• EXTRAIT DU LIVRE JACQUE SALOME « VIVRE AVEC SOI »

     

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    EXTRAIT DE : « VIVRE AVEC SOI »

    DE JACQUES SALOME

     

     

    Dynamiques psychologiques

     

     

    Les blessures de l’enfance laissent des cicatrices profondes qui, je le crois, ne guérissent jamais. Tout au plus peuvent-elles se refermer, vivre à minima, se faire oublier. Mais un événement banal, une parole légère, une association d’idées incongrue, une rencontre inopinée peuvent venir les réveiller, les réactualiser, les dynamiser. Alors elles remontent à la surface et explosent, telle une bombe à retardement.

     

    La plupart de nos échanges s'organisent autour de cinq grandes dynamiques relationnelles que nous-mêmes ou l'autre mettons en place. Elles sont pour la plupart tenaces, efficientes, et qu'elles soient hypertrophiées ou hypotrophiées (chez nous ou chez l'autre), elles sont quasi indestructibles 

      

    La dynamique de l'éponge 

    La personne qui fait l'éponge absorbe tout, non seulement les malheurs, les catastrophes, les épidémies, les souffrances individuelles et collectives, mais aussi les petits et grands bonheurs et tous les plaisirs qui passent à sa portée, cela dans la plus grande des confusions : c'est pour elle ! Tout ce qui arrive de par le monde, proche ou lointain... c'est toujours pour elle ! Tout se passe comme si, dans une installation de plomberie, on mélangeait les conduites d'eau : l'eau potable avec l'eau de vidange, si bien qu'au robinet, plus rien n'est bon ! Pour une éponge, quelles que soient les expériences vécues, le monde est souvent grisâtre ou a irrémédiablement mauvais goût ! 

      

    La dynamique du filtre 

      

    Celui qui la pratique retient surtout le mauvais et laisse passer le bon. Vivre avec un « filtre » est décourageant et éprouvant, mais surtout épuisant. Cela donne le sentiment d'être vraiment nul dans tous les domaines. Quoi que vous proposiez, offriez ou partagiez, le filtre ne retient que le  négatif, ce qui ne va pas, car c'est sa spécialité : garder essentiellement tout ce qui ne passe pas au lieu de retenir ce qui passe bien. Fuyez avant que le désespoir ne vous dévitalise ! 

      

      

      

    La dynamique de l'entonnoir 

      

    Simple comme un entonnoir, la personne ne garde rien. Incapable de retenir, elle laisse tout s'échapper : le bon et le pas bon, le possible et l'impossible. Elle traverse la vie en état de manque permanent, avec le sentiment de n'avoir rien reçu, totalement anesthésiée, les sens usés par tant de choses qui n'ont laissé aucune trace en elle. Elle n'a rien perçu, rien donné, gaspillant son existence sans même le savoir, éliminant aveuglément tous les cadeaux de la vie. L'entonnoir, ce n'est pas vous bien sûr... c'est l'autre ! 

      

    La dynamique de la passoire 

      

    Celui qui connaît cette dynamique sait garder le bon et laisser passer le mauvais. Il trouve son compte à capter les miracles de la vie, les rires et les douceurs, le positif et les possibles de l'existence. Il ne s'encombre pas de déchets, laisse la pollution à l'extérieur de la relation. Il relativise, dédramatise et accepte beaucoup de la vie avec une grande ouverture. Il est bon de vivre avec une passoire qui ne retient que le meilleur de nous et des autres. 

      

      

    La dynamique de l'alambic 

      

    Elle est la plus rare et la plus recherchée. Celui qui la connaît sait transformer, recueillir le bon et le merveilleux dans tout ce qu'il rencontre. De tout ce qu'il vit, il retire l'essentiel. Il peut ainsi offrir le meilleur. Les alambics sont précieux, si vous en rencontrez un, gardez-le au plus près de vous. 

      

      

      

    Quand tu échanges un œuf contre un œuf tu as toujours un œuf. 

    Quand tu échanges une idée contre une autre idée tu as deux idées. 

    Quand tu échanges de l’énergie avec une autre énergie, tu crées de l’amour 

      

    L’important n’est pas dans la vérité ou la beauté de la réponse, 

    Mais dans le chemin que la réponse fait en l’autre. 

     

    C’est souvent avec des mots-poignards que nous blessons ou assassinons autrui, et avec des pensées-poisons que nous polluons notre présent. En étant plus vigilants par rapport aux mots que nous utilisons et plus attentifs à ceux que nous pensons, nous pouvons en faire des amis plus fiables.

