• Matin de décembre

     

    On s'éveille

    Du coton dans les oreilles

    Une petite angoisse douce

    Autour du cœur, comme mousse

    C'est la neige,

    L'hiver blanc

    Sur ses semelles de liège

    Qui nous a surpris, dormant.

    Guy-Charles Gros, (1879-1956)

     


     


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  • Fantaisies d’hiver 

     

    Le nez rouge, la face blême,  

    Sur un pupitre de glaçons,  

    L'Hiver exécute son thème  

    Dans le quatuor des saisons. 

     

    Il chante d'une voix peu sûre  

    Des airs vieillots et chevrotants ;  

    Son pied glacé bat la mesure  

    Et la semelle en même temps ; 

     

    Et comme Haendel, dont la perruque  

    Perdait sa farine en tremblant,  

    Il fait envoler de sa nuque  

    La neige qui la poudre à blanc. 

     

    Dans le bassin des Tuileries,  

    Le cygne s'est pris en nageant,  

    Et les arbres, comme aux féeries,  

    Sont en filigrane d'argent. 

    Les vases ont des fleurs de givre,  

    Sous la charmille aux blancs réseaux ;  

    Et sur la neige on voit se suivre  

    Les pas étoilés des oiseaux.

     

    Théophile Gautier, (1811-1872) 

     


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  • La lune des fleurs

     

    Douce lune des fleurs, j'ai perdu ma couronne !

    Je ne sais quel orage a passé sur ces bords.

    Des chants de l'espérance il éteint les accords

    Et dans la nuit qui m'environne,

    Douce lune des fleurs, j'ai perdu ma couronne !

     

    Jette-moi tes présents, lune mystérieuse

    De mon front qui pâlit ranime les couleurs ;

    J'ai perdu ma couronne et j'ai trouvé des pleurs ;

    Loin de la foule curieuse,

    Jette-moi tes présents, lune mystérieuse.

     

    Entrouvre d'un rayon les noires violettes

    Douces comme les yeux d'un séduisant amour.

    Tes humides baisers hâteront leur retour.

    Pour cacher mes larmes muettes,

    Entrouvre d'un rayon les noires violettes.

     

    Marceline Desbordes-Valmore 

     


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  • LE RÉVEIL DES FLEURS 

     

    II fait à peine jour ; toute la maison dort 

    Sous son aile ardoisée     

    Quand les fleurs du parterre  

    Ouvrant leur coupe d'or  

    Déjeunent de rosée. 

     

    De blanches jeunes fleurs, 

    C’est un peuple divin 

    Parqué dans l'herbe calme. 

    Le mol acacia fait sur le gravier fin 

    Un bercement de palme. 

     

    Anna de Nouilles 


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  • Le Rossignol 

     

    Quant ta voix, céleste prélude 

    Aux silences des belles nuits, 

    Barbe ailé de ma solitude 

    Tu ne sais pas que je te suis ! 

     

    Même si l’’astre des nuits se penche 

    Aux bords des monts pour t’écouter, 

    Tu te caches de branche en branche, 

    Comme si tu voulais l’imiter. 

     

    Tu prends les sons que tu recueilles 

    Dans les cris que répète l’écho, 

    Dans les frémissements des feuilles, 

    Dans les gazouillements des flots. 

     

    Alphonse Lamartine 

     


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  • LA  LUNE BLANCHE 

     

    La lune blanche 

    Luit dans les bois ; 

    De chaque branche 

    Part une voix 

    Sous la ramée... 

    O bien-aimée.  

    L'étang reflète, 

    Profond miroir, 

    La silhouette 

    Du saule noir 

    Où le vent pleure... 

    Rêvons, c'est l'heure. 

    Un vaste et tendre 

    Apaisement Semble descendre 

    Du firmament Que l'astre irise... 

    C'est l'heure exquise  

     

    Paul Verlaine 

    LA  LUNE BLANCHE


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  • A ma mère

     

    Lorsque, ma sœur et moi, dans les forêts profondes,

    Nous avions déchiré nos pieds sur les cailloux,

    En nous baisant au front, tu nous appelais fous,

    Après avoir maudit nos courses vagabondes.

     

    Puis, comme un vent d'été confond les fraîches ondes

    De deux petits ruisseaux sur un lit calme et doux,

    Lorsque tu nous tenais tous deux sur tes genoux,

    Tu mêlais en riant nos chevelures blondes.

     

    Et pendant bien longtemps nous restions là, blottis,

    Heureux, et tu disais parfois : «ô chers petits, Un jour vous serez grands et moi je serai vieille ! »

     

    Les jours se sont enfuis d'un vol mystérieux, Mais toujours la jeunesse éclatante et vermeille Fleurit dans ton sourire et brille dans tes yeux.

     

    Théodore de Banville 

     


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  • QUAND J'AI PASSÉ PAR LA PRAIRIE

     

    Quand j'ai passé par la prairie,

    J'ai vu, ce soir, dans le sentier,

    Une fleur tremblante et flétrie,

    Une pâle fleur d'églantier.

    Un bourgeon vert à côté d'elle

    Se balançait sur l'arbrisseau ;

    Je vis poindre une fleur nouvelle ;

    La plus jeune était la plus belle :

    L'homme est ainsi, toujours nouveau.

     

    Alfred de Musset

     


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  • LA BICHE

    La biche brame au clair de lune

    Et pleure à se fondre les yeux :

    Son petit faon délicieux

    A disparu dans la nuit brune.

    Pour raconter son infortune

    À la forêt de ses aïeux,

    La biche brame au clair de lune

    Et pleure à se fondre les yeux.

    Mais aucune réponse, aucune,

    À ses longs appels anxieux !

    Et le cou tendu vers les cieux,

    Folle d'amour et de rancune,

    La biche brame au clair de lune.

    Maurice Rollinat

    fleur402

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  • LE LABOUREUR ET SES ENFANTS

     

    Travaillez, prenez de la peine :

    C'est le fonds qui manque le moins.

    Un riche Laboureur, sentant sa mort prochaine,

    Fit venir ses enfants, leur parla sans témoins.

    Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l'héritage

    Que nous ont laissé nos parents.

    Un trésor est caché dedans.

    Je ne sais pas l'endroit ; mais un peu de courage

    Vous le fera trouver, vous en viendrez à bout.

    Remuez votre champ dès qu'on aura fait l'Oût.

    Creusez, fouillez, bêchez ; ne laissez nulle place

    Où la main ne passe et repasse.

    Le père mort, les fils vous retournent le champ

    Deçà, delà, partout ; si bien qu'au bout de l'an

    II en rapporta davantage.

    D'argent, point de caché.

    Mais le père fut sage

    De leur montrer avant sa mort

    Que le travail est un trésor.

     

    Jean de La Fontaine 

    LE LABOUREUR ET SES ENFANTS


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