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L'Espoir
L'Espoir, ça vient d'on ne sait où
Ça vient plus loin que nous
L'Espoir, ça vous colle à la peau
Ça vous enracine au ciel
Ca vous enlace les bras et les mains.
L'Espoir, ça vous étouffe à en crier
À en vivre sans fin.
Fragile, si fragile comme la fleur des blés.
Il ensemence nos chemins
Il nourrit nos après-demain
Et fait éclater nos rires plus loin que la terre.
Écrit en rouge sur les murs de nos prisons,
Il se nomme LIBERTÉ.
Écrit en noir sur les portes des princes
Il se nomme JUSTICE.
Écrit en bleu sur les murs de nos villes
Il se nomme HORIZON.
Écrit en blanc sur les robes des filles
Il se nomme PRINTEMPS.
Écrit en rose sur les fleurs de nos mains
Il se nomme FRATERNITÉ.
Écrit en transparence dans les yeux des enfants
Il se nomme VIVRE.
Écrit en arc-en-ciel sur le soleil couchant,
Il se nomme PAIX.
Extrait de « Pierre vivantes »
Martinique aout 2017
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POUR FAIRE VENIR LE MESSIE DE DIEU
Une poésie inspirée par Jacques Prévert
Pour faire venir le Messie, trouver quelque part un recoin oublié.
Une grotte où se réfugient les bêtes sauvages fera l'affaire.
L'important, c'est que ce lieu soit vide et disponible,
sans cloison et sans porte.
Donc pas une maison, pas un hôtel, pas un temple, pas une église.
On y fait bien trop de bruit.
Si vous trouvez quelque chose
dans une banlieue de ville où se retrouvent les plus pauvres,
sur une frontière où s'entassent
les pourchassés de la guerre et de la misère,
dans une périphérie où l'on abandonne les déchets de la terre,
ce serait bien.
Bethléem ? Pourquoi pas, c'est une bonne idée !
Quand vous avez enfin trouvé cet endroit rare
déposez délicatement, pour le Messie, comme un nid de paille,
joli et simple,
une mangeoire, peut-être encore chaude du souffle des animaux.
Et allez vous cacher.
Veillez et attendez. Priez et espérez.
Il peut venir très vite ou attendre des années avant de se décider.
Attendez.
Ne vous découragez pas.
La vitesse ou la lenteur de l'arrivée du Messie n'a aucun rapport
avec la réussite de l'affaire.
Quand le Messie arrive, s'il arrive, ne dites rien, faites silence et priez.
Puis doucement,
vous inventez autour de lui un grand espace de lumière,
de sourires d'anges, de musiques célestes.
Convoquez l'univers jusqu'à la dernière poussière d'étoile.
Rassemblez tous les animaux, ceux qui courent, ceux qui volent, ceux qui nagent. Appelez tous les hommes, les pauvres et les riches,
les amis et les ennemis, les noirs et les blancs
et regardez.
Attendre encore et toujours espérer.
Attendre que l'enfant ouvre les yeux.
Attendre qu'il apprenne à parler.
Attendre que l'univers entier soit là rassemblé.
Si le silence règne, si les bavardages s'arrêtent, si les armes se taisent…
Si les regards se croisent, si les yeux se mouillent,
si les visages s'éclairent
C'est bon signe.
Signe que vous pouvez chanter, signe que le projet est achevé,
signe que vous pouvez aimer, signe que le Messie est arrivé.
Alors, vous prenez la main de tous ceux qui vous entourent
Et à l'heure de minuit, dans un chœur aux multiples voix
Vous laissez monter le chant qui se lève pour l'éternité.
Gloire à Dieu !
Paix aux hommes !
Dieu sait ce que c'est que souffrir !
L'homme sait ce que c'est qu'aimer !
Mgr Jacques NOYER
Évêque émérite d'Amiens
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