     

    Il y a des mots pour l’état de grâce, et des mots qui rendent beau.

    Il y a des êtres qui savent écouter les soupirs du silence et nous permettre de les entendre.

    Il y a ceux qui savent regarder un paysage et l’embellir de leur regard.

    Il y a encore et toujours des instants d’amour propre à embellir la vie.  

     

    Vivre au présent est un vrai cadeau à se faire : être vraiment là, entier, ouvert au moment qui surgit, au temps qui passe, à la relation dans laquelle on est engagé – quel plaisir !     

     

    Revenir sur le temps qui fuit ou se dérobe, n’est pas possible, ni souhaitable. Et anticiper le temps futur est hasardeux, car il est difficile de faire des prophéties, surtout si elles concernent notre propre avenir ! Le mieux, le bon, c’est encore de vivre et de jouir de chaque parcelle de ma vie. C’est bercer mon désir, lui laisser la liberté de prendre des chemins inattendus, ahurissants parfois, alanguis ou fougueux, surprenants et stimulants.   

     

    Il y a un soleil en chacun de nous, ce soleil ne peut être séparé ni de notre ciel intérieur, ni de notre terre profonde, de l’humus d’où nous sommes issus.

     

    Dire non n’est pas nécessairement le signe de désaccord ou d’un conflit, c’est la manifestation d’une différence, d’une prise de position personnelle, c’est l’ouverture à la possibilité d’une confrontation. C’est l’expression de notre unicité, de notre singularité et surtout le témoignage que nous éprouvons le besoin de respecter ce que nous ressentons, nos idées et nos choix de vie.              

     

    Dire non est une marque de respect envers nous-même, quand ce non correspond à ce que nous ressentons réellement. Une relation vivante et saine est une relation dans laquelle existe justement la liberté de pouvoir dire non à l’autre sans déclancher chez lui un drame ou un malaise. Oser dire non à l’autre, c’est parfois dire ou à un peu plus de soi-même.

     

    Oser demander, oser proposer, oser inviter ou faire les premiers pas vers quelqu’un sans anticiper le refus, la gêne ou le manque que nous projetons sur lui, c’est aussi une façon de respecter l’autre en arrêtant de penser à sa place et d’imaginer que nous allons le gêner ou le contraindre. C’est surtout arrêter de l’infantiliser en pensant à sa place !

     

                                                                                   

    J’ai du pouvoir quand j’influence l’autre par la contrainte, quelle que soit la nature de cette contrainte. J’ai de l’autorité quand je peux l’aider à devenir lui-même.

     

    Rire ce n’est pas une question j’habitude, c’est un plaisir,un plaisir vital. Rire est en relation directe avec le bien-être, le plaisir d’être vivant, le fait de se sentir bien dans sa peau et avec autrui. C’est une façon de dire «  J’occupe le présent, je ne suis pas soucieux de l’avenir, ni persécuté par mon passé. » Rire est lié à la capacité de saisir la dimension joyeuse, étonnante ou surprenante de la vie dans une situation particulière.

     

    Celui qui rit s’abandonne, s’ouvre. Il invite en quelque sorte l’autre à partager son plaisir et sa joie. On ne peut commander son rire, mais au moins peut-on le féconder par un sourire et le partager avec ceux qui se réjouiront ne nous voire rire.      

     

    Recevoir, c’est abandonner ses défenses, c’est s’ouvrir, c’est accepter l’altérité, la différence.

     

    Nous n’acceptons pas toujours facilement ce qui vient d’autrui, mais nous pouvons au moins lui confirmer que ce qu’il nous a donné est bien arrivé jusqu'à nous.

     

    Recevoir est le miroir du don. Il lui permet de prendre toute sa place, et de s’offrir sans réticence.

     

     Pour aimer, encore faut-il accepter de nous aimer nous même, et pour cela avoir été élevé sur la base de relations de qualité s’appuyant sur nos ressources, confirmant notre valeur, renforçant notre confiance en nous, et balisant nos limites !  

     

    Aimer l’autre et aimer être ce que l’on est en aimant l’aimé(e) deux conditions qui ne sont pas toujours remplies.

     

    Quand l’amour est utilisé comme une défense contre l’angoisse d’être seul ou comme réponse urgente au besoin d’être aimé, je crois qu’il n’est pas réellement aimé. Nous n’avons pas à proposer à l’autre d’être un compagnon de solitude, mais un partenaire pour une vie d’échanges, de partages et de découvertes mutuelles.

