• Poemes de maurice carême: Il arrivait parfosis....

    Il arrivait parfois ….

     

    Il arrivait parfois que ma mère,

    Après avoir coupé le pain

    Et mis sur la table les verres

    Sa cachât les yeux dans les mains.

     

    D’abord, nous ne remarquions rien,

    Mais brusquement, entre les doigts,

    Une larme coulait à terre,

    Et nous nous regardions, pantois.

     

    Personne n’osait parler.

    Et, surprise par le silence

    Que semblait répandre la lampe,

    Ma mère, comme réveillée

     

    D’un étrange songe intérieur,

    Baissait les mains et, souriant

    De nous voir émus, balbutiait :

    « Oh ! Ce n’est rien », sans que jamais

    Nous n’ayons su si c’était vrai.

     

    Maurice Carême 

    DSCN0174

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