désirs, c'est pour cela qu'il y a tant de peurs dans le monde."

     

    «  Mon travail, et mon seul secret, c'est de permettre à chacun d'oser retrouver, d'oser entendre et d'oser respecter le désir qu'il y a sous chacune de ses peurs. »

    L'enfant, en racontant tout cela, sentait bien que personne ne le croyait. Et il se mit à douter à nouveau de ses propres désirs.

    Ce ne fut que bien des années plus tard qu'il retrouva la liberté de les entendre, de les accepter en lui.

     

    (Jacques Salomé)


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  • EXTRAIT DU LIVRE DE JACQUES SALOME

    « T’es toi quand tu parles »

    L’apprentissage de la communication ressemble au jardinage, si nous acceptons de découvrir, d’entretenir, de laisser fleurir le jardin qui est en nous.

     

    Souvent ce qui est entendu est différent de ce qui est dit !

     

    Chacun  de nous a des filtres, de références, de points de fixation ou des zones d’intolérance, de seuils de tolérance fragiles à la fois proches et lointains de ceux qui nous entourent.

    Communiquer c’est mettre en commun soit des différences, soit des ressemblances, à partir de deux besoins fondamentaux :

    Celui d'être reconnu

    Être reconnu dans mon unicité et dans ma ponctualité aussi.

    Être reconnu avec la part de mystère et de possibles qui m'habitent, même quand ils restent encore dans l'inaccessible.

     

    Celui d'être entendu

    Être entendu dans ce que je dis aujourd'hui, à ce moment précis,

    avec ce que je suis,

    ce que je sais»

    ce que je sens...

    Sans que l'autre m'identifie ou m'enferme tout entier dans ce que j'exprime.

     

    « Ce que je te dis, c'est seulement moi, tel que je suis aujourd'hui qui l'énonce, tel que je le sens en ce moment. »

     

    « Reconnaître autrui dans sa différence : s’agit  de reconnaître l'expression  de  l'autre comme étant la sienne. En lui confirmant que ses    sentiments, ses idées, son avis, ses croyances lui appartiennent bien. Je n'ai pas besoin de m'approprier les sentiments ou les désirs de l'autre, de les combattre ou de les dénigrer. Je peux les constater comme étant à l’extérieur de moi, comme ne m’appartenant pas, même si je me reconnais en eux. »

    Celui qui exprime une difficulté, parfois veut surtout être entendu, reçu, amplifié, parfois confirmé, dans ce qu’il a fait ou vit.

    Se définir ce n’est pas faire appel à des connaissances abstraites, à des savoir-faire, cela relève plutôt du savoir-être, du savoir devenir. Cela s’enseigne par le témoignage.

    Je suis seul responsable de mon écoute. C’est celui qui reçoit le message qui lui donne sons sens immédiat. C’est donc bien moi qui donne un sens au message reçu. Si je me blesse avec, c’est seulement moi qui entretien la souffrance.

    Contrairement à ce que croient beaucoup d’adultes, les enfants ne souhaitent pas toujours de réponse à leur question…. Mais attendent une véritable écoute de leurs interrogations et de leurs inquiétudes.

    A travers leurs questions, les enfants cherchent à combler l’énorme fossé qu’il y a entre la réalité et le réel qui l’habite, en mettant au monde des réponses et des repères les plus sûrs possibles... même s’ils ne sont pas durables et éternels.

     

     

    Nous sommes d'une grande habileté pour dévier les échanges trop directs, ou trop impliquant, sur le terrain de notre choix: celui du déplacement sur loi terrain sensible de l'autre ou sur celui du reproche, de l'accusation ou de la plainte. Inversant par là même le rapport d'influence.

     

    Ne pas suivre celui qui parle sur son sujet, sur son terrain, permet de ne pas l’entendre, de ne pas se laisser interpeller par lui et donc de nier tout échange.

     

    Quand il y a le silence des mots,

    Se réveille trop souvent la violence des maux.

     

    Quand je dis Je, je ne ramène pas tout à moi, je témoigne, je me situe, je me positionne. Cela permet à l’interlocuteur d’avoir quelqu’un de réel, de concret, quelqu’un d’existant, devant lui.

     

    Ce qui me permet de parler de moi à l’autre à partir d’un « vécu actuel ». J’ose exprimer mon ressenti plutôt que de penser pour l’autre en utilisant un Nous trop souvent factice. Le On et le Nous servent trop fréquemment de protection et engendrent des relations « en conserve », figés, trop conventionnelles, qui stérilisent les échanges.

