• Le Lierre et le Thym

    « Que je te plains, petite plante !

    Disait un jour le lierre au thym :

    Toujours ramper, c’est ton destin ;

    Ta tige chétive et tremblante

    Sort à peine de terre, et la mienne dans l’air,

    Unie au chêne altier que chérit Jupiter,

    S’élance avec lui dans la nue.

    -      Il est vrai, dit le thym, ta hauteur m’est connue ;

    Je ne puis sur ce point disputer avec toi ;

    Mais je me soutiens par moi-même ;

    Et, sans cet arbre, appui de ta faiblesse extrême,

    Tu ramperais plus bas que moi. »

     

    Traducteurs, éditeurs, faiseurs de commentaires,

    Qui nous parlez toujours de grec ou de latin

    Dans vos discours préliminaire,

    Retenez ce que dit le thym.

     

    (Jean Pierre Claris De Florian)

     

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  • Fable : Un  apologue est une espèce de petit drame : il a son exposition, son nœud, son dénouement. Que les acteurs en soient des animaux, des dieux, des arbres, des hommes, il faut toujours qu’ils commencent par me dire ce dont il s’agit, qu’ils m’intéressent à une situation, à un événement, soit quelque fois d’un simple mot, qui est le résultat moral de tout ce qu’on a dit ou fait.

     

    La Fable et la Vérité

     

    La Vérité, toute nue,

    Sortit un jour de son puits.

    Ses attraits par le temps étaient un peu détruits ;

    Jeunes et vieux fuyaient sa vue.

    La pauvre vérité restait là morfondue,

    Sans trouver un asile où pouvoir habiter.

    A ses yeux vient se présenter

    La Fable, richement vêtue,

    Portant plumes et diamants,

    La plupart faux, mais très brillants.

    « Eh ! Vous voilà ! Bonjour, dit-elle :

    Que faites vous ici seule sur ce chemin ? »

    La Vérité répond : Vous le voyez, je gèle ;

    Aux passants je demande en vain

    De me donner une retraite,

    Je leur fais peur à tous : hélas ! Je le vois bien,

    Vieille femme n’obtient plus rien.

    -      Vous êtes pourtant ma cadette,

    Dit la Fable, et sans vanité,

    Partout je suis fort bien reçue :

    Mais aussi, dame Vérité,

    Pourquoi nous montrer toute nue ?

    Cela n’est pas adroit : tenez, arrangeons-nous ;

    Qu’un même intérêt nos rassemble :

    Venez sous mon manteau, nous marcherons ensemble.

    Chez le sage, à cause de vous,

    Je ne serais point rebutée ;

    A cause de moi, chez les fous

    Vous ne serez point maltraitée :

    Servant, par ce moyen, chacun selon son goût,

    Grâce à votre raison, et grâce à ma folie,

    Vous serrez, ma sœur, que partout

    Nous passerons de compagnie. »

     

    (Jean Pierre Claris De Florian)     

     

    06-08-2013 - 006 - Tokyo - Shinjuku Gyoen Park

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  • La guenon, le singe et la noix

      

    Une jeune guenon cueillit

    Une noix dans sa coque verte ;

    Elle y porte la dent, fait la grimace... ah ! Certes,

    Dit-elle, ma mère mentit

    Quand elle m'assura que les noix étaient bonnes.

    Puis, croyez aux discours de ces vieilles personnes

    Qui trompent la jeunesse ! Au diable soit le fruit !

    Elle jette la noix. Un singe la ramasse,

    Vite entre deux cailloux la casse,

    L'épluche, la mange, et lui dit :

    Votre mère eut raison, ma mie :

    Les noix ont fort bon goût, mais il faut les ouvrir.

     

    Souvenez-vous que, dans la vie,

    Sans un peu de travail on n'a point de plaisir.

     

     

    (Pierre Claris de Florian)

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  • Les écrevisses

      

    La mère de l’écrevisse

    Dit un jour à sa fille :

    Pourquoi marches-tu de travers ?

    Mère répondit-elle,

    Marche donc la première,

    Et je marcherais derrière-toi.

    La mère fut bien obligée

    De reconnaître elle-même

    S’en allait sur le côté.

    Il est plus facile de donner des conseils en parlant

    Qu’en montrant l’exemple !!

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  • La corneille avisée

    Une corneille assoiffée Trouva, par hasard, une cruche Où restait un peu d'eau.

