• Jésus, l’homme qui évangélisa Dieu

    Extrait de « Jésus, l’homme qui évangélisa Dieu » 

    De René Luneau 

     

    Résumé : Est-il un homme au monde sur lequel on ait autant, écrit ? Peut-on encore découvrir du neuf dans les quatre Évangiles ? Si, pour la foi chrétienne, le mystère de Jésus Christ ne se révèle que dans sa mort et sa résurrection, les détails de sa vie « d'avant » sont-ils simplement anecdotiques ? René Luneau pense l'inverse. Il a voulu retrouver les paroles et les gestes de tous les jours, humains, simplement humains, de l'homme qui « évangélisa » Dieu, qui Lui donna définitivement un autre visage. La Résurrection n'a pas gommé les traits singuliers de celui qui aujourd'hui encore déconcerte et fascine. Jésus évoque et montre Dieu comme jamais auparavant et nous le restitue, libéré des ambitions et des peurs. Un « Dieu inattendu » - pour notre étonnement, notre joie et notre libération. 

     

    « Certes, les évangiles ont été écrits à des dates, en des lieux différents, et ils témoignent d'approches diverses de l'unique mystère de Jésus-Christ. Mais tous ont à cœur de rapporter « les vivantes paroles d'un maître qui continue de s'adresser aux siens ». Et aucun d'entre eux, pas même celui de Jean, ne méconnaît la vérité de ce visage d'homme, révélé dans la singularité de ses paroles et de ses gestes.  

    Or tenter de reconnaître l'humanité profonde de ce visage, c'est, dans le même temps, entrer, si peu que ce soit, dans l'intelligence même du mystère de Dieu intervenant dans notre histoire. On peut certes et à juste titre, célébrer les mérites d'une théologie « négative » qui sait que Dieu se tient toujours très au-delà de ce que nous pouvons en dire. Il n'en demeure pas moins que le cœur de la foi chrétienne atteste que « le Verbe s'est fait chair » et que Jésus est, à un titre incomparable, celui en qui Dieu se fait reconnaître (2 Co 4, 4; Col 1, 19). Les premières communautés chrétiennes savent cela. » 

     

    « Difficile d’imaginer ou de prévoir l’insolite, l’inattendu de la vocation d’un homme apparemment ordinaire et que la grâce de Dieu va porter là où nul ne l’attendait. » 

     

    « Tout au long de sa vie, Il aura su accueillir et goûter les joies de l’amitié. Cette disposition naturelle de Jésus à l’amitié se révèle en maintes endroits de l’évangile. » 

    « A l’évidence, Jésus est un homme de prière parce qu’il est un homme de foi. La foi est sa vie même. Lorsqu’il lui arrive de la rencontrer là où il ne l’attendait pas, il s’émerveille et se rend à la requête de celui ou de celle qui le sollicite, même s’il s’agit d’un centurion romain ou d’une femme cananéenne. 

     

    « Je n’ai pu trouver aucune preuve déterminante montrant que Jésus a jamais appelé son auditoire à s’incliner devant une autorité quelconque, la sienne ou celle d’un autre. Il affirme mais il ne contraint pas, il interroge, il invite, mais la décision dernière ne lui appartient pas et il laisse s’éloigner celui qui ne veut pas répondre à son invitation. » 

     

    « Sa personnalité est telle que l’on est bouleversé, sous le charme, et que l’on court après lui, qu’on veut le rencontrer ou tout simplement l’apercevoir, fût-ce en grimpant sur un sycomore (Lc 19, 4) que l’on est suspendu à ses lèvres, fasciné comme le sont ces gardes du Temple qui doivent l’arrêter et qui ne le font pas parce qu’à les entendre, « jamais homme n’a parlé comme cet homme » (Jn 7, 46) 

    Ils sont nombreux à éprouver le sentiment qu’une force émane de lui. (Lc 5,17) 

     

    « Jésus a été éprouvé en tous points à notre ressemblance mais sans pécher (He4, 15). L’humanité de Jésus dans sa vérité, va peut être encore au-delà de ce que nous osons en dire. Et cette timidité, cette peur indissociable de notre propre insécurité à l’égard de ce que nous portons en nous, nous font méconnaître la profondeur de l’Incarnation, comme, si, en Jésus nous hésitions à rejoindre Dieu là où son audace l’a fait vouloir nous rencontrer. » 

     

    « Jésus s’est toujours tenu à l’écart de ces mouvements de résistance qui envisageaient de restaurer la souveraineté de la nation juive en recourant à la violence : pour lui « tous ceux qui prennent l’épée périront par l’épée » (Mt 5,9) 

    Le combat qu’il mène, car s’en est un, est d’un autre ordre et nul n’est obligé de se joindre à lui. Il propose, il invite, il appelle mais jamais il ne contraint son auditeur à marcher sur un chemin qu’il n’aurait pas choisi. A chacun il est dit :  

    « si tu veux …. (Mt 19,21). 

     

    « Sion disait : « Yahvé m’a abandonnée,

    Le Seigneur m’a oubliée. »

    Une femme oublie-t-elle l’enfant qu’elle nourrit,

    Cesse-t-elle de chérir le fils de ses entrailles ?   