    La pire des solitudes, faut-il le redire, n’est pas d’être seul : c’est de s’ennuyer en sa propre compagnie, d’imposer parfois cet ennui à tout son entourage et de stériliser ainsi l’amour qui ne saurait resister à ce traitement. 

     

    L’amour ne doit pas être utilisé comme un remède à la solitude, mais comme un soleil propre à faire éclore en chacun le meilleur de lui-même.

     

    Accepter la différence, c’est s’ouvrir à la confrontation et enrichir le partage. Le besoin d’avoir raison traduit la tendance de certains à entretenir et à développer des rapports dominants, dominés à leur profit.

     

    Si je permets que s’accumulent des ressentiments, des reproches, des accusations dans une relation intime, j’engrange des toxines redoutables, dangereuse tant pour la relation que pour moi-même.

     

    Nourrir, alimenter la bonne image de soi peut devenir une activité à plein temps qui entretient de nombreux malentendus et nous coupe à la fois de notre être profond et de la réalité dans laquelle nous vivons.   

     

    La confiance que l’on s’accorde à soi-même est plus fiable et plus durable que celle qui nous est offerte.

     

    L’intimité est à la fois un espace et un temps dont chacun a besoin, essentiellement pour pouvoir se rencontrer, pour pouvoir échanger avec lui-même. Un temps et un espace permettant à chacun de prendre soin de lui, de sa propre intimité.

     

     

     

    Chacun d’entre nous à droit à un jardin secret, constitué par son imaginaire et par tout ce qui gravite autour de ses rêves, de ses attentes, de ses désirs personnels, mais aussi à une attitude de respect de la part de l’autre. Nous nous attendons implicitement à ce que l’autre sente qu’il ne doit pas intervenir, poser de questions ou faire irruption quand nous sommes en dialogue avec nous-mêmes ou engagé avec quelqu’un d’autre..

     

    Nous pouvons sentir, au cour d’une rencontre, que certaines personnes ont un quotient relationnel élevé, qui leur permet de s’ouvrir, alors que d’autres ont un quotient relationnel plus faible, qui les inhibe, les place immédiatement sur la défensive.

     

     

    « La vie n’est ni mauvaise ni difficile. Elle est belle et sereine, c’est nous qui la maltraitons. Alors ose ta vie, toi seul la vivras »

     

    Une des erreurs consiste à confondre plaisir et joie, le sentiment du bonheur ne résulte pas d’une accumulation de plaisirs, mais de la capacité à vivre dans la joie les moments les plus anodins de la vie. La joie n’est pas seulement un élan, elle est jaillissement interne d’énergie qui dynamise la personne et son entourage. La joie participe d’un accord de tous les sens avec l’instant. Le plaisir et une sensation qui peut être forte et bonne mais qui reste limitée à une action donnée. Le plaisir s’épuise au moment même où il est vécu, alors que la joie s’amplifie et se diffuse au fil de multiples accords qui renaissent et laissent des traces plus durables.

     

    Être heureux ne dépend pas seulement de l’irruption d’un évènement gratifiant ou bienveillant dans notre vie, mais surtout de notre capacité à accueillir, à protéger et à amplifier cet événement sans le parasiter par des pensées toxiques.

     

    La qualité d’une écoute permet même d’entendre ses propres silences.

     

    L’écriture est semblable à un chemin ouvert sur la quête de soi-même et de son propre mystère. Un chemin qui nous fait voyager à l’intérieur

    de nous, pour aller à la rencontre de quelques-uns de nos possibles.

     

    « Ecrire pour aller mieux, pour donner une forme à son imaginaire, pour se relier au regard et à l’écoute de l’autre, se ressourcer et grandir. »

     

    « Il n’y a rien de plus important en amour que d’accepter la fragilité de l’autre : c’est ce que j’appelle la douceur. Et rien de plus important dans la sagesse, que d’accepter sa propre fragilité, c’est ce qu’on appelle : l’humilité. »

    (André Compte-Sponville)

     

    Soyez les poètes de votre vie. Osez chaque jour mettre du bleu à votre regard, de l’orange au bout de vos doigts, un sourire dans votre écoute et surtout, surtout, de la tendresse dans chacun de vos gestes.

     

           

     

     

     

  • Commentaires

    1
    renal Profil de renal
    Mercredi 16 Janvier 2013 à 23:35
    L'erreur est humaine !!!! Merci de le signaler, Je corrige
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