    Comment procéder, se dit-elle, pour en faire monter le niveau ? » De son bec, elle tenta de casser le col pour transformer le pot en bol, Mais elle n'y parvint pas. La corneille eut alors l'idée De jeter des petits cailloux au fond du récipient, Jusqu'à ce que ceux-ci fassent monter l'eau assez haut, Et qu'elle puisse se désaltérer.

     

    Pour chaque problème posé, II existe au moins une solution.

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  • La fourmi et la colombe

      

    Une fourmi, buvant à la fontaine, Fut sur le point de s'y noyer.

    Une colombe l'ayant vue

    Lui lança une feuille de chêne

    Pour en faire un radeau.

    L'insecte fut sauvé.

    À ce moment, un oiseleur à l'affût

    Aperçut la colombe

    Et voulut s'en saisir.

    C'était compter sans la fourmi,

    Qui l'avait vu venir.

    Elle s'approcha de lui

    Et le mordit au pied.

    Si bien que l'oiseleur,

    Tout occupé par la douleur,

    Laissa la colombe s'envoler.

     

    Il y a toujours un moyen de rendre service à son tour

    À qui vous a porté secours. 

     

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  • L’artiste et le prince

     

    Un peintre de grand talent Vivait dans un grand dénuement. Il ne possédait que ses toiles et ses pinceaux Un prince vint à passer. Il s'arrêta, regarda les œuvres de l'artiste Et lui dit :

    - Comment se fait-il qu'avec un tel talent Tu vives à l'écart et dans la pauvreté ? Viens à la cour, tu y seras très apprécié !

     - Je préfère ma vie dans mon humble demeure. À la cour, il me faudrait obéir au Seigneur, Honorer des commandes, accepter des invitations, Faire des courbettes, des concessions, Tandis que, seul dans ma masure, Je me consacre à ma peinture Et crée en toute liberté. Le prince le trouva plein de sagesse,

     

    Car vivre en accord avec sa pensée Est la plus grande des richesses.

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  • Le froid et le chaud

     

    Deux amis marchaient dans la neige.

        J’en ai assez, du froid, dit le premier, je voudrais que se soit l’été !

        Quand l’été sera là, tu te plaindras de la chaleur et tu regretteras la fraîcheur de l’hiver.

        Peut être, mais aujourd’hui je suis transi.

    Le second des deux hommes eut alors une idée. Il creusa un trou dans la neige et il fit un feu avec du bois.

    Puis il dit à son ami :

        Tu n’as qu’à te coucher contre le brasier. d’un côté, tu sentiras la morsure du froid, de l’autre, la chaleur du feu. Tu auras ainsi l’une et l’autre à la fois.

     

    Le bonheur se trouve dans le juste milieu.

     

    Fables du monde entier ( le froid et le chaud)


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  • Le singe, la girafe et le lézard

     

    Un jeune singe s'apprêtait À traverser une rivière. Une grande girafe buvait, Juste à cet endroit-là. Le singe alors lui demanda : - L'eau est-elle profonde ? - Profonde ? Pas du tout, elle m'arrive à peine aux genoux. Il hésitait encore. Par hasard, II aperçut un lézard. Il lui posa la même question. - Hélas, répondit celui-ci, si profonde est la rivière Que ma femme s'y est noyée hier. Inquiet, le petit singe alla voir sa mère, Pour lui expliquer la situation

    - Réfléchis, lui dit-elle, Le lézard est petit, la girafe est immense. Tu es entre les deux, Fais ta propre expérience.

     

    Tu découvriras que chacun Voit le monde différemment, Selon qu'il est minuscule ou géant.

    Fables du monde entier (le singe, la girafe et le lézard)


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  • dscn2204

    Un chasseur possédait Un arc idéal.

     

    Jamais sa cible il ne ratait. Visait-il un animal ? Sa flèche s'envolait droit au but et touchait La proie convoitée. Or, le chasseur restait insatisfait.

    - J'en peux encore améliorer la précision et la rapidité. Il suffît d'effiler le bois, car, plus souple il sera, plus loin il enverra Les flèches meurtrières. Il prit donc son couteau et retailla l'objet. Copeau après copeau, II le rendait plus fin, quand soudain l'arc se brisa net. L'arme dont il était si fier n’'était plus qu'un brin de bois sec.

     

    À vouloir trop bien faire On ne fait rien de bien !

     

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