• Petit traité de spiritualité au quotidien

    Extrait du livre d’Anselm Grün

    « Petit traité de spiritualité au quotidien »

     

    « C’est seulement si je suis réconcilié avec moi-même que je peux penser à la réconciliation avec ceux qui m’entourent et sont en conflit avec moi et avec d’autres encore. Ceux qui restent intérieurement divisés et irréconciliés susciteront  autour d’eux aussi la division. »

     

    « On n’est pas obligé de se demander ce que les autres vont en penser, si ce que l’on fait correspond encore à la coutume, si l’on est satisfait aux attentes d’autrui. On a le droit de faire abstraction de ces attentes qui viennent du dehors ; de faire confiance à son cœur, à son humeur. La vie peut s’extérioriser. Or la vie  ce n’est pas toujours seulement la modération. C’est aussi  le débordement de l’excès, la spontanéité de l’enfance. »

     

    « La sincérité, c’est la vertu que nous reconnaissons à l’être droit, en harmonie avec lui-même. Il vit en accord avec lui-même dans son authenticité ; il dit ce qu’il pense, il agit selon son cœur. Avec un tel être, on sait toujours où l’on en est. Il ne cache pas ni ses pensées, ni ses sentiments. Il n’a pas peur d’’être connu tel qu’il est, parce qu’il assume tout ce qu’il y a en lui. Il ne cache rien parce qu’il n’a rien à cacher, parce que tout en lui a le droit d’être.

     

    Bien des gens aujourd’hui quittent la voie de leur vérité ; ils ont peur d’affronter la réalité de leur cœur. Quand il leur arrive d’être seul en face d’eux-mêmes, ils sont carrément saisis de panique : il se pourrait que surgisse alors en eux quelque chose de désagréable. Il leur faut être sans cesse occupés, toujours sous pression, tout simplement pour éviter de rencontrer leur vérité. Ce qui peut leur arriver de pire, c’est un instant où il ne se passe rien, et où cette vérité pourrait se faire jour. A celui qui élude sa propre vérité, il faut beaucoup d’énergie pour la cacher aux autres. Il ne cesse de se poser des questions sur ce que les autres peuvent bien penser de lui.

     

    Un être sincère, authentique, nous oblige à affronter la vérité de notre cœur. Auprès de lui, nous ne pouvons pas nous dissimuler. Mais aussi bien n’avons-nous plus besoin de le faire ; nous trouvons le courage de montrer notre vérité telle qu’elle est.

     

    Qui reconnaît sa propre vérité cesse de chercher chez autrui les fautes qui sont les siennes.

     

    Le pardon vient toujours après la colère, et non pas avant elle. Pour pouvoir pardonner, il faut d’abord laisser parler la souffrance que l’autre nous a causée ; mais il ne faut pas fouiller la blessure, sous peine de se faire à soi-même du mal. C’est pourquoi la prise de conscience des la souffrance s’accompagne nécessairement d’une grande colère. La colère. La colère c’est la force de prendre du recul en face de celui qui nous a blessés. Elle nous permet de rejeter hors de nous-mêmes la cause de la blessure et de l’irritation. C’est seulement quand nous l’avons rejetée que nous pouvons nous dire : « Après tout, ce n’est qu’un être humain ; il n’est lui-même aussi qu’un enfant blessé. »

     

    La liberté intérieure me dit que nul ne peut disposer de mon véritable soi. Elle me fait don de l’indépendance dans l’amitié aussi. Je ne me définis pas par rapport aux autres ; je reste moi-même. Une telle liberté est nécessaire à la réussite d’une amitié, d’un mariage. Quand deux êtres sont collés l’un à l’autre, quand ils doivent s’assurer sans cesse de ce que l’autre pense, un tel confinement empêche la relation d’accéder à la maturité. Dans tout engagement, je garde un besoin de liberté ; je m’engage librement, et dans l’engagement je reste libre, il est en moi un espace dont nul ne peut disposer.Les Anges viennent à nous sous des apparences diverses. Ils prennent la forme d’un être humain qui nous accompagne sur notre route, souvent c’est l’ami(e)  qui dit un mot après lequel tout apparaît sous un jour nouveau. Parfois c’est une enfant qui nous regarde, et qui nous fait voir combien peu d’importance ont les problèmes avec lesquels nous sommes en train de nous colleter.

     

    Celui qui sait s’enthousiasmer se laisse saisir par une parole, par une rencontre, par la forêt, qu’il traverse, par la montagne qu’il gravit. Regarder un beau paysage est pour lui la source d’une émotion profonde. Il se laisse arracher à sa distance intérieure ; hors de lui, il est tout entier à ce qu’il vit dans l’instant.

     

    Ceux qui savent s’enthousiasmer sont capables d’entraîner aussi les autres. Ils sont des émetteurs de vie. Avec eux, on ne reste pas ensemble toute la soirée à se lamenter sur n’importe quoi. L’enthousiasme est un feu qui jaillit d’eux. Ils ont des idées, et ils veulent nous faire partager l’enthousiasme qu’elles leur causent. Ils savent  raconter de manière entraînante ce qu’ils ont vécu, et cela c’est une source de vie et de fraîcheur.

