• LA SOURCE DES LARMES

    EXTRAIT DU LIVRE « LA SOURCE DES LARMES » DE JEAN VANIER

     

    Où se trouve la source des larmes ? D'où viennent ces eaux qui affleurent soudain à la surface de nous-mêmes et que nous ne pouvons pas retenir ? Eau brûlante de la douleur, eau amère du remords, eau douce de la compassion, eau apaisante du repentir et de la consolation, eau pétillante de la joie... les larmes jaillissent quand quelque chose en nous est touché très profondément. Quand nous sommes ébranlés par la souffrance bien sûr, brisés par elle, mais aussi quand nous sommes bouleversés par la douleur d'un autre, émus par sa faiblesse, saisis par sa détresse ou quand nous sommes éblouis par les retrouvailles, par l'amour reçu, par le pardon donné. Quand nos cœurs de pierre se fissurent, il en coule de l'eau, comme du rocher de Mériba a coulé de l'eau dans le désert (Ex 17, 6). D'où naissent les larmes, sinon du plus profond du secret de notre être ?

     

     

    « Si nous sommes violents, c’est parce qu’avant tout nous sommes vulnérables. La violence est la réponse de notre cœur blessé à l’incompréhension, au rejet, au manque d’amour. Dés que nous sommes mal aimés, rejetés, la blessure s’ouvre, nous fait mal et nous déployons alors tout notre système de défense. »

     

     

    « La source des larmes et de la violence n’est pas toujours l’orgueil ou l’avidité ou la peur de manquer. Mais quelque chose de plus profond : une façon de se défendre contre l’intolérable, de se protéger de sa propre vulnérabilité, de sa peur de souffrir. »

     

    « La pauvreté, ce n'est pas seulement la pauvreté matérielle, c'est être dépouillé, être impuissant, se sentir démuni.

     

    Une mère qui vient de perdre son enfant est une pauvre, une femme abandonnée par son mari est une pauvre, un homme qui perd son travail est un pauvre, celui qui apprend qu'il a un cancer est un pauvre, celui qui vieillit et s'affaiblit est un pauvre; chacun de nous,

     

    Quand il se sent désarmé, faible, incapable et qu'il l'admet, est un pauvre

     

    Le drame est que nous refusions d'admettre notre pauvreté, de peur d'être rejetés. On nous a appris qu'il fallait être le meilleur, le plus fort, le plus solide, celui qui gagne, car les pauvres, les faibles, les fragiles, les mal aimés, les  démunis sont méprisés; la société les met de côté. Alors, nous trichons aussi longtemps que nous le pouvons. Nous prétendons être forts et capables, et nous vivons d'apparence. »

     

     

    « Il y a beaucoup d'hommes qui ne savent pas ce que c'est qu'être père. Ils croient qu'il suffit d'assurer la vie matérielle de leurs enfants et de les diriger dans le chemin qu'ils jugent bon. Non être père, c'est bien plus que cela. C’est d'abord aimer ses enfants, les  écouter, être attentif à ce qu'ils sont, respecter leur croissance et les aider à grandir en les protégeant, mais aussi en leur faisant confiance ; et en les laissant trouver leur propre espace. C’est une vocation spéciale que d'être père ou mère. »

     

    « Dieu nous aime, tels que nous sommes, pas tels que nous aurions aimé  être, pas tels que la société ou nos parents auraient souhaité que nous soyons, mais tels que nous sommes aujourd’hui, avec nos fragilités, nos blessures, nos peurs, nos qualités et nos défauts. Tels que nous sommes aujourd’hui, nous sommes aimés de Dieu »

     

    « Ce qui fait obstacle à la foi, c’est la désunion. La désunion entre les personnes, entre les peuples, entre les Églises, entre les chrétiens, empêche le monde de croire. »

     

    « Le grand danger pour chacun de nous est de vivre dans l’illusion par rapport à soi-même. On est souvent assez clair pour juger les autres, mais pour soi-même on a beaucoup de mal, on se croit merveilleux ou abominable, on s’exalte ou on se dénigre, mais on a le plus grand mal à se voir tel qu’on est. »

     

    « Une seule chose est importante : que nous soyons vrai, que nous échappions aux mensonges, aux illusions, aux faux-semblants et même aux rêves et aux théories qui nous enferment dans un monde illusoire où nous sommes coupés de notre réalité profonde.

     

    Dans la mesure où nous acceptons nos blessures, nous entrons dans le chemin de l’unité ; dans la mesure où nous refusons de regarder notre vérité, nous maintenons une cassure à l’intérieur de nous-mêmes.

     

    Dès que nous acceptons cette partie de nous-mêmes que nous refusions de regarder que nous refusions de reconnaître, que nous refusions d’admettre l’unité commence à se faire à l’intérieur de notre être. Et c’est de l’unité que jaillit la fécondité. »

     

    « C’est important de pouvoir dire à quelqu’un qui écoute en vérité, avec tendresse et compréhension, tout ce qui nous a blessé, tout ce qu’on a fait, mal fait ou refuser de faire, tout ce que l’on regrette et qui peu à peu nous remplit le cœur jusqu’à l’empêcher de battre avec espérance. »

     

    « La maturité, c'est l'accueil plénier du réel, l'acceptation du présent.

     

    C'est rendre grâce pour ce que l'on a et ne plus pleurer pour ce qu'on n'a pas. C'est très rare d'arriver à cela, d'arriver à ne plus vivre dans l'idéalisme qui refuse de voir les choses et les êtres comme ils sont,

     

    mais de s'accepter et d'accepter les autres, tels qu'ils sont, en voyant la lumière qui est en eux et en ayant la certitude que nous pouvons tous grandir.

     

    Nous sommes tous plus ou moins en lutte avec le réel, qu’avec ce que nous vivons ou ce que nous avons vécu, avec nous-mêmes ou avec les autres.

     

    Nous nous épuisons dans la colère parce que nous ne voulons pas      accepter la réalité telle qu'elle est. Alors, nous vivons dans le passé ou nous nous projetons dans l'avenir, mais nous ne vivons pas réellement dans le présent. »

     

     

    « Vous savez, nous sommes des êtres de communion et quand la communion n'est pas possible, nous nous fermons sur nous-mêmes,  devenant  incapables de communiquer, d'agir, d'entrer dans cette circulation vitale du monde et des êtres ; c'est comme si nous n'étions plus irrigués. L'enfant qui est abandonné, laissé à lui-même à sa naissance, s'enferme dans un monde de tristesse et de dépression et devient incapable de réagir. »

     

    « Quand l’autre n’est pas comme nous, nous voudrions qu’il soit, nous nous angoissons très vite, nous nous mettons en colère, et nous entrons dans un type de relation où se mêle la dépression et l’agression, même si nous savons les cacher sous un masque de politesse.

     

    Il y a des silences pleins de tendresses et des silences pleins de haine. On peut être très déprimé et ne pas cesser de sourire. On dit souvent que les clowns qui font rire tout le monde sont, à l’intérieur d’eux-mêmes, pleins d’une grande tristesse. »

     

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