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Correspondances
La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L’homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l’observent avec des regards familiers.
Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.
Il est des parfums frais comme des chairs d’enfants,
Doux comme des hautbois, verts comme des prairies,
Et d’autres, corrompus, riches et triomphants,
Ayant l’expansion des choses infinies,
Comme l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens,
Qui chantent les transports de l’esprit et des sens.
J’ai pétri de la boue et j’en ai fait de l’or.
Baudelaire
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Les grenouilles
Par brusques détentes, elles exercent leurs ressorts.
Elles se posent, presse-papier de bronze,
sur les larges feuilles du nénuphar.
L’une se gorge d’air. On mettrait un sou,
par sa bouche, dans la tirelire de son ventre.
Elles montent, comme des soupirs, de la vase.
Assises en tailleur, stupéfiées,
elles baillent au soleil couchant.
Puis comme des camelots assourdissants des rues,
elles crient les dernières nouvelles du jour.
Il y aura réception chez elles ce soir ;
Les entendez-vous rincer leurs verres ?
Parfois, elles happent un insecte.
Et d’autre ne s’occupent que d’amour.
Et toutes, elles tentent le pécheur à la ligne.
Jules Renard « Le sourire de Jules
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Le givre
Mon Dieu ! Comme ils sont beaux
Les tremblants animaux
Que le givre a fait naître
La nuit sur ma fenêtre
Ils broutent des fougères
Dans un bois plein d’étoiles,
Et l’on voit la lumière
A travers leurs corps pâles.
Il y a un chevreuil
Qui me connaît déjà ;
Il soulève pour moi
Son front d’entre les feuilles.
Et quand il me regarde,
Ses grands yeux si doux
Que je sens mon cœur battre
Et trembler mes genoux.
Laissez moi, ô décembre !
Ce chevreuil merveilleux.
Je resterai sans feu
Dans ma petite chambre.
Maurice Carême
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« Oser m’exprimer en laissant chez l’autre la responsabilité de ce qu’il entend, et donc de ce qu’il fait et fera avec ce que je lui dis. »
« C’est celui qui reçoit le message qui lui donne un sens, avec lequel il peut soit s’épanouir et croître, soit s’inhiber ou se blesser. »
« Chaque fois que je parle, j’offre une parole qui vient de moi. Si elle contient un message qui convient à l’autre, qui le dynamise ou qui le vivifie, il lui appartient et à lui seul de la recevoir ou de le laisse se perdre en lui et moi. Si ma parole contient un message qui le heurte, le blesse ou qui n’est pas bon pour lui, il est de sa responsabilité de me le restituer. Si par faiblesse, par pseudo respect ou aveuglement, il le garde en lui, c’est un poison qu’il s’injecte à lui-même. »
« Ce n’est pas être faible ou fragile que d’oser montrer sa vulnérabilité ou sa sensibilité par rapport à un évènement, une situation donnée. C’est accepter en soi ce mouvement non violent du laisser-aller, du lâcher prise, pour rester au plus près de ses émotions ou de son ressenti. »
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Recette
Prenez un toit de vieilles tuiles
un peu avant midi.
Placez tout à côté un tilleul
déjà grand
remué par le vent.
Mettez au-dessus d'eux
un ciel de bleu, lavé
par des nuages blancs.
Laissez-les faire.
Regardez-les.
Eugène Guillevic
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