     

    J’exprime mes idées, ou mon expérience, je me définis à partir de ce que je sens ou de ce que je sais. Je parle de moi à l’autre avec ce que je suis aujourd’hui. Je peux lui dire par exemple mon trouble, mes interrogations quand il y a un décalage entre ce que je sens et ce que je sais !

     

    Oser la confrontation, en affirmant ma différence.. Se confronter, ce n’est pas m’opposer ou m’imposer, ni rejeter l’autre, c’est tenter de me faire reconnaître de lui avec ce que je suis. Je peux poser ma propre parole à côté de celle de l’autre.

     

    Je laisse l’autre libre et responsable de sa perception, de son désir, de sa décision. Et je reste libre et responsable de ma perception, de mon désir ou de ma décision. C’est une attitude à cultiver car elle est dynamise beaucoup la réflexion intérieure qui suit la rencontre. Quand je me sens pas menacé, contredit ou jugé, je peux enfin entendre et recevoir le point de vue de l’autre, même si je ne le fais pas mien.      

     

    Il n’y pas d’autre moyen de maintenir une relation vivante que celui de garder son propre respect pour soi et pour l’autre.

     

    Il ne suffit pas d’engranger les récoltes du savoir, du savoir-faire, ni de vendanger les fruits du savoir être et du savoir devenir, encore faut-il accepter de les offrir pour s’agrandir ensemble.

     

    Quand quelqu’un veut me parler, c’est qu’il est demandeur. Demandeur de la plus belle des demandes : une écoute.

     

    En matière de communication, le vécu est plus important que la réalité. Le vécu c’est ce qui est touché, qui vibre, qui résonne en nous à l’impact d’un mot, d’un événement. Souvent nous le cachons, le nions ou le minimisons. Comme pour ne pas donner prise à l’autre, sur notre 

     

    Il faudra prendre le risque de rencontrer l’autre pour ce qu’il est et non pour ce que nous croyons qu’il est.

     

    Nous risquons de développer de l’autoprivation en accusant par exemple autrui de ne pas nous aimer, de ne pas nous entendre, de ne pas nous comprendre ou de toujours refuser.

     

    Je reste entier quand je sais refuser ce qui n’est pas bon pour moi. Je garde ma cohérence en sachant accepter et recevoir ce qu’il est possible d’accueillir sans me trahir.

     

     

     


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  • Quand j'étais bébé

    maman et grand-mère savaient pour moi.

    Plus tard, c'est papa qui savait

    pour maman et pour moi,

    pas pour grand-mère

    qui ne se laissait pas faire !

    En grandissant un peu, j'ai découvert

    que la maîtresse savait pour papa, maman

    et donc pour moi.

    Avec les ans, j'ai voulu savoir à mon tour

    Ça ne marchait pas toujours,

    il y avait de la concurrence.

    Beaucoup prétendaient savoir.

    Aujourd'hui je sais que beaucoup savent peu,

    que certains savent pour eux.

    J'apprends difficilement à savoir pour moi...

    avec le moins de certitudes possibles. »

     

    (Apocryphe du XXe siècle) 

    Quand j'étais bébé


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  • Extrait du livre  « La voix du désert »

    D’ANSELM GRÜN

     

    « Nous ne pouvons pas devenir des justes par nous-mêmes. Nous sommes ce que nous sommes. Et nous devons tenir compte du fait que beaucoup d’aspects de notre personnalité sont encore cachés, que nous possédons des côtés obscurs dont nous n’avons pas connaissance. Mais nous ne devons pas penser continuellement à nous-mêmes en cherchant à observer à quel point nous en sommes de notre cheminement intérieur. Parcourons notre route sans nous estimer meilleurs que les autres. »

     

    « Nos péchés, nous devons simplement les remettre entre les mains du Seigneur. Il nous pardonne. Et si Dieu nous pardonne, nous aussi nous devons nous pardonner nous-mêmes. »

     

    « Vis-à-vis de ce qui nous a blessés, nous devons le regarder, l’offrir à Dieu et puis le laisser derrière nous. Nous ne devons pas sans cesse ressasser les mêmes choses comme le font aujourd’hui beaucoup de gens qui passent d’une thérapie à l’autre. Il est suffisant d’en prendre conscience puis de permettre que cela devienne du passé. Dieu me donne aujourd’hui son Esprit afin de me rendre plus fort dans le moment présent. Je ne dois pas commencer à l’affaiblir avec les offenses de mon passé. Je ne dois pas ignorer la douleur présente dans ma vie. Je dois l’observer et la remettre entre les mains du Seigneur. »

     

    « Seul celui qui est conscient de sa propre culpabilité se libère de l’habitude intérieure de juger de constamment condamner les autres.

