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Ô AMOUR!
Aveugles ou voyantes nous sommes les porteuses
De ta flamme ô amour !
Nous répandons sous tant de formes tes semences !
Nous avons foi en l'espérance !
Nous savons le prix de la vie
Car ce qui naît somnole en nous,
Et près de ceux qui trépassent
Nous veillons.
Pour la millième fois nous avons relavé
Les chemises ensanglantées des champs de bataille.
Pour la millième fois nous avons resoudé
Les foyers disloqués par la guerre,
Jardinières d'enfants et gardiennes des nids.
Nous n'avons nul autre besoin que la paix !
Contre la faim, contre l'ordure et la gangrène,
Nous menons l'incessant combat.
De cette bouche qui veut embrasser, qui veut rire,
Comment ne pas clamer
Dans un seul cri ce mot si bref, si vrai :
La paix ! Nous voulons la paix !
Ces mains qui vous emballent vos casse-croûte,
Qui câlinent les enfants et qui refont les lits,
Comment ne se lèveraient-elles pas pour jurer:
Nous défendons la paix !
Aveugles et voyantes nous sommes les porteuses
De ta flamme, ô amour !
Nous répandons sous tant de formes tes semences !
Nous avons foi en l'espérance !
Au nom de cet amour et de tous les espoirs
Nous défendrons la paix !
JARMILA URBANKOVA (1911)
(Anthologie de la poésie tchèque et slovaque)
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Ô PAIX
Ô Paix ! Source de tout bien,
Viens enrichir cette terre ;
Et fais qu'il n'y reste rien
Des images de la guerre.
Accorde à nos longs désirs
De plus douces destinées ;
Ramène-nous les plaisirs,
Absents depuis tant d'années,
Étouffe tous ces travaux,
Et leurs semences mortelles :
Que les plus grands de nos maux
Soient les rigueurs de nos belles ;
Et que nous passions les jours
Étendus sur l'herbe tendre,
Prêts à conter nos amours
À qui voudra les entendre.
(JEAN DE LA FONTAINE)
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Sème le bien autour de moi
Comme le laboureur le grain
A la volée
Sur ses terres désertes,
Sème le bien avec espoir ;
Seul le bien fleurira
Sur les durs chemins de la vie.
Sème le bien à tout vent
Dans l’espoir d’une vie plus saine
Et succulente
Pour tous les hommes
Sème le bien autour de toi.
Sème la joie dans tous les cœurs,
La fraternité à la ronde,
L’homme est le même sous tous les cieux ;
Sème le bien avec le sourire
Pour le retournement universel.
Sème l’amour sur ton passage
Et que toujours ta présence
Ressuscite et réconforte
Tout le monde autour de toi.
En ce monde exécrable,
Dénué de toute saveur,
Où nous sommes exilés pour la rançon
De notre gloire,
C’est le mal qu’on oublie,
Le bien ne se perd jamais.
(Christophe Ngueddam Cameroun)
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Soleil couchant
En passant sur le pont de la Tournelle, un soir,
Je me suis arrêté quelques instants pour voir
Le soleil se coucher derrière Notre-Dame.
Un nuage splendide à l'horizon de flamme,
Tel qu'un oiseau géant qui va prendre l'essor,
D'un bout du ciel à l'autre ouvrait ses ailes d'or,
- Et c'était des clartés à baisser la paupière.
Les tours au front orné de dentelles de pierre,
Le drapeau que le vent fouette, les minarets
Qui s'élèvent pareils aux sapins des forêts,
Les pignons tailladés que surmontent des anges
Aux corps roides et longs, aux figures étranges,
D'un fond clair ressortaient en noir ; l'Archevêché,
Comme au pied de sa mère un jeune enfant couché,
Se dessinait au pied de l'église, dont l'ombre
S'allongeait à l'entour mystérieuse et sombre.
- Plus loin, un rayon rouge allumait les carreaux
D'une maison du quai ; - l'air était doux ; les eaux
Se plaignaient contre l'arche à doux bruit, et la vague
De la vieille cité berçait l'image vague ;
Et moi, je regardais toujours, ne songeant pas
Que la nuit étoilée arrivait à grands pas.
(Théophile Gautier)
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L'étoile du soir
Pâle étoile du soir, messagère lointaine,
Dont le front sort brillant des voiles du couchant
De ton palais d'azur, au sein du firmament,
Que regardes-tu dans la plaine ?
La tempête s'éloigne, et les vents sont calmés.
La forêt, qui frémit, pleure sur la bruyère ;
Le phalène doré, dans sa course légère,
Traverse les prés embaumés.
Que cherches-tu sur la terre endormie ?
Mais déjà vers les monts je te vois t'abaisser ;
Tu fuis en souriant, mélancolique amie.
Et ton tremblant regard est près de s'effacer.
Etoile qui descend sur la verte colline.
Triste larme d'argent du manteau de la Nuit,
Toi que regarde au loin le pâtre qui chemine,
Tandis que pas à pas son long troupeau le suit,
Étoile, où t'en vas-tu dans cette nuit immense ?
Cherches-tu sur la rive un lit dans les roseaux ?
Ou t'en vas-tu, si belle, à l'heure du silence,
Tomber comme une perle au sein profond des eaux ?
Ah ! Si tu dois mourir, bel astre, et si ta tête
Va dans la vaste mer plonger ses blonds cheveux.
Avant de nous quitter, un seul instant arrête ;
Etoile de l'amour, ne descend pas des cieux.
(Alfred de Musset)
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