• Extraits de livres lus (La Montagne dans l'Océan)

    Extrait de « La montagne dans l’océan »

    De Jean Yves Leloup.

    (Méditation et compassion dans le bouddhisme et le christianisme.)

     

    « Dans le christianisme comme dans le bouddhisme ou le soufisme, le but de la méditation est de parvenir à la pureté du cœur et de l’esprit qui font de tout homme le réceptacle ou le miroir sans tache de la pure lumière. L’accueil de cette lumière, rayonnement et présence de l’Être incréé, introduit l’homme dans un état de paix ne dépendant pas des circonstances (santé, humeurs, environnement, etc. c'est-à-dire un de paix non psychique, mais spirituel ontologique. »

     

    « L’éveil n’est pas la propriété des bouddhistes, pas plus que la vérité n’est la propriété des chrétiens. Le Bouddha et le Christ n’appartiennent pas uniquement aux communautés qui se réclament de leur nom et de leur expérience, mais à tous les hommes de bonne volonté, attentifs au secret qui habite les profondeurs de leur souffle et de leur conscience. »

     

    « Il ne faut pas craindre les profondeurs de l’ombre,  que ce soit notre ombre personnelle, collective ou même cosmique, mais il ne faut pas y descendre seul. Laisse-toi accompagner par le Christ et son Esprit : il est la lumière que les ténèbres ne peuvent atteindre ou éteindre, dont il est question dans le prologue de saint Jean. Chacun de nous, emporte dans sa nuit une bouchée de lumière, c’est cette étincelle qui ne peut faiblir, c’est sur elle qu’il faut s’appuyer pour ne pas désespérer de soi-même ou du monde, «être sans appui et pourtant appuyé. »

     

    « Il est important de ne jamais séparer l’amour et la connaissance, la compassion et la sagesse ; une sagesse sans compassion reste fermée sur elle-même et ne porte pas de fruits, une compassion sans sagesse est folie et source de souffrance. »

     

    « Que nous soyons bouddhiste, chrétien ou athée, nous sommes en quête de vérité, sur le chemin de l’éveil. Or l’éveil n’est pas plus propriété des bouddhistes que l’amour n’est celle des chrétiens : la réalité n’est la propriété de personne. On entre dans la spiritualité à partir du lieu où l’’on se trouve : l’important est de « faire un pas de plus », d’avance, de devenir meilleur. »

     

    « Nous ne sommes ici pour dire que les bouddhistes sont mieux que les chrétiens ou les chrétiens mieux que les bouddhistes ; les uns et les autres –bouddhistes,- chrétiens-athée -, nous sommes en chemin pour essuyer de devenir meilleur et rendre le monde, plus habitable pour faire en sorte que la vie y devienne « possible ».

     

    « On peut s’occuper du bien-être des autres parce qu’on découvre que notre bien-être s’en trouve accru, et ce n’est pas forcément une mauvaise chose S’ouvrir aux autres est une façon d’élargir son cœur, son intelligence aussi, c’est peut être la meilleur façon d’aller « au-delà de l’égo »

     

    « Vouloir le bien être de tous les vivants à partir de notre « moi » (moi je veux) risque d’être fort limité et plutôt catastrophique pour les autres Vouloir le bien-être des gens selon ce que nous considérons être le bonheur risque d’être un peu difficile La compassion, cette qualité d’être et d’amour, n’est jamais centrée sur le moi Ce n’est pas « moi » qui aime parce que le moi, justement, ne sait pas aimer ; avec tous les manques qu’il a accumulés dans sa vie, le moi ne cherche qu’à se préserver, il ne demande qu’à être aimé, sans cesse et toujours plus – ce n’est jamais « assez » Seul le Soi est capable de don et gratuité

    Il s’agit de s’éveiller à une qualité d’être, de conscience et d’amour qui est notre nature essentielle, de la laisser venir d’abord en nous, puis de laisser grandir cette capacité de don, cette qualité d’éveil, afin que tous nos actes en soient imprégnés »

     

    « Dans notre vie quotidienne, les choses sont ce qu’elles sont ; c’est la façon dont nous les voyons qui fait que nous sommes heureux ou malheureux De même, les gens sont ce qu’ils sont et c’est la façon dont nous les regardons qui nous cause de la souffrance ou au contraire provoque une amélioration, une transformation »

     

    « Qu’elles sont les impuretés de l’esprit ?