     

    « Nous devons tourner notre regard vers nos péchés. De cette manière nous n’observerons pas sans cesse ceux des autres. Se considérer soi-même avec humilité nous libère de notre manie de juger les autres. Si nous ne nous reconnaissons pas tels que nous sommes, nous projetons nos erreurs sur les autres et nous les condamnons, au lieu de nous confier à notre tour à la miséricorde de Dieu. »

     

    « Il est fondamental que nous ouvrions notre cœur à Dieu, surtout quand il est brisé. Alors l’amour de Dieu se déversera dans notre cœur grand ouvert, il le pénétrera et le conduira à cette paix que l’on ne peut trouver qu’en lui. »

     

    « La prière est un don de Dieu. Elle guérit les blessures des êtres humains. Elle permet à l’âme de respirer et purifie l’esprit. La prière transforme les pensées et les sentiments de l’être humain. »

     

    « Dans notre prière nous devons porter à Dieu aussi notre peur, notre colère et notre tristesse. Si sous ses yeux nous pénétrons dans notre tristesse en la suivant jusqu’au bout, elle nous conduira au Seigneur. Sur le fond de notre peur, de notre dépression de notre amertume, nous trouverons Dieu qui apaisera notre cœur blessé et éclairera les abîmes de notre âme de sa douce lumière. »

     

    « Dans la prière, il s’agit simplement de présenter à Dieu notre colère. Lorsque que porte ma fureur devant le Seigneur, je réussis déjà à prendre de la distance par rapport à elle. Et si dans ma colère je me tourne consciemment vers Dieu et sa miséricorde, elle perdra une partie de son pouvoir. »

     

    « La prière m’aide moi-même à me retrouver moi-même, à retourner dans mon cœur. Si je persiste dans ma colère je ne suis pas en moi, mais plutôt auprès de celui qui m’a offensé. Et je lui donne du pouvoir sur moi. Je me laisse conditionner par lui. La prière prive la colère de son pouvoir et me libère de la personne que, dans ma colère, j’ai laissée prendre de l’ascendant sur moi. La prière purifie l’esprit. Elle améliore la respiration de mon âme. Celui qui est plein de colère dégage souvent une odeur de haine et de fureur. Celui qui prie émet un parfum agréable, le parfum de l’amour et de la paix. »

     

    « Sois le gardien de ton cœur et ne fais entrer aucune pensée sans l’avoir d’abord interrogée. Pose à chaque pensée cette question : « Es-tu l’une des nôtres ou viens-tu de chez nos ennemis ? » Si elle appartient à ta maison, elle te remplira de paix. Si au contraire elle provient de l’Ennemie, elle te troublera par la colère ou suscitera de la concupiscence en toi. »

     

    « Nous devons donc nous asseoir devant la porte de notre maison et demander à chaque pensée qui frappe à la porte de notre  cœur si elle nous appartient ou non. »

     

    « Quand nous éprouvons intérieurement de la tristesse et de l’inquiétude, cela n’a aucun sens de jeter dehors nos sentiments dépressifs. Ils ne feront que revenir. Ils font partie de notre maison. Nous devons nous y résigner. L’inquiétude aussi à un sens, la dépression a le droit d’exister. Seulement, nous ne devons pas leur permettre de faire ce qu’elles veulent. Nous devons parler avec elles. »

     

    « Nous devons entrer d’abord dans la partie de notre âme qui est triste, troublée, pleine d’inquiétude. Et donc nous familiariser avec cette inquiétude intérieure. Que veut-elle nous dire ? Quelles sensations nous transmet-elle ? Où voudrait-elle nous conduire ? Nous devons d’abord lui demander ce qu’elle veut nous dire, puis nous pouvons la tourner vers le Seigneur : « Espère en Dieu ! » »

     

    « La prière exclut la tristesse et le découragement. Les premiers moines voyaient dans la prière la véritable thérapie de l’âme, celui qui parcourt la voie de la prière est guéri de la tristesse et du découragement »

     

    « Si Dieu ne nous exauce pas tout de suite, c'est qu'il veut nous accorder un bien plus grand que celui que nous avons demandé. Dans nos supplications, nous étions peut-être trop centrés sur nos désirs. Et nous pensions qu'ils devaient absolument être exaucés, sinon nous ne pourrions pas survivre. Nous pouvons et nous devons déployer nos désirs devant Dieu. Mais chaque prière doit se conclure par : « que ta volonté ''-soit faite ».

