• « Si faible que soit ton cri, crie-le »

     

    POÈMES EXTRAITS DU LIVRE DE RENÉ LELIÈVRE 

    « Si faible que soit ton cri, crie-le » 

      

    « La poésie est faite pour être partagée et cela par le plus grand nombre. La poésie est quotidienne et se trouve dans chaque événement journalier que le matin soit noir, le soir bleu ou le midi plein de questions... Le fil rouge de ces poèmes est la vie. Une vie de luttes qui épuisent, redonnent force, traduisent la volonté toujours tendue vers « l'être ensemble ». Chacun des poèmes qui sont proposés est né à partir d'événements dont j'ai été acteur ou témoin. Surgis d'une rencontre, d'une écoute, d'une parole, de gestes, ils sont l'expression de ce que j'ai ressenti au plus profond de moi, le fruit de coups de cœur tristes ou joyeux en vivant avec les femmes, les hommes, les enfants ou en les regardant, dans leur actualité, vivre de tragiques ou heureux épisodes. » 

      

    SI FAIBLE QUE SOIT TON CRI 

    Si faible que soit ton cri 

    Crie-le ! 

    C'est en entendant le chien hurler 

    Qu'on sait qu'il est arrivé quelque chose 

    Jette ton cri 

    Quelqu'un le ramassera 

    Pour le relancer 

    C'est en criant 

    Qu'on forme un peuple 

    Un peuple formé d'hommes 

    Qui étouffaient leur cri 

    Parce qu'ils ne savaient pas 

    Ils ne savaient pas que leur cri 

    C'était le cri d'un peuple 

     

    Si faible que soit ton espoir 

    Espère-le! 

    C'est en voyant l'oiseau se lancer 

    Qu'on devine quel était son espoir 

    Jette ton espoir 

    Quelqu'un le ramassera 

    Pour le relancer 

    C'est en espérant 

    Qu'on forme un peuple 

    Un peuple formé d'hommes 

    Qui cachaient leur espoir 

    Parce qu'ils ne savaient pas 

    Ils ne savaient pas que leur espoir 

    C'était l'espoir d'un peuple 

     

    « Si faible que soit ton cri, crie-le »

     

    UN PEU DE SILENCE 

     

    S'il suffisait d'une minute de silence Pour que la paix revienne Là où la guerre avance 

    * * * 

    II faudrait des heures et des jours Sans parole, sans bruit, sans tambour, Tant les lieux et les risques nous entourent 

    * * * 

    Si les hommes ne font pas silence La terre finira sa tragique danse Dans une éternité de silence 

    * * * 

    « Si faible que soit ton cri, crie-le »

    MIRABELLE CREE 

    Elle touche l'argile 

    De ses doigts agiles 

    Et la forme informe 

    Prend forme 

    La terre rouge   

    Entre ses doigts bouge 

    C'est la création. 

    La révélation 

    Entre le créateur qui offre 

    Et la créature qui s'offre 

    Le créateur qui pétrit 

    La créature qui prend vie 

    Comme de deux pierres frottées jaillit le feu 

    De ses mains naissent peu à peu 

    Des lignes et des angles fragiles 

    Elles se font, se défont dociles 

    À la manière des vagues de la mer 

    Ou de la mouette virevoltant à la recherche de la terre 

    Pour enfin se poser 

    Et ne plus bouger 

    Elle frappe, caresse la matière 

    L'écrase, la rend fière 

    La force, la laisse faire 

    L'emprisonne, la libère 

    Bientôt les mains s'ouvrent et dévoilent 

    La beauté, la pureté 

    De lignes caressantes ou révoltées 

    Aimantes ou angoissées 

    Joyeuses ou désespérées. 

     

    « Si faible que soit ton cri, crie-le »

    SUPPLIQUE AUX FEMMES 

     

    Sans vous, femmes, 

    Jeunes filles ou belles dames,     

    Que la vie serait triste 

    Si vous n'étiez pas sur la piste ! 

     

    Les mots froids sortis de la bouche Tomberaient comme des mouches. Quand vous les dites, c'est la douceur Qui nous emplit de sa chaleur. 

     

    Les gestes lourds ébauchés par les hommes Seraient rudes comme une pluie de pommes. Quand vous les faites, c'est un envol d’'oiseaux sortis de leurs geôles ! 

     

    Les pas éléphantesques que nous posons Abîmeraient la terre de leurs sillons.   • Avec vous, ce sont des danses dessinées au pinceau Évoquant la légèreté d'une nuée d'oiseaux! 

     

    Les guerres sans fin que nous inventons Détruiraient la vie pour un oui, pour un non. Vos yeux emplis de douleur et de tristesse Reconstruisent un monde qui se redresse ! 

     

    L'amour épuisé par les coups répétés Mourrait à force d'être rejeté. Votre infinie tendresse le fait renaître, L'empêche de disparaître. 

     

    Puissiez-vous ne jamais abandonner 

    Par fatigue de l’impuissante randonnée ! 

    Ne partez pas ! Restez ! 

    Votre présence nous donne la force de la beauté ! 

     

    Jeunes filles ou belles dames, 

    Que la vie serait triste 

    Si vous n'étiez Sans vous, femmes, 

    Pas sur la piste ! 

