• Donc l'enfant dessina le roi
    Avec un splendide uniforme,
    Puis des bataillons de soldats
    Avec le fusil sur l'épaule.

    Il mit, devant eux, des canons
    Montés sur des chariots énormes
    Et, tout au dessus, des avions
    Effrayants comme des fantômes.

    Ensuite, il s'écria : " je suis
    La paix ! "Alors, dans son étui,
    Il prit sa gomme préférée.

    Et, de quelques coups vigoureux,
    Il effaça toute l'armée
    Et ajouta "Béni soit Dieu!"

     

    MERE

     

    J’ai de toi une image
    Qui ne vit qu’en mon cœur.
    Là, tes traits sont si purs
    Que tu n’as aucun âge.

    Là, tu peux me parler
    Sans remuer les lèvres,
    Tu peux me regarder
    Sans ouvrir les paupières.

    Et lorsque le malheur
    M’attend sur le chemin,
    Je le sais par ton cœur
    Qui bat contre le mien

    Vers le soir, tu me parles parfois de la mort
    Comme si tu étais déjà un peu absente,
    Comme si ton cœur se détachait sans effort
    De la vie dont tu fus la docile servante.

    Tu me parles paisiblement de la maison
    Qu’il ne faudra pas vendre et des vieux groseilliers
    De ton jardin qu’on ne devra pas arracher,
    Et des miettes de pain à donner aux pinsons
    Qui viennent dès l’hiver picorer dans la cour,
    Et de tous ces simples travaux de tous les jours
    Que tes mains dénouées auront abandonnés.

    Et ta voix coule alors, pareille à un ruisseau
    Qui s’en va humblement, comme le veut sa pente,
    Mais qui, sans le savoir, fait refleurir la menthe
    Et met au creux des prés des morceaux de ciel bleu.

     

     

    LA BOUTEILLE D’ENCRE

     

    D'une bouteille d'encre,
    On peut tout retirer :
    Le navire avec l'ancre,
    La chèvre avec le pré,

    La tour avec la reine,
    La branche avec l'oiseau,
    L'esclave avec la chaîne,
    L'ours avec l'Esquimau.

    D'une bouteille d'encre,
    On peut tout retirer
    Si l'on n'est pas un cancre
    Et qu'on sait dessiner.

     

     

    L'enfant et le tilleul

    Cette petite enfant croyait
    - Quand elle chantait toute seule
    Dans le fond du jardin -
    Que personne ne l'écoutait.
    Mais elle oubliait le tilleul
    A qui le vent prêtait
    Sa longue flûte verte,
    Le tilleul qui se croyait seul
    Lui aussi au coeur de l'été.
    Et les étoiles, sur le bord
    Bleu du ciel, se penchaient si fort
    Pour mieux les écouter
    Qu'on les voyait tomber
    Toutes luisantes par milliers

    MAURICE CAREME

     

     

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    DIVERS 2

     

    « La vraie générosité envers l’avenir consiste à tout donner au présent. » (Albert Camus) 

     

    « L’homme généreux invente même des raisons de donner. » (Publius  Syrus)

     

    « Une des qualités fondamentales pour vivre, c’est la générosité » (Marc Levy)

     

    « La générosité, c’est toujours le sacrifice de soi ; il en est l’essence. »

    (Henry Montherlant)

     

    « Tant que la couleur de la peau sera plus importante que celle des yeux, nous ne connaîtrons pas la paix »

     

    « La conscience d’avoir bien agi est une récompense en soi. » (Sénèque)

     

    « Donner est un plaisir plus durable que recevoir, car celui des deux qui donne est celui que se souvient le plus longtemps » (Chamfort)

     

    « Chaque personne, si misérable, si démunie qu’elle soit, apporte quelque chose que nulle autre ne saurais offrir. » (Rex Desmarchais)

     

    « Voulez-vous savoir comment donner ? Mettez-vous à la place de celui qui reçoit. » (Madeleine de Puisieux)

     

    « La compréhension est le plus grand cadeau qu’un être humain puisse faire à un autre » (Christine Orban)

     

    « Il est bon d’avoir à soi, quelque chose pour le donner. » (Paul Claudel)

     

    « L’erreur est humaine, admette le sienne est surhumain. » (Doug Larson)

                                    

    « Dans le silence et la solitude, on n’entend plus que l’essentiel. » (Camille Belguise)

     

    « Parle si tu as des mots plus forts que le silence, ou garde le silence. »

    (Euripide)

     

     « Le silence est la sieste du bruit. » (José Artur)

     

    « Les larmes, la seule musique à laquelle le cœur est sensible. »( ?)