     

    « Le but de toute prière est d'entrer en intime union avec Dieu, de vivre en sa présence, de nous fondre avec le Seigneur en une prière qui ne soit plus sujette aux distractions. La dignité de l'être humain consiste dans le fait qu'il peut vivre une intime relation personnelle avec Dieu, qu'il est toujours et en tout lieu enveloppé de sa présence aimante et reconstituante. »

     

    « La prière nous met en contact avec la vérité de notre moi. Nous verrons affleurer à nouveau tout ce qui nous agite intérieurement. Reviendront les conflits du passé, les blessures et les plaies de notre enfance. Remonte à la surface ce qui nous préoccupe en ce moment: des préoccupations économiques pour l'avenir, notre anxiété pour nos enfants qui grandissent, la souffrance causée par nos propres phobies, notre insatisfaction profonde, notre inquiétude. Nous ne devons pas alors être obsédés par notre faute, ni par les préoccupations et les problèmes. Nous devons au contraire les offrir à Dieu et tourner notre regard vers le Seigneur, qui apaisera notre cœur au milieu des tempêtes de notre existence, au milieu de notre impression de faute qui autrement nous démolirait. »

     

    « La prière au cours de laquelle se manifeste la vérité de notre moi est une prière du silence, une prière où nous nous abandonnons à Dieu sans défense, où nous présentons au seigneur tout ce qui est en nous, afin qu’il le transfigure et le redresse. »

     

    « La confiance est, en plus de la paix, le plus grand fruit de la prière. C’est la confiance que tout est bien. Lorsque je perçois Dieu en moi, tout le reste qui me fait souffrir n'est plus aussi important. Je ne parviens pas à m'expliquer ma vie, mais au profond de mon cœur, je sens que tout est bien, tel que cela s'est passé. J'ai confiance dans le fait que Dieu lui-même m'a façonné, qu'en ce moment encore il est auprès de moi et qu'il dirige chaque chose vers le bien. »

     

    « La prière nous conduit au respect devant le mystère de l’être humain. Je ne peux pas me recueillir en prière pour ensuite mépriser et blesser le prochain. La prière exige une manière nouvelle de se comporter envers les personnes. Si je regarde en elle les autres avec des yeux neuf je les traiterai aussi d’une manière différente, avec amour et respect, en m’identifiant à eux. La prière m’indique l’unité entre l’amour de Dieu et l’amour du prochain. »

     


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  • EXTRAITS DU LIVRE DE SŒUR EMMANUELLE
    «  J’ai 100 ans et je voudrais vous dire …. »

     

    Le véritable amour, solide, durable, est celui qui cherche le bonheur des autres en même temps que son propre bonheur. Il faut que nous soyons heureux ensemble, que nous soyons « en cordée », c’est une expression que j’utilise beaucoup.

     

    Quand on s’aime, il existe une source de joie même à travers la souffrance. J’en ai connu des souffrances, j’en ai rencontré des gens qui souffraient, mais quand ils sont ensemble et qu’ils s’aiment, une source de joie jaillit dans leur monde de souffrance. Je le sais parce que je l’ai vue, et vous l’avez vue aussi, vous pouvez tous la voir si vous savez regarder les autres, partager avec eux.

     

    Un homme c’est un cœur. Le problème, c’est de laisser respirer son cœur, de ne pas l’étouffer. Alors la source d’amour pourra jaillir.

     

    L’amour pauvre, c’est l’amour purifié de l’attente de gratitude, de valorisation personnelle. On aime avec ce que l’on possède, on aime avec ce que l’on est.

     

    Je suis absolument persuadée que l’Enfer c’est soi, l’enfermement en soi et que le Paradis s’ouvre, commence, le jour où l’on regarde l’autre, on l’écoute. Alors, ensemble, on marche la main dans la main.

     

    Ce n'est pas mal, le don, c'est nécessaire, et j'ai  beaucoup fait appel aux dons. L'Association, qui poursuit cette action, a tellement besoin de dons, et il faut, il est indispensable que ça continue quand je ne serai plus là. Mais dans le don, il y a quelque chose qui va du haut vers le bas. Et il faut éviter que  l'habitude du don fasse de celui qui reçoit un mendiant toujours prêt à demander. Alors que l'on doit l'aider à faire par lui-même.

     

    Surtout, ce que je ne comprends pas, ou plutôt ce que je n’admets pas du tout, ce sont les gens qui accusent Dieu des malheurs qui les frappent. « Qu’es-ce que Dieu m’a fait ? » J’ai entendu ça, je ne sais combien de fois ! Comme s’ils rendaient Dieu responsable d’une chute ou d’un accident.

    Les hommes se font la guerre et en même temps ils demandent à Dieu de les protéger. Vous trouvez que c'est logique, normal ?