    La cupidité et la convoitise sont des impuretés de l’esprit, la méchanceté, la colère, la malveillance, l’hypocrisie, le dénigrement, la jalousie, la tromperie, la ruse, l’obstination, l’impétuosité, la présomption, l’arrogance, la suffisance, la négligence sont des d’impuretés de l’esprit »

     

    « Il est important de rentrer dans des moments de vides, des moments de vacuité où l’on ne pense pas, où l’on ne s’identifie pas à ce que l’on pense, où l’on ne pense rien de l’autre…Ce qui empêche la fluidité dans la relation avec l’autre, se sont les pensées qu’on a sur lui. Pour pratiquer la compassion, il est indispensable de ne pas enfermer l’autre dans nos pensées, du moins à certains moments ; dans la disponibilité, la vacuité ainsi créée, l’autre pourra être ce qu’il est »

     

    « Nos réactions sont des miroirs où nous pouvons seulement nous

    reconnaître – pour voir « l’autre », il faut traverser le miroir. »

     

    « Nous nous empoisonnons la vie et le regard à toujours voir ce qui va mal chez les autres parce que nous nous en imprégnons. Enlaidir le monde, c’est s’enlaidir soi-même. C’est l’image dans le miroir, le miroir reflète ce vers quoi il regarde. « On devient ce que l’on regarde, on devient ce que l’on aime », cela ne fait pas de doute d’où l’importance de veiller à l’orientation de notre miroir interne. »

     

     

    « On ne peut éviter certaines circonstances et aventures désagréable de notre existence, elles en font partie ; l’important est de ne pas entretenir la douleur. Si nous n’entretenions pas nos souffrances, nos pensées et les ressentiments que réveille en nous cette douleur, elle pourrait diminuer. »

     

    « Être dans une attitude de compassion, c’est être capable de recevoir ; d’accueillir la souffrance que l’autre nous donne. Car on ne prend pas la souffrance, on offre la possibilité de soi, de cet enfermement dans lequel se cultive la souffrance. »

     

    « Nous connaissons cette petite phrase quelquefois entendue et subie, ou qu’il nous arrive de surprendre sur nos propre lèvres : « c’est pour ton bien » Nous savons tout le mal que peuvent faire ces mots…

    Sur la voie de la compassion, il ne s’agit pas faire le bien de l’autre contre son gré, mais de le faire sans l’imposer ou, mieux encore, de « faire du bien sans vouloir faire du bien ». Il faut veillez à toujours être dans cette attitude où rien n’est imposé : il suffit pour cela de s’ouvrir à une qualité d’être et d’énergie qui souhaite le bonheur de l’autre, mais uniquement dans la forme qui est la meilleur pour lui. »

     

    Dans le monde d’aujourd’hui, ne faut-il pas se mettre en colère ?

    Il n’y pas de « il faut » ou « il ne faut pas », il suffit de ne pas se mentir à soi-même. Dans certaines situations, la colère est l’attitude juste ; dans d’autres, elle ne l’est pas, parce qu’elle ne fait qu’ajouter  à l’a violence. Dans le premier cas, celui où l’on veut vraiment le bien de l’autre, la colère « débloque » le conflit et fait prendre conscience ; dans le deuxième cas, elle ne fait qu’ajouter au trouble, envenimer le conflit. »

     

    « Lorsqu’on dit vouloir travailler à la libération de tous les êtres, au bonheur de tous les êtres, il faut préciser qu’on n’a jamais le droit d’imposer aux autres ce que dans les limites de notre égo, de notre « moi », nous considérons comme le bonheur. Je veux dire qu’il faut faire du bien sans l’imposer, l’autre est libre…. L’amour est respect de la liberté de l’autre ! »

     

    « Il est parfois difficile d'aimer la vie, mais si l'on n'aime pas la vie, on n'aime pas être vivant, comment voulez-vous alors être utile et aider les autres ?

    Avant d'aimer la vie dans un autre peut-être faut-il l'aimer d'abord dans ce lieu de passage que nous connaissons bien : nous-mêmes. «Je ne fais rien mais j'aime la vie ! J'aime la vie qui passe à travers moi et dans cette adhésion, cette affection, cette tendresse à l'égard de la vie qui respire en moi, peut-être cet amour va-t-il se communiquer un peu plus loin ? »

     

    « Tout être humain quel qui soit, quelles que soient ses étiquettes, peut avoir accès à la Réalité dont nous parlons. Tout être humain a un cœur et ce cœur peut s’élargir en aimant ; tout être humain a une intelligence et cette intelligence peut voir clair ; tout être humain peut ouvrir son humanité à ce qui transcende son humanité … Alors il devient vraiment humain. »

     

    « La parole est une chose merveilleuse, l’organe même de la relation, ce qui nous permet d’entrer en communication les uns avec les autres. Par la parole on peut soigner, aider. Certaines paroles nous ont sauvées, nous ont mis debout, nous ont remis en route, mais d’autres nous ont tués. La parole est dangereuse ! Nous traînons tous avec nous, dans notre vie, deux ou trois phrases entendues très jeune et qui n’ont cessé de nous détruire : « Tu n’arriveras jamais à rien ! » « De toute façon, quoi que tu fasses, c’est

    pourri … » Prendre garde à ce que nous disons est extrêmement important, et cette pratique nous mobilise dans le concret de la vie quotidienne. »

    « Ferme, claire, et concise, notre parole aura du poids et de l’énergie. A quoi bon ajouter du mépris, de la violence, de l’insulte ? L’insulte détruit l’autre, le rabaisse, le souille et empêche la communication : il n y a plus d’écoute, plus de relation possible. On dit vraiment et fermement ce qu’on pense, mais on évite de le dire sous forme d’insulte, sous forme violente, afin de ne pas détruire l’autre, de ne pas fermer le dialogue

     

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