     

    DIVERS 2

     


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  • EXTRAIT « DE VIE DE FAMILLE JUIVE »  D’ÉDITH STEIN 

      

    Cela tenait au fait que j'avais complètement changé d'attitude vers les autres et envers moi-même. Il ne s'agissait plus pour moi d'avoir raison et «d'avoir à tout prix le dessus» sur mon adversaire  Et si je portais toujours un regard perçant sur les points faibles des personnes, je ne le mettais pas à profit pour les atteindre en leur point sensible mais pour éviter de les blesser. Et même ma tendance à vouloir faire l'éducation des autres, que j’affichais toujours, ne m'en empêchait pas. J'avais appris qu'on ne rend que très rarement les autres meilleurs en leur « disant la vérité » : cela ne peut être utile que s'ils ont vraiment eux-mêmes le désir de devenir meilleurs, et qu’ils accordent aux autres le droit de leur faire des remarques. 

      

    Ma ligne de conduite était toujours : céder en tout ce qui ne constituerait pas une injustice. 

      

    Voici le curriculum vitae rédigé par Edith Stein pour présenter sa thèse (Fribourg, 1916) 

      

    «Moi, Edith Stein, suis née le 12 octobre J891 à Breslau, de Siegfried Stein, négociant, décédé, et de son épouse Augusta, née Courant. Je suis de nationalité prussienne et juive. D'octobre 1897 à Pâques 1906, j'ai suivi les cours de l'école Viktoria (lycée d'Etat) à Breslau et de Pâques 1908 à Pâques 1911, j'ai fréquenté l'établissement scolaire qui lui est associé dans la section scientifique, où j'ai ensuite passé mon examen de fin d'études. En octobre 1915, j'ai obtenu le diplôme de la section de lettres classiques, après avoir passé l'examen complémentaire de grec au lycée Johanneum à Breslau. De Pâques 1911 à Pâques 1913, j'ai étudié à l'université de Breslau, puis j'ai suivi quatre semestres à l'université de Göttingen en philosophie, psychologie, histoire et germanistique. J'ai passé à Göttingen, en janvier 1915, l'examen d'Etat pro facultete docendi en propédeutique  philosophique, en histoire et en allemand. A la fin de ce semestre, j'ai interrompu mes études et j'ai servi à la Croix-Rouge comme infirmière pendant quelque temps. De février à octobre 1916, j'ai assuré le remplacement d'un professeur du secondaire alors malade, à Breslau, dans le lycée mentionné ci-dessus. Je suis ensuite allée à Fribourg-en-Brisgau pour travailler comme assistante auprès du professeur Husserl.  

    Je voudrais ici exprimer ma profonde reconnaissance à tous ceux qui m'ont stimulée et m'ont aidée pendant ces années d'études avant tout à ceux parmi mes professeurs et mes camarades qui m’ont initiée à la phénoménologie: monsieur le professeur Husserl, monsieur Reinach et la société philosophique de Göttingen.» 

     


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  • Les biscuits

     

    Un jour, une dame qui attendait son vol dans un aérogare, alla dans une boutique pour trouver un bon livre, acheta en même temps un sac de biscuits, puis s'assit pour lire.

    Bien qu'absorbée dans sa lecture, elle s'aperçut que l'homme à côté d'elle, effronté s'il en fut, prenait un ou deux biscuits dans le sac posé entre eux. Elle fit mine de ne rien voir pour éviter un esclandre fâcheux en public. Elle lisait, mangeait des biscuits et surveillait le départ des avions, tandis que le "voleur de biscuits" se goinfrait à même ses provisions. De plus en plus agacée à mesure que le temps passait, elle songeait : "Si je n'étais pas si aimable, je le giflerais." Chaque fois qu'elle prenait un biscuit, l'homme sans gêne se servait. Lorsqu'il n'en resta qu'un seul, elle se demanda comment il réagirait. L'air content, il eut un petit rire nerveux, puis il prit le dernier biscuit, le cassa en deux, lui offrit une moitié et mangea sa part. Lui arrachant des mains, elle se dit : "Je n'en reviens pas, cet homme a du culot et ne pourrait pas être plus impoli, vraiment, il ne me dit même pas merci !" Elle ne se rappelait pas avoir été aussi exaspérée. Aussi soupira-t-elle d'aise, lorsque son vol fut annoncé. Rassemblant ses affaires, elle partit prendre son avion, sans même regarder l'ingrat voleur de biscuits.