    Dieu les a laissés libres, y compris de faire le mal, de s'entretuer. Il n'a pas créé des robots téléguidés, mais des hommes capables du mal comme du bien, libres. Parce que, s'ils n'étaient pas libres, ils ne pourraient pas aimer. La liberté est la condition de l'amour. Et ce que Dieu veut, vous allez dire que je me répète, mais voilà l'essentiel - c'est que nous nous aimions. Jésus l'a assez dit : « Aimez-vous les uns les autres. ».

    Les épreuves que nous rencontrons, ce n’est pas Dieu qui nous les envois, attention, il ne faut pas penser ça, ces épreuves peuvent nous aider à progresser.

     

    Quand un homme est vraiment aimé, il va aimer, lui aussi.

     

    Je suis persuadée que Dieu écoute toute âme qui l’appelle. Les Psaumes le disent, chaque âme qui appelle est écoutée, mais ne le sait pas toujours.

     

    Parler avec soi, parler avec Dieu, dans le silence et le recueillement est nécessaire, vital. Sinon, nous sommes comme des personnages de roman qui ne comprennent pas ce que veut l'auteur, et la vie s'écrit, nous semble-t-il, comme à notre insu, et si .vite!

    La vraie vie, c'est se regarder en face, sans tricher avec soi, écouter la musique qu'il y a en nous... une partition... Nous devons la déchiffrer et y ajouter paroles, nos paroles. Aimer? C'est être attentif à la musique de l'autre et traduire ses paroles. Nous vivons en profondeur, tous, la même vie! Une vie d'humain faite de questions

    Dans le recueillement, dans la prière des réponses apparaissent. C'est ainsi pour tous, je le croîs  Un humain égale un humain. Il ne faut pas faire semblant de n'être qu'un homme parmi les hommes il faut être  l’homme unique, sans fausse humilité.

     

    Les musulmans ont un sens de la transcendance de Dieu que nous catholiques, oublions parfois, très souvent. Quand ils prient, ils ont le visage contre terre. Certains trouvent même leur attitude ridicule. Mais si l’on voyait leur visage, et on le voit quand ils se redressent, on pourrait y lire les signes de leur foi, de la grandeur de leur foi.

     

    J’ai toujours essayé de respecter tous les croyants, tous les athées aussi. Pour moi, chaque être humain à un jardin sacré, qui n’appartient qu’a lui : là où vivent ses convictions, religieuses, nationales, politiques. Je ne veux pas y entrer par effraction.

     

    Un bon modèle c’est quelqu’un qui accepte la différence, qui se bat pour l’égalité et l’équité, la justice, et surtout c’est quelqu’un qui prouve sa capacité à aimer, à partager ! C’est quelqu’un de joyeux, positif, d’optimiste.

     

    Le choix d’une religion, c’est la liberté de l’homme. C’est tout. Si un homme décide de rester ou de devenir musulman, ou chrétien, c’est sont affaire, sa liberté. L’homme est libre. Dieu nous a crées libres.

     

    Dans un lieu complètement dépouillé, un monde où il n’y rien, comme dans les bidonvilles, que reste-t-il ? Il reste l’homme. Et l’homme, pour survivre dans ces conditions, pour les accepter, est obligé de se montrer solidaire, convivial.

     

    Avec les jeunes, ce que nous avons cherché ensemble, le plus souvent, c’est ce qui pouvait les intéresser. Qu’ils fassent quoi que ce soit, mais qu’ils aient un but. Sinon, ils tombent dans l’ennui, donc l’alcool, la drogue.

     

    Ce qui importe c’est de ne jamais perdre de vue le but, aussi longue que soit la route. Il ne faut pas se détourner se laisser divertir. Par contre quand vous partager un plaisir, quand vous l’offrez, le plaisir devient du bonheur, de la joie, des joies simples qu’il faut savoir goûter avec intensité. Ce sont des haltes qui s’imposent sur le chemin. L’essentiel est de ne pas se dérouter ou, en tout cas, se donner les moyens de retrouver ma route. Et savoir recommencer quand on n’a pas réussi du premier coup à franchir l’obstacle.

     

    Etre adulte, c’est être seul, le savoir et l’accepter. C’est admettre qu’on est responsable de sa vie, de ses actes, de ses choix. Ne pas incriminer les autres, le destin, la chance ou la malchance. Même si ils existent.

    On dit que grandir c’est renoncer. Grandir, c’est être capable de chercher des solutions. C’est ce que les jeunes attendent de l’adulte, qu’il sache, qu’il sache aussi les aider à faire face. Le véritable adulte est un passeur pour les jeunes.

    J’ai 100 ans et je voudrais vous dire …


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