     

    Tes blessures, elles peuvent guérir et elles guériront. A vrai dire, la guérison ne signifie pas que tu cesseras tout à fait de les sentir, mais qu’elles cesseront de suppurer en permanence. Une cicatrice se formera sur elles. Alors elles feront partie de toi sans t’empêcher de vivre. Elles ne capteront plus toute ton énergie et même, elles entretiendront  en toi la vie, elles deviendront pour toi une source. Car là même où tu as été blessé, tu seras ouvert à ceux qui t’entourent ; tu réagiras alors avec sensibilité quand ils te parleront de leurs propres blessures, ils sauront qu'ils peuvent te montrer leur blessures, que tu les comprends, que tu ne portes pas sur elles des jugements de valeur, mais que tu les acceptes , tout simplement.   C’est là que tu seras le plus vivant ; que tu entreras en contact avec toi-même, avec ton être le plus vrai.

     

    La tendresse c’est l’art de traiter délicatement les êtres humains, la nature et même les choses. Le mot tendresse implique l’amour, et aussi la délicatesse, la fragilité. On ne peut user de tendresse envers un être que si l’on s’est pris d’amour, d’affection pour lui. Alors on ne pèse pas sur lui, on ne le prend pas par la brutalité, on ne le critique pas durement. On ne le contraint pas à livrer tous ses secrets. On l’aborde avec les égards, les précautions de la tendresse. On peut être tendre en paroles dans le rapport aux autres, dans une telle atmosphère, l’autre se sent précieux et respecté, et il découvre sa propre beauté.

     

    La vigilance, c’est une forme d’attention et de respect portés aux choses et aux actes ; c’est l’état de celui qui veille, et qui s’éveille. Celui qui prête attention à sa respiration, à la direction qu’il donne à se pas, à la manière de prendre en main sa cuillère ; qui est tout entier à ce qu’il fait dans l’instant, celui-là, il s’éveille. Le nom même de Bouddha ne signifie-t-il pas « L’Eveillé »

    La vigilance est une force spirituelle qui donne à ma vie un goût nouveau. J’ai le sentiment que je vis moi-même, au lieu d’être vécu ; et je sens que la vie est un mystère de profondeur et de joie.

     

    La vigilance dans tous les actes, voilà qui fait passer sur ma vie comme un souffle de tendresse. Je suis tout entier présent, uni à moi-même et aux choses. Mais cette vigilance, ce n’est pas un simple cadeau qui nous serait fait. Nous devons nous y entraîner jour après jour. Elle devient l’instrument de mesure  de ma spiritualité. Je peux bien prononcer toutes les paroles pieuses que je voudrai, ou faire de belles conférences sur la spiritualité : si la vigilance n’y est pas, ce ne sera jamais que vain bruit.

     

    Les êtres humbles, ce ne sont pas ceux qui s’humilient et qui se dérobent à toutes les tâches par manque de confiance. Ce ne sont pas ses bossus qui se dévalorisent eux-mêmes en adoptant par erreur une attitude de servilité. Les humbles, ce sont ceux qui ont le courage d’affronter leur propre vérité, et qui se présentent donc avec modestie. Ils savent que tous les abîmes de ce monde sont aussi leurs propres abîmes ; aussi ne condamnent-ils personne.

     

    L’être respectueux ne cherche pas à prendre possession de ce qu’il admire ; au contraire, il s’en écarte avec une sorte de timidité. Il rend à l’être humain et à la création le tribut d’étonnement et d’honneurs qui leur est dû. Il se refuse à pénétrer en importun dans le secret des êtres ; il respecte leur mystère.  Je n’emprisonne pas l’autre dans ses fautes et ses faiblesses ; je porte sur lui un regard plus profond. Le respect implique la considération. Je ne respect pas un être humain en raison de ce qu’il sait faire, mais parce que c’est un homme. Le respect s’abstient de franchir les limites que l’autre souhaite voir sauvegardées, celles de son intimité.

     

    Les êtres qui se comprennent tacitement, entre lesquels ne surgissent pas sans cesse des manières tendus, ont une relation saine ; ils vont bien ensemble, ils font cause commune, et pourtant chacun laisse à l’autre sa propre assise et sa stabilité. Ils ne sont pas obligés de se régler l’un sur l’autre ; chacun peut se permettre d’être ce qu’il est, de se manifester selon ses sentiments. Se comprendre, s’entendre, cela signifie ne pas s’utiliser l’un l’autre. La relation est saine, alors. Mais cela suppose que chacun soit capable de tenir debout tout seul. Je ne peux pas bien m’entendre avec un ami que si je me comprends moi-même, si j’ai acquis de moi-même une connaissance suffisante. Si je ne peux tenir debout qu’à condition que l’autre soit là près de moi, alors je tombe dans sa dépendance, ce qui est contraire à ma dignité.

     

    Petit traité de spiritualité au quotidien


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