    Une fois à bord et confortablement installée, elle chercha son livre qu'elle avait presque terminé. En fouillant dans son sac, elle fut estomaquée, ses biscuits étaient là, sous ses yeux étonnés. "Si mes biscuits sont ici, pensa-t-elle, désespérée, alors les autres étaient les siens, que je lui ai volé moi-même et qu'il a bien voulu partager !"

    Trop tard pour s'excuser, elle se rendit compte, malheureuse, que c'était elle l'impolie, l'ingrate, la voleuse !

    Miroir, miroir, mon beau miroir !... combien de fois accusons-nous les autres alors que nous ne remarquons pas ce que nous faisons nous-mêmes...

    Anonyme

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  • Écouter

    Écouter est peut-être le plus beau cadeau que nous puissions faire à quelqu'un... C'est lui dire, non pas avec des mots, mais avec ses yeux, son visage, son sourire et tout son corps : tu es important pour moi, tu es intéressant, je suis heureux que tu sois là... Pas étonnant si la meilleure façon pour une personne de se révéler à elle-même, c'est d'être écoutée par une autre !

    Écouter, c'est commencer par se taire... Avez-vous remarqué comment les "dialogues" sont remplis d'expressions de ce genre : "c'est comme moi quand..." ou bien "çà me rappelle ce qui m'est arrivé..." Bien souvent, ce que l'autre dit n'est qu'une occasion de parler de soi.

    Écouter, c'est commencer par arrêter son petit cinéma intérieur, son monologue portatif, pour se laisser transformer par l'autre. C'est accepter que l'autre entre en nous-mêmes comme il entrerait dans notre maison et s'y installerait un instant, s'asseyant dans notre fauteuil et prenant ses aises.

    Écouter, c'est vraiment laisser tomber ce qui nous occupe pour donner tout son temps à l'autre. C'est comme pour une promenade avec un ami : marcher à son pas, proche mais sans gêner, se laisser conduire par lui, s'arrêter avec lui, repartir, pour rien, pour lui...

    Écouter, c'est ne pas chercher à répondre à l'autre, sachant qu'il a en lui-même les réponses à ses propres questions. C'est refuser de penser à la place de l'autre, de lui donner des conseils et même de vouloir le comprendre.

    Écouter, c'est accueillir l'autre avec reconnaissance tel qu'il se définit lui-même sans se substituer à lui pour lui dire ce qu'il doit être. C'est être ouvert positivement à toutes les idées, à tous les sujets, à toutes les expériences, à toutes les solutions, sans interpréter, sans juger, laissant à l'autre le temps et l'espace de trouver la voie qui est la sienne.

    Écouter, ce n'est pas vouloir que quelqu'un soit comme ceci ou comme cela, c'est apprendre à découvrir ses qualités qui sont en lui spécifiques. Être attentif à quelqu'un qui souffre, ce n'est pas donner une solution ou une explication à sa souffrance, c'est lui permettre de la dire et de trouver lui-même son propre chemin pour s'en libérer.

    Écouter, c'est donner à l'autre ce que l'on ne nous a peut-être encore jamais donné : de l'attention, du temps, une présence affectueuse.

    Apprendre à écouter quelqu'un, c'est l'exercice le plus utile que nous puissions faire pour nous libérer de nos propres détresses... C'est en apprenant à écouter les autres que nous arrivons à nous écouter nous-mêmes, notre corps et toutes nos émotions, c'est le chemin pour apprendre à écouter la terre et la vie, c'est devenir poète, c'est-à-dire sentir le cœur et voir l'âme des choses.

    A celui qui sait écouter, est donné de ne plus vivre à la surface : il communie à la vibration intérieure de tout vivant.

    André Gromolard

     

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