    Même s’il s’en trouvait une pour l’oublier, 

    Moi je ne t’oublierai jamais ! 

    Vois donc 

    Je t’ai gravé sur les paumes des mes mains. » 

    (Is 49, 14-16) 

      

    « L’engagement au service de l’homme est indissociable du service de Dieu. »(Georges Wierusz Kowalski) 

      

    « Quand il introduit un propos par la formule : « Amen, je vous le dis », Jésus revendique Dieu pour auteur de sa propre parole. Son amen garantit la vérité de sa parole comme vérité de Dieu. « Il ne s’agit donc pas pour lui de se recommander de l’autorité de tel ou tel maître, de conforter son jugement en faisant appel à une autorité incontestée à laquelle nul n’a jamais dérogé. C’est Dieu et nul autre qui fonde sa parole et qui fait de lui l’origine et la source d’un monde en son recommencement. » 

      

    « Parce qu’il est Père, Dieu donne la vie, il appelle à la vie, lui qui « fait lever son soleil sur les bons et les méchants, tomber la pluie sur les justes et les injustes. » (Mt 5, 45) Tous sont des Fils » 

      

    « Il est vrai que, pour Jésus, rien ne traduit mieux la paternité de Dieu pour les hommes que ce mot de miséricorde. » 

    « Dieu ne compte pas : il est, pour jésus et ceux qui écoutent sa parole, le Dieu de la grâce. » 

     

    « Certes, il est utile et même nécessaire  de se référer à une loi, mais il serait désastreux de n’en retenir que la lettre et d’en oublier l’esprit. Il est bon qu’il y ait des temples, des ministres pour les desservir, mais il est indispensable d’aller  

    au-delà si l’on veut pressentir quelque chose du mystère de Dieu. » 

     

    L’évangile au cœur de la vie quotidienne : il n’est pas toute la vie, mais mêlés à elle comme le ferment l’est à la pâte, il peut la transformer du dedans et la renouveler. 

    L’évangile de Jésus est vie et ferment, il est aussi lumière et sel. Il donne à voir, il fait goûter, il révèle, il transforme. Grâce à lui, l’œil ne voit plus les mêmes choses, l’oreille s’éveille à une autre écoute. On ne comprend plus de la même manière ce que l’on croyait si bien connaître et l’étranger que l’on croisait la veille sans y prêter la moindre attention a aujourd’hui le visage du frère. Avec lui, le disciple de Jésus acquiert une sorte de « sixième sens » qu’on ne soupçonnait pas jusqu’alors et qui renouvelle tous les autres.  

    Mais quoi qu’il en soit des images puisées dans les évangiles notamment la parole de Jésus serait-elle vie, ferment, lumière et sel s’il n’était en lui-même non seulement le Révélateur du mystère de Dieu mais sa Révélation même ? La foi chrétienne tient que Dieu se donne à voir en Jésus-Christ qui est l’Image de Dieu et, si l’ose dire, le prisme privilégié et irremplaçable au travers duquel l’infinie richesse de la lumière de Dieu nous est révélée. 

     

    « Jésus est la vérité, c’est d’abord parce qu’il est le chemin. C’est en cheminant avec lui qu’on entre peu à peu dans la vérité qu’il promet. » 

     

     

    « Tout ce que nous sommes en droit d'attendre de Dieu et de demander dans nos prières se trouve en Jésus-Christ. Le Dieu de Jésus-Christ n'a rien à faire avec tout ce que devrait ou pourrait accomplir un dieu tel que nous l'imaginons. Il nous faut essayer de nous introduire toujours plus intimement et très calmement dans la vie, les paroles, les actes, les souffrances et la mort de Jésus pour reconnaître ce que Dieu promet et ce qu'il réalise. Il est certain que nous pouvons vivre dans la présence de Dieu et que cette vie est toute nouvelle pour nous, que rien ne nous est impossible parce que rien n'est impossible à Dieu, qu'aucune puissance terrestre ne peut nous toucher sans la volonté de Dieu et que danger et misère ne peuvent que nous rapprocher de lui ; il est certain que nous n'avons rien à revendiquer mais que nous pouvons tout demander en priant ; il est certain que dans la souffrance se cache notre joie, dans la mort notre vie ; il est certain qu'en tout cela nous faisons partie d'une communauté qui nous soutient. En Christ, Dieu a dit oui et amen à tout cela. Ce oui et cet amen sont le fondement sur lequel nous nous reposons. 

    Dans cette époque mouvementée, nous perdons de vue à chaque instant la raison pour laquelle il vaut la peine de vivre. Nous croyons que c’est l’existence de tel ou tel homme qui donne un sens à notre vie. Mais la réalité est celle-ci :  

    « Si la terre à été jugée digne de porter l’homme Jésus-Christ, si un homme comme Jésus a vécu, alors il vaut la peine que nous vivions, nous, les autres hommes. Si Jésus n’avait pas vécu, alors notre vie n’aurait pas de sens, malgré tous les hommes que nous connaissons, vénérons et aimons. »  

    (Pasteur Diettrich Bonhoeffer) 

     

     


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