• Histoire de celui qui dépensa tout et ne perdit rien.(3)

    Extraits du livre de Jacqueline KELEN

    « Histoire de celui qui dépensa tout et ne perdit rien. »

     

     

    Le plus humble travail peut être source de fierté et de gratitude. (Le vieux Serviteur).

     

    Moi, on ne me voit jamais, on ne me croit guère ou bien on rit quand j’annonce des choses à venir. Oh, ce n’est pas moi qui décide d’apporter une bonne nouvelle, de prévenir d’un danger, mais c’est avec bon cœur que je remplis scrupuleusement ma mission. Ce faisant, je porte secours aux hommes tout en obéissant au Seigneur.(L’Ange du retournement)

     

    Maintenant que je reviens vers toi, ce long séjour en des contrées étrangères ne me semble plus un échec. J’ai festoyé et joué aux dés, j’ai ri aux éclats et dépensé d’énormes sommes pour offrir aux femmes qui m’accueillaient des étoffes étincelantes, des anneaux d’or, des escarboucles. Et j’ai connu ’amour d’une belle passante, j’ai pleuré de la perdre et ne me suis pas consolé. Mais l’amour est resté. J’ai eu froid, j’ai eu faim, j’ai marché dans la boue avant de ressentir, telle une épine dans le cœur, le mal de ta demeure, de ta maison de paix qui peut- être ne m’attend pas. Oui, j’ai beaucoup perdu, j’ai rudement appris, mais ce n’est pas une défaite. Me voici dépouillé, nu, étrangement léger, je n’ai à te donner que mon grand dénuement.

    Suis-je pauvre pour autant? Le vrai pauvre, à mon sens, est celui à qui rien ne manque, qui n’attend rien d’autrui, qui est plein de lui-même, et il est bien à plaindre. Moi, avec mon âme assoif­fée de retour, je suis riche de ma belle espérance, de mon désir immense de te retrouver, d’être à nouveau ton fils très cher. Il est puéril de croire que pendant son absence les êtres et les choses que l’on a quittés restent intacts, sans bouger, comme s’ils vous attendaient, comme si le temps s’arrêtait. Oui, c’est bien ridicule. Mais, en dépit des ans et des douleurs, je le crois, je l’espère follement, là-bas ils attendent mon retour, Mère guette encore chaque jour l’horizon et Père invoque le Seigneur miséricordieux.

    ( Le Fils)

    Histoire de celui qui dépensa tout et ne perdit rien.(3)

    Colmar 31 décembre 2021

     



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