     

    « Si faible que soit ton cri, crie-le »

    HANDICAPÉS DE TOUS LES PAYS, UNISSEZ-VOUS! 

    Larmes de souffrance 

    Larmes de solitude 

    Quand le silence 

    Devient habitude 

    C'est le même cri depuis des milliers d'années 

    « Pourquoi m'as-tu abandonné? » 

     

    Souffrance et solitude Souffrance de la solitude, Solitude de la souffrance     

     

    Y'en amarre Toujours se battre France et Zaïre Palestine et Tchétchénie Même combat 

     

    Handicapés de tous les pays unissez-vous ! 

    Malades, estropiés 

    Réfugiés, immigrés 

    Enfants-ouvriers 

    Ouvriers exploités 

    Prisonniers pour des idées 

    Par ceux qui sont prisonniers de leurs idées 

    Affamés de pain 

    De justice, de liberté 

    Exclus du boulot 

    De pays, de cours de récré 

    Révoltez-vous ! 

    Reprenez votre place ! 

     

    « Si faible que soit ton cri, crie-le »

    PETIT NUAGE 

     

    Le ciel a pour tout bagage  

    Un joli petit nuage 

    Moutonneux et blanc, 

    Léger et riant. 

     

    Point perdu dans l'immensité bleu 

    Comme sur une table de jeu. 

    Il prend la forme qu'il veut 

    Tels, entre les doigts habiles du marin, les nœuds. 

     

    Je voudrais être ce petit nuage 

    De tous les âges. 

    Plume légère me baladant au gré du vent, 

    M'amuser avec les étoiles par-derrière, par-devant. 

     

    Libre de courir,  

    De me reposer, de rire.  

    Être ce petit nuage  

    Jamais bien sage. 

    Petit nuage toujours heureux,  

    Note blanche sur une portée bleue.  

    Enfant du ciel,  

    Archet de la grande vielle. 

     

    Transformé en cerf-volant,  

    II virevolte en filant, 

    Montant, descendant, dansant,  

    Avec des signes d'amitié en passant. 

     Ah ! Que je voudrais être ce petit nuage  

    Alors que je suis écrasé sur une plage  

    Par le soleil implacable  

    Qui me rend incapable De bouger ! 

     

     

    « Si faible que soit ton cri, crie-le »

    LA TORTUE ET SA MAISON 

      

    Un jour qu'il faisait gris 

    Une tortue se torturait l'esprit. 

    « J'ai une maison, me murmura-t-elle, 

    Bien arrondie et bien belle 

    Mais si petite, si fragile... 

    J'ai beau être agile 

    Chaque soir quand je m'allonge 

    Que je m'apprête à rentrer dans mes songes 

    J'ai les pieds dans les étoiles 

    La tête dans la lune et son voile ! 

     

    J'ai un copain racontait la tortue 

    II a un mignon petit chapeau pointu 

    Je l'ai invité dans ma maison 

    II est resté sur le paillasson. 

    À deux sous mon toit c'est pas possible, une fois ! 

    Il est reparti lentement 

    II ne pouvait faire autrement. » 

    Quittons nos maisons ! Nous nous rencontrerons. 

      

    « Si faible que soit ton cri, crie-le »

     

    IL EN FAUDRA 

     

    II en faudra des combats gagnés 

    Pour faire oublier le licenciement du délégué  

     

    Il en faudra des espérances réalisées 

    Pour oublier le désespoir du chômeur 

     

     

    II en faudra des rires d'enfants  

    Pour oublier ce regard douloureux 

     

    II en faudra des visages apaisés 

    Pour oublier l'angoisse des peuples exterminés 

     

    II en faudra des lumières vives  

    Pour oublier les voies sans issue 

     

    II en faudra des chants de fête  

    Pour oublier les cris de haine 

     

    II en faudra des pains chauds et odorants  

    Pour oublier la faim torturante 

     

    II en faudra des gestes de paix  

    Pour oublier cet instant de guerre 

     

    Il en faudra des musiques 

    Pour oublier les pas cadencés et envahissants 

     

    II en faudra des arcs-en-ciel 

    Pour oublier le racisme distillé sournoisement 

     

    II en faudra des paroles libérées 

     Pour oublier l'évêque bâillonné 

     

    II en faudra des solidarités 

    Pour oublier les individualismes 

     

     

    II en faudra des soleils 

    Pour oublier les nuits angoissantes 

     

    II en faudra des gestes d'accueil 

    Pour oublier le suicide de l'exclu 

     

    II en faudra des cris 

    Pour oublier les silences imposés 

     

    II en faudra un réveil tous ensemble 

    Pour secouer et balayer toutes les injustices 

     

    II en faudra de la justice et de la paix  

    Pour faire naître l'amour 

    II en faudra... 

    Y en aura-t-il un jour assez? 

     

     

    Voilà, il y a bien d’autres poèmes très beaux dans ce livre, j’ai choisis ceux qui m’ont touchés le plus, mais en faite j’aurais pu mettre le livre en entier !! Je vous laisse le plaisir de le lire ce livre, ou d’aller retrouver ces beaux poèmes sur le site de René Lelièvre : http://pagesperso-orange.fr/ren.lelievre_airel 

     

     

     

     


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