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    Extrait du livre « Abécédaire de la Sagesse

     De Christophe André, Alexandre Jollien et Matthieu Ricard

     

     

    L’émerveillement invite en notre paysage intérieur des états mentaux sereins, vastes et ouverts qui engendrent un sentiment d’adéquation avec le monde. Il nous fait sortir de nous-mêmes, immensifie l’esprit et dilate le cœur. Il nous emplit de la vaste et émouvante interdépendance des êtres et de la nature. En tout cela, l’émerveillement nous guide vers la sagesse.

    Incompatible avec l’animosité, l’avidité et l’orgueil, l’émerveillement permet au meilleur de nous-mêmes de remonter à la surface ; et, puisqu’il de conjugue parfaitement avec la bienveillance, la générosité et l’admiration, il est dépourvu de vanité. En cela il nous élève.

    L’émerveillement engendre le respect envers la nature sauvage, le respect mène au désir de protéger notre environnement et ce désir mène à l’action qui elle-même peut nous mener vers une harmonie durable entre l’homme et l’environnement dont il fait partie par le jeu de l’interdépendance de toute chose.

    Matthieu

    Coucher de Soleil à Schoelcher Martinique février 2023


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  • Extrait du livre « Abécédaire de la Sagesse

     De Christophe André, Alexandre Jollien et Matthieu Ricard

     

     

    L’ego ne fait pas partie du vocabulaire courant de la psychologie, on parle plutôt d’«estime de soi», qui définit l’ensemble des façons de se regarder, de se juger, de se considérer, de se traiter. Pour ma part, je décrirais volontiers l’ego comme l’ensemble des attachements à soi, à sa propre image.

    Deux points : l’ego est un mal nécessaire, comme un véhicule de location. Nous avons besoin de lui pour traverser la vie, tout comme nous avons besoin d’un moyen de locomotion pour nous déplacer d’un point à un autre - sauf si l’on est un ermite ou un contemplatif qui ne bouge pas de son monastère, et trouve peut-être que se débarrasser complètement de son ego est plus simple. Sur les routes de la vie, il y a des véhicules plus polluants que d’autres : de gros quatre-quatre qui consomment beaucoup d’essence, qui veulent qu’on les regarde et qu’on les laisse passer, et à l’autre extrême, des petits vélos qui ne polluent pas et ne font pas de bruit. Il me semble qu’on ne peut pas se débarrasser de l’ego, le balancer par la fenêtre, mais qu’on peut juste s’assurer qu’il ne soit pas trop polluant pour les autres, pas trop coûteux pour nous (en énergie, en soins, en entretien...). Second point: on ne peut pas espérer se débarrasser de l’ego en le méprisant. Chez les patients qui souffrent de manque d’estime de soi, la solution n’est pas de continuer à se mépriser: souvent, ils sont à la fois obsédés par eux- mêmes et irrités contre eux-mêmes. On en revient à cette différence capitale entre détachement et non- attachement: l’idée n’est pas de se détacher de l’ego de façon obsessionnelle, mais nos efforts doivent nous porter vers le non-attachement à l’ego. Comme dans la célèbre phrase de Paul Valéry: «Je me suis détesté,

    je me suis adoré - puis nous avons vieilli ensemble. » Christophe

     

    Abécédaire de la Sagesse (16)

    Martinique février 2023


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  • Extrait du livre « Abécédaire de la Sagesse

     De Christophe André, Alexandre Jollien et Matthieu Ricard

     

    Écouter

    On pourrait définir l’écoute comme une présence à autrui pendant laquelle toute l’attention, toute la conscience, est tournée vers ce que dit la personne que l’on a en face de soi. C’est une attitude complexe, où l’on donne et où l’on reçoit, une démarche d’humilité, où l’on fait passer autrui avant soi-même. Dans l’écoute, on trouve trois mécanismes fondamentaux : le respect de la parole d’autrui, le lâcher- prise et la capacité à se laisser toucher.

     

    Respecter la parole, c’est d’abord ne pas juger ce que nous dit l’autre pendant que nous l’écoutons. Et c’est très difficile ! Automatiquement, nous avons tendance à porter un jugement : nous apprécions, n’apprécions pas, nous sommes d’accord, pas d’accord, nous trouvons que c’est juste ou faux, brillant ou idiot. Difficile d’empêcher ce jugement de parvenir à notre lâcher-prise, ce sont mes patients qui me l’ont appris. Les grands timides et les grands anxieux ont tellement peur de ne pas être à la hauteur de leur interlocuteur qu’ils écoutent mal parce qu’ils préparent ce qu’ils vont pouvoir répondre. Dans la véritable écoute, on ne doit pas préparer sa réponse, mais seulement écouter, en lâchant prise. On a parfois le sentiment que c’est une position un peu « casse-gueule », mais notre réponse sera d’autant plus profonde et adaptée qu’on aura totalement abandonné l’idée de la préparer. Ce lâcher-prise est aussi la condition d’une écoute sincère et véritable où l’on est prêt à se laisser toucher, émouvoir, sans jugement, sans contrôle, sans désir de maîtriser, sans aucune intention finalement.

    On progresse beaucoup plus en écoutant qu'en parlant. La parole nous transforme parce qu'elle nous force à préciser nos idées, mais l’écoute est encore plus puissante, car elle nous ouvre à d’autres univers que le nôtre.

     

    Toujours se rappeler qu'écouter, c’est donner. Pas seulement des réponses, mais de la présence.

    Pour bien écouter, Il faut se désemplir en partie : de ses peurs (peur de ne pas savoir quoi dire, de ne pas avoir de réponses à donner), de ses certitudes, de ses lassitudes.

    Christophe

     

    Abécédaire de la Sagesse (15)

     


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  • Extrait du livre « Abécédaire de la Sagesse

     De Christophe André, Alexandre Jollien et Matthieu Ricard

     

    Il peut y avoir des frottements et des discordes dans les liens sociaux, quels qu’ils soient. Le marqueur d’une relation humaine fonctionnelle est la capacité de réparation et non la permanence de l’accord : quand celle-ci existe, tant mieux, après tout ! Mais on doit pouvoir discuter, voire être en désaccord. Christophe

     

    Comme tout le monde, je préfère réussir qu’échouer : c’est plus agréable, plus satisfaisant et plus valorisant. Mais en y réfléchissant, je pense que mes échecs m’ont davantage conduit à réfléchir, à me remettre en question, et finalement, à progresser. Et au total, j’aurais eu besoin des deux : l’énergie et la confiance, offertes par la joie des succès ; et la prudence et le travail, imposés par l’inconfort des échecs. Christophe